RENÉ HEYVAERT

 

Exhibition view

o 1929, Gent (Belgique)

+ 1984, Scheldewindeke (Belgique)

 

Ce n'est qu'à l'âge de 43 ans que René Heyvaert a sa première exposition individuelle. Son œuvre semble pouvoir se retirer à chaque moment, elle semble s'excuser d'exister. Ses objets sans titre sont pauvres et petits et sont la conséquence d'interventions minimales. Ils sont la résultante de la rencontre d'une expérience et d'une forme, inversement une forme peut évoquer une expérience. Ce sont précisément ces croisements qui intéressent l'artiste. Bien qu'une forme bien déterminée puisse être l'insignifiance ou la banalité même, cela n'exclut pas qu'une expérience immense puisse être évoquée. Il a exprimé cette interaction de la façon suivante : "Un jour j'ai peint une surface plane carrée dans une gouache noire au centre d'une feuille blanche de papier rectangulaire. Cela a constitué une expérience d'une intensité comme je n'en avait pas connue avant. J'ai fait pour la première fois l'expérience qu'on peut acquérir autant - ou plus ? - d'expérience dans l'acte le plus simple que dans l'acte le plus compliqué et complexe. Que par conséquent il peut émaner de la chose la plus simple autant de force et de sens que dans la chose la plus complexe". Les œuvres sont ouvertes au spectateur voulant s'engager dans une relation intime avec elles. Ce n'est que par une douce contrainte qu'elles consentiront à conduire à l'évocation de leur genèse. (Dans "Gelijk het leven is" , catalogue d'exposition, SMAK, Gent, 2003)

 

Je commence aujourd'hui définitivement une nouvelle phase dans mon travail créatif.

Alors que jusqu'à présent je m'y suis toujours mis tout à fait intuitivement, je me suis maintenant joint spontanément à une tendance installée dans l'art actuel. Ceci sans renier tant soi peu les acquis de mon œuvre précédente. Ainsi, j'ai après des mois de méditation à travers un processus de maturisation (sic), fait pour la seconde fois une sculpture en papier de dessin. Un spectateur non informé ne verra pas facilement quelque différence, entre ces œuvres et mes œuvres précédentes, telle qu'elles ont évolué, dans une seule ligne strictement maintenue, depuis 10 ans.

D'après toutes les apparences, ces nouvelles œuvres semblent une continuation harmonieuse des œuvres que j'ai faites ces derniers temps. Le nouveau dans ces œuvres réside en particulier dans la motivation avec laquelle je les ai faites : alors que jusqu'à présent, je faisais mes œuvres dans des matériaux que je choisissais intuitivement, j'ai choisi ici de faire une œuvre en papier de dessin "en tant que référence à l'histoire de l'Art".

À première vue cela peut sembler un événement peu important. Ce serait en effet ainsi si j'avais accidentellement ramassé une idée quelque part, et l'avais employé comme procédé.

Depuis des années je me demande désespérément, comment font tous les gens sensés, ce que peut bien être l'essentiel de l'art. Peu à peu, je suis arrivé à la conviction que l'art n'est jamais quelque chose qu'un individu fait séparément dans son petit monde, et qui serait par après reconnu par des tiers comme étant de l'Art.

Une œuvre d'art se crée à partir de l'Art. Et n'a pas de sens sans qu'elle soit comparée à l'Art. C'est surtout à partir de cette dernière réflexion que s'est installé petit à petit en moi le réflexe d'insérer dans mon œuvre -tant soi peu- une référence à un ingrédient venant de l'Histoire de l'Art.

Je suis donc conscient que je l'apporte de ce fait rien de neuf dans l'Art. Quoique, dans mon travail, j'apporte là une nouveauté. Tandis que je me relie spontanément à une tendance dans l'art qui est encore toute jeune, et dont l'origine n'est pas si souvent formulée d'une façon évidente.

3 septembre 1980 (Écrit en français par R.H. texte inédit, archives Anne Heyvaert)

 

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