Jacqueline Mesmaeker, Ah Quelle Aventure à BOZAR, revue de presse (1)

Dans le quotidien Le Soir :

Dans le quotidien De Tijd, ce texte de Thomas Peeters :

Marcel Broodthaers n’est jamais loin dans cette première grande exposition de la Belge Jacqueline Mesmaeker (91) à Bozar. Elle utilise de nombreux objets du quotidien, mais son art ne peut être saisi d’un seul coup d’œil. Vidéos, photographies, installations et aquarelles font toutes partie de l’univers poétique de Jacqueline Mesmaeker.

Le musée Reina Sofia de Madrid possède des œuvres de cette femme de 91 ans, que les amateurs d’art appellent parfois « la Louise Bourgeois belge ». Pourtant, elle n’est guère connue dans notre pays. Sans doute parce qu’elle a toujours refusé de participer au circuit commercial de l’art. Et aussi parce que son art ne peut être appréhendé d’un seul regard. « ll est possible que le spectateur s’en aperçoive à peine », écrit Saskia De Coster à ce sujet dans le guide du visiteur de « Ah, quelle aventure ! Ce sentiment d’insaisissabilité s’applique à l’ensemble de l’œuvre de Mesmaeker. L’écrivaine parle certainement de « Melville 1891 », l’oeuvre située dans la dernière salle de l’exposition à Bozar. Dans une pièce sombre, nous contemplons une image en noir et blanc de fleurs foisonnantes et la maquette flottante d’un bateau. Que signifie exactement ce naufrage dans les nuages ? Je ne sais pas. Mais quel sensationnel mystère.

La mer

Les bateaux et la mer sont des thèmes récurrents. L’installation vidéo « Antipodes » représente l’océan Pacifique par une projection renversée de la mer du Nord. L’image est basée sur l’idée que l’on se retrouve dans l’océan Pacifique si l’on perce une épingle au travers du globe terrestre depuis la Belgique.

L’énigmatique série d’aquarelles « Mer » de 1978 a également traversé sans effort l’épreuve du temps. Autre oeuvre très forte de témoignant de son interêt pour la mer, cette lithographie en couleur d’une peinture marine. Mesmaeker l’a simplement posée à Bozar sur une table blanche et sous six blocs de marbre. Elle a fixé au mur un dessin dont la lithographie semble avoir été inspirée.

Elle a réalisé cette dernière elle-même suivant l’inspiration du moment, explique le commissaire Luk Lambrecht. La même chose s’est produite lorsque l’artiste a examiné l’installation « La Serre de Charlotte et Maximilien », une œuvre qu’elle avait réalisée en 1977 et qui a été reconstituée. L’œuvre d’art représente un serre en verre et bambou récupéré. Dans un coin inférieur, une projection de Mickey Mouse se reflète sur la vitre. Pourquoi cette intervention impulsive ? Parce que dans son esprit, cela correspondait à l’architecture Horta de Bozar. Son travail est insaisissable, « comme le sable qui glisse entre les doigts », affirme Lambrecht. Avec sa collègue Lieze Eneman du cc Strombeek, il a conçu la présentation des trente-six œuvres en trois parties. La première partie se concentre sur la relation entre sa pratique artistique et le langage et la littérature. Ici et là, vous découvrez des colonnes de mots parallèles. Il s’agit principalement de mots  » courants « , quotidiens, et parfois de jeux de mots tels que l’allitération.

Dans la deuxième partie, l’accent est mis sur des objets de son univers familier et de ses nombreuses collections : cartes postales d’amis, des invitations pour des vernissages, et même un reproduction d’un des murs de son appartement à Ixelles. La confrontation de ses absurdes exercices linguistiques et de l’utilisation mystérieuse d’objets quotidiens vous fait inévitablement penser à Marcel Broodthaers, son contemporain.

Pourtant, ce sont ses insondables aquarelles et vidéos qui persistent le plus longtemps.  Tout ce que elle fait ou entre dans son univers artistique se pose dans en son théâtre vivant : Mesmaeker va à la recherche de la poésie dans le quotidien. Ou comme elle le dit elle-même :  » Je veux lever le voile du monde familier qui nous entoure. Il a tant de tonalités invisibles à partager avec le spectateur ».

Jan Hoet

Jacqueline Mesmaeker s’est épanouie tardivement dans le monde de l’art. Elle a commencé dans les années 60 comme styliste et décorateur d’intérieur et a même travaillé comme designer dans un grand magasin. L’innovation.

Elle étudie l’art durant les années 70 et produit ses premiers oeuvres alors qu’elle a 45 ans Jan Hoet l’invite en 1980, dans son exposition « L’art en Europe après 68 ». Elle y est une des rares artistes femmes  Mais cela ne provoque pas de percée majeure.  Peut-être que le fait d’être une femme a à voir avec cela, glisse la commissaire Lieze Eneman  Dans une récente interview, Jacqueline Mesmaeker affirme elle-même : « Je soutiens certainement la lutte pour l’égalité entre les hommes et les femmes, mais ce n’est pas mon combat. Les hommes n’ont pas pris ma place ni ne m’ont effacée. J’étais très seule, cela a peut-être aidé ».

Son travail exige également une grande attention de la part du spectateur. Serait ce également à cause de cela ? »était très seul.

Son travail exige également une grande attention le spectateur. C’est peut-être aussi à cause de cela ? Eneman fait un clin d’œil : « Peu d’artistes engagent leur vie personnelle d’une manière aussi intense avec leur travail. Son travail n’est jamais terminé non plus, même pas maintenant qu’elle a 91 ans.

Pascal Goffaux sur le site de la RTBF

 

L’entretien de Pascal Goffaux

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