Emilio Lopez Menchero, Scripture, De Bond, les images

 

Bruges, De Bond, Buiten Smedenvest. Pour l’exposition « Scripture », Michel Dewilde, commissaire de l’exposition a choisi quatre travaux d’ Emilio Lopez-Menchero :

Miradores, huile sur toile, 230 x 200 cm, 2012

(…) Ce très grand format, à la mesure des Skywatch du NYPD, ces miradors télescopiques et mobiles de la police new-yorkaise qui surplombent ici une étendue d’eau, l’Hudson peut-être, des maisons en bois sur la rive, Tarzan et Jane, ou plutôt Maureen O’Sullivan et Johnny Weissmuller, enlacés sur la grève. Cette toile, Emilio Lopez Menchero l’a peinte au retour d’un voyage à New York. Il a longuement longé la baie d’Hudson, il a scruté les maisons en bois qui la borde, il a bien évidemment observé ces singuliers miradors mobiles aperçus du côté de Ground Zero. Ce sont toutes choses qui attirent son regard, qui participe de ses préoccupations. » (…)

Ainsi que trois toiles de la série « Eyes. Trying to be » dont cet inédit « Eyes. Trying to be Dutroux », au regard pour le moins fuyant.

(…)autant de portraits, ou plutôt d’autoportraits, une singulière démarche qui consiste à prolonger, à revisiter, par le biais de la peinture, la série déjà longue de ses « Trying to be ». C’est à dessein que j’utilise le terme d’autoportraits car il s’agit en effet, pour l’artiste, de se représenter sous les traits d’autrui.

Depuis l’aube des années 2000, Emilio Lopez Menchero a tenté de nombreuses incarnations ; celles-ci ont fait l’objet de films, de performances, de photographies. A chaque fois, partant d’une image bien précise et signifiante, il s’agit pour lui de capter les signaux émis par l’icône qu’il affronte, non pas dans un simple jeu de travestissement burlesque ou de transformisme excentrique, mais bien, en pleine appropriation, dans une totale expérience de construction et d’invention de soi. Certes, du point de vue performatif, on ne sous-estimera pas tout l’héroïsme domestique que chaque incarnation suppose, le soin à apporter au costume et éventuels accessoires, la qualité du maquillage, le régime pondéral à suivre en fonction de la ligne du modèle, la programmation des projets à gérer au fil de l’évolution pileuse, l’épilation – aussi – parfois nécessaire, surtout dans le cas des incarnations transgenres.

Si tout cela contribue à la fortune des Trying to be, ce n’est néanmoins pas là que se situe l’essentiel, l’attitude, le discernement et la transmission du sens de l’image ou des images mises en œuvre, la faculté de littéralement se mettre dans l’esprit du modèle, la capacité de capter son regard. Il s’agit en effet moins de se mettre dans la peau du modèle que de conquérir son regard (…)

De ceux-ci, il fera des close-up, de petites toiles au plan serré, cadré sur les yeux de ses modèles, ou plutôt sur ses yeux à lui, transfigurant le personnage incarné. La puissance de regard de Picasso, l’esquive (de l’ecchymose) des yeux de Rrose Selavy, la froideur du regard de Carlos, les yeux perçants de Russell Means, ceux du Che, fixés au loin, le regard de Balzac immuable, celui de Frida profond, impérieux. Expérience troublante, tous sont différents, et pourtant les mêmes, puisqu’il s’agit des yeux du peintre.

Eyes, Trying to be Dutroux, huile sur carton entoilé, 30 x 40 cm, 2012

Eyes, Trying to be Carlos, huile sur carton entoilé, 30 x 40 cm, 2012

Eyes, Trying to be Arafat, huile sur carton entoilé, 30 x 40 cm, 2012

 

De Bond, Schriftuur/ Scripture, jusqu’au 18.11

 

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