Archives par étiquette : John Murphy

Art Brussels focus, John Murphy, the work of art is… A.J.- J.M.

John Murphy
The work of art is… A.J-J.M., 1977
Letraset on paper and stuffed crocodile  (text 15 x 22 cm & 132 x 32 cm)

Préoccupé par la relation entre la vision, les choses et le langage, tout en jouant sur le thème de la similitude et de la différence, John Murphy s’inscrit dans une tradition conceptuelle spécifiquement européenne, basée sur le symbolisme, qui va de Mallarmé et Jarry à Duchamp, Magritte et Broodthaers. The Work of Art is… A.J. (1977) est à cet égard singulièrement exemplative et fondatrice.

John Murphy s’approprie ici une désormais célèbre citation d’ Alfred Jarry : L’œuvre d’art est un crocodile empaillé. Le crocodile, on le sait, est animal totémique du Collège de ‘Pataphysique. Le premier numéro des Cahiers annonçait la création d’une chaire de Crocodilologie attribuée à un jeune agrégé en cette matière. Et on sait que sa Magnificence Lutembi, grand crocodile, personnage évidemment fictif, fut Satrape du Collège dès la fondation en 1948, assumant la charge de Procurateur Général du Collège pour les Afriques Équinoxiale, Capricornienne et Cancéreuse en sa résidence du lac Victoria, près de Kampala.[1] La citation néanmoins ne provient pas des Gestes et Opinions du Docteur Faustroll, pataphysicien, curateur inamovible du Collège depuis 1947, mais bien d’un texte publié par Jarry dans la livraison du 2 août 1903 du Canard Sauvage, un hebdomadaire éphémère (mars – octobre 1903), anticlérical, antimilitariste et libertaire, considéré comme une des revues les plus anticonformistes ou les plus dérangeantes de l’époque. La livraison est thématique, consacrée à la notion de Palmarès. Jarry y signe un texte intitulé Prix Divers. Et il écrit : Il existe une connexité étroite entre les désintéressés et pensionnés et l’amateur sportif, qui ne concourt, ou qui ne court, que pour les objets d’art. L’objet d’art, par définition est le crocodile empaillé, curiosité agréable à suspendre au plancher d’une chambre, a dit Molière. Les temps ont marché depuis mais restent de l’argent toujours. L’objet d’art moderne est une curiosité agréable à suspendre au clou. Jarry cite Molière et plus particulièrement un inventaire dans L’Avare, acte , scène 2 : Plus, une peau de lézard, de trois pieds et demi, remplie de foin, curiosité agréable pour pendre au plancher d’une chambre.

Voici donc, d’une part, le collectionneur dans le rôle du sportif qui court et concourt et, d’autre part, l’œuvre d’art moderne. Objet insignifiant et inanimé, elle n’a de valeur que pour son aspect ornemental et sa rareté, une simple curiosité et une marchandise économique dans un monde régi par l’argent. Jarry s’en prend-il à l’art moderne ? Non, ses propos reflètent les inquiétudes des écrivains et des artistes de son temps face à la montée du mercantilisme. Il en jouera lui-même de façon publicitaire dans l’Almanach,  ridiculisant le discours mercantiliste et capitaliste. Les Conseils aux capitalistes y promeuvent, par exemple, l’édition de luxe d’Ubu Roi, comme une curiosité, un must-have, commercialisé non pas tant pour son contenu que pour sa rareté. L’édition est présentée comme un très beau livre dédicacé, dont il ne reste que quelques exemplaires. Les acheteurs potentiels sont donc invités à se presser (Prière de se presser).[2] La fin du texte de Jarry est, elle, cinglante. Jouant sur les homonymes de prix et de décoration, Jarry termine ainsi son paragraphe : Le prix artistique ainsi compris est moins lucratif que le prix en espèce. La différence équivalente de deux sommes est égale à la valeur marchande de l’individu. L’honneur peut être pas vénal directement, mais servir de par son prestige seul ; ainsi on utilisera avec profit une décoration pour commettre des escroqueries. Je repense ici à l’insincérité broodtharcienne, à l’art auto-publicitaire de Jacques Lizène également.

