Raphaël Van Lerberghe et alii, In senso figurato, Venise 2013, le livre chez _(SIC)

Informations: Il ne s’agit pas d’une exposition , mais d’une résidence de création, qui se déroule entre le 1er juin et le 30 septembre 2013, dans l’intention de voir les artistes invités produire une oeuvre nouvelle, teintée de près ou de loin par l’expérience d’un séjour vénitien d’une semaine environ. La production de chaque artiste est réunie dans un livre collectif à paraître à l’automne 2013. La visibilité du projet est assurée tout au long de la Biennale par la création d’un site Internet visant essentiellement à inté grer les contributions de chaque participant de manière anonyme , comme un inconscient iconographique et numérique du projet. Une médiatisation individuelle est également de mise, sous la forme de gestes parfois infimes posés par chaque participant au cours de sa résidence, et répertoriés également sur le site.

In senso figurato

in senso figurato

Bonnes feuilles

Théodore Ludlöw a une mère d’origine allemande et un père belge. Il travaille comme journaliste en Belgique et est âgé de tout juste quarante-six ans. La culture est son domaine de prédilection mais les contingences du métier de journaliste l’amènent parfois à traiter de sujets politiques ou de faits de société. Il s’en fait une raison. Aujourd’hui on ne saurait se plaindre. Il a débuté sa carrière dans les années 1980 à une époque où les conditions de travail étaient bien différentes. Dans l’avion qui l’emmène vers la Biennale de Venisece matin-là, il songe à un confrère de La Dernière Heure qui, d’après ce que lui a glissé un collègue, accepterait désormais de faire des permanences le dimanche pour la somme déprimante de vingt-cinq euros par après-midi. Théodore tâche de tenir loin de lui cette pensée qui, s’ajoutant à tant d’autres, lui rappelle à quel point la corporation est en perdition . Dans les jours précédant son départ pour l’Italie, il s’est promis de ne pas s’encombrer de ces sombres pensées et de partir le coeur léger pour ce qui demeure à l’horizon de sa pratique un moment privilégié : le vovaae à Venise. pour la Biennale. Per la biennale … se murmure-t-il en son for intérieur avec les quelques rudiments d’italien qui lui reviennent progressivement en mémoire et qu’il se répète bientôt comme une litanie, tandis que l’avion de la compagnie irlandaise à bas coût à bord duquel il s’est embarqué s’élève peu à peu, s’éloignant des reliefs du Borinage.
Les vols vers Trévise au départ de Charleroi partent terriblement tôt ou terriblement tard. Il y a en quelque sorte deux options , et cette année il a eu la chance de pouvoir choisir son vol. Sa chance, c’est que son rédacteur en chef lui a signifié que le journal ne pouvait désormais plus couvrir
les frais de déplacement vers Venise, ou alors tout au plus un pourcentage du voyage. Une somme restait cependant disponible pour le paiement de l’article.
Compte tenu de l’expérience de Ludlöw, son rédacteur (Thierry), lui avait fait une fleur: s’il était prêt à prendre sur lui les frais de voyage et de séjour, il demeurait prioritaire pour la couverture du sujet. Ainsi, il lui était loisible de partir avec n’importe quelle compagnie, depuis tout lieu et à toute heure. Ce qui s’était traduit par un vol au départ de Charleroi partant à 7h15 du matin, avec une fermeture des portes programmée à 6h45.
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