Archives mensuelles : septembre 2021

Jacqueline Mesmaeker, oeuvres vidéo, une introduction

Jacqueline Mesmaeker
UNTIL IT FITTED, 2007
Réalisation: Jacqueline Mesmaeker
Prise de vue et montage: Jacqueline Mesmaeker, Philippe Van Cutsem
5’29’’, mini DV numérisé, couleur, sans son

PÉRIPÉTIES, INCIDENTS, REBONDISSEMENTS : JACQUELINE MESMAEKER ET LES VARIATIONS DE L’ENTRE-IMAGE

C’est entre les images que s’effectuent, de plus en plus, des passages, des contaminations, d’êtres et de régimes : ils sont parfois très nets, parfois difficiles à circonscrire et surtout à nommer. Mais il se passe aussi entre les images tant de choses nouvelles et indécises parce que nous passons aussi, toujours plus, devant des images, et qu’elles passent toutes d’autant plus en nous, selon une circulation dont on peut essayer de cerner les effets.1

Si cet entre-deux des images, décrit par Raymond Bellour, s’ancre parfaitement dans la production d’œuvres contemporaines en général, il semble littéralement s’incarner dans les œuvres en mouvement de Jacqueline Mesmaeker (Uccle, 1929). Intrigante, la création artistique de Mesmaeker l’est certainement. Artiste protéiforme, inclassable, son travail discret s’étend sur plusieurs décennies par touches, sans jamais se laisser pleinement saisir. Insaisissable aussi, son parcours ; styliste, diplômée en peinture et espace tridimensionnel à La Cambre en 1981, professeur successivement à l’École des Beaux-Arts de Wavre, La Cambre puis à l’ERG, elle s’illustre dans des expositions depuis le milieu des années 70. Que ce soit dans des présentations collectives ou individuelles, c’est d’abord la diversité qui pourrait caractériser, dans une tentative de définition un peu floue, son œuvre ; dessins, peintures, sculptures, installations, images en mouvement et interventions sur différents supports (photographies, livres, murs, etc.) se succèdent, et finissent par s’entremêler pour former une cartographie plurielle et sinueuse. Des créations marquées par une oscillation volontairement placée là, brouillant à la fois les œuvres elles-mêmes, mais aussi notre regard de spectateur trop habitué à un horizon d’attente clair et déterminant. Dans ces fragments cristallins où le sens se dérobe parfois, Mesmaeker construit un nombre impressionnant de ponts avec l’art, le temps, le mouvement. Ces liens sont pourtant loin d’être balisés, ne tenant ni de la citation, ni de l’emprunt, mais créant de nouveaux rapports propres au travail de l’artiste.

En 1979, Jacqueline Mesmaeker écrivait déjà « Filmer, c’est capter. Projeter, c’est peindre. Il faut tout faire pour que la capture s’éparpille, investisse un millefeuille. […] particules multidirectionnelles, en mouvements non orientés, sans début, ni fin »2. Quelque 30 ans plus tard, l’édition DVD de ses œuvres vidéo renvoie à cet esprit de travail sur l’image projetée et à présent capturée par le support d’un objet reproductible. Mais la capture cinématographique n’est finalement qu’illusoire puisque Mesmaeker cherche à la rendre, paradoxalement, indomptable au travers de « péripéties » – ces incidents imprévus, ces petits rebondissements qui viennent troubler l’œuvre et nos structures perceptuelles.

Comme dans la plupart de ses œuvres, toute la complexité de la vision provient ainsi d’abord du caractère souvent faussement saisissable de ce qui nous est montré. Le regard bascule, vacille systématiquement entre ce qui est reconnaissable et un élément étranger, qui vient brouiller la vision et le sens. Car il s’agit toujours, au fil des œuvres, de « désorienter le support » ; en rajoutant une lampe de poche au centre de l’image, qui projette son faisceau vers le spectateur (Transfo pour l’exposition Tectonic’ 84 à Liège), ou en mettant en scène une présence floue « par de légers reflets de lampes à la surface de photographies d’un ciel et d’une mer évoquant par cet effet de coïncidence poétique le scintillement des feux d’un navire en détresse » (L’androgyne en 1986)3. L’altération s’impose dès lors à la fois vis-à-vis de l’œuvre, du support, mais aussi, et surtout, au niveau du regard spectatoriel, lui aussi désorienté, puis réorganisé, repensé au travers de cette variante significative. Comme le précise Pierre Sterckx : la place du spectateur n’est pas plus unique dans cet environnement que celle de l’image. Il s’est lui aussi démultiplié, dissout, parcellisé, devenu fragment parmi les fragments, oeil dedans et dehors, ayant perdu les privilèges de la distance pour découvrir (enfin !) les joies du mélange.4