On sait que pour toute œuvre de John Murphy la relation entre le titre et l’objet est cruciale, titre faisant souvent partie du dispositif visuel. The Work of Art is… A.J. [Signé J.M.] L’œuvre d’art est trois point de suspension, l’œuvre d’art est A.J, initiales d’Alfred Jarry, donc Jarry serait l’œuvre d’art. Ou l’œuvre d’art serait… un crocodile empaillé, dès le moment où surgit l’animal. Tout est dans l’ellipse. Car, le voici, un beau spécimen naturalisé, plus petit que ceux de Panamarenko, un bon mètre à l’encolure, campant gueule ouverte, devant le titre de l’œuvre, placé à sa hauteur. L’image ou plutôt l’objet que John Murphy s’est appropriée répond au phrasé de Jarry. L’objet et le texte ne font plus qu’un. En fait, par cette dialectique entre le mot, l’objet et l’image, Murphy converse avec Jarry. Revenons un moment au chapitre 34 des Gestes et Opinions du Docteur Faustroll, cette description de treize tableaux exécutés par la machine à peindre, celle-là même que Jarry confie au peintre Henri Rousseau, dit le Douanier, au chapitre 32.[3]  C’est un phénoménal catalogue raisonné d’œuvres non indentifiables qui invite à s’interroger sur les fonctions de l’image, une modalité complexe de transcription de l’image qui recourt en particulier à la mise en récit, où même l’absence est représentée. Tout y repose sur la tension entre l’impossibilité de donner à voir et un mode de vision qui se fonde sur l’évocation plus que sur la description. Entre imaginaire, représentation et référence, nous sommes là non pas dans la description de l’image, mais dans un discours autour de l’image ou encore à propos de l’image. Tout, on l’aura compris, est dans l’ellipse des trois points de suspension, signés J.M.

[1] DE ’PATAPHYSIQUE Collège, « Les 101 mots de la Pataphysique », dans : Collège de Pataphysique éd., Les 101 mots de la Pataphysique. Paris cedex 14, Presses Universitaires de France, « Que sais-je ? », 2019, p. 3-109.

[2] Marieke Dubbeldoer, Ubusing Culture. Alfred Jarrys’ Subversive Poetics in the Almanachs du Père Ubu, Groningen, 2009

[3] Isabelle Krzwkowski,  « Les 13 images, de l’Ecphasis comme art des œuvres imaginaires », dans Jarry et les Arts, SAAJ & Du Lérot Éditeur, 2007

Le Monde est Rond, John Murphy

Exhibition view

John Murphy entreprend en 1989 un cycle de quatre peintures monumentales. Dans chacun de ces tableaux, une surface tourbillonnante et encroûtée se noie une image insaisissable, celle d’un âne emprunté aux œuvres graphiques de Goya. Dans la première il semble tomber dans un espace monochrome indéfini, dans la deuxième, il se balance sur ses pattes arrières. Le mouvement semble suspendu. Pour la troisième, John Murphy choisit de ne représenter que l’orifice anal. La quatrième, celle qui nous occupe ici, est peau d’âne. Murphy peint le motif en forme de croix de Saint André, raie de mulet et bande cruciale  caractéristiques du dos de certaines races d’ânes. La figure se perd dans les courants denses de la peinture, omniprésente et insaisissable dans l’immensité, nous plongeant dans la béance. Chaque élément est ainsi détourné de son sens originel et placé par John Murphy dans une nouvelle relation suggestive. Celle-ci n’est jamais spécifique. La peinture n’est pas là pour résoudre les incertitudes qu’elles génèrent, mais les exacerbent, une instabilité que Murphy nomme ici Le Vertige  Silencieux, titre du tableau, nous  transmettant ainsi le vertige qui frappe une personne au bord du précipice de sa propre psyché.

On sait toute l’importance des titres que donne John Murphy à ses œuvres. A ce vertige silencieux, l’artiste associe une toile cosmogonique, trois sphères émergeantes du sfumato de l’univers : The Lure And The Truth of Painting, l’attrait – ou le leurre –  et la vérité de la peinture, nous plongeant à nouveau dans le trouble de ce que nous percevons.

