Lu dans le Burlington Contemporary Magazine, cet article de Svitiana Biedarieva

Bref cætera, textes d’André Stas et dessins de Benjamin Monti
La Pierre d’Alun a le grand plaisir de vous annoncer la parution, dans sa collection La Petite Pierre du 39e livre, Bref cætera, textes d’André Stas et dessins de Benjamin Monti.
Cet ouvrage de 64 pages, au format 11 x 14 cm, est tiré à 500 exemplaires vendus au prix unitaire de 15 eur. Trente exemplaires sous étui, sont accompagnés d’une sérigraphie originale de Benjamin Monti signée par l’artiste. Ils sont vendus au prix unitaire de 75 eur.
PLAIE est un livre de Benjamin Monti réalisé à l’occasion de l’exposition COURAGE- ORGANISATION S A organisée par l’association La Belle Epoque à L’isolée [espace d’exposition). Il a été réalisé selon une maquette originale de l’artiste faite de collages de photocopies tout aussi originaux. La présente édition est constituée de 100 exemplaires numérotés et signés par l’artiste ainsi que de 20 exemplaires notés E.A. réservés à l’artiste et aux collaborateurs. La couverture de cet ouvrage a été imprimée à la main en sérigraphie à La Danseuse [Roubaix] par David Ritzinger sur un Popset réglisse 240 gr. Edité à Lille le 2 avril 2022 par La Belle Epoque.
http://www.galerie-labelleepoque.fr
Dans un pays pourtant phénoménal – Pascal Leclercq
Collection D’autre part. Dessins de Benjamin Monti? 14 x 19,6 cm? 89 pages. ISBN : 978-2-491462-40-6
La vie est intraitable. On se cogne aux barreaux de la réalité. On circule dans un monde instable et menaçant. On croise des personnages hostiles. On affronte des péripéties tour à tour burlesques et brutales. L’amour lui-même n’est pas une sinécure. Les rêves se désagrègent. On se réveille avec la gueule de bois. On se défait en mille morceaux. Mais on rassemble ses abattis pour tenir vaille que vaille dans un pays pourtant phénoménal. Pascal Leclercq pratique l’humour noir comme une forme de survie et le poème en prose comme un sport de combat.
Né en 1975, Pascal Leclercq a publié des romans et une dizaine de recueils de poésie, souvent fruits d’une collaboration avec des peintres, des musiciens ou des architectes. Il coanime à Liège la revue Boustro. Il a traduit de l’italien le poète Andrea Inglese et le romancier Alessandro De Roma.
Alevtina Kakhidze dessine quotidiennement la guerre et publie ses dessins sur Instagram et d’autres réseaux sociaux. Elle a récemment accordé quelques interviews : son témoignage sur la situation actuelle, ses réflexions, sa pratique artistique dans ce contexte tourmenté. Dessins et extraits choisis.
Une conversation WhatsApp avec Alevtina Kakhidze, transcrite par François Piron le 5 avril 2022 et publiée sur le site du Palais de Tokyo.
(…) Alevtina Kakhidze vit à la campagne, près de Kiev, depuis 2007. Dans son atelier, son travail et ses archives sont toutes emballées dans du plastique noir, prêtes à être emportées, alors qu’elle a pris, avec son mari, la décision de rester en Ukraine après l’invasion du 24 février. Si elle se sent aujourd’hui soulagée, elle ne peut néanmoins envisager le futur. « Cette guerre est une expérience incommunicable », dit-elle.
Elle fut l’une des premières à descendre dans la rue en 2013 dans ce qui est devenu le mouvement du Maïdan, et elle y restée pendant trois mois et demi. En tant qu’artiste, elle confectionnait des gilets pare-balles pour les manifestant·es qu’elle voyait démuni.e.s face à la police armée. Là, elle a vu des gens se faire tuer par la police, puis celle-ci reculer progressivement, et abandonner. « Maïdan a été notre révolution de la dignité. C’est à cette école que j’ai appris à vivre en temps de crise, à combattre l’apathie. »
Quelques mois plus tard, elle participait à la « biennale européenne » Manifesta 10, organisée en 2014 à St-Pétersbourg, au moment exact de l’annexion de la Crimée par la Russie, qui marque le début de la guerre contre l’Ukraine. « Certain·es artistes ont pris la situation au sérieux. Thomas Hirschhorn me posait sans cesse des questions à propos de la Crimée. Plusieurs personnes m’ont demandé si je comptais me retirer de l’exposition, mais j’ai décidé de maintenir ma participation. » Elle présente alors une installation et une performance intitulées “Méthode de construction d’une vérité politique”, adressant la notion de vérité en politique, à l’heure des débuts de la guerre d’information menée par le gouvernement russe.
