Jacques Lizène, Capitaine Lonchamps, Emilio Lopez Menchero, Pol Pierart, FFWD – REW, aux Chiroux

FFWD / REW

D’hier à aujourd’hui , à Liège, en Belgique et ailleurs, un point de vue partiel et partial sur la vitalité de la vidéo, son histoire, ses pionniers et leurs héritiers.
Une carte blanche offerte à Dominique Castronovo et à l’atelier Vidéographie de l’ESAL-Académie Royale des Beaux-Arts de Liège.
Entre bandes historiques et travaux contemporains, l’exposition propose une déambulation à travers les époques, les formes et les artistes, notamment Liégeois, qui ont activement participé ou qui prennent part aujourd’hui au développement de cet art incontournable, hétérogène et constamment en mouvement qu’est la vidéo, entre arts plastiques et cinéma, entre projection et installation, entre narration et essais formels, entre YouTube et galeries d’art contemporain…

Les Chiroux
Ve. 25.01 > Sa. 02.03.2013
Du lundi au samedi de 13:00 à 18:00 / Entrée libre

Jacques Lizène, interruption de lumière

Jacques Lizène
Interruption de lumière.
1971, NB, sans son, 8 mm, projet vidéo transféré sur DVD, 3’39. Ed. Yellow.
La caméra filme en plan fixe la prise électrique du projecteur qui éclaire le lieu de tournage. Après un très long moment, une main se glisse dans le champ et retire la prise de courant. Noir. Le générique sur panneau, tapé sur une Remington portative précise : « L’auteur n’apprécie pas vraiment son film. S’il l’a réalisé c’est parce qu’il se méprise un peu de temps en temps… (peut-être) ». Lizène ajoute aujourd’hui que les points de suspension sont céliniens et le (peut-être) référence à Beckett.

Jacques Lizène, contraindre le corps

Jacques Lizène
Contraindre le corps à rester dans le cadre de l’image en promenade d’un côté à l’autre de l’écran.
1971, couleurs, sans son, 8 mm, projet vidéo transféré sur DVD, 4’28. Ed. Yellow.
Devant un mur de briques, une constante dans l’œuvre lizénienne, les contorsions du petit maître pour rester dans le cadre de l’image tandis que la caméra resserre peu à peu le champ. Le petit maître se promène latéralement, d’un bord à l’autre du cadre de l’écran, sans sortir du champ. Deux prises successives.

Pol Pierart, film n°12

Pol Pierart
Film n°12. Super 8 transféré sur DVD, NB, son. 2 min 27. 2005.
Ce film cite et renoue avec l’esthétique des débuts du cinéma, de Feuillade en particulier. Son synopsis est simple : L’auteur, réalisateur et interprète se filme, marchant de dos dans un jardin. Un carton commente : « On part à la conquête de l’univers et on ne se connaît pas de dos ». Tandis qu’il a ainsi le dos tourné, une singulière Musidora, en bonnet et collants noirs s’introduit chez lui, fouille, dérobe un petit squelette en plastique qu’elle cache dans son giron, et est finalement surprise par le propriétaire des lieux. Querelle, l’homme lui arrache ce qu’elle considère déjà comme son bien ; l’œil mauvais, il secoue le petit squelette comme un prunier. « La mort est tellement dynamique, qu’elle doit bien avoir quelque chose de vivant ». Cependant, Musidora secoue, elle, un ours en peluche. Naître, donner la vie, vivre, mourir, autant de désespérances.

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Emilio Lopez-Menchero
Trying to be Balzac, vidéo-performance, 2002. 06’38″
Tenter d’être le « Balzac de Rodin », d’être à la fois le monument final tout comme ses diverses étapes de réalisation, dans une logique de démonstration, un film à rebours, une exhibition qui dénude le génial geste sculptural de Rodin, plus que le corps de l’artiste. C’est là que réside le sens de ce striptease. Se déshabillant, exhibant nudité et virilité, Lopez-Menchero démonte le geste de synthèse de Rodin qui sculpta d’abord le corps de l’écrivain avant de le couvrir de cette robe de bure.

Capitaine Lonchamps, Et où pourquoi comment où ?

Capitaine Lonchamps
Et où pourquoi comment où ?, vidéo, son, couleurs, production galerie Nadja Vilenne, 1996-2004, 10 min 50
Cagoulé de neige, embardant sa voiture sur de petites routes, Snowman désarticule le langage, répétant sans cesse et dans une fusion tonale des mots ces trois interrogations : « Et où ? Pourquoi ? Comment ? Où ? » Le film est absurde et inquiétant. Je repense dès lors aux performances du Cabaret Voltaire, à ces quelques phrases d’Hugo Ball qui écrit dans « La Fuite hors du temps » : « Nous étions tous sur place quand Janco arriva avec ses masques et aussitôt chacun de nous s’est empressé d’en choisir un. Il s’est alors passé quelque chose d’étrange. Non seulement le masque appelait immédiatement un costume mais il dictait aussi une certaine façon de se mouvoir, prescrivant une gestuelle pathétique très particulière, frôlant même la folie. Sans avoir pu le prévoir le moins du monde, ne serait-ce que quelques minutes plus tôt, nous nous sommes mis à bouger, accomplissant les figures les plus bizarres, drapés et couverts d’objets inimaginables, chacun surpassant l’autre en invention »

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