Archives de catégorie : Sophie Langohr

Sophie Langohr, Ikob Preis, Eupen, vernissage le 7 juin

Sophie Langohr

Sophie Langohr
Image Devernois – décalage, de la série Touching Up,
photographie couleur marouflée sur aluminium, 49 x 61 cm, 2015.

Tous les 3 ans, le Prix de l’ikob récompense la créativité de la scène artistique émergente. Cette année, il est double : le Prix de l’ikob | Euregio est attribué avec le soutien de la Communauté germanophone à un artiste de l’Euregio Meuse-Rhin. Le Prix de l’ikob | International est décerné par un généreux mécène de la région d’Eupen. Le concours était ouvert aux artistes de toutes les disciplines artistiques, âgés de moins de 45
ans sur base de l’envoi d’un dossier. Deux jurys d’experts internationaux ont présélectionné 10 nominés et 2 lauréats (5 pour chaque prix), tous invités à exposer ensemble à l’ikob. Lors de l’inauguration le 7 juin, l’ikob
remettra les prix aux deux lauréats. Deux prix et une exposition qui reflètent non seulement le positionnement international et transfrontalier de l’ikob mais aussi son engagement pour la création contemporaine.

Nominés pour le Prix de l’ikob | Euregio:

Hilde Borgermans
John De Winter
Pieter Geenen
Sophie Langohr
Nora Mertes

Nominés pour le Prix de l’ikob | International:

Loukia Alavanou
Younes Baba-Ali
Joachim Coucke
Delphine Deguislage
Jóhanna Kristbjörg Sigurðardóttir

Expopsition : 07.06.2015 — 16.08.2015
Vernissage : le 7 juin à 15h.

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Sophie Langohr, Jacques Lizène, Marie Zolamian, Focus à l’Ambassade à La Haye

Jacques Lizène

Jacques Lizène
Art syncrétique 1964, chaises découpées et croisées en remake 2011

Sophie Langohr, Jacques Lizène et Marie Zolamian participent tous les trois à l’exposition « Focus sur 25 artistes » qui se tient à la Résidence de l’ambassadeur de Belgique aux Pays-Bas, à La Haye.
Cette exposition regroupe des oeuvres qui proviennent de la Collection de la Province de Liège.
Les oeuvres de Marc Angeli, Michel Antaki, Dario Caterina, Jacques Charlier, Martin Coste, Alain Denis, Jenny Donnay, Pierre Gerard, Fanny Germeau, François Goffin, Philippe Herbet, Laurent Impeduglia, Djos Janssens, Alain Janssens, Tatiana Klejniak, Sophie Langhor, Jacques Lizène, Jacques-Louis Nyst, Pierre Petry, Marianne Ponlot, Jonathan Sullam, Elodie Timmermans, Vincent Ubags et Marie Zolamian ont trouvés leurs places à La Haye et y resteront jusque fin janvier 2016

Marie Zolamian

Marie Zolamian
Château Intérieur, 2014, sculpture en acier

Jacques Lizène

Jacques Lizène
Peinture nulle 1964, sur l’idée de mettre n’importe quel objet sur la tête 1994, en remake 2010

photos in situ : Jacky Lecouturier

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Art Brussels 2015, preview, un cabinet d’amateur

Marie Zolamian

Marie Zolamian
Sans titre
Aquarelle sur papier d’après Peter Van der Borcht, « Allegory on the difficulty to gouverne a diverse nation », 2015

Sophie Langohr

Sophie Langohr
Image Numéro – transformation manuelle de la série Touching Up, 2015
Photographie couleur sur aluminium, 51 x 60 cm

Jacques Charlier

Jacques Charlier
Ian Wilson, 1975
Encre, 1 planche 29,7 x 21 cm

Raphaël Van Lerberghe

Raphaël Van Lerberghe
Sans titre (à mi-voix), 2015
Bouchons d’oreilles colorés, 30 x 24 cm

Jacques Charlier

Jacques Charlier
Konrad Fischer, 1975
Encre sur papier, 10 planches, 29,7 x 21 cm

Benjamin Monti

Monti Benjamin
Sans titre, 2010,
crayon de couleur sur papier trouvé, 21 x 12 cm

 