« Maïdan a changé ma vie et m’a aidé à trouver le courage de contrôler mes émotions et de continuer à travailler. C’est comme cela que je me suis mise à dessiner à propos de l’invasion russe depuis 2014, et de nouveau depuis le 24 février 2022, dès le début de cet épisode sanglant. » « Je dessine depuis l’âge de quatre ans, et je n’ai jamais changé de style. C’est mon langage. L’académie a essayé de tordre ma main vers un style plus classique, mais dès que j’ai quitté l’école des beaux-arts, je l’ai retrouvée inchangée. » Ses dessins disent-ils sa vérité ? « Un dessin n’est qu’une perspective de moi-même. Une parmi d’autres. L’un de mes dessins, sur lequel j’avais écrit « Haine des Russes », a créé une polémique. Mais il faut comprendre que mes dessins reflètent autant ce que je pense que ce que j’entends, ce qui m’entoure, ce que je traverse. »
Les dessins d’Alevtina sont des notes mentales, des journaux intimes autant qu’un essai philosophique fragmenté qui remet en question ce qu’elle a appris de la philosophie occidentale (Kant, Hegel, Arendt) et ce qu’elle a vécu pendant la guerre. Elle essaie encore et toujours de comprendre ce qu’il s’est passé. « Comment reprocher à des gens de ne pas savoir ce qu’il se passe en Ukraine, lorsque moi-même je ne savais pas que des événements similaires ont eu lieu en Moldavie et en Géorgie ? (…) Je suis un complet produit de la culture russe, n’ayant par exemple même pas appris ma propre langue. Je me suis tournée récemment vers la littérature ukrainienne afin de comprendre ma propre culture. Aujourd’hui encore, je ne peux pas écrire en ukrainien sans faire d’erreurs. »
Il lui tarde de revenir à son travail et de pouvoir le partager. « Une grande part de mes recherches concerne l’observation des plantes, dans mon jardin mais aussi ailleurs. C’est une recherche philosophique sur le comportement des plantes natives et des plantes invasives. Les plantes ne se tuent pas les unes les autres ; elle ne s’enfuient pas non plus en cas de danger. » François Piron, Palais de Tokyo, Paris.
Sur le site AOC (Analyse Opinion Critique), cet entretien accordé au collectif Beyond the Post Soviet qui s’intéresse à un vaste espace géographique et culturel allant de l’Europe à l’Asie centrale. Depuis ses débuts, le groupe s’est interrogé, entre autres, sur l’impérialisme russe et la colonialité soviétique et sur la manière dont ils ont survécu à travers le temps et dans différentes configurations.
(…) À plusieurs reprises, vous avez souligné votre volonté de rester en Ukraine quoi qu’il arrive. Qu’est-ce qui motive votre décision, et pourquoi estimez-vous qu’il est important pour vous, en tant qu’artiste, de rester ?
Dès le premier jour de la guerre, mes amis et les institutions avec lesquelles je travaillais auparavant ont commencé à m’offrir des lieux d’hébergement dans leurs pays en paix : viens chez nous, fuis ! Je me souviens de ma réaction immédiate : cela ne résoudrait pas le problème, les Russes attaquent mon pays, ma maison, mon mari, mes chiens et mon art ! De plus, il n’est pas possible de faire sortir toute la population ukrainienne – 42 millions de personnes. Je pourrais recevoir une bourse et un appartement, mais qu’en est-il des voisins de mon village qui ne parlent même pas anglais ? Ma décision de rester en Ukraine équivaut à un concept pour une œuvre d’art sur le pouvoir : fuir signifierait que je suis faible alors que le jeu vient juste de commencer. Les Russes veulent-ils me tuer (au moins me blesser) ou me coloniser ? Ont-ils besoin du territoire ukrainien ? Ils en ont pourtant tellement en Sibérie… Maintenir la décision de rester en Ukraine, de ne pas partir, est toutefois plus difficile en pratique que ce que j’avais pu imaginer. Chaque jour je me questionne, et de plus en plus à mesure que j’entends des bombardements près de chez moi. Je me suis déjà habituée à l’idée que je pourrais être tuée. Maintenant, je travaille sur la peur d’être blessée… Que reste-t-il d’autre ? Être colonisée par les Russes ? Nous sommes en guerre avec la Russie depuis 2014 et j’ai eu le temps de me séparer d’eux – je suis habituée à avoir la chair de poule quand j’entends leur accent russe.
Votre pratique artistique est ancrée dans votre vie quotidienne, vos rituels, votre routine, ainsi que dans votre imagination et votre analyse des événements et des systèmes de pouvoir. Vos récents dessins, performances, vidéos et installations témoignent également de la guerre, qui a commencé en 2014 et s’est poursuivie le 24 février, avec l’invasion russe. Pensez-vous que votre pratique artistique a évolué ?