L’ensemble de ses vidéos joue sur les mêmes lignes de force, venant troubler nos certitudes, interrogeant le cinéma et ses composantes (la captation, la projection, la lumière) en les mêlant à des éléments picturaux, sculpturaux, architecturaux. Il s’agit d’abord de s’interroger sur l’idée d’enregistrement soi-disant mécanique de la caméra. Ainsi, dans Caméra non assistée (1996-2010), ce qui devrait engendrer une captation littérale et directe, tient en réalité d’un débordement plastique et imaginaire, superposant plusieurs strates temporelles. Mesmaeker joue en effet avant tout sur la durée, son travail devant « se lire et se vivre dans le temps »5. Face à ce glissement spectatoriel, on retrouve des questionnements énoncés par Chantal Akerman : Au bout de combien de temps commence-ton à la voir cette rue, à la ressentir, à laisser aller son imaginaire […]. Je sais aussi qu’au bout d’un certain temps, on glisse doucement vers quelque chose d’abstrait. Mais pas toujours. On ne voit plus un couloir, mais du rouge, du jaune, de la matière […]. La matière même de la pellicule. Dans une sorte de vaet- vient entre l’abstrait et le concret.6 L’image en mouvement s’ouvre alors à d’autres formes de perception, à de multiples strates, mêlant la chose-là et l’invisible.

1998 (1995) reprend parfaitement cette idée, tout en en proposant une variation ; cette caméra posée sur un monte-charge industriel dans un mouvement ascendant puis descendant, révélant là un mur de brique, un sol ou de la lumière crue, tient du dispositif le plus simple. Pourtant, il joue bien avec les limites de la captation et de la reconnaissance ; on y voit ce que Denis Gielen nomme le ‘jeu de l’éclipse’ et « les lents balancements entre l’apparition et la disparition qui subjuguent les spectateurs »7. Plus encore, le dispositif permet de révéler une essence picturale : les matières, les surfaces, les figures, les ombres qui se déplacent et la lumière – point de rencontre et de balancement ultime avec l’essence du cinéma cette fois. La lumière et son absence se retrouvent dans La pêche à la lumière (2007), mais aussi Last Shot (2006-2010) qui semble prendre à contre-pied les œuvres passées en imposant au cœur de l’image non pas un faisceau lumineux, mais bien un soleil noir, ombre qui s’impose en surimpression sur la mer, une architecture, les airs. La création des œuvres s’étend souvent sur plusieurs années, voire décennies ; le temps est donc un facteur essentiel, tant au niveau de la création que de la perception, puisqu’une forme d’homogénéité d’ensemble contredit l’éparpillement temporel ; c’est le cas dans Caméra empruntée (1997-2010) ou I am a foot fan (1979-2009) qui répète des plans usés de multiples footballeurs tapant dans un ballon invisible. Dans Petrus Alexiowitz (1996-2010), Mesmaeker s’engage dans le travail minutieux de ramener à la surface les traces d’un fait datant de 1717 (la venue de Pierre Le Grand à Bruxelles), dans une juxtaposition passé-présent, Histoire et contemporanéité. Enfin, l’idée d’entre-images prend également tout son sens dans deux de ses œuvres Matthis et Naoïse (2002). Ces deux œuvres, courtes et muettes, qui filment respectivement en plan frontal et fixe deux jeunes garçons roux, assis derrière une table devant un fond uni, l’un en débardeur se lavant les mains au savon dans une bassine blanche, l’autre coupant maladroitement une pomme, après avoir enfilé des gants verts. Rien n’est imposé, mais la filiation aux toiles d’Holbein le jeune s’infiltre dans les couleurs qui se répondent (les cheveux roux, le fond et les gants vert), la simplicité des gestes et la frontalité du cadrage. Bien loin de toute nostalgie dans leur rapport au passé, ces œuvres fascinantes dans leur simplicité tiennent bien de l’entre-images, appartenant à plusieurs strates temporelles, entre cinéma et peinture, « parfois mémoire, parfois souvenir, ou trace, dédale, écran, fantasme […] »8.

