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Jacqueline Mesmaeker, le premier jour du mois,…

Vernissage ce dimanche 18 décembre à 15h en présence de l’artiste 

Jacqueline Mesmaeker
Le premier jour du mois, …

Exposition du 19 décembre au 12 février 2012
la galerie sera fermée du 23 décembre au 8 janvier.

 

…/…  Page 104 de Billy Budd, marin par Herman Melville aux éditions Gallimard, Paris, 1980.

Présentation de l’ouvrage  « Jacqueline Mesmaeker. Oeuvres 1975 – 2011″

aux Editions (SIC) & couper ou pas couper, sous la direction de Olivier Mignon

Il s’agit de la première publication monographique consacrée à l’oeuvre de l’artiste belge Jacqueline Mesmaeker (Uccle, 1929). Un catalogue prèsente quarante et une oeuvres à l’ aide d’illustrations et de notices, auquel s’ajoute une douzaine de textes éclairant la démarche de l’artiste, ainsi qu’une biographie et une bibliographie. Edité sous la direction d’Olivier Mignon, avec les contributions de Muriel Andrin, Michel Assenmaker, Koen Brams, Laurent Busine, Corinne Glandou. Luk Lambrecht, Anaël Lejeune, Lynda Morris, Raphaël Pirenne, Benoit Platéus, Dirk Pültau, Philippe André Rihoux, Georges Roque, Thierry Smolderen et Pierre Sterckx.

 

Ce livre entend mettre en lumière l’oeuvre rare et multiple de Jacqueline Mesmaeker. Mais il ne peut le faire, selon nous, sans interroger auparavant la relative obscurité dans laquelle elle est restée longtemps confinée. Inédite par sa portée rétrospective, la présente publication ne peut faire l’impasse sur cette position de repli – elle ne peut prétendre forcer la main de l’histoire.

Une telle précaution n’a pas pour but de répliquer à une supposée mise à l’écart. Il faut constater au contraire qu’envisager de front cette question nous offre un point de vue précieux sur la dynamique intrinsèque à cette oeuvre, son éthique rigoureuse et sa véritable cohérence par-delà la diversité des médiums employés et l’apparente variété des options esthétiques.

Car à bien considérer la clandestinité du travail de Jacqueline Mesmaeker, celle-ci n’est pas tant le fait de décisions autoritaires, de négligences institutionnelles ou d’aveuglements individuels, que d’une logique interne, souple et résolue. Les traces abondent, en effet, d’une volonté espiègle de saboter les entreprises d’une critique globalisante, de détourner les lumières braquées sur la « scène artistique » ou encore de déjouer les pièges d’une historicisation trop hâtive. Depuis ses prototypes pour papiers peints dans les années 1960 et le début des années 1970 (art de l’anonymat et du camouflage s’il en est) jusqu’à ses dessins qui s’infiltrent entre les lignes d’ouvrages littéraires et autres (Secret Outlines), en passant par les crayonnés muraux à la limite du perceptible (Contours clandestins), l’insinuation graphique de tissus roses dans les interstices de son appartement (Introductions roses) ou les Transfo dont les lampes de poche détournent l’attention, depuis l’oeuvre et son auteure en direction du spectateur, il apparaît un premier fil rouge du nom de diversion.

La première grande diversion de l’artiste, son détour originel en quelque sorte, concerne le déploiement relativement tardif de sa pratique. C’est au milieu des années 1970, après une série d’expériences dans les domaines de l’architecture, du stylisme et du design, et alors même que tire sa révérence son contemporain et homologue bruxellois Marcel Broodthaers, qu’elle se consacre pleinement à une investigation du visible soutenue désormais par une approche conceptuelle. Outre une démarche qui se joue de l’anachronisme et de l’intempestif, l’artiste aura donc, par ce « retard » initial, désavoué l’un des principaux axiomes de la « carrière artistique ». D’où, sans doute, le recours récurrent, pour beaucoup de ceux qui cherchent à embrasser d’un regard l’ensemble de son parcours et à le résumer d’un mot, au commode cataplasme de la critique d’art que représente le terme « insaisissable ».

Or, le mouvement de cette oeuvre n’obéit pas essentiellement au principe de l’esquive. On est loin d’un travail qui se complairait dans la mise en scène de sa propre intelligence tactique. De même, l’art de l’écart dont il est si souvent fait preuve ne débouche pas sur un quelconque culte du mystère, sur un hermétisme censé préserver la pureté d’une « intention d’artiste ». Il s’affirme au contraire la présence lumineuse d’un désir de témoigner. (…)

Extrait de l’introduction par Olivier Mignon.