Pas du tout. Il n’y a qu’une seule différence avec l’époque de Maïdan et les huit premières années de la guerre en cours, pendant lesquelles j’ai aussi beaucoup dessiné et créé de nombreuses œuvres : à présent, j’ai juste peur de perdre Internet. Si je compare Maïdan et la guerre de 2014 au 24 février, mes œuvres examinaient alors de plus près les opinions polarisées sur certaines questions internes de la société ukrainienne. Par exemple, ma mère n’a pas soutenu Maïdan et certains de mes amis proches en Ukraine ont critiqué cette protestation de longue durée. Mais aujourd’hui, la société ukrainienne est plus unie que jamais, alors que l’Occident est polarisé sur les questions relatives à l’Ukraine, et notamment le sujet de la responsabilité collective russe. Je suis consciente de ce sur quoi j’ai travaillé par le passé et de ce sur quoi je travaille maintenant.
Vos dessins quotidiens, que vous partagez sur les médias sociaux, constituent un journal qui nous donne beaucoup d’informations de première main sur la situation dans et autour de l’Ukraine. Il devient une source d’information en soi. Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans cette tentative d’atteindre les gens et de communiquer avec eux par ce biais ?
En fait, il n’y a pas de difficultés, c’est même un privilège de traverser ce type d’événement incroyablement difficile avec la capacité de réfléchir à travers l’art. Cela donne une énergie pour vivre. C’est comme percevoir et créer cette nouvelle réalité simultanément. La réalité ne dépend qu’en partie de moi, que j’aie peur ou non. Hier, c’était mon anniversaire et je plaisantais en disant que les bombardements étaient des feux d’artifice qui m’étaient destinés. Toutefois, en mettant de côté l’ironie, j’ai l’opportunité de vérifier tous les concepts développés dans la culture actuelle : qu’est-ce que l’égalité des sexes dans une guerre contemporaine ? Comment travailler sur une haine énorme ? Comment en définir les contours, quelle place pour la xénophobie et d’autres choses encore ?
Votre travail a beaucoup à voir avec le langage et l’écriture, mais aussi avec les non-dits de l’histoire. Quelles sont les histoires de l’Ukraine qui ont été réduites au silence pendant trop longtemps ? La question de la langue russe n’a pas été suffisamment considérée. Comme l’« excuse » du Kremlin pour la guerre déclenchée en 2014 était de protéger la population russophone du Donbass, de nombreux Ukrainiens se sont forcés à passer du russe à l’ukrainien en public. Je l’ai fait aussi. Mais ma langue maternelle est le russe, ce qui fondamentalement pour moi, comme pour une artiste-performeuse travaillant avec des textes, constitue une perte de mon instrument principal – mon ukrainien n’est pas parfait, mon anglais est encore pire, je suis une personne sans plus aucune langue maternelle. Mais ce n’est pas la situation politique contemporaine qui a créé ce piège pour moi. Ma grand-mère parlait l’ukrainien comme langue maternelle, et la colonisation de l’Ukraine par l’Union soviétique a conduit ma mère – et moi par la suite – à parler le russe au lieu de l’ukrainien. Cela fait 4 ans que je travaille sur un texte portant sur la langue russe. Je ne l’ai pas encore terminé et je ne suis pas sûre qu’il sera publié.
Vos biographies sur internet vous décrivent souvent comme une artiste à l’identité multidimensionnelle. Dans quelle mesure cette définition provient-elle de vous, et si c’est le cas, quel sens lui donnez-vous ?
Je pense que la trajectoire de chaque personne, surtout son enfance, influence le reste de sa vie. Oui, je connais bien le Donbass où je suis né et où j’ai grandi. J’ai beaucoup visité la Géorgie parce que mon père est géorgien, je vis à Kiev depuis 1995 et j’ai connu la vie occidentale grâce à mes études aux Pays-Bas. Comment cela peut-il être lié à la situation actuelle ? À Maastricht, une tante de mon propriétaire, une vieille dame sympathique, m’a invitée à regarder un film sur un tsar russe, bien que je n’aie cessé de répéter que je venais d’Ukraine et non de Russie : je pouvais être une bonne compagnie mais à la fois une outsider.
(…)
Quelle forme de solidarité attendez-vous et de qui voulez-vous qu’elle vienne ?
