Circuit court, Brecht Koelman, Loic Moons, Gaëtane Verbruggen, une opinion

Loic Moons
Sans titre, technique mixte sur toile, 2020
50 x 40 cm

Circuit court

Repenser sa réalité, refaçonner sa vision du monde, jouer de sa précarité, élaborer de nouveaux buts, trouver de nouveaux moyens pour y parvenir, imaginer sa vie… Le quotidien de l’artiste. Tant d’autres partagent aujourd’hui cette situation.

Circuit court, c’est la redécouverte du moi et de ses racines. Une tentative de relancer un métier en s’adaptant à un court-circuit. Résolument tournées vers l’autre et l’étranger, les galeries d’art se voient dorénavant dépossédées de leurs repères. Depuis des décennies, l’art progresse à travers un marché mondialisé, dans lequel œuvres, artistes, galeristes, collectionneurs et amateurs circulent massivement d’expositions en expositions, de foires en foires, de résidences en résidences, de commandes en commandes… Le monde aujourd’hui s’est restreint. La distanciation requiert des barrières qui imposent une réappropriation de son environnement le plus proche. Le moi, le chez soi et les à-côtés.

Brecht Koelman, Loic Moons, Gaëtane Verbruggen, trois artistes réunis autour de l’idée de Circuit court, un titre qui questionne la notion d’espace-temps autour d’une exposition, une proposition de la Galerie Nadja Vilenne pour repenser son activité dans une mobilité et un périmètre restreints, dans un monde démondialisé aux distances plus humaines.

Chacun à leur façon, les trois artistes livrent une œuvre intimiste en résonnance involontaire avec le contexte actuel. Le chaos de l’introspection/émancipation spirituelle de Loïc Moons côtoie le cadre calfeutré tout en clair-obscur des intérieurs de Gaëtane Verbruggen tandis que les peintures de Brecht Koelman renvoient inévitablement à la ruralité omniprésente de notre plat pays. Le moi, le chez-soi et les à-côtés…

Chaque trait, chaque aplat et chaque coulée résultent d’une forme de spontanéité. Les lignes et couleurs, et donc le sujet s’imposent aux artistes, telle une évidence, tel un besoin. S’exprimer et exprimer le monde rejoignent leur volonté et leur démarche artistique. Ce processus artistique débouche sur des compositions éminemment personnelles qui pourtant se font écho.

Apprendre à vivre avec soi, chez soi, loin de l’effervescence de la pluralité des expériences, distractions, labeurs et obligations d’une société pré-confinée. Vivre avec soi dans la proximité de son chez soi sans possibilité d’échappatoire si ce n’est celui de son imagination ou celle des autres. Des autres rendus inaccessibles. Réfléchir l’après dans le but de rattraper ou de changer l’avant. Penser le mieux, subir le pire… Un quotidien qui s’est récemment offert à nombre d’entre nous. L’art en « circuit court » offre une proximité de pensée, une proximité d’expérimentation, une proximité d’émancipation, en d’autres mots un moment de partage.

Texte de Thibaut Wauthion

 

Brecht Koelman
2020-05-13A
Huile sur bois, 20 x 25 cm
2020
Gaetane Verbruggen
Sans titre, 2020,
Huile sur bois préparé, 11,7 x 15,5 x 4,7 cm

[sociallinkz]