Ou de ce que nous entendons. Voici le portrait de l’artiste en sourd, une impression photographique d’un des nombreux autoportraits de Sir Joshua Reynolds, l’artiste à la fin de sa vie, après avoir développé une surdité partielle.

John Murphy
Silent Vertigo, 1989
Oil on canvas, 290 x 198.5 cm
Exhibition view
John Murphy
The Lure And The Truth of Painting, 1989-96
Oil on canvas, 137,2 x 147,5 cm
John Murphy
Portrait of the Artist as a Deaf Man, 1996
Framed photographic print, 70 x 60 cm
John Murphy
Controlled Bleeding, 1993
Huile sur toile, 82 x 76 cm
Exhibition view

John Murphy, Unreadiness, Roger Raveel Museum, vernissage le 16 avril 2023

John Murphy
The Song of the Flesh or The Dog who Shits (Lyra), 1993
Oil on canvas, 264 x 198 cm

16.04.2023 10.09.2023

Unreadiness

Jan Vercruysse, Nel Aerts, John Murphy

Vernissage: dimanche 16 avril 2023, 11h-17h

Du 16 avril au 10 septembre 2023, le musée Roger Raveel réunit des œuvres de Jan Vercruysse (1948-2018), de Nel Aerts (°1987) et de John Murphy (°1945). Le titre de l’exposition, Unreadiness, est tiré de Giacomo Joyce, un texte remarquable de seize pages que James Joyce a écrit lors de son séjour à Trieste en 1914, mais seulement publié à titre posthume en 1968[1]. Dans cette histoire d’amour, Joyce exprime des sentiments de solitude, de perte et de nostalgie. Le texte se compose d’un écheveau de références dissimulées sous un voile de connotations personnelles et d’archétypes universels.

Dans une démarche analogue, les artistes de cette exposition ont développé leur propre univers en puisant dans les sentiments intimes de l’auteur tout en tenant un discours imprégné d’histoire de l’art et de la littérature, émaillé de symboles iconographiques. Nombre de motifs récurrents trahissent un double sens : le voile, le rideau ou la scène, le masque et l’autoportrait, le choix de mots poétiques pour les titres. Dans un jeu sensuel de cacher et de dévoiler, les œuvres témoignent de la création elle-même : « l’art pour lui-même et pour son propre destin »[2].

La mélancolie, qui domine l’atmosphère générale de multiples œuvres, constitue un sentiment difficile à exprimer avec des mots : une sensation de langueur, de perte et de désir indéfinissable. Tel un navire sans cap flottant sur une mer immense, l’artiste se sent enfermé dans sa solitude et pour extérioriser ces questions existentielles, il ou elle se met en scène sous la forme d’un double, d’un personnage. Regarder et être regardé vont de pair. Les œuvres de cette exposition semblent exister dans une autre dimension, repliées sur elles-mêmes, à distance du spectateur.

Chacun des artistes interroge et expérimente sa discipline de prédilection – sculpture, peinture, photographie, poésie – à la lumière de l’histoire de l’art, attentif·ve aux traditions et aux failles du média. L’un·e recherche une pureté esthétique, l’autre l’attaque au contraire. Cela permet d’exposer les structures cryptées du langage, du sens et de l’image tout en portant une grande attention à la matière, au support, au volume dans l’espace et aux formats et en évitant une dimension narrative ou anecdotique.

Unreadiness relie des œuvres d’artistes de deux générations et des œuvres d’art de différentes époques, de la début des années 1980 à 2022. Plus que jamais, la question fondamentale du statut et de la place de l’art est d’actualité aujourd’hui. L’exposition tente d’apporter une réponse à un monde à la fois inassouvi et insatiable. Repliées sur elles-mêmes comme des machines hermétiques, les œuvres d’art permettent aux visiteur·ses de les approcher et de découvrir leurs formes étranges, leurs images qui les touchent et les troublent par leur beauté sereine, parfois absurde et toujours sincère. 