J’aimerais vous inciter à imaginer, construire et rêver d’un nouveau système dans lequel le pouvoir considérable de politiciens comme Poutine pourrait être retiré par un mécanisme clair dans n’importe quelle partie de notre planète. Je sais que c’est assez ambitieux. En entendant des bombardements à l’instant et en écrivant ce texte, j’ai encore assez d’énergie pour croire que le Projet de paix perpétuelle écrit par Emmanuel Kant au 18e siècle pourrait être mis en œuvre par les humains. Vous pourriez avoir raison de me soupçonner d’être malhonnête. Si vous saviez que juste après j’allais transférer mon propre argent pour l’armement des forces ukrainiennes contre les Russes. Je pourrais encore me permettre de rêver d’un nouvel espace comme celui que nous avons depuis la Seconde Guerre mondiale pour construire de nouvelles institutions, de nouvelles règles et de nouveaux principes afin d’exister sans armes, c’est-à-dire sans guerres. J’ai besoin de solidarité dans ce domaine. En restant en Ukraine, je me comporte comme une plante. Les plantes ne fuient jamais quand il y a un danger devant elles. Elles sont bien meilleures que les humains et les animaux dans toutes ces questions de pacifisme, elles ont beaucoup d’avance sur nous. Elles se reconstruisent de manière à être partiellement blessées, me rappelant ma peur… Les plantes pourraient se reconstruire encore et encore, elles n’ont pas les mêmes organes que nous. Je ne rêve pas de reconstruire nos corps humains dans 100 ans, mais nous pouvons imaginer les institutions et leur fonctionnement comme des systèmes végétaux. Si vous n’avez pas ce type de pensée, nous devons admettre que les humains tous ensemble, quel que soit l’endroit où ils se trouvent, sont toujours des monstres militaires et qu’ils s’attendent à une guerre de temps en temps ici et là.
Un entretien accordé à Monopol Magazine le 28 fé »virer 2022, en allemand, et traduit en anglais par Kajet Digitial.
PHILIPP HINDAHL: What is the specific position of an artist in this conflict?
ALEVTINA KAKHIDZE: Look, of course this is a moment to rethink the power of artists. We’ve been doing this since the political crisis of 2014. We had the revolution—or, to be more accurate, a long protest, the Euromaidan, which took three and a half months. People lived in tents, it resembled the Occupy camps in New York, except it was winter and it lasted longer. Afterwards, when the president fled the country, in February 2014, 3500 people were injured. I was among the artists who visited people in hospitals. And I was drawing the stories of the Maidan participants. At the time, it was important for Ukrainians to break the Russian propaganda narrative that protesters were marginal, and all from Western Ukraine. Now we have a harder situation—real war. Some artists react to it through their profession, as cultural workers. For example, a friend of mine draws with kids in a Kyiv subway station, which is a bomb shelter now. Some of my colleagues are paralyzed and do nothing, or they try to leave the country. Some of Kyiv’s artists never visited East Ukraine, and that’s why they are shocked by this level of violence—they need time. Ukrainian artists are as diverse as its society.
PHILIPP HINDAHL: You are from Eastern Ukraine yourself?
ALEVTINA KAKHIDZE: I was born in the region of Donetsk. I wanted to become an artist, that’s why I left my small hometown. All my family was or still is there. I know the situation very well. I saw a shift in who was considered Russian. I grew up with a Russian cultural background, and I speak Russian. But during the war, I separated myself from all that is Russian and it was a painful process.
PHILIPP HINDAHL: I’d like to go back to the Maidan protests, because you also made art about that, and you mentioned drawing. Do you see this as a possibility to react to current events?
ALEVTINA KAKHIDZE: For me, drawing is the key to accepting reality. When I saw the first barricades at Maidan, I was crying. It was clear that there will eventually be violence. I started to draw barricades. Through drawing I understood that this is a collective thing. I went through each detail. But then, my art is conceptual. For me, at the time, the most important thing was how to change somebody’s thoughts about something. During Maidan, people in the area that I’m from—and even my mother—were against the protest.
PHILIPP HINDAHL: You addressed these complex issues in your work at Manifesta in St. Petersburg, in 2014.
ALEVTINA KAKHIDZE: I received an invitation for Manifesta 10, which took place in Russia in 2014—at the time of the annexation of Crimea and when the war started in the Donbas. It was an opportunity: I had a huge budget and a lot of time. Here, I didn’t draw, I invented a performative dialogue. People, in Russian, on stage, would ask me controversial political questions. For instance, to whom does Crimea belong? Why do you speak bad Ukrainian? What happened in Odessa? Who is the perpetrator? 48 people were burned in a building in Odessa, and it was connected to the protests of 2013/14. It was a complicated story. Most of the victims were pro-Russian protesters, and for my artist friends from Odessa, it was terrible in spite of their pro-Ukrainian stance. Sometimes, you can’t know the truth, or find out who is responsible for a tragedy. For the Manifesta project, I tried to ask 20 difficult questions. Once you hear the question, it is clear that your answer will turn you into an enemy or a friend. I had three positions from which to answer, and they were completely different. I tried to show the nonsense of “truth”. Later, I offered a lot of workshops in Eastern Ukraine, where I experimented with this performative format. I asked more questions, for instance: are you for decommunization or not? One of the actions at Maidan was to demolish Lenin statues. There are people on the extreme right who demolished—sometimes beautiful—Lenin statues. The Lenin statue is not a statue, it is something else, it has another meaning. And this is the key: understanding that sometimes metaphors can be broken.
