VALERIE SONNIER  BADESCHLOSS

 

 

(...) Bon nombre de dessins sont comptables de l’incendie de la toiture, un embrasement que l’artiste réinvente, la survivance d’un moment, la survivance de l’image dans une énergie fluente. « Faire une image, c’est s’adresser à la perte de quelque chose », écrit Georges Didi-Huberman. Oui, au-delà de la perte d’une charpente, Valérie Sonnier a compris toute l’urgence de la survivance par l’image, de la survivance de l’image elle-même. Ses dessins témoignent ici d’une minutieuse énergie à fixer l’éphémère, tandis qu’évoquant l’incendie du bâtiment, elle convoque également l’imaginaire et l’anachronisme, une polyrythmie de l’image. Tout s’interpénètre, en effet, dans cette expérience mnémonique. Et l’on pourrait se demander si les fantômes eux-mêmes ne sont pas les seuls habiles –et habilités – à conserver cette mémoire, à l’unir à l’imaginaire. Ils sont gardiens oniriques, suaires d’inquiétudes, porteur visionnaires de l’imagination et de ce qui fait image. Ils ont la part belle dans la suite de photographies que Valérie Sonnier a produite. Renouant une fois encore avec l’expérience fondatrice de Jacques Henri Lartigue, ce cliché que le futur photographe prend en 1905 alors qu’il n’a que onze ans, Mon frère Zissou en fantôme, Villa Les Marronniers, Château Guyon, Valérie Sonnier témoigne de leurs immatérielles apparitions dans les couloirs de l’hôtel. Ils errent dans un hôtel fantomatique, ils hantent les images, ils font et sont l’image elle-même, ils en sont les intercesseurs, partagent une mémoire, qu’elle soit individuelle ou collective. Car les fantômes, je vous l’assure, sont aussi les gardiens des propensions hybrides, agitées, inspirées, inquiètes ou angoissées de tous les créateurs d’images.

 

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optimisé pour safari, chrome et firefox  |  propulsé par galerie Nadja Vilenne  |  dernière mise à jour  06.02.2016