[1] “Unreadiness. A bare apartment. Torbid daylight. A long black piano: coffin of music. Poised on its edge a woman’s hat, red-flowered, and umbrella, furled. Her arms: a casque, gules, and blunt spear on a field, sable.” – James Joyce, Giacomo Joyce, vert. Gerardine Franken, Uitgeverij De Bezige Bij, Amsterdam, 1969.

[2] Jan Vercruysse en conversation avec Carolyn Christov-Bakargiev, Flash Art International, n° 148, octobre 1989.

John Murphy
The Invention of the Other (Vulpecula), 1994
Oil on canvas, 264 x 198,5 cm.

16.04.2023 10.09.2023

Unreadiness

Jan Vercruysse, Nel Aerts, John Murphy

Opening: Sunday 16 april 2023, 11 am – 5 pm

From 16 April to 10 September, 2023, the Roger Raveel Museum brings together works by Jan Vercruysse (1948-2018), Nel Aerts (1987) and John Murphy (1945). The title of the exhibition, Unreadiness, is taken from Giacomo Joyce, a sixteen-page text written by James Joyce during his stay in Trieste in 1914 and published posthumously in 1968.[1] In this love story, Joyce expresses feelings of loneliness, loss and desire. The text forms a tangle of references hidden behind a veil of personal connotations and universal archetypes.

In a similar way, the artists in this exhibition have developed their own universe that draws on the private feelings of the makers. In doing so they make use of an art-historical and literary discourse full of iconographic symbols. The poetic word choices in the titles hint at double meanings, as do a number of recurring motifs, such as the veil, the stage curtain, the mask and the self-portrait. In a sensual game of concealing and revealing, the artworks bear witness to the creation itself: ‘art for its own sake, and for its own fate’.[2]

The general mood in many of the works is that of melancholy, an undefinable sense of loss and longing. Like a ship floating off course on an open sea, the artist feels stricken by loneliness and seeks to express this existential dread through a doppelganger, a character based on themselves. Watching and being watched go hand in hand. The works in this exhibition seem to exist in another, self-enclosed dimension, at a remove from the viewer.

Each of the artists questions and tests their chosen medium – be it sculpture, painting, photography or poetry – in the light of art history, paying attention to its traditions and fault lines. While one seeks an aesthetic clarity, another attacks the very notion. The encrypted structures of language, meaning and image are exposed, with a great deal of attention paid to material, carrier, volume in space and formats. A narrative or anecdotal dimension is avoided. 

Unreadiness connects works by artists from two different generations and artworks from different periods, ranging from the early 1980 to 2022. The underlying question about the status and place of art today is more topical than ever. The exhibition attempts to provide an answer to a world that is both unsated and insatiable. Turned in on themselves like hermetic machines, the artworks invite the visitor to come closer and become acquainted with their strange forms, their images whose tranquil beauty – sometimes absurd but always sincere – has the power to touch and move us. 

[1] ‘Unreadiness. A bare apartment. Torbid daylight. A long black piano: coffin of music. Poised on its edge a woman’s hat, red-flowered, and umbrella, furled. Her arms: a casque, gules, and blunt spear on a field, sable.’ – James Joyce, Giacomo Joyce, vert. Gerardine Franken, Uitgeverij De Bezige Bij, Amsterdam, 1969.

[2] Jan Vercruysse in conversation with Carolyn Christov-Bakargiev, Flash Art International, no. 148, October 1989.

 

Art Antwerp 2021, les images (1)

John Murphy,
India Song:  . . . /Anne-Marie Stretter  1991-92 / 2021.
Huile sur lin, 228 x 128 cm
John Murphy
Between Anguish and Desire – Between Vomit and Thirst. 2004
Photographic print, pen and ink on board, 85.5 x 71.5 cm
John Murphy
Between Anguish and Desire – Between Vomit and Thirst. 2004
Photographic print, pen and ink on board, 85.5 x 71.5 cm
Olivier Foulon 
Sans titre (Alexander Lieck), 2015
Copie Xerox et colle sur toile, (3x) 50 x 60 cm
Olivier Foulon 
Sans titre (Alexander Lieck), 2015
Copie Xerox et colle sur toile, (3x) 50 x 60 cm
Exhibition view
Exhibition view
Marie Zolamian
Rubis sur ongle, 2022
Huile sur toile sur panneau, 61,5x 41,5 cm

John Murphy, Figure/s : drawings after Bellmer, Drawing Room, London

John Murphy participe à l’exposition Figure/s, drawings after Bellmer au Drawing Room, à Londres. Du 10 septembre au 31 octobre.