PHILIPP HINDAHL: What is your situation now?
ALEVTINA KAKHIDZE: My friends in Europe try to help me by offering me their homes. But that doesn’t solve the problem. They can host me, but they can’t bring all of my country. I can come, I don’t need a visa. I can take a train from Lviv. But for me, to provide a portrayal from above, as an artist staying here, is also valuable. There are many wars all over the world, and the Russian-Ukrainian war is one of them. I’m staying in Ukraine to understand what is happening. Without that, I can’t produce work. But I can’t say that every Ukrainian artist should behave like this.
PHILIPP HINDAHL: It is frustrating to watch. Now, the West threatens sanctions, and they are very foreseeable. But Putin knows there will be no further consequences, probably.
ALEVTINA KAKHIDZE: At the moment I’m reading about the 17th-century idea of perpetual peace, proposed by Immanuel Kant. He suggests that we can imagine a peace that is not fragile, but perpetual. Yesterday, we started to write to people from Moscow, asking them to donate money to help the Ukrainian army. They said, we don’t want this, we are against the war. They want to protect peace—which I can understand—but they also want to protect themselves from financing war. But how else can we stop the war in Ukraine?
PHILIPP HINDAHL: Is this a question of morality?
ALEVTINA KAKHIDZE: If you read philosophy, morality is always questioned. Only totalitarian regimes believe in morals as something solid. You and I, for example, have similar ideas, but they could also be shifted. You can choose to be like the Dalai Lama, or you can be ready to fight. Choices always exist.
PHILIPP HINDAHL: What do you mean?
ALEVTINA KAKHIDZE: When I was at Maidan, other artists were also there. Some of them started throwing stones. I didn’t. But, the next morning, after Yanukovich fled the country and Maidan was victorious, I understood something: if everyone had been like me, Yanukovich wouldn’t have fled. When can you allow yourself to be a pacifist? Ukraine is in this very interesting situation where you can test many of these concepts. But right now I’m a Ukrainian artist. I sit in my studio and we talk about philosophy—even if I can hear the shelling. I’m so curious to see what the end of this will be.
PHILIPP HINDAHL: What will it be?
ALEVTINA KAKHIDZE: The question is, what is Putin’s goal? He likely wants to replace the government in Ukraine, or he wants to change our political agenda, so that our president just signs anything the Russian regime demands. This would affect me as well as all the people in Europe.
PHILIPP HINDAHL: You talked about the eight years between Maidan and now. What happened to the idea of a new beginning?
ALEVTINA KAKHIDZE: You see, I made visualizations for a survey in the occupied territory. They asked questions about how people see themselves, with whom they’d like to be, and what their attitude towards the Ukrainian government is. They interviewed 600 people and needed illustrations, so I got the job. One question was, if you had three wishes, what would they be—but people had only one: they wanted the war to end. If you lack imagination, it doesn’t give you any hope. My friends from the EU suggest only one thing: come to us.
PHILIPP HINDAHL: I think that is understandable.
ALEVTINA KAKHIDZE: A lot of my neighbors are also scared. But I am against the idea of having just one solution. In Ukraine, in the occupied territories, there is only one wish, not a second, not a third.
PHILIPP HINDAHL: But when there is peace, much more is possible.
ALEVTINA KAKHIDZE: Imagination has to do with education. I believe in education, and this is why I work with children. When you are in a post-Soviet society, sometimes you can’t think. This is about freedom, and this is related to our situation. Ukrainians are very creative. But politicians are not that creative, and this makes me think about Joseph Beuys, about being an artist in politics. I was inspired by his exercises for my work with children in this village.
PHILIPP HINDAHL: Beuys also has a connection to Ukraine.
ALEVTINA KAKHIDZE: He was injured in Crimea, but he invented a story about the Tatars who saved him. Which is interesting, because they were persecuted in the Soviet Union.
PHILIPP HINDAHL: Do you think he cared about Tatars?
ALEVTINA KAKHIDZE: No, of course he didn’t care. But he was smart. He didn’t say the Nazis or the Soviets saved him. He looked for the exotic, with the fat and felt.
PHILIPP HINDAHL: How do you think the next week will look in Ukraine?
ALEVTINA KAKHIDZE: We will see how strong the Ukrainian army is, and how far Russia wants to go. There may be a roundtable with politicians, and it will map the future, and not just Ukraine’s future. But I can’t really say. I don’t have data about how much equipment there is, or how big the Russian army is. On our side, we hear a lot of heroic stories. Like the one about the defenders on the island in the Black Sea, who refused to give up by saying “Russian warship, go fuck yourself”. People share this on social media. Maybe the clawing spirit of all Ukrainians can help us, maybe not. I cannot give you a prognosis. My only answer is, this will not be a story about Ukraine, but about the whole world.
