Capitaine Lonchamps, Benjamin Monti, Tomber du Ciel, galerie de Wégimont

Capitaine Lonchamps

Capitaine Lonchamps
Neige, 1999
Acrylique sur couette, 127 x 193 cm

Avec la complicité de François de Coninck et avec Capitaine Lonchamps, Bertrand Carrière, Dominique Castronovo & Bernard Secondini, Aurore Dal Mas, Lila Maria de Coninck, François de Coninck & Guy Jungblut, Thierry Falisse, Benoit Félix, Jacky Lecouturier, Barbara & Michael Leisgen, Perrine Lievens, Justine Montagner, Benjamin Monti, Jacques Louis Nyst, Sébastien Plevoets, Armand Quetsch, Lucia Radochonska, Alain Rivière, Jean-Michel Sarlet, Guido van der Werve, Manon Vanderweeghde.

(I) A Wégimont du 3 octobre au 1er novembre 2015

(II) et au Churchill du 1er octobre au 31 novembre 2015

Et si notre trop complexe et retorse époque avait, au moins encore un peu, besoin de croire au Père Noël, aux cadeaux tombés du ciel, aux chimères impalpables, aux voeux furtifs que l’on ne peut s’empêcher d’adresser aux étoiles filantes ?… Non pas histoire de se repaître là de niaise superstition, d’espoirs naïfs, de rêverie infantile ou de fuite – trop adulte, celle-là – dans les éthers ou les paradis irrémédiablement artificiels… Mais bien plutôt de saisir les occasions de garder les yeux dans les airs, de décoller les pieds d’une terre trop terre-à-terre, de laisser nos imaginaires vagabonder dans des formes libres, indécises, imprécises ; de nourrir la conscience, somme toute, que le monde qui nous accueille est bien plus infini que ce que nous pouvons percevoir ou concevoir. De jouer aussi avec les mots, comme on jongle avec les nuages.
Tomber du ciel c’est s’inviter et s’inventer, s’ajouter et troubler, mourir et renaître, ne faire que passer. S’il est vrai, comme le disait Mallarmé, qu’un coup de dés jamais n’abolira le hasard, c’est aussi accepter que l’homme sur terre ou dans les airs ne maîtrise pas tout : la chance ou le coup du sort nous bousculent, le symbolique nous transcende, le spirituel nous fait pouffer ou éternuer, autrui nous happe, le temps nous avale, les meilleurs s’en vont, nos ombres nous précèdent et l’art, l’art, souvent nous dépasse.
Bonne veine ou infortune, bout de sonde ou coin de météore, foudre bénie ou pluie de grenouilles, oiseau chevrotiné ou arc-en-ciel, révélation mystique ou héritage d’Amérique : ce qui nous tombe de nulle part a souvent de quoi surprendre. Nous avons réuni ici des créateurs de tous ordres, provenances et générations. Ils n’ont en commun que le ciel, parfois un horizon, et c’est déjà beaucoup. Et s’il ne s’agit pas, nez en l’air, d’égrener patiemment le chapelet des béatitudes esthétisantes ou des joliesses de calendrier, il ne s’agit pas non plus de bouder son plaisir à voir passer au loin les nuages, les merveilleux nuages (même s’il faut bien convenir qu’il est rare qu’un nuage prenne la forme d’un nuage), et à récolter ce qui, de là-haut, descend questionner, nourrir ou éblouir notre regard, nos repères, nos certitudes. Chaque matin, il nous faut redescendre d’un cirrus, d’un stratus, d’un cumulus, chaque soir y remonter ; enfants, on n’en faisait pas tout un plat. Nous aurons donc l’âge de nos ailes, brûlées parfois à trop de désir.
Le ciel, c’est notre lieu commun et pourtant toujours lointain, étranger… Le ciel, bien malin qui peut prédire ce qu’il lâche, où il va, et quand il tombe.
Le mieux est encore de faire mine que le ciel, c’est nous.
Emmanuel d’Autreppe, commissaire de l’exposition

Benjamin Monti

Benjamin Monti

Benjamin Monti

Benjamin Monti
Sans titres (Marie Delex)
Encre de chine sur papier, 3 x 21 x 29,7 cm
2012

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