CHAQUE MINUTE L'ART A LIÈGE CHANGE LE MONDE

 

QUINZE ARTISTES, UNE COLLECTION

 

Une exposition qui regroupe d'une part les œuvres de :

Marc Angeli, Michel Antaki, Jacques Charlier, Patrick Corillon, Michael Dans, Éric Duyckaerts, Pierre Gérard, Jean-Marie Gheerardijn, Jacques Lizène, Sylvie Macias Diaz, messieurs Delmotte, Johan Muyle, Benoît Platéus, Pol Piérart et Benoît Roussel.

Et d'autre part les œuvres de : Marcel Boel, Marcel Broodthaers, Amédée Cortier, Jo Delahaut, Luc Deleu, Lili Dujourie, Jef Geys, René Heyvaert, Walter Leblanc, Guy Mees, Marc Mendelson, Antoine Mortier, Panamarenko, Walter Swennen, Englebert Van Anderlecht, Dan Van Severen, Jan Vercruysse, Philippe Van Snick, Marthe Wery

 

(...)De cette énergie (ndlr : celle du regard de l'artiste), il est effectivement question dans la pratique de cette exposition que l’on aurait pu tout autant titrer «Chaque minute, le regard sur l’art, à Liège ou ailleurs, change notre monde». En fait, il n’a pas été question d’abandonner le commissariat de l’exposition à un artiste ni de proposer l’une ou l’autre collection rassemblée par un plasticien. La démarche adoptée a été celle de convoquer des regards d’artistes sur une collection, de mettre en œuvre l’énergie de leur regard ; et là encore non pas pour en évaluer l’ensemble en y effectuant des choix critiques, mais afin, avec la plus grande liberté, d’évoquer des préférences suivant des critères personnels et subjectifs.

D’une part, le souhait avait été exprimé au sein de Cera Foundation de rassembler le temps d’une exposition, sous forme d’un état des lieux, d’un «statement», les artistes provenant de ce que l’on appelle la scène liégeoise, d’affirmer les spécificités, les singularités, l’actualité de cette scène que l’on peut sans aucun doute considérer comme un riche creuset de création, de rassembler des artistes dont, toutes générations confondues, l’activité bénéficie actuellement d’une réelle résonance sinon sur la scène internationale, du moins à l’échelle nationale. Sans recherche d’exotisme, sans finalité identitaire, sans même évoquer ce que d’aucuns nomment «les écoles liégeoises», les commissaires de l’exposition ont effectué un choix, retenant une quinzaine d’artistes, résidents ou originaires de la région liégeoise. Un choix forcément subjectif et pleinement assumé comme tel.

Cera Foundation désireuse à l’occasion de ce «Survol de la Belgique» organisé durant cet automne hiver 2003-04 de rendre visible la collection qu’elle constitue depuis cinq ans, consécutivement au soutien qu’elle a voulu apporter à de nombreux artistes s’est proposé de réunir le Muhka d’Anvers et le Mamac de Liège pour un projet commun : celui de présenter cette collection suivant les deux axes de sa politique de mécénat. Ainsi à Anvers, il est question de cette dernière décennie et de l’émergence d’une série de jeunes plasticiens tant du Nord que du Sud du pays, tandis qu’à Liège devaient être évoquées des facettes plus classiques de cette collection en processus, par les œuvres d’artistes inscrits dans la modernité artistique dès les années 50 ou encore, actuellement, œuvrant en pleine maturité.

Ainsi cette partie de la collection révèle quelques préoccupations premières de ceux qui la constituent. Le soutien accordé à certains artistes dont il était urgent de mettre l’œuvre en valeur par une politique d’édition et dont la Fondation a également tenu à acquérir des œuvres ; c’est le cas de Dan Van Severen, d’Amédée Cortier, de Marthe Wery, de René Heyvaert, de Guy Mees ou encore de Jef Geys. D’autres, qui sont au-tant de figures tutélaires, dont la Fondation a acquis de significatifs témoignages de leur pensée en processus. C’est le cas de Panamarenko ou encore de Marcel Broodthaers, dont la Fondation Cera conserve un beau fonds documentaire. L’attention s’est aussi portée sur des artistes disparus qui ont marqué le paysage belge de leur empreinte, principalement dans le domaine de l’abstraction, que ce soit Jo Delahaut, Walter Leblanc, Antoine Mortier, Englebert Van Anderlecht, Marc Mendelson. Enfin, la collection reflète également du souci de valoriser certaines démarches spécifiques, que ce soit celles de Jan Vercruysse, de Luc Deleu, de Philippe Van Snick, de Walter Swennen, ou encore de Lili Dujourie, pour laquelle la Cera Foundation est intervenue de façon exemplaire, finançant le sauvetage, la restauration et la numérisation de quatorze films réalisés entre 1972 et 1981, projet mis en œuvre par Argos à Bruxelles. (...)

 

À Liège, il a été question donc de proposer aux uns de coopter les œuvres des autres, aux artistes liégeois de sélectionner des œuvres dans la collection Cera, afin de vivifier le dialogue, de commenter des choix en fonction d’affinités, de rencontres, d’intérêts communs, de filiations même. À la fois, ceci éclaire les œuvres commentées comme cela nous informe sur les préoccupations des premiers cités, car l’attitude déjà, la manière de procéder, les choix affirmés, parfois surprenants, parfois attendus, enrichissent la lecture des œuvres des uns comme des autres. Il s’agit là de regards croisés. Les artistes liégeois ont individuellement décidé d’éclairer une ou plusieurs œuvres de la collection, un ou plusieurs artistes. Ce sont autant de relectures. Alors que la collection est envisagée sous son angle le plus classique, et ceci est particulièrement vrai pour les plus jeunes de ces artistes co-commissaires, ce sont des relectures actualisantes, fondées sur des préoccupations d’aujourd’hui, une façon aussi de vivifier par des regards affûtés la pertinence de recherches du passé plus ou moins récent.

C’était aussi une façon, philosophie adoptée par Cera Foundation, de placer l’artiste au centre des préoccupations. Le présent essai commente ces choix, ces cooptations, fruit d’autant de colloques singuliers sur la singularité de l’art dans la perspective d’une exposition que ses organisateurs souhaitent prospective d’une part, muséale au sens plein du terme d’autre part. (Jean-Michel Botquin, introduction au catalogue, pp.8 et sv.)

 

Jacques Charlier constituant un cabinet d'amateur resituant la scène belge au début des années 70, Jacques Lizène abolissant l'idée de jugement et donc cooptant toute la collection, Benoît Roussel déambulant dans les Jardins de plaisirs de Jan Vercruysse, Sylvie Macias Diaz entre Guy Mees et Je Geys, Marc Angeli rejoignant Lili Dujourie dans le champ de la sensualité, de la tactilité, Michel Antaki sans querelle des images réinitiant le procès d'Irène, Pol Pierart réévaluant la pensée qui s'incarne dans les œuvres de René Heyvaert, Patrick Corillon s'immisçant dans la collection permanente du musée, Johan Mulye ou messieurs delmotte face aux carnets de Panamarenko, les rencontres sont multiples et riches de sens, l'exposition parcourant divers aspects parmi les plus fondamentaux du paysage belge de ces trente dernières années.

 

Recommander ce contenu

optimisé pour safari, chrome et firefox  |  propulsé par galerie Nadja Vilenne  |  dernière mise à jour  06.02.2016