Valérie Sonnier, Arco Madrid, preview (1)

Valérie Sonnier,
Ouija,
ensemble de mains en plâtre céramique, 2020

Tout grand esprit fait dans sa vie deux œuvres: son œuvre de vivant et son œuvre de fantôme, notait Victor Hugo dans Le Livre des tables, lors d’une séance de spiritisme en exil à Jersey. Au château de Montrésor, des moulages de mains de femmes sont posés sur une table tournante dans la bibliothèque, sous le portrait de La Dame d’or et celui d’Anna Potocka, qui s’engagea à 77 ans dans la Résistance et cacha ici même juifs et résistants. Près d’une relique conservant le cœur d’un descendant du chambellan du roi Imbert de Batarnay, une installation sonore fait entendre un extrait du film les Visiteurs du soir de Marcel Carné :  Ce cœur qui bat, qui bat …  Invitée à habiter le château tourangeau à l’occasion d’une résidence, la plasticienne Valérie Sonnier a investi les lieux de ses étranges dessins, photographies, sons et films que peuplent des fantômes. (Myriam Boutoulle dans Connaissance des Arts) 

Valérie Sonnier
Galerie Huguier, série
Tirage argentique sur papier baryté, 44 x 61 cm, 
2008 – 2019
Valérie Sonnier
Galerie Huguier, série
Tirage argentique sur papier baryté, 44 x 61 cm, 
2008 – 2019
Valérie Sonnier
Galerie Huguier, série
Tirage argentique sur papier baryté, 44 x 61 cm, 
2008 – 2019

Galerie Hugier

Aujourd’hui plus que jamais la galerie Huguier fascine tel un cabinet de curiosités où s’entassent depuis plus de 150 ans, à des fins pédagogiques, moulages, fragments, mannequins, squelettes, ossements, écorchés et momies. Habitée par ses propres fantômes, Valérie Sonnier trouve matière en ce théâtre des vanités. En marge des cours de dessin qu’elle y dispense, dans sa poursuite sans cesse renouvelée lancée contre l’insaisissable Esprit des lieux, l’artiste l’espère cette fois-ci dans l’entrelacs fragmenté des mains de la galerie. (Anne-Marie Garcia)

Valérie Sonnier
Galerie Huguier, série
Tirage argentique sur papier baryté, 44 x 61 cm, 
2008 – 2019
Valérie Sonnier
Galerie Huguier, série
Tirage argentique sur papier baryté, 44 x 61 cm, 
2008 – 2019

Du tragique au parodique en fonction des évolutions de la société et de ses moeurs, des convictions religieuses comme des découvertes scientifiques, le sujet : « souviens-toi que tu vas mourir » parcourt l’art et la littérature. Depuis les fameuses danses macabres apparues au XVe siècle, il n’a cessé d’interpeler publics et créateurs tout en subissant des transformations profondes. Contemporaine du célèbre cabaret du néant installé en 1892 boulevard de Clichy (Paris 18e) et qui donne son titre à l’exposition, la notion du néant connaît une autre interprétation, une autre vision d’un même abîme, pas moins terrible mais plastiquement inverse ; celle qui, dans le sillage de Mallarmé, conduit à considérer la vie humaine comme « de vaines formes de la matière (…) s’élançant forcément dans le rêve qu’elle sait n’être pas (…) et proclamant, devant le Rien qui est la vérité, ces glorieux mensonges ! ». Le rôle du poète et donc de l’art consisterait ainsi, selon Mallarmé, à tirer l’homme de ce « Rien », comme du fond d’un naufrage, par le jeu suprême de la création. (Jean de Loisy à propos de l’exposition Le Cabaret du Néant)

Valérie Sonnier
Montrésor, 2020
film 8 mm numérisé, couleurs, son, 10:11 min.
Valérie Sonnier
Montrésor, 2020
film 8 mm numérisé, couleurs, son, 10:11 min.

Ces trois séjours (au château de Montrésor) m’ont permis de filmer et de photographier les intérieurs et extérieurs du château. Certaines idées de plans s’imposaient déjà dès la première visite mais beaucoup d’autres sont venues au fur et à mesure en passant du temps sur place. Je filme en super 8 et envoie mes films à Berlin pour le développement. Il se passe deux à trois semaines entre l’envoi et le moment où je peux voir les images. J’avais donc besoin d’espacer ces trois séjours pour filmer en fonction des résultats obtenus. Je pensais à l’idée de l’or, du trésor de Montrésor (il existe une « salle du trésor » dans le château) et j’ai commencé des dessins en utilisant des pigments dorés. Finalement l’or est apparu en visionnant la version négative des films couleur, ce qui a déterminé ma façon de filmer pendant les deux derniers séjours. Parallèlement aux séances de prises de vues j’ai pu rencontrer des descendants du Comte Xavier Branicki. Ils ont généreusement accepté de répondre à mes questions, de me raconter l’histoire de la famille et de la Pologne et j’ai pu enregistrer des sons lors d’une soirée de Noël, occasion de retrouvailles familiales autour de chants polonais. (Valérie Sonnier)