Benjamin Monti

Benjamin Monti
Sans titres, 2010 – 2014
Encres de chine sur dessins trouvés d’E.Taly, 22,7 x 14,5 cmSans titre
Coupe d’une Racine (Chlorophytum)
Tradescantia virginica
Douve du foie, appareils génitaux

Raphaël Van Lerberghe

Raphaël Van Lerberghe
Sans titre (cygne cygne) 1,2,3 et 4. 2015
Crayon sur papier. 21 x 29,7 cm

Alevtina Kakhidze
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Alevtina Kakhidze
Sans titres
Encre sur papier, 4 x 14 x 20 cm

« Noir chantilly », La châtaigneraie Flémalle, revue de presse

Audrey Frugier

Audrey Frugier, Desesperate Housewives, balai, pampilles en verre 2014

Lu dans H.ART à propos de « Noir Chantilly », exposition à laquelle participent Sophie Langohr, Marie Zolamian, Audrey Frugier et Rachel Laurent :

HART

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Sophie Langohr, Drapery, galerie Saint-Luc, les images (3)

Sophie Langohr

Sophie Langohr

Image Maison Martin Margiela
de la série Drapery
photographie couleur sur aluminium 86 x 60 cm, 2014

Sophie Langohr

Image Valentin Yudashkin
de la série Drapery
photographie couleur sur aluminium 44 x 65 cm, 2014

Sophie Langohr

de gauche à droite :

Image Gianmaria Buccellatti
de la série Drapery
photographie couleur sur aluminium 62 x 50 cm, 2014

Image Chanel
de la série Drapery
photographie couleur sur aluminium 50 x 34 cm, 2013

Image Nina Ricci
de la série Drapery
photographie couleur sur aluminium 51 x 79 cm, 2014

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Sophie Langohr, Drapery, galerie Saint-Luc, les images (2)

Sophie Langohr

Sophie Langohr

de gauche à droite :

Image Irfé – densité +
de la série Touching Up photographie couleur sur aluminium 54 x 40 cm, 2014

Image Valentino – densité +
de la série Touching Up photographie couleur sur aluminium 34 x 51 cm, 2014

Image La Perla
de la série Touching Up photographie couleur sur aluminium 36 x 22 cm, 2014

Image Numéro – transformation manuelle de la série Touching Up
photographie couleur sur aluminium, 50 x 61 cm, 2015

Image Dondup – perspective
de la série Touching Up photographie couleur sur aluminium 31 x 40 cm, 2014

Sophie Langohr

de gauche à droite :

Image Louis Vuitton
de la série Drapery
photographie noir et blanc sur aluminium 96 x 64 cm, 2014

Image Calvin Klein
de la série Drapery
photographie noir et blanc sur aluminium 66 x 44 cm, 2014

Image Calvin Klein
de la série Drapery
photographie noir et blanc sur aluminium 39 x 42 cm; 2013

Image Fendi
de la série Drapery
photographie noir et blanc sur aluminium 64 x 46 cm, 2013

Sophie Langohr

Sophie Langohr

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Sophie Langohr, Drapery, galerie Saint-Luc, les images (1)

Sophie Langohr

Sophie Langohr

Sophie Langohr
Image Ralph Lauren.
de la série Canvases
photographies couleur sur aluminium 120 x 82 cm
2014

Sophie Langohr

Sophie Langohr
Sans titre n° 1, 2, 3.
de la série Canvases
photographies couleur sur aluminium 120 x 80 cm
2014

Sophie Langohr
Sans titre n° 4.
de la série Canvases photographie couleur sur aluminium
120 x 80 cm
2014

Sophie Langohr

Sophie Langohr

Sophie Langohr
Sans titre n° 5, 6, 7.
de la série Canvases
photographie couleur sur aluminium 120 x 80 cm
2014

Sophie Langohr

Sophie Langohr
Image Marc Jacobs
de la série Drapery
photographie couleur sur aluminium 59 x 40 cm
2014

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Noir Chantilly, Féminisme(s), La Châtaigneraie, Flémalle

Audrey Frugier

Audrey Frugier, Desespate Houssewives, 2014

Audrey Frugier, Rachel Laurent, Sophie Langohr et Marie Zolamian participent à l’exposition « Noir chantilly, Féminisme(s) », organisée par La Chataigneraie, Centre wallon d’art contemporain, à Flémalle.

