Jacques Charlier, Jacques Lizène, Emilio Lopez Menchero, Suchan Kinoshita, Superdémocratie au Sénat de Belgique

Jacques Charlier, Jacques Lizène, Emilio Lopez Menchero et Suchan Kinoshita participent tous les quatre à l’exposition Superdémocratie organisée au Sénat belge à Bruxelles.

Extraits du communiqué de presse :

Avec l’exposition SUPERDEMOCRATIE, trois institutions culturelles nouent un dialogue, en octobre prochain, avec le Sénat belge. BOZAR à Bruxelles, le BPS22 à Charleroi et le M HKA à Anvers ajoutent une dimension culturelle aux questionnements actuels du Sénat.

Le Sénat est l’assemblée des entités fédérées, lieu de réflexion et de dialogue entre les communautés sur des « matières transversales ». Les œuvres d’art du BPS22 et du M HKA instaurent aussi le dialogue, entre elles, avec les élus et les citoyens, sur ces matières transversales. En faisant irruption au Sénat, elles ouvrent également le débat sur l’évolution de la démocratie, qui, à l’image de la diversité toujours croissante de notre société, parfois appelée « superdiversité », pourrait bien devenir une «superdémocratie ».

L’exposition SUPERDEMOCRATIE propose un focus sur quinze thèmes dans autant de salles du Sénat, exceptionnellement ouvertes au public. À chaque fois, un artiste de la Fédération Wallonie-Bruxelles et un artiste de la Communauté flamande sont réunis avec un troisième artiste, issu d’une autre communauté. Une occasion unique de découvrir les correspondances entre les œuvres et de participer au débat auquel elles invitent.

Un débat qui sera nourri tout au long du mois d’octobre par des « salons de discussion » et des conférences proposés par les trois partenaires et en particulier par BOZAR, sur les thèmes de l’exposition.

Jacques Lizène et Suchan Kinoshita illustrent le thème de l’INVENTIO

L’inventio(n) est, depuis la Renaissance, un concept-clé de l’art occidental. Le peintre, sculpteur, architecte, jadis artisan, devient « artiste libre », reconnu pour les concepts qu’il imagine plutôt que comme simple exécutant. Mais l’art n’a pas le monopole de l’invention : toute entreprise, institution et organisation doit faire preuve d’inventivité au jour le jour, sous peine de se figer.
Le Sénat est un parlement particulier, inhabituel, inédit. Il est composé principalement d’élus indirects, déploie ses activités quasiment sans intervention ni impulsion du gouvernement et sa mission est essentiellement une mission de conseil et de recommandation.
Il y a longtemps que le temps a été « normalisé » et que nous croyons à l’objectivité des vibrations du quartz et du tic-tac des secondes. Suchan Kinoshita (°1960, vit à Bruxelles) réinvente le temps et met au point des mécanismes de mesure dérégulants ; un instrument ultra-rapide qui ne mesure que son propre moment ou la lenteur sereine du miel d’acacia s’écoulant dans un sablier à miel.
La biologie nous apprend que la nouveauté apparaît toujours sous la forme d’une anomalie, d’un monstre. Jacques Lizène (°1946, vit à Liège) postule que nous sommes tous, en tant qu’êtres humains, un accident, l’agglutinement fortuit de deux moitiés de matériel génétique. Une fois cette monstruosité acceptée, le monde se transforme en une fête grotesque, dont le cadavre exquis constitue le fil rouge.
Cette chaise joue un rôle particulier dans l’œuvre de Jacques Lizène, qui s’est autoproclamé « le petit maître de Liège ». Lizène aime bouleverser le monde (de l’art). Pour lui, l’art et la vie sont intimement liés. En outre, ce n’est pas la forme de l’œuvre d’art, mais plutôt l’attitude de l’artiste qui importe. L’œuvre de Lizène questionne de manière critique le positionnement de l’artiste, l’art et le monde de l’art. Lizène aime utiliser les chaises comme medium, car elles se prêtent à l’incarnation de nombreuses formes et fonctions. Elles sont corps et squelettes : des entités assises, au repos, mises à mal, mais aussi des supports, des brancards, des cadres et des structures. Cette double identité est proche de deux éléments du travail de Lizène : la génétique et la mort.En découpant et en remontant deux chaises différentes, Lizène crée un objet sculptural. Ses sculptures établissent un lien clair avec la génétique, la fusion de deux structures dont résulte une nouvelle forme. Ces chaises étaient autrefois des objets banals, quotidiens ; en les reformulant et en les fusionnant, ces hybrides sont plus que la somme de leurs parties.

