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Sophie Langohr, Hybrides 2, Douai

Sophie Langohr participe à la seconde biennale Hybride, organisée par le SMAC, service mobile d’action culturelle, en divers lieux de la ville de Douai (Nord de la France).
Cette biennale rassemble une trentaine d’artistes, parmi lesquels Pierre Ardouvin, Gilles Barbier, Claude Lévêque ou Jacques Charlier  autour de la thématique de l’hybride.

Rien n’est plus hybride que la pratique artistique qui suscite tous les sens (regarder, toucher, sentir, entendre, goûter), reliant les performances du corps aux expérimentations de l’intellect. L’œuvre d’art utilise les sciences, les technologies, les espaces, la nature et l’homme. Rien n’est plus hybride qu’un territoire. Douai et le Douaisis n y échappent pas. Depuis les origines à aujourd’hui, l’hybride semble lier l’humain à ses capacités d’adaptation aux contraintes environnementales, offrant ainsi par le métissage de différents ordres, une nouvelle diversité, ontologiquement créative, résolument anticipatrice ou craintive. Omniprésent dans les technologies, la biologie, la communication et bien d’autres domaines encore, il l’est dans l’expression artistique. L’histoire de l’art a souvent pointé les premières hybridations techniques avec les collages cubistes du début du XXe siècle, mais déjà, ne se trouvaient-elle pas dans les peintures rupestres du paléolithique dont l’observation soulèvent certaines questions, par la mixité des outils et des matières employés (empreintes, négatifs, contours), par la juxtaposition de représentations figuratives et de signes graphiques ?
Du besoin de susciter les sens, de la volonté inévitable de relier les performances du corps aux expérimentations intellectuelles, l’art contemporain explore l’hybride usant lui aussi le champ des sciences, des technologies, des espaces, de la nature et de l’homme, aux côtés des préoccupations du monde d’aujourd’hui.
“L’esthétique de l’hybride est par définition polysémique, faite de strates, de mémoires… Elle se construit par des allers-retours entre passé et futur, il s’empare des interstices qu’offre la culture. Cette esthétique offre un champ élargi de l’art, créatrice et faisant coexister des lieux multiples de l’art et rejoint en cela le principe d’hétérotopie de Michel Foucauld. L’hybridation ne peut être identifié comme un processus général mais implique une multiplicité de processus ayant chacun son propre fonctionnement”.

Sophie Langohr y présentera une large sélection des New Faces récemment exposées au Grand Curtius à Liège

Des réserves d’un musée, Sophie Langohr a exhumé une quinzaine de statues mariales de tradition saint-sulpicienne, coupables aujourd’hui de représenter la plus pure bondieuserie kitsch et les débuts d’un art semi-industriel. L’artiste confronte leurs visages surannés à ceux, glanés sur internet, d’actuelles égéries qui incarnent les grandes marques de l’industrie du luxe. La publicité pour la mode et la beauté a aujourd’hui des prétentions culturelles ; elle se veut « arty », auréolée de toute la gloire et tout le mystère de la création. Avec un art consommé de la retouche, l’artiste confond ces visages en diptyques, transfigurant mannequins et actrices en Vierges et saintes : le miracle tient ici, signe du temps, à un logiciel de traitement de l’image. Sublimation, culpabilité et mortification, le coup de bistouri digital de Sophie Langohr évoque cette imposition d’une image féminine stéréotypée, comme si, d’une dévotion à l’autre, l’on passait de Saint Sulpice au sain supplice.

Sophie Langohr

Vierge polychrome conservée au Grand Curtius de Liège, nouveau visage à partir de Emily di Donato pour Maybelline, de la série New Faces 2011-2012, photographies couleurs marouflées sur aluminium, (2) x 50 x 40 cm.

Du 14 septembre au 6 octobre. Divers lieux
Rencontre avec les artistes le samedi 21 septembre à 18h

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