FIGURE/S: drawing after Bellmer explores the body as a site of oppression, liberation and troubling pleasures through the work of modern and contemporary artists. It takes as its starting point the radical and transgressive drawings of Hans Bellmer (1902-1975), whose work simultaneously mimicked and resisted the dehumanisation performed by fascism and racism. His drawings have had a powerful influence, sometimes subterranean, on many artists across the world in both high and popular culture, from French Surrealism to Japanese manga. Recently there has been an upsurge of interest in his work, especially the drawings, by younger contemporary artists. 

The exhibition explores Bellmer’s lasting influence on artists and thinkers through work by twenty modern and contemporary artists from Japan, UK, Lebanon, Nigeria, Germany, France and US. It includes carefully selected drawings made by Bellmer in the 1940s to 60s, by his partner Unica Zürn in the 1960s, by Richard Hamilton in the 1950s and by the Lebanese artist Huguette Caland in the 1970s. These modern works are combined with contemporary approaches that relate to feminism, gender fluidity and anti-racism, including new commissions by Mathew Hale, Rebecca Jagoe, Aura Satz and Marianna Simnett. Bellmer’s influence in Japan is represented by the work of Fuyuko Matsui, Kumi Machida and Tabaimo and the exhibition also includes Paul Chan, Neil Gall, Sharon Kivland, Jade Montserrat, Jean-Luc Moulène, John Murphy, Paul Noble, Wura-Natasha Ogunji and Chloe Piene.

Bellmer grew up with the rise of National Socialism in Germany, with its antagonism towards ‘degenerate’ bodies and celebration of the ideal human form. Through the production of hundreds of drawings and the two dolls he constructed in the early 1930s and photographed in disturbing and scandalous scenarios, Bellmer defigured and refigured the body in pursuit of unimagined sensations. He likened the body to a sentence that can be dismantled and recomposed, an interest shared with Unica Zürn, the artist, poet and writer who had a relationship with Bellmer from 1953 until her premature death in 1970. For drawings ‘after’ Bellmer, the phallocentric focus of his enquiry is superseded by approaches that challenge and split the subject to embrace multiplicity and creaturely freedom.

Bellmer wrote: ‘If the origin of my work is scandalous it is because, for me, the world is a scandal’. His work has continued to scandalise and this exhibition takes a critical look at its content whilst acknowledging Bellmer’s innovative production of ambiguous and disturbing images that have renewed significance today in their exploration of androgyny and confusion of the real and the virtual.

 

Exhibition view

Left : John Murphy, Mariole-Marionette, 2016. Engraving, watercolour, pencil on paper, 108 x 73 cm. 

Right : John Murphy (b.London 1945), The painter’s eye, at once mouth, skin, ear, penis, vagina, throat, and all the rest, 2016. Reproduction and pencil on paper, 108 x 73 cm

This image is a reproduction of a print of a Bellmer drawing; the hermaphrodite figure was used as the frontispiece to a novel by Monique Appel, Qui livre son mystère meurt sans joie (The one who cedes their mystery dies without joy). The hand-written text, which is also the title, is adapted from Julia Kristeva’s novel Possessions; the quotation continues ‘for a painter’s eye covers first the five senses, then the incalculable rest of the body, with a thin film that makes visible what cannot be seen.’ The narrator is considering painters who depicted decapitations, contemplating, in the novel, the decapitated body of her murdered friend Gloria. Both image and text are cut from their contexts and the viewer is left to create new connections in the space in-between.