Si la lutte pour les droits des femmes paraissait un long parcours uniforme depuis Olympe de Gouges, Georges Sand, Colette, Simone de Beauvoir et Elisabeth Badinter, depuis les vingt dernières années, le féministe, à l’instar de notre société multiculturelle s’est diversifié. On parle aujourd’hui des féminismes et non plus du féminisme. De nouvelles problématiques se sont invitées dans le débat : le port du voile, la procréation assistée, le transgenre, la publicité, la garde alternée… D’autres problématiques réapparaissent sous un jour différent, la prostitution par exemple. Un mot d’ordre fondateur reste d’actualité : le droit des femmes à disposer librement de leur corps et de leur existence. Les artistes, plasticiennes et performeuses réinterrogent ce rapport au corps féminin.

Avec : Cathy Alvarez , Elodie Antoine, Julie Arnould, Anne-Sophie Arnould, Evelyne Axell, Laetitia Bica, Dominique Castronovo, Isabelle Copet, Alexia Creusen, Aurore Dal Mas, Sheila de la Cal Perez, Audrey Frugier, Fanny Germeau, Annabelle Guetatra, Sophie Langohr, Rachel Laurent, Karine Marenne, Pauline May, José Picon, Romina Remmo, Anne-Françoise Schmitz, Sofie Vangor, Fanny Viollet, Aurélie William Levaux, Fang Zhaolin, Marie Zolamian…

Du 14 février au 5 avril 2015 à la Châtaigneraie (Flémalle) – vernissage public le vendredi 13 février à 18h30.
Conférence le 6 mars : Sophie Cadalen, psychanalyste et écrivaine à Paris, auteur de « Ni mars, ni vénus, oui nous sommes différentes autrement » et « Les femmes de pouvoir, des hommes comme les autres ».

Egalement du et 21 février > 20 mars 2015 à la Galerie Juvénal (Huy). Vernissage le vendredi 20 février à 18h30 à La Galerie Juvénal

La Châtaigneraie
Chaussée de Ramioul, 19 – B-4400 Flémalle – T +32 (0) 42 75 33 30.

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Sophie Langohr, Drapery, Ecole supérieure des arts Saint-Luc, Liège

Sophie Langohr

Sophie Langohr
Numero advertising image – Free transform, photographie couleur marouflée sur aluminium, de la série Touching Up, 2014, 47 x 53 cm.

Sophie Langohr

Sophie Langohr
Valentin Judashkin advertising campaign Fall/Winter 2013 de la série Drapery,
photographie couleur (tirage jet d’encre), 57 x 42 cm, 2013

Lu, à propos de l’exposition « Drapery » de Sophie Langohr ce texte de Yves Randaxhe :

Double / Trouble
Variations autour de l’exposition Drapery de Sophie Langohr

Sous le nom générique de Drapery, Sophie Langohr propose plusieurs séries d’images qui approfondissent ses travaux antérieurs, relisent ses thèmes privilégiés et cultivent leurs tropismes : la représentation du corps et son usage, entre autres dans la publicité ; les manipulations de l’image ; la dialectique de la surface et de la profondeur, illustrée puissamment par les drapés et les jeux d’apparition – disparition du support original de l’image, mais aussi par la présence récurrente de la peau ; les méandres enroulés de l’histoire de l’art et la façon dont l’esprit conquérant s’y manifeste au profit de puissances religieuses ou mercantiles …

La main

« Manipulation digitale » : Sophie Langohr y recourt souvent. Pour décrire cette opération virtuelle, les mots renvoient pourtant au corps : la main et le doigt. Dans sa série Drapery, Sophie Langohr file la métaphore sur plusieurs registres, jusqu’au trouble. Des images – de l’imaginaire – sont bel et bien « matériellement » chiffonnées sur leur support de papier. Le tout est re-photographié, fixant un mille-feuilles où le réel, l’image et le virtuel s’entremêlent, s’interrogent et se répondent : la main image fait mine de froisser le papier qui est son support-même, et dans le même geste, le tissu ou la peau.

