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Walter Swennen, actualités

cailloux

– Walter Swennen participe à l’exposition anniversaire du FRAC Auvergne à Clermont Ferrant, « Sous l’Amazone coule un fleuve ». Jusqu’au 12 mai. Dans le dossier d’accompagnement de l’exposition, on lira cette notule, rédigée par Eric Suchère :

On dit de Water Swennen qu’il aurait été poète avant d’être peintre, ce qui le relierait, comme artiste belge, à cet autre poète plasticien qu’était Marcel Broodthaers – avec lequel il avait été ami – et à un usage particulier du langage – on retrouve cette idée dans de nombreux comptes rendus sur les expositions de l’artiste. Sans doute et peut-être mais s’il fallait l’inscrire dans un champ, ce ne serait sûrement pas celui de la poésie – à moins d’aller du côté de celle de Louis Scutenaire, autre compatriote fameux – et s’il fallait lui trouver des antécédents, ce serait plutôt, belgitude oblige, du côté de la « Période vache » de René Magritte qu’il vaudrait mieux aller voir car, comme dans les trop rarement montrées peintures de cette série, on y retrouve apparemment une figuration idiote pleine d’images improbables et imbéciles traitées avec la plus grande désinvolture ou dans le plaisir le plus jubilatoire du mauvais goût affirmé recherchant le ratage absolu du mal léché étudié. Et s’il n’était pas belge, sans doute le comparerait-on à Sigmar Polke ou à Carlos Kusnir – mais il est belge et bruxellois ce qui oriente sans doute les lectures.
Donc, reprenons, Walter Swennen est un peintre belge qui a peint sur tous les supports possibles et imaginables, toutes les images possibles ou toutes les non images possibles – puisque l’on peut considérer que certaines des peintures sont abstraites même si un doute persiste comme dans le cas de l’œuvre qui est dans la collection du FRAC Auvergne – et ses différentes œuvres sont peintes sans style caractéristique, sans rien qui permette d’identifier la main ou la patte de l’artiste – on peut même dire que cette hétérogénéité manuelle est savamment entretenue car il est difficile après plus de 25 ans de peinture de ne pas avoir de tics ou un semblant de style – et le résultat est souvent – mais pas tout le temps – humoristique et souvent – mais pas uniquement – dérisoire par la pauvreté – relative – du dessin et le caractère caricaturale de la figuration – quand elle est présente – et passant allégrement de la haute culture aux sous-produits de celle de masse.
C’est donc dit, mais il faut se méfier des apparences. Ainsi, une déclaration ancienne de l’artiste étonne : « Le problème de l’image, c’est qu’il faut en trouver une qui parle à chacun, moi compris et qui soit suffisamment neutre. Ce sont des représentations qui se trouvent dans une sorte de zone frontière entre l’image intime et l’image publique (1) . » C’est-à-dire, pour paraphraser, que l’image ne doit rien dire en elle-même, qu’elle doit être indifférente et non symbolique – non fermée. Mais on peut également étendre ce questionnement à la facture, celle-ci doit être impassible, ne rien dire de l’artiste et de son ego et ne rien trahir d’une quelconque position sur le monde et son état.
Donc, reprenons, les peintures de Swennen posent des strates d’images à la fois collectives et intimes qui accolées ensemble deviennent impénétrables et qui peintes dans un non style ne peuvent être rabattues à une esthétique privilégiée. Ou : la peinture de Swennen oscille entre le sublime et le ridicule, entre les effets les plus somptueux et leur mise en crise implacable sans qu’il soit possible de dire ce qui vraiment l’emporte, sauf à ne voir que le ridicule, ce que les critiques font le plus souvent : « Quelqu’un qui écrit des poèmes n’est pas un journaliste. La confusion est toujours présente, et cette même confusion se retrouve dans le rapport à la peinture (2) », rappelle l’artiste. Ainsi, Cailloux (blanc), peut être envisagé comme une représentation de cailloux simplifiés, dont certains auraient été recouverts ou comme une peinture abstraite expressionniste aux repentirs gestuels ou comme un ratage progressif – puisque cette toile s’inscrit dans une série de trois peintures qui voient disparaître le motif – ou comme une peinture où s’affronterait la dualité d’un tracé avec la subtilité d’un rapport entre des taches à la limite du perceptible ou comme une figuration enfantine taclant le bon goût potentiel des regardeurs ou comme tout cela à la fois et plus encore.

1 Cité par Pierre Sterckx dans « La peinture, les images selon René Magritte et Walter Swennen », dans Artstudio n° 18, Images du Nord, automne 1990, p. 116-118.
2 Ibid.

– Du 2 mai au 29 juin, il expose une série d’œuvres récentes à la galerie Nicolas Krupp à Basel. Nicolas Krupp GmbH Contemporary Art, Rosentalstrasse 28, CH-4058 Basel.

– On notera dès à présent deux importants solos à venir, le premier à la Fondation Culturgest de Lisbonne, exposition sous commissariat de Miguel Wandschneider. Du 22 juin au 8 septembre, cette exposition sera consacrée aux quinze dernières années d’activités de Walter Swennen.

Portuguese audiences are by now familiar with the work of two Belgian artists who in recent decades have become major references in the field of painting: Raoul De Keyser and Luc Tuymans. There is, however, another Belgian painter who is greatly admired in his own country, particularly by other artists, but who has yet to be picked up by the radars of the international art world: Walter Swennen (Brussels, 1946). This exhibition is a retrospective of his work since the early 1980s, when the artist decided to put an end to his activity as a poet and adopt painting as his preferred means of expression. In his painting, closely linked to his own experiences and different psychological states, Swennen has gradually been constructing a highly subjective view of the world, full of humour and melancholy, in a constant dispersal of styles and giving special emphasis to improvisation as a modus operandi. The remarkable way in which the artist has expanded his repertoire of formal and expressive solutions over the past fifteen years has only been made possible by his ever greater mastery of his medium and his keener awareness of the specific problems of painting.
This exhibition is organised in partnership with the WIELS, Contemporary Art Centre, in Brussels, where it will be presented in October of this year.

– La seconde aura lieu au Wiels à Bruxelles, du 5 octobre 2013 au 5 janvier 2014. Dirk Snauwaert entend donner à cette exposition une portée plus retrospective.

Swennen, réputé faire partie des ‘nouveaux peintres’ des années 80, ne s’est pas fait remarquer par un travail spontané ou expressif, mais par le biais d’une analyse poético- humoristique des relations entre symbole, lisibilité, sens et exécution, caractérisée par un traitement pictural libre mais précis. L’exposition au WIELS s’intéressera particulièrement aux premières oeuvres de l’artiste, juste après les années ‘Pop’, à ses dessins et poèmes depuis les années 70 jusqu’à nos jours.

A ce sujet, le Wiels lance un avis de recherche concernant quelques œuvres afin de pouvoir les inclure dans la publication qui accompagnera ces expositions.

Cet automne, WIELS consacrera une exposition rétrospective ambitieuse à l’œuvre de l’artiste belge Walter Swennen (né en 1948 à Bruxelles). À l’occasion de cette rétrospective, un catalogue sera publié. Les curateurs Dirk Snauwaert et Miguel Wandschneider de Culturgest, Lisbonne, sont toujours à la recherche de quelques œuvres clés des années quatre-vingt et nonante pour les inclure dans la publication. Toute piste pouvant mener à leurs propriétaires actuels ou à leur localisation serait d’un grand intérêt. N’hésitez pas à nous contacter si vous en savez plus.

Les images sont publiées sur le site du Wiels, à cette adresse.

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