Marie Zolamian, Repeat / repeat (2)

Marie Zolamian

Entre déni et fantasme, 2012, 24 min. 56 sec.
Birzeit, Palestine.

Marie Zolamian

« La consommation d’eau chez les agriculteurs et les éleveurs dans la zone C* est estimée à moins de 30 litres par habitant et par jour, bien en dessous des 100 litres des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Par comparaison, les colonies israéliennes consomment environ 270 litres par habitant et par jour.
[…] Les faibles précipitations ont également donné lieu à des ménages ne pouvant remplir les citernes qu’à un tiers de la capacité disponible, les obligeant à acheter des grandes quantités d’eau en citerne, qui est jusqu’à trois à quatre fois plus cher que l’eau fournie par le réseau d’eau.
Ce qui aggrave également le problème, c’est la démolition de citernes par les autorités israéliennes en raison de l’absence de permis de construire. De janvier 2010 à ce jour, 44 citernes (principalement pour la récolte des eaux de pluie) et 33 puits ont été démolies, dont la moitié a été enregistrée cette année seulement (20 citernes et 15 puits en 2011) affectant près de 14.000 personnes, dont la moitié sont des enfants. La plupart des structures démolies en 2011 ont été les principaux moyens de subsistance de familles les plus vulnérables en Cisjordanie, les poussant plus profondément dans la pauvreté.
[…] La zone discriminatoire et le régime de planification qui régit les communautés palestiniennes vivant dans ces régions, mis en œuvre par l’Administration civile israélienne (ACI), devient évident lorsqu’on le compare à la répartition des ressources en eau prévu pour les colonies israéliennes situées dans les mêmes zones. Par exemple, environ 9.400 colons israéliens vivent dans la région de la vallée du Jourdain, et consomment environ 45 millions de mètres cubes d’eau par an. C’est presque un tiers de la quantité d’eau allouée aux 2,5 millions de Palestiniens vivant en Cisjordanie. »

* La zone C couvre 72% de la Cisjordanie mais elle est peu peuplée (90 % de la population cisjordanienne vit dans les zones A et B). Le gouvernement israélien conserve l’entière maîtrise de la zone, occupée essentiellement par des colonies.

Source : Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires du territoire palestinien occupé, moniteur mensuel humanitaire, juillet 2011.

Foisonnant, le travail de l’artiste s’exprime encore à travers deux films réalisés dans le cadre de sa résidence en Palestine, dans la localité de Birzeit, au nord de Ramallah. Le premier, minimaliste et contemplatif, est un long plan fixe sur une tasse en verre dans laquelle miroite une myriade de pigments dorés en suspension dans l’eau. La lumière du jour, d’abord éclatante, puis de plus en plus diffuse et bleutée, accompagne le mouvement des particules en une chorégraphie infinie et extasiée. Des éléments au tout, le regard bascule puis se perd, noyé à son tour par la densité. d’un monde en soi. Si la problématique de l’eau en Palestine y est suggérée, Between fantasy and denial invite aussi à d’autres lectures, aussi polyphoniques et diverses que la constellation qui s’y déploie. (Benoît Dussart, dans l’Art Même)

Marie Zolamian

En contrepoint du film, une longue table, recouverte de dessins. Des planches, des tables, un atlas. Nous feuilletons l’œuvre à loisir, laissant divaguer notre « volonté de savoir », il nous est possible d’en arpenter les bifurcations en tous sens, « moyennant quoi, précise Didi-Huberman, nous ne refermons le recueil de planches qu’après avoir cheminé un certain temps, erratiquement, sans intention précise, à travers son dédale, son trésor ». Celui-ci est d’ocre et d’eau, de rivages et d’or sous le ciel bleu, un atlas, « un prétexte pour enraciner dans la trame du temps nos rêves faits de l’âme du monde » pour reprendre les mots de Maria Kodama à propos de l’Atlas de Borgès.
Les dessins sont de gouache et d’eau, certains sur Caravelle Vélin supérieur. Tous se nomment « Mer Morte ».

Marie Zolamian

Marie Zolamian

Marie Zolamian

Marie Zolamian
Mer morte, 2013
Gouaches sur papier 21 x 13,5 et 23,5 x 16,5 cm

Marie Zolamian

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Marie Zolamian
Mer morte, 2013
Gouaches sur papier 21 x 13,5 et 23,5 x 16,5 cm

Marie Zolamian

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Marie Zolamian
Mer morte, 2013
Gouaches sur papier 21 x 13,5 cm

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Mer morte, 2013
Gouaches sur papier 21 x 13,5 et 23,5 x 16,5 cm

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