Olivier Foulon et Suchan Kinoshita sont les invités de la galerie Keijiban à Kanazawa. Exposition du 15 mars au 15 avril 2022, date à laquelle sera révélée en ligne l’édition produite pour cette exposition.
Le communiqué :
Keijiban is a limited-edition publisher and art showcase based in Kanazawa, Japan. It was launched by Olivier Mignon, founding member of the Belgian (SIC) platform and editorial manager of A/Rjournal. Keijiban works with significant artists living abroad to produce prints, multiples, and original works, which are launched through monthly exhibitions in a keijiban (掲示板), an outdoor community noticeboard. The editions are then sold online and shipped worldwide.
Attendu avec impatience, il est sorti de presse…
Jacqueline Mesmaeker: Quelle aventure!
Luk Lambrecht, Lieze Eneman, Michel Baudson, Jean-Michel Botquin, Saskia De Coster, Anne Pontégnie, Melanie Deboutte, Sophie Lauwers, Philippe Van Cauteren
L’œuvre de l’artiste belge Jacqueline Mesmaeker (née en 1929) est immatérielle, discrète et captivante. Partant d’intentions analytiques et de protocoles expérimentaux liés à la perception et à la représentation, sa pratique est ancrée dans un univers littéraire et poétique, incluant des références à Lewis Carroll, Mallarmé, Melville ou Paul Willems. Minimal, parfois même inaperçu, son travail rare et précis n’en est pas moins présent. Elle s’empare volontiers de l’espace, jouant avec l’architecture réelle et symbolique, révélant les structures et les lignes de force, mais aussi les erreurs, en déjouant leurs perspectives ou en les corrigeant par touches délicates.
En 2020, le CC Strombeek, BOZAR et le Musée Roger Raveel ont exposé de nouvelles sélections des ensembles délicats de Mesmaeker, des œuvres poétiques qui échappent à toute description sémantique. Le CC Strombeek a réussi, en concertation avec l’artiste, à reconstituer l’œuvre Enkel Zicht Naar Zee, Naar West (1978) dans sa présentation originale, après 35 ans. L’œuvre se compose de 5 projections capturées sur des grilles transparentes en soie naturelle. Elles montrent une volée d’oiseaux volants, circulant et se mêlant dans l’espace, apparaissant et disparaissant à travers les voiles.
Ce livre constitue le catalogue de la trilogie d’expositions individuelles de Mesmaeker en 2020 : Ah, Quelle aventure ! Bozar (mai-juillet 2020) et CC Strombeek (janvier-mars 2020) et De page en page au Musée Roger Raveel (décembre 2020-mars 2021).
ISBN : 9789463932790
232 pages, illustrations en couleurs et en noir et blanc, 28 x 21,5 cm, broché, anglais/néerlandais/français.
Disponible à la galerie au prix de 39 euros
Jacqueline Mesmaeker: Quelle aventure!
Luk Lambrecht, Lieze Eneman, Michel Baudson, Jean-Michel Botquin, Saskia De Coster, Anne Pontégnie, Melanie Deboutte, Sophie Lauwers, Philippe Van Cauteren
CC Strombeek, Bozar, Roger Raveel Museum, S.M.A.K. & MER. B&L, 2021
The work of Belgian artist Jacqueline Mesmaeker (b. 1929) is intangible, discreet and captivating. Starting from analytical intentions and experimental protocols linked to perception and representation, her practice remains anchored in a literary and poetic universe, including references to Lewis Carroll, Mallarmé, Melville or Paul Willems. Minimal, sometimes even unnoted, her rare and precise work is nonetheless present. It willingly takes over space, playing with the actual and symbolic architecture, revealing the structures and lines of force, but also the errors, by thwarting their perspectives or correcting them with delicate touches.
In the year of 2020, CC Strombeek, BOZAR and Roger Raveel Museum have exhibited new selections of Mesmaeker’s fragile ensembles; poetic works that evade every semantic description. CC Strombeek succeeded—in consultation with the artist—to reconstruct the work Enkel Zicht Naar Zee, Naar West (1978) to its original presentation, after 35 years. The work consists of 5 projections captured on transparent, natural silk scrims. They show a flock of flying birds, circulating and mingling in space, appearing and disappearing through the veils.
This book forms a catalogue of Mesmaeker’s trilogy of solo-exhibitions in 2020: Ah, Quelle aventure ! at Bozar (May–July 2020) and CC Strombeek (January–March 2020) and De page en page at Roger Raveel Museum (December 2020–March 2021).