John Murphy, Fig 30, 2021. Invitation card, book, 25 x 42 cm

[sociallinkz]

John Murphy, the movement of thought, an edition by Massimo Minini, Spring 2020

THE MOVEMENT OF THOUGHT

by John Murphy

An edition of  Galleria Massimo Minini – Spring 2020

4 signed and numbered copies + I AP – Two volumes each, bound in grey cloth

Comprising the following artist books:

1975. J. M. Selected Works, Jack Wendler, London, 210 x 147 mm – 80 pages

1985.  ‘Stuck in the Milky Way’, Lisson Gallery, London, 254 x 217 mm – 32 pages

1987-8.  ‘John Murphy’,  Whitechapel Gallery, London, Arnolfini Gallery, Bristol, 270 x 220 mm – 32 pages

1990.  ‘Silent Vertigo’, Lisson Gallery, London, 260 x 270 mm – 16pages

1991. ‘Inaugural Violence’, Christine Burgin Gallery, John Weber Gallery, New York 280 x 216 mm – 18 pages

1996.   ‘A Portrait of the Artist as a Deaf Man’, Douglas Hyde Gallery, Dublin, 307 x 245 mm – 16 pages

1996.  ‘Navigating in Madness’, Galerie de Luxembourg, Luxembourg, 307 x 245 mm – 16 pages

1997.  ’John Murphy’, Villa Arson, Nice, 269 x 212 mm – 36 pages

2003.  ‘The Way Up and The Way Down’, Southampton City Art Gallery and Museum, Southampton, 212 x 160 mm – 32 pages

2004-5.  ‘And Things Throw Light on Things’, Ikon Gallery and Barber Institute Birmingham, 297 x 248 mm – 32 pages

2006. (Between the Acts), Lisson Gallery, London, 240 x 170 mm – 28 + II pages

2006.  ‘…the stench of shit…’  Galerie Erna Hecey, Brussels, 281 x 191 mm – 30 pages

2013.  ‘Of Voyages, Of Other Places’, Trondheim kunstmuseum, Trondheim, 285 x 215 mm – 16 pages

2013.  Epreuve(Voyage Towards the Edge of the Night) Gevaert Editions, Brussels, 345 x 265 mm – 10 pages

During FRIEZE 2019, on a sunny day in October, I met as every year, my old friend John Murphy. Almost my age, an artist who I admire without having an occasion to collaborate. After our meeting I decided to visit his studio in Hackney, East London, to have a look with him at his recent work. Searching around in the room we gathered together, one by one, all his publications. I was so impressed by the quality of these slim books that I had the idea of presenting them all together. The body of books illustrate perfectly the story of the art of JOHN MURPHY, born in England in 1945 of Irish immigrant parents. John Murphy continues to live and work in Hackney, in his beautiful and peaceful home … a space for thought …

Massimo Minini – John Murphy

[sociallinkz]

John Murphy, Opera Monde. La quête d’un art total, Centre Pompidou Metz

John Murphy participe à l’exposition « Opera Monde. La quête d’un art total » organisée au Centre Pompidou Metz, en résonance avec la célébration des 350 ans de l’Opéra national de Paris.

Arnold Schönberg, Moses und Aron, partition autographe, 17 juillet 1930
Encre sur papier à musique, 35,5 x 27 cm
Vienne, Arnold Schönberg Center, inv. : MS 63_2771
Used by permission of Belmont Music Publishers, Los Angeles

Opéra Monde témoigne de la rencontre entre les arts visuels et l’opéra aux XXe et XXIe siècles. Plus qu’une exposition consacrée aux scénographies d’opéra réalisées par des artistes, elle entend mettre en lumière, en résonance, ou au contraire en tension avec l’héritage du Gesamtkunstwerk (concept d’œuvre d’art totale) wagnérien, comment les arts visuels et le genre lyrique se sont nourris mutuellement, et parfois même influencés de manière radicale. Dans ce mouvement de va-et-vient, l’opéra sert ainsi de terrain fertile d’expérimentations et de ferment pour de nouvelles sensibilités esthétiques et politiques.

