Marie Zolamian, cokerie Flémalle 2012

Il y a près de deux ans, Marie Zolamian transformait en casemate l’entrée du château de la Petite Flemal, bâtisse seigneuriale qu’occupe aujourd’hui la Maison Communale de Flémalle en région liégeoise. Résonance du monde et de ses conflits, cette installation et dispositif quasi cinématographique suscita de multiples questions en prise directe avec le monde tel qu’il est, que l’on pense aux guerres et au terrorisme, aux extrémismes, aux flux migratoires, aux changements climatiques, aux peurs et à l’hyper sécurité.

Marie Zolamian projeta d’utiliser la terre de l’ancienne Cokerie de Flémalle afin de remplir les centaines de sacs de sable de son installation. Depuis 2009, 8500 tonnes de terre cyanurée sont, en effet, en voie de traitement afin d’assainir ce site emblématique. Utiliser ces terres dépolluées aurait concentré le passé industriel de la commune et mis l’accent sur cette réhabilitation du paysage, sur l’actuelle planification mise en place pour un redressement économique, social et environnemental de la région. On l’appelle le plan Marshall, la consonance est historique et politique. La réglementation en vigueur quant au traitement des terres polluées l’en a empêchée.

Depuis, à Paris, à Strasbourg, à Liège également, Marie Zolamian a projeté de murer les fenêtres d’un centre d’art, déposé ci et là les sacs de sable de son installation, fortifié une construction, érigé de hauts parapets, à la fois inquiétants et protecteurs.

Cette fois, alors qu’il s’agit de s’interroger sur  le travail et l’industrie, sur l’empreinte que cette dernière laisse sur les hommes et les femmes, les paysages, l’économie et nos sociétés, l’artiste en revient à son propos de base et ensache, passant outre les autorisations, vingt kilos de cette terre de l’ancienne cokerie de Flemalle, remblais chargés de cyanure, goudron, amiante, benzène et naphtalène. Prudente et soucieuse du visiteur de l’exposition, elle isole ce sac de sable dépollué dans un conteneur transparent ; et accompagne sa pièce d’un avertissement, quelques mots extraits du décret relatif à la gestion des sols : « 5 décembre 2008 – Décret relatif à la gestion des sols. Section 3 – Prévention et information. Art. 3. Toute personne est tenue de prendre les mesures appropriées afin de préserver le sol et de prévenir toute pollution nouvelle du sol ».

A voir dans l’exposition « L’homme qui », au Mamac à Liège

Marie Zolamian, Cokerie Flémalle, 2012, terre «dépolluée», sac de jute et plexiglas.

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