ISBN: 9789463932790
232 pages, illustrations in color & b/w, 28 x 21,5 cm, paperback, English/Dutch/French
Available at the gallery. 39 euros
[sociallinkz]
Lu Dans la revue H.ART n°217, cet entretien entre Marie Zolamian et Colette Dubois
En 2017, l’ancienne direction artistique du musée, Elsje Janssen et Manfred Sellink, a proposé à Marie Zolamian (Beyrouth °1975, vit et travaille à Liège) de réaliser un nouveau dessin de la mosaïque du péristyle du Koninklijk Museum voor Schone Kunsten d’Anvers. Réalisée dans l’atelier des mosaïstes Gino Tondat et Sarah Landtmeters, elle est à présent terminée et posée. Dans un an, le musée sera ré-ouvert après sa rénovation complète et chacun pourra déambuler sur la surface que l’artiste a conçue. Dans quelques jours, certains pourront déjà la voir. Une belle occasion de s’entretenir avec Marie Zolamian.
Colette Dubois : Il y a quelques années, tu m’as annoncé la commande d’une mosaïque pour le péristyle du KMSKA d’Anvers. Comment as-tu reçu cette commande et quel a été ton cheminement pour la concevoir ?
Marie Zolamian : J’ai immédiatement commencé mes recherches au sujet de la mosaïque, son art et sa technique. Mais très vite mon champ de recherche s’est élargi aux arts de la tapisserie, à l’art byzantin, à l’art des grotesques, des arabesques, des enluminures et, bien sûr, de la peinture des Primitifs. Parallèlement, je me suis naturellement intéressée à l’histoire du musée et de la ville d’Anvers, une ville que j’avais déjà approché lors d’une résidence de trois mois à Air Antwerpen l’année précédente. Ce qui m’importait aussi était de rencontrer et de dialoguer avec les artisans mosaïstes afin de voir et de comprendre comment ils travaillaient. J’ai pu ainsi adapter certains aspects du dessin en discutant avec eux pour avoir une fluidité dans le passage entre ce que je voulais et ce qui pouvait être fait. Un élément important a été de redessiner des vagues avec des lignes ondulées au lieu des motifs triangulaires.
En juillet 2018, l’asbl mòsso m’a invitée au Bénin dans le cadre de l’École doctorale d’été dont le thème était ‘Processus de patrimonialisation, usages et « muséification » du passé’. Les paysages et la végétation que j’ai pu rencontrer là-bas ont donné un coup ultime à la composition. J’ai eu envie d’injecter un maximum de variétés végétales, en croisant les plantes et en jouant avec toutes sortes d’adventices.
J’ai remis le dessin définitif en septembre 2018. Deux mois plus tard, je suis allée à Carrare avec les mosaïstes pour choisir une grande variété de marbres qui allait enrichir la palette des nuances surprenantes et parfois inattendues. J’ai pu y travailler comme une peintre qui sélectionne ses couleurs pour sa toile. La réalisation en atelier a duré environ deux ans et demi. J’ai suivi l’exécution de très près. Au fur et à mesure, j’ai vu chaque précieux détail prendre la forme que je souhaitais. Le 1erseptembre 2021, la mosaïque a été placée sur le sol du musée où elle est en train d’être finalisée.
CD Sur les photographies que tu m’as montrées, la mosaïque apparaît comme un grand collage d’éléments glanés, entre autres, dans les collections du musée lui-même. En même temps, le terme « collage » n’est pas le bon puisque tu as souvent réinterprété les éléments en question. Peux-tu m’expliquer comment ton choix de tel ou tel élément s’est fait et ce qui a guidé ton travail d’agencement et d’interprétation ?
MZ Oui c’est une sorte de gigogne, une mosaïque dans la mosaïque, elle-même dans une autre. En même temps, c’est une représentation des liens qui existent entre le tout : les arts, les époques, les espaces, les techniques, les éléments, etc. Les choix se sont d’abord fait d’après mes souvenirs des peintures et des traces qu’elles avaient laissées en moi avant l’aventure de la mosaïque : la main crispée de Saint-Jérôme de la copie de M. van Reymerswale, la lune timide de Sainte Barbe de J. Van Eyck, la ‘Madone’ de Jean Fouquet m’avait laissé un sourire intérieur et ‘La chute des anges rebelles’ de F. Floris que j’avais vu en dehors du musée m’avait retourné l’esprit. L’œuvre de Clara Peeters que j’avais aimée en 2016 au Rockoxhuis et la vision de ses peintures malicieuses m’a inspiré une chimère multi-genrée par exemple. D’autres œuvres m’ont encore guidée pour la composition : le Triptyque d’Antonius Tsgrooten de Goswin van der Weyden ou la fresque de la Dérision du Christ de Fra Angelico. Toutes les deux donnent à voir une hybridité de styles avec une perception de l’art cosmopolite.
C.D. Comment les éléments que tu as extraits des peintures s’imbriquent-ils les uns dans les autres ?
