IL PLEUT

 

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optimisé pour safari, chrome et firefox  |  propulsé par galerie Nadja Vilenne  |  dernière mise à jour  06.02.2016

 

Jacqueline Mesmaeker

Il Pleut, 2020

Lettrage sur marbre belge

« Il pleut, il pleut, il pleut », lisons-nous sur du marbre belge. Cette phrase évoque la pièce de théâtre Il pleut dans ma maison (1958) de Paul Willems, romancier et dramaturge belge qui fut également secrétaire général du Palais des Beaux Arts de Bruxelles, l’actuel BOZAR. Depuis la fin du19e siècle, la famille Willems occupe le domaine de Missembourg, vieille bâtisse blanche entourée d’un jardin boisé impressionnant et jouxtant un étang qui disparaîtra dans les années 1930. Lieu d’une retraite intemporelle, voué à la magie poétique, ce domaine constitue une permanente source d’inspiration pour les œuvres du fils, comme de la mère, Marie Gevers. A Thierry Genicot, Paul Willems raconte qu’il se souvient d’une nuit de mars 1944 où un missile V1 est tombé tout près de la maison de Missembourg. Il était au lit avec sa femme et ils entendirent tout près une détonation incroyable. Ils entendirent le toit se soulever et retomber. Ils sont restés couchés. « C’était une de ces nuits tout à fait immobiles qui souvent annoncent le printemps. Le temps n’est pas encore doux mais il n’est plus froid. Il est agréable à sentir. Il n’est pas mauvais intérieurement. Il s’est mis à pleuvoir une longue pluie qui tombait lentement, lentement, lentement et qui formait comme une nappe. Les arbres aussi se taisaient c’est à dire qu’ils ne bougeaient pas dans le vent. Il n’y avait rien sauf de temps en temps des explosions au loin. Un moment donné nous avons entendu une goutte d’eau qui tombait sur le lit, et puis sur la cheminée et puis par terre. On entendait ces gouttes qui tombaient. Quand elles tombaient sur la cheminée qui était en marbre on entendait un son clair, quand c’était sur un tapis c’était un autre son, étouffé. Quand c’était sur le parquet c’était aussi différent, et sur le lit … Cela faisait comme une musique, une musique merveilleuse, émouvante et dont je suis encore ému. Je me suis dit: Si je parle de la guerre, je vais d’abord parler de cela . Alors j’ai fait Il pleut dans ma maison ».