Exposer aujourd’hui l’opéra a plus d’un sens. C’en est fini avec le mythe du « dernier opéra ». « Il faut faire sauter les maisons d’opéra », déclarait Pierre Boulez en 1967. Si la sentence semblait tomber comme un verdict fatal et définitif, on peut constater que le genre a, au contraire, donné lieu tout au long du XXe siècle et précisément ces dernières décennies, à d’importantes et remarquables créations. La spectacularisation dénoncée alors a amplement touché les autres domaines artistiques. L’opéra comme lieu du spectaculaire permet, dès lors, d’explorer sous un angle nouveau cette théâtralité innervant de plus en plus, après des années d’un art plus conceptuel, le champ de l’art contemporain.

Présentant des maquettes, costumes, éléments de scénographie, autant que d’imposantes installations et de nouvelles créations, le parcours, qui mêle images et sons, montre comment l’opéra est la fois une manufacture de désirs artistiques partagés autant qu’un symbole de liberté. Des expériences scéniques des premières avant-gardes, telles que La Main heureuse (1910-1913) d’Arnold Schönberg, aux partitions durablement inscrites au programme des grandes salles comme Saint François d’Assise (1983) d’Olivier Messiaen, en passant par des formes plus expérimentales, mais emblématiques, comme Einstein on the Beach (1976) de Philip Glass et Bob Wilson, Opéra Monde esquisse une cartographie différente de l’interdisciplinarité.

Se déployant en différentes sections thématiques, allant de la scène comme peinture en mouvement, aux productions politiques et parfois utopiques, de formes plus radicales et de nouveaux lieux d’opéra, à la féérie ou encore la fureur des mythes, le projet prend essentiellement pour focus une sélection de créations représentatives de ces relations fructueuses scèneartiste. Certains grands classiques – La Flûte enchantée, ou Norma – sont également exposés, soulignant comment le répertoire manié avec audace, a servi à la fois de lieu de transgression, de transformation, tout en garantissant une certaine pérennité du genre.

L’exposition questionne la capacité même d’une exposition, sinon à restituer, du moins à évoquer le pouvoir sensoriel de l’opéra et son caractère envoûtant. Un important travail de réactivation de certaines créations du passé, de même que certaines commandes passées à des artistes contemporains, permettent de montrer la passion que suscite encore le genre aujourd’hui, et de plonger le visiteur dans la magie singulière du spectacle lyrique.

Prolongeant la réflexion sur les affinités électives entre le spectacle et les arts visuels – portée par de précédents projets, parmi lesquels Musisircus ou Oskar Schlemmer. L’homme qui danse, l’exposition Opéra Monde questionne la théâtralité qui innerve les champs de l’art moderne et contemporain, avec une résonance d’autant plus forte qu’elle s’inscrit dans le cadre du 350e anniversaire de l’Opéra national de Paris, berceau de gestes artistiques novateurs – ceux de Bill Viola, Romeo Castellucci ou Clément Cogitore, pour ne citer qu’eux.

Du 22 juin 2019 au 27 Janvier 2020. Centre Pompidou-Metz , Galerie 3

[sociallinkz]

Art Brussels 2019, preview & highlights (1)

Jacques Charlier
Paysages professionnels, 1964-1970
Photographies NB, tapuscrit, certificat, (3) x 78 x 108 cm

A propos des Paysages professionnels : lire ici

Jacqueline Mesmaeker
Versailles avant sa construction, 1981
Photographie noir et blanc, encadrement, cartel, 70 x 83 cm

Jacqueline Mesmaeker,
Versailles après sa destruction, 2018
transfert sur miroir, 63,5 x 40,5 cm

Jacqueline Mesmaeker
Bourses de ceinture (détail), 2018
soie et velours, 20 x 6 cm chacune

photos : Isabelle Arthuis

A propos de Versailles… : lire ici

Aglaia Konrad
Selinunte, 2017
Héliogravure, 58,45 x 79,2 cm, 2019
ed 3 + 2 a.p.

John Murphy
Between Anguish and Desire – Between Vomit and Thirst. 2004
85.5 x 71.5 cm Photographic print, pen and ink on board, 85.5 x 71.5 cm

John Murphy
Between Anguish and Desire – Between Vomit and Thirst. 2004
85.5 x 71.5 cm Photographic print, pen and ink on board, 85.5 x 71.5 cm

Brecht Koelman
2017-01-19
Huile sur toile, 30 x 45 cm

[sociallinkz]