Que voir ? Que croire ? Rompue aux sortilèges et aux subterfuges de l’image publicitaire, Sophie Langohr explore obstinément la « trahison des images ». La main qui touche – mais que touche-t-elle ? – évoque celle de saint Thomas, tentant de dissiper par les sens son incrédulité. Mais toute tentative d’accéder au réel est vaine ; il est inatteignable, perdu dans le dédale des images et les strates virtuelles. Dans la société du spectacle, il n’y a de foi qu’aveugle.

La main touche et retouche : dans la série Touching Up, un doigt vient marquer une zone de l’image selon des procédés classiques de retouche digitale. Ce sont toujours des mains féminines, où il est difficile de ne pas deviner celle de l’artiste elle-même, présente dans la gestation de l’image et représentée, revendiquant son statut de créatrice – et de manipulatrice.

Frou frou

Frou frou, frou frou par son jupon la femme
Frou frou, frou frou de l’homme trouble l’âme
Frou frou, frou frou certainement la femme
Séduit surtout par son gentil frou frou

(Chanson de Montréal et Blondeau, 1898)

Dans cette chanson célèbre bien que plus que centenaire, la femme est réduite au bruit produit par les plis de ses jupons. Une poupée de chiffon vidée de tout être, comme un écho à cette Ninfa traquée à travers l’histoire de l’art par Aby Warbug, et à laquelle Georges Didi-Huberman a consacré un livre : la figure féminine drapée se vidant au fil de l’histoire de l’art du corps qui l’habite. « Drapé tombé ». « Et de même que la toile des tableaux en général faisait office d’écran – au sens cinématographique – pour une véritable encyclopédie du fantasme all’antica, de même les tissus, hyperbolisés dans tant de scènes mythologiques (…) feront office de réceptacles (…) pour la substance imaginaire du désir. »[i]

Autre lecture du même ( ?) selon Giono [ii]: « Les femmes ici n’ont pas de forme; ce sont des paquets d’étoffes médiocres. » Chez Sophie Langohr, pas d’étoffes médiocres : l’œuvre ne manque pas d’élégance et nous reconnaissons immédiatement les marqueurs des publicités pour les produits de luxe dont sont extraites les images. Drapées sont les dentelles, mais aussi les peaux et le papier, lisse et brillant. Celui-ci émet des reflets (le double de la lumière), de petits éblouissements (le trouble du frou frou).

Drapery sans cesse masque et démasque son propos ; Sophie Langohr y place le froissé au centre de sa stratégie de construction, de lecture et de déconstruction de l’image. Mais à quel niveau de ces froissements s’arrête ou se perd notre regard ? Et l’enveloppe finit-elle par phagocyter ce qu’elle contient ?

L’histoire et sa trame

Sophie Langohr n’interroge pas seulement l’imagerie publicitaire, dont provient une bonne part de son matériel de base. Elle relie aussi sa pratique à des images canoniques de notre histoire de l’art, comme le suggère déjà la référence à la Ninfa. Dans New Faces, elle confronte ainsi égéries de la mode et vierges sages de l’imagerie sulpicienne, rapprochant de façon troublante, à plus d’un siècle de distance, des productions artistiques fondées toutes deux sur la séduction et la conquête, fussent-elles en apparence opposées quant à leur objet.

Avec ses séries récentes, c’est vers l’art baroque qu’elle lorgne manifestement, citant par exemple les drapés savants des sculpteurs du XVIIe siècle, tel le liégeois Jean Del Cour (1627-1707). Dans la trame de l’histoire de l’art, Sophie Langohr se réfère une nouvelle fois à un art de fascination et de combat. L’esthétique baroque a été ouvertement mise au point par les autorités ecclésiastiques comme un instrument de reconquête des âmes face à la montée en puissance de la Réforme : sa théâtralité n’avait d’autre visée que de lui assurer un triomphe populaire, moyennant parfois un usage immodéré des regards renversés, postures extatiques et tourbillons sensuels. À l’image des draperies, la trame de l’histoire se trouve ainsi repliée sur elle-même en tous sens, créant échanges, porosité, trouble. En attendant que tout retombe dans ses plis ?

