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Au Passage de Retz, Gérard Wajcman rencontre Jacques Lizène, le 2 novembre

Ce mercredi 2 novembre, au Passage de Retz, à 19h30

Gérard Wajcman rencontre Jacques Lizène
Conférence, rencontre, performance

Jacques Lizène - Gérard Wajcman

Ecrivain, psychanalyste, maître de conférences au département de psychanalyse de l’Université Paris 8, Gérard Wajcman dirige le Centre d’Étude d’Histoire et de Théorie du Regard.

Il est l’auteur notamment de :
– Le Maître et l’Hystérique (Navarin/Le Seuil, 1982), L’Interdit (Denoël, 1986),
– L’Objet du siècle (Verdier, 1998),
– Fenêtre, chroniques du regard et de l’intime (Verdier, 2004).

Gérard Wajcman a récemment publié « L’œil Absolu » (Denoël, 2010)

En 2004, Gérard Wajcman fut commissaire de l’exposition « L’intime, le collectionneur derrière la porte », exposition inaugurale de la Maison Rouge, Fondation Antoine de Galbert.

A propos de Fenêtre, Sylvie Courtine-Denamy écrivait en 2004 lors de la sortie de l’ouvrage : « Dédié à Daniel Arasse, qui n’a pas eu le temps de le lire, placé sous le signe du premier receuil de Kafka, Regards, mais également sous celui de Lacan – Gérard Wacjman est aussi psychanalyste –, ce livre invite moins à une promenade dans l’histoire de l’art et de la littérature sur le thème des fenêtres, qu’à prendre au pied de la lettre la notion de «vision du monde». Aller à la fenêtre, c’est en effet une façon de nouer un lien avec le monde, de le penser, l’hypothèse de départ étant que la subjectivité moderne est structurée par la fenêtre, celle dessinée à la Renaissance par Alberti, peintre autant qu’architecte, qui fit du tableau le prototype de la fenêtre: la fenêtre comme scène primitive de la peinture, le regard synonyme d’ouverture, l’association du geste d’ouvrir et de peindre, la naissance du spectateur ».

Face aux volets clos et à la fenêtre morte de Jacques Lizène, la lecture de Gérard Wajcman, sera des plus intéressantes.

Il y a quelques mois, les Inrocks accueillaient « L’œil absolu » en ces termes :
“Le regard est notre nouveau Léviathan”, “nous sommes au sens strict en garde à vue”, assure l’auteur. Pire, comme l’arroseur arrosé, le voyeur est observé. La génération des voyeurs “old school”, dont l’icône reste James Stewart dans Fenêtre sur cour d’Hitchcock, a vécu : l’hypermodernité a éclaté les règles du jeu gentiment pervers pour faire du regard omniscient une obsession de chaque instant poussée jusqu’au bout de ses potentialités. On ne regarde plus pour faire passer le temps, en attendant de remarcher comme Stewart ; on regarde pour éprouver le temps, en marchant, sous contrôle, en surveillant. Ce sont ces formes prises par “l’extension du domaine du regard” qu’interroge l’auteur à partir d’observations éclectiques. De la science au cinéma, de la télé-réalité aux séries, de l’art à la littérature, il s’approprie de multiples objets culturels pour étayer sa démonstration, qui se déploie comme si elle était elle même prise dans le vertige (Vertigo) de son discours.
Sa réflexion excède le seul cadre de la vidéosurveillance, déjà largement stigmatisée par de nombreux observateurs. La pertinence de la thèse de Wajcman, psychanalyste, repose sur cette intuition que le regard dépasse la seule question du pouvoir, dont le panoptique de Jeremy Bentham, analysé par Foucault dans Surveiller et punir, forme l’accomplissement. Le regard déborde l’enjeu de la contrainte sociale pour toucher désormais aux abysses du désir qui habite chacun d’entre nous. “Nous sommes dans une société TV : Tous vus, Tout voir, Tout visible. (…)Voir, prévoir, savoir, cette trilogie de la maîtrise résume un mot d’ordre, naïf dans sa capacité à nier l’évidence d’un mal souvent caché : ne rien manquer. A cette réflexion iconoclaste, à cette tentative de briser la “sainteté” des images qui nous entourent, Gérard Wajcman ne propose d’autre issue que la lucidité sur soi-même et la profondeur d’un regard averti. Ni moraliste ni prophète, l’auteur excelle ironiquement dans ce rôle de voyeur des mœurs transparentes de son temps qu’il aimerait voir gagné par le nouveau règne d’un œil relatif. Car le relatif rend juste et l’absolu rend fou ».

La vidéo « Tentative de dresser une caméra, tentative d’échapper à la surveillance d’une caméra (1970) » ouvre l’exposition du Passage de Retz. C’est là plus que de la culture de coïncidence.

Conférence : Tarif unique  15 €
Inscription : sur place ou par téléphone au  01 48 04 37 99 ou par mail :  jfk.retz@wanadoo.fr

Passage de Retz
9, rue Charlot 75003 Paris – Métro Filles du Calvaire