M.Z. Expliquer tous les éléments serait très long. Mais par exemple, à droite on trouve la partie lumineuse, nourricière de la ville. La chimère inspirée de P. Van der Borght (‘Allegorie op de moeilijkheid van het besturen’, 1578) est composée de toute une série de fragments d’œuvres du musée (Rubens, Brueghel, Ensor, Magritte, Delvaux, Permeke, De Braekeleer, Van De Woestijn,…).Ce qui m’exalte aujourd’hui, c’est de voir tout cela prendre vie. En effet, lorsque j’ai conçu le projet, j’avais tenu compte de l’orientation du soleil et de la lumière naturelle frappant la mosaïque. Debout sur la mosaïque, au coucher du soleil, nous pouvons voir les rayons du soleil descendre de plus en plus, à travers les colonnes, en biais du drapé, révélant l’ombre qui entoure le drapé.
C.D. Le centre de la mosaïque est occupé par un ancien plan de la ville d’Anvers. Quelle relation établis-tu entre le monde, la ville et le musée ?
M.Z. Le cœur de la mosaïque est une représentation d’un des premiers plans de la ville, imprimé en 1565 par Plantin Moretus à Anvers et dessiné par Virgilius Bononiensis. Il renvoie à l’idée de port et au monde. Habituellement, le point culminant d’une scène figurative se trouve au centre ; ici tout le mouvement se passe dans la périphérie en indiquant des parcours possibles à suivre tout autour. Le plan est le milieu, le point de départ du regard et du champ de vision, le point d’arrivée également du visiteur.
L’ensemble donne à voir une grande scène similaire à une scène mythologique, une vision paradisiaque dont le centre est la vue topographique de la ville portuaire, abstraite et géométrique, en dentelle monochrome blanche à partir de laquelle nous assistons en direct à son enrichissement intellectuel, artistique et environnemental. La ville épurée et vide de ses habitants est alors en proie à une construction grandiose continue par les incorporations de fragments d’œuvres se trouvant à ses quatre points cardinaux. Une carte donne à voir une partie du monde, comme peut le faire un musée.
C’est aussi le premier point d’accès au musée, elle situe le visiteur ou le regardeur au seuil du monde de l’art ancien, moderne et contemporain. La carte schématique, minimale et abstraite m’a permis en même temps de trouver un compromis pratique pour la technique de la mosaïque. Les tesselles monochromes qui composent cette partie, tout comme la partie du fleuve, sont prédécoupées pour une composition moins complexe, à l’inverse des parties périphériques figuratives plus élaborées.
C.D. La mosaïque a-t-elle un titre ?
M.Z. Oui : « Welkom-Bienvenue-Willkommen-Welcome ». Je la vois comme une grande tapisserie posée sur le sol à l’entrée du musée, un tapis de bienvenue. Il s’agit d’un déroulement temporel et géographique qui renvoie à la fonction de l’édifice, reflète l’intérieur à l’extérieur, introduit au musée. Elle appartient à notre époque qui amasse les histoires et informations de divers horizons, sans hiérarchie de styles ou de genres. L’histoire y est évoquée comme une suite de combinaisons, le fruit de conquêtes, d’évolutions et d’influences. C’est un voyage dans l’histoire de l’art local, combinant l’art de la mosaïque, de la tapisserie et de la peinture, préfigurant un message humaniste de la rencontre et de la célébration du mélange, de l’hybridation et des croisements.
C.D. La mosaïque est à présent terminée. Comment imagines-tu la rencontre entre les spectateurs et l’œuvre ? Un voyage ? Une histoire ? Autant d’histoires qu’il y a de rencontres entre la puissance de ce sol et de visiteurs (dans le sens où un même visiteur pourrait faire un nouveau voyage à chaque visite, se raconter à chaque fois une nouvelle histoire) ?
M.Z. Oui c’est un peu comme cela que je l’ai envisagé : un grand voyage mythologique, et pourtant très terrestre, une vision orientale où on déambule dans le paysage, où on n’est pas devant une fenêtre. Je l’imagine comme une promenade qui donne à expérimenter une multitudes de voyages arpentant cependant un même sentier. Suivant la lumière, les pas d’à côté, les colonnes, les balustrades, les portes ouvertes ou fermées, les bruits, le sens d’orientation, etc.
C.D. Comment la mosaïque s’inscrit-elle dans ton travail artistique ?
M.Z. Il y a l’espace d’atelier et l’espace en dehors. La matière que je travaille reste la même, j’absorbe beaucoup de l’extérieur et j’injecte le tout dans un intérieur. Mais il me semble que c’est la manière de travailler qui diffère. Une grande différence tient dans la nécessité de tenir compte d’un cahier de charges et de contraintes plus ou moins importantes dans la commande ou le travail pour un espace public. Ensuite, il y a l’interaction qui m’intéresse beaucoup avec les corps de métier, les spécialités et domaines qui me sont inconnus et le résultat que nous pouvons mener à bon port malgré nos différents langages.
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