Les mains trouvées dans des pages de magazines et que Sophie Langohr isole, distillent quant à elles une beauté classique et semblent rivaliser avec des morceaux choisis de la peinture ancienne. Foin de la hiérarchie entre « grande peinture » inscrite dans l’histoire et imagerie publicitaire, qui se dissout dans sa consommation. Détournée de son usage initial, l’image nous installe dans le temps long de la contemplation.

Il faudrait enfin oser un portrait de l’artiste en combattante. Sa propension à se frotter à l’image publicitaire et à des esthétiques conquérantes n’est certes pas dénuée d’ambigüité. Elle n’en est pas moins révélatrice d’une forme d’affrontement que Sophie Langohr mène tout à la fois en tant qu’artiste et en tant que femme: sa version propre de l’art au service de l’idée. Sans rien lâcher dans le labyrinthe des mises en scène et des stratégies.

Le théâtre du corps

Trame, tissu, rideau. Le corps est à la fois derrière et devant celui-ci, mais il est aussi le rideau. Et pour troubler ces surfaces de projection, le froissé, le drapé.

Dans la série Drapery, les images sur papier semblent à un moment donné actrices de leur propre froissement. Dans Touching Up, les mains mettent en scène la manipulation qui contribue à les produire. Et derrière ces images, le théâtre futile de la publicité pour l’industrie du luxe. Futilité : babiole, bagatelle, superflu. Le théâtre des vanités.

La gravité, pourtant, s’y mêle. Des mains sont isolées sur des fonds austères, quelquefois rehaussés d’une sorte de lumière mystique venant de l’intérieur du corps ou des profondeurs du rien. Parfois des morceaux de corps sont tordus dans le plissé.

Dans les Canvases, le trouble est total. Ce n’est plus le papier qui est froissé. On reconnaît de vraies carnations, plus crues que celles des lisses images publicitaires : points de beauté, rougeurs, … Et c’est la peau elle-même qui est manipulée, contrainte aux plis et à la distorsion. On y est mal à l’aise. Ces chairs contorsionnées en appellent à un imaginaire collectif douloureux.

On identifie bien une autre trame que celle de la peau, et différente de celle d’une image imprimée : en fait, celle d’un tissu fin. Pour produire ces images, pas de manipulation virtuelle en effet : le tissu est posé et drapé sur le dos de personnes réelles, et, par sa finesse, joue comme un écran déformant. Le tissu ne masque plus le corps, mais au contraire en exprime une vérité qui dérange. On n’est pas loin de l’essence des « vanités », avec leurs sombres présages chers à la peinture de l’après-Renaissance. Ou, à la même époque, des figurations de Marie-Madeleine, dont la repentance du modèle n’empêche nullement le spectateur de jouir de la nudité.

L’écriture, dans sa linéarité, est par nature peu apte à rendre compte de l’œuvre plastique. Elle est trop sujette à la tentation du récit, voire de la morale. C’est spécialement vrai pour des propositions comme celles de Sophie Langohr, touchant à des sujets controversés mais dont la beauté réside pour une grande part dans leur polysémie, tels des plis de drapés dont ses travaux récents font un usage sensuel et troublant. Il faudrait donc, à l’instar des fichiers dont l’artiste se sert dans son travail digital, multiplier les couches, les caches, laisser l’œil se perdre et l’intelligence poétique prendre le dessus en toute liberté. « Pour bien regarder », propose Georges Didi-Huberman, « il faut savoir ouvrir mais aussi fermer les yeux. »[iii]

Yves Randaxhe
janvier 2015

[i] Georges DIDI-HUBERMAN, Ninfa moderna. Essai sur le drapé tombé, Gallimard, 2002, p. 20

[ii] Jean GIONO, Ennemonde et autres caractères, Gallimard, 1968

[iii] Georges DIDI-HUBERMAN, op. cit. p. 127

Galerie Saint-Luc
Ecole superieure des Arts Saint-Luc Liège Bld de la Constitution 41
4020 Liège
Accessible du 6 février au 7 mars 2015 Du jeudi au samedi de 14 h à 18 h

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