Marie Zolamian, résidence à Bethanien – Berlin

Marie Zolamian rejoint pour un an le célèbre centre de résidence Künstlerhaus Bethanien à Berlin, une très belle occasion de poursuivre son parcours empreint d’une constante recherche sur l’identité, le territoire, la communauté, l’imaginaire des descendants d’immigrés.  “Dans les 12 quartiers de Berlin, constate Marie Zolamian,  vivent environ 470.000 personnes n’ayant pas la nationalité allemande et venant de 190 pays. Environ 200.000 sont issus de l’immigration turque, et 100.000 sont à dénombrer dans le «Berlin russe». Ce nombre regroupe des immigrants des états de l’ex-URSS, parmi lesquels des réfugiés juifs ou des rapatriés d’origine allemande. Je pense me plonger dans un quartier à forte population turque (aidée par mes connaissances linguistiques dont le turc), à proximité du mur de Berlin, le Kreuzberg (lieu où Bethanien a une partie de ses bâtiments), et tenter de travailler avec une des écoles locales. A partir des dessins et écrits des élèves, quelles imageries s’en dégagent. Iconographie émanant du mélange du monde extérieur occidental et du monde familial oriental, du tiraillement entre deux systèmes de normes. Chacune produit une quantité d’images suivant l’objet perdu, l’altérité nouvelle, et l’interaction entre eux. Quelle est l’image de soi qu’a l’immigré contemporain à Berlin et plus spécifiquement dans cette ville dans la ville. Comment envisage-t-il son avenir puisqu’ils ne sont pour la plupart pas des candidats de retour au pays”.“La dérive et l’errance dans la cité, formes symptomatiques de l’exil, donneront lieu, poursuit-elle, à des séries de travaux comportant divers aspects de l’appréhension du nouveau. Des portraits d’inconnus isolés, la topographie d’un lieu emprunté de façon répétitive (ville ou chemin, lieu d’habitation ou de travail) et des réajustements de codes sensoriels et sociétaux liés aux variations de la linguistique. Je travaillerai donc avec les histoires, les récits et les mémoires des locaux. Avec un intérêt pour le contexte multiculturel et ma volonté d’inscrire mon projet artistique dans la ville et dans un travail concret et collaboratif «sur le terrain». Je tenterai de trouver des paroles, pour trouver l’expérience et l’expression de soi”

Sur le site de Bethanien :

– Of Armenian origin, born in Beirut in 1975 which she left at the age of fifteen, having known from then on only the Lebanese capital at war, Marie Zolamian lives today in Liège in Belgium and chooses, henceforth, her exiles. The banishment, this pressure of the necessity, is a tear and a loss of one; the chosen exile, on the contrary, is a founding adventure, a consciousness of the present in a place, at the moment. Essentially painter and draftswoman, adopting other media according to her necessities, Marie Zolamian experience this creative journey through identity questions, whether they are individual or collective ones; she surveys memory places, thinks about the affiliation to physical or mental territories, observes the drift, the wandering, listens to the rooted stories. The drawing, the painting which she practices mostly in thrifty sizes, the sound recording, allow her to fix the fleeting moments of all these connections and disconnections which constitute a self-awareness.

– D’origine arménienne, née à Beyrouth en 1975 qu’elle quitta à l’âge de quinze ans, n’ayant dès lors connu que la capitale libanaise en guerre, Marie Zolamian vit aujourd’hui à Liège en Belgique et choisit, désormais, ses exils. Le déracinement, cette pression de la nécessité, est une déchirure et une perte de soi ; l’exil choisi, par contre, est une aventure fondatrice, une conscience du présent dans un lieu, à un moment. Essentiellement peintre et dessinatrice, adoptant d’autres média en fonction de ses nécessités, Marie Zalomian éprouve ce voyage créateur au travers des questions d’identité, qu’elles soient individuelles ou collectives ; elle sonde les lieux de mémoire, réfléchit l’affiliation à des territoires physiques ou mentaux, observe la dérive, l’errance, écoute les récits enracinés. Le dessin, la peinture qu’elle pratique le plus souvent en formats économes, l’enregistrement sonore, lui permettent de fixer les moments fugitifs  de toutes ces connections et déconnections qui constituent une conscience de soi.

www.bethanien.de