SuchanKinoshita

Suchan Kinoshita, Honingclock, 2017, collection Muhka

Jacques Lizène

Jacques Lizène, chaise découpée, 2008, collection Muhka

Jacques Charlier illustre le thème de la RECHERCHE

La recherche, souvent confinée à la sphère empirique et scientifique, désigne en fait tout rassemblement de données initié par une question. Cette activité humaine essentielle place l’humain au centre et défie le monde. « Celui qui trouve a mal cherché », disait le poète, plaçant résolument la quête à l’avant-plan et non pas la trouvaille. C’est le propre de nombre d’artistes contemporains : ils explorent le monde, de manière personnelle et originale, leur environnement, eux-mêmes ainsi que leur pratique et font de cette exploration une œuvre d’art.
Les décideurs politiques se fient de moins en moins à l’intuition et à l’idéologie, au profit de la recherche, de l’expertise, de l’information scientifique. Ainsi, le Sénat entend des experts pour la quasi-totalité de ses activités.
Dans ses œuvres, Jacques Charlier (°1939, vit à Liège) souligne les manipulations que les images peuvent servir, y compris dans le domaine artistique. Toutefois, l’humour et l’évocation poétique évitent à l’œuvre d’apparaître moralisatrice. Ainsi, à partir de l’adjectif « cérébral », souvent utilisé par la critique d’art, il imagine la peinture s’y référant et lui adjoint un cerveau en céramique.

Jacques Charlier

Jacques Charlier, Peinture cérébrale, 1989, collection BPS22

Emilio Lopez Menchero illustre le thème de la DIVERSITAS

Loin de venir de nulle part, les civilisations n’atteignent jamais non plus de point d’achèvement. Elles naissent, croissent et se renouvellent grâce à la mixité culturelle. La coexistence de cultures différentes offre en effet des possibilités inédites. Par l’ouverture à ce qui nous est étranger et la compréhension de traditions différentes, il est possible de les intégrer à nos propres processus mentaux et d’innover. Ce processus est toutefois exigeant, lent, et demande une compréhension transgfénérationnelle. Le Sénat, l’assemblée des entités fédérées, rassemble et rapproche les communautés et régions de Belgique. Il incarne ainsi la légitimité fédérale.
Architecte de formation, Emilio López-Menchero (°1960, vit à Bruxelles) développe une œuvre marquée par sa double culture belgo-espagnole et se focalise sur la figure de l’artiste et la place qu’il peut occuper dans la société. Son drapeau imprimé de son empreinte digitale, n’exprimant que lui-même, perd tout sens politique et collectif.

Emilio Lopez Mechero

Emilio Lopez Menchero, Drapeau, 2015, collection BPS22

Lors de l’ouverture au public, le dimanche 1er octobre, quinze intervenants prendront position à propos des thèmes de l’exposition. Des positions intellectuelles ou poétiques, parfois provocantes aussi, ou plus modérées et académiques.

Ouverture au public : dimanche 01.10.2017, de 13:00 à 17:30

Exposition : 01.10 > 31.10.2017, de 13:00 à 17:30
Entrée libre

Au Sénat de Belgique
Entrée par la Rue de Louvain, 13 – 1000 Bruxelles

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