Archives de catégorie : Jacqueline Mesmaeker

Jacqueline Mesmaeker, De Page en page, Pendants et vis en face, une introduction

De Page en page est un chantier d’écriture ouvert à Ganges en 1990 et achevé à Bruxelles en 1993. Une sélection de quelques pages a paru en 1993 aux éditions Camille Von Schulz. Jacqueline Mesmaeker a décidé d’en montrer aujourd’hui l’intégralité des pages, rectos et versos, face et dos, dans leur état brut, tapuscrit, collages de textes et de dessins, des suites sautillantes, de page en page, une poétique minimale en séquences, une véritable réflexion, au delà de toute narration, sur les limites entre texte et dessin, entre signe graphique et scriptural. Les pages sont affichées au mur, une longue suite de près de 200 versos et rectos. Elle se lit autant qu’elle se regarde, acquiert ainsi une monumentale légèreté, qui sied à l’attitude de l’artiste. De Page en page se situe au cœur même des pratiques graphiques de l’artiste, une perpétuelle interrogation fondamentale sur le statut même du dessin, des territoires que celui-ci peut investir. De Page en page est également le réceptacle de ces multiples petites fulgurances qui tissent l’ensemble de son œuvre.

Dans son texte intitulé « Drawing’s Adventure in Wonderland » Raphaël Pirenne écrit :

(…)  Dans ces oeuvres dont la base est pour chacune d’elles un livre publié, l’artiste travaillera en effet sur la limite qui sépare et réunit signe graphique et signe scriptural ; un travail déjà présent dans une oeuvre antérieure, dans le livre d’artiste ayant pour titre De Page en Page. Pendants et vis en face publié en 1993. Dès les premières pages, Jacqueline Mesmaeker inscrit un jeu de correspondance et de permutation entre dessin et lettre. Sur une page de gauche est ainsi écrite la phrase : « Aujourd’hui j’ai appris la lettre » tandis qu’un cercle imparfait est dessiné au trait en dessous. Ce dessin devient lettre sur la page de droite avant de se transformer à son tour. La phrase « Mon nom se termine par o – le tien par c » est alors accompagnée par un cercle équivalent à la lettre o (de Justino) tandis que ce même cercle devient c par soustraction d’une partie du trait. Ce jeu de glissement entre signe graphique et signe scriptural – où d’une certaine façon la lettre o dut retrouver un état transitoire de signe graphique, de dessin, pour devenir lettre c – prend également une nouvelle tournure sur la double page suivante. Sur la page de gauche est écrit : « Ce qui change c’est ce que nous voyons », avec dessiné au-dessous deux arcs de cercles se chevauchant tout en étant décalés, tandis que sur la page de droite est écrit : « Ce qui change c’est les valeurs renversées ». Ce, alors que les deux arcs de cercle sont renversés et qu’est ajoutée une dernière phrase, ponctuant la page : « La lune derrière les lilas blancs ».

Ces multiples jeux de correspondance et permutation mettent en oeuvre une forme de neutralisation des signes graphiques et scripturaux : où le dessin devient lettre pour redevenir dessin et ensuite lettre, où la signification que l’on peut accorder à l’un ou à l’autre, au dessin ou à la lettre (cercle et/ou o, arc de cercle et/ou c, double c et/ou lune) ne se fige jamais mais se relance sans cesse. Cette opération n’est pas sans faire penser à ce que mit en place Georges Bataille dans son roman Histoire de l’oeil, tel que le décrit Roland Barthes, où l’oeil est pris dans un mécanisme de substitution, remplacé qu’il est, dans cette chaîne substitutive et métaphorique, tour à tour, par un oeuf, un soleil, un testicule, etc29. S’inscrit de la sorte une mise en crise du sens, de la signification que l’on peut assigner à chacun des signes, qu’il soit ici graphique ou scriptural. Mais De page en Page indique également qu’il est avant tout question d’une expérience de lecture – « Ce qui change, c’est ce que nous voyons » écrit-elle, la modification n’étant pas de l’ordre de ce qui est inscrit mais de l’expérience que l’on fait de cette inscription. Une expérience à laquelle l’artiste donnera une nouvelle impulsion en 1997, dans Secret Outlines, une série d’interventions réalisées dans différents livres édités. (…)

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Jacqueline Mesmaeker, Secret Outlines, Versailles, édition

L’édition de Jacqueline Mesmaeker Secret Outlines , édition produite par la galerie Keijiban a fait l’objet d’une exposition à Kanazawa, capitale de la préfecture d’Ishikawa au Japon, exposition qui vient de fermer ses portes. L »édition est désormais disponible et peut être commander à cette adresse.

Jacqueline Mesmaeker, Secret outlines – Versailles, 1996-2020

Offset printing and pencil drawings on Gardapat 150g paper. Cardboard slipcase covered with vintage sheepskin-textured and gilt-embossed paper. Leporello: 14 x 10,3 cm (folded) or 336 x 10,3 cm (unfolded). Slipcase: 14,2 x 10,5 x 1,2 cm

Edition of 30 copies, signed, numbered, and including 5 original drawings by the artist

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A la galerie, Jacqueline Mesmaeker, Pendants & Vis en face

L’Ombre saisissante, page de : Jacqueline Mesmaeker, De Page en page, Pendants et Vis en face, 1990-1993

La galerie Nadja Vilenne  le plaisir de vous convier à visiter l’exposition

JACQUELINE MESMAEKER

PENDANTS ET VIS EN FACE

Jusqu’au 8 mai. Je. Ve. Sa. de 14 à 18h et sur RV.

La galerie est ouverte ces samedi 17 et dimanche 18 avril de 11 à 18h

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