Muriel Andrin, 2011

  1. Raymond Bellour, L’entre-images 2 (Mots, images), Paris, P.O.L. Éditeur, 1999, p. 10.
  2. Notes de l’artiste, juillet 1979.
  3. Denis Gielen, « Les affinités Magritte aujourd’hui », dans Magritte en compagnie – Du bon usage de l’irrévérence, Bruxelles, Editions Labor, p. 85.
  4. Pierre Sterckx, « Les poissons/les oiseaux », dans Jacqueline Mesmaeker. De Vleeshal, Middelburg, cat. exp., 1982.
  5. Philippe-André Rihoux, Tectonic’84, cat. exp., Liège, 1984, p. 51.
  6. Chantal Akerman, Autoportrait en cinéaste, Paris, Centre Pompidou/Cahiers du cinéma, 2004, pp. 35-36.
  7. Denis Gielen, op.cit. Il parle en réalité de L’androgyne, mais sa description est étrangement aussi en parfaite adéquation avec 1998, nous éclairant sur la cohérence du projet de Mesmaeker au fil des ans.
  8. Pierre Sterckx, op.cit.

Muriel Andrin (1970) est chargée de cours au sein du Master en Arts du Spectacle, filière écriture et analyse cinématographiques de l’Université Libre de Bruxelles. Elle est également porte-parole du Centre de recherche SAGES (Savoirs, Genre et Sociétés).

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John Murphy, Figure/s : drawings after Bellmer, Drawing Room, London

John Murphy participe à l’exposition Figure/s, drawings after Bellmer au Drawing Room, à Londres. Du 10 septembre au 31 octobre.

FIGURE/S: drawing after Bellmer explores the body as a site of oppression, liberation and troubling pleasures through the work of modern and contemporary artists. It takes as its starting point the radical and transgressive drawings of Hans Bellmer (1902-1975), whose work simultaneously mimicked and resisted the dehumanisation performed by fascism and racism. His drawings have had a powerful influence, sometimes subterranean, on many artists across the world in both high and popular culture, from French Surrealism to Japanese manga. Recently there has been an upsurge of interest in his work, especially the drawings, by younger contemporary artists. 

The exhibition explores Bellmer’s lasting influence on artists and thinkers through work by twenty modern and contemporary artists from Japan, UK, Lebanon, Nigeria, Germany, France and US. It includes carefully selected drawings made by Bellmer in the 1940s to 60s, by his partner Unica Zürn in the 1960s, by Richard Hamilton in the 1950s and by the Lebanese artist Huguette Caland in the 1970s. These modern works are combined with contemporary approaches that relate to feminism, gender fluidity and anti-racism, including new commissions by Mathew Hale, Rebecca Jagoe, Aura Satz and Marianna Simnett. Bellmer’s influence in Japan is represented by the work of Fuyuko Matsui, Kumi Machida and Tabaimo and the exhibition also includes Paul Chan, Neil Gall, Sharon Kivland, Jade Montserrat, Jean-Luc Moulène, John Murphy, Paul Noble, Wura-Natasha Ogunji and Chloe Piene.

Bellmer grew up with the rise of National Socialism in Germany, with its antagonism towards ‘degenerate’ bodies and celebration of the ideal human form. Through the production of hundreds of drawings and the two dolls he constructed in the early 1930s and photographed in disturbing and scandalous scenarios, Bellmer defigured and refigured the body in pursuit of unimagined sensations. He likened the body to a sentence that can be dismantled and recomposed, an interest shared with Unica Zürn, the artist, poet and writer who had a relationship with Bellmer from 1953 until her premature death in 1970. For drawings ‘after’ Bellmer, the phallocentric focus of his enquiry is superseded by approaches that challenge and split the subject to embrace multiplicity and creaturely freedom.

Bellmer wrote: ‘If the origin of my work is scandalous it is because, for me, the world is a scandal’. His work has continued to scandalise and this exhibition takes a critical look at its content whilst acknowledging Bellmer’s innovative production of ambiguous and disturbing images that have renewed significance today in their exploration of androgyny and confusion of the real and the virtual.

 

Exhibition view

Left : John Murphy, Mariole-Marionette, 2016. Engraving, watercolour, pencil on paper, 108 x 73 cm. 

Right : John Murphy (b.London 1945), The painter’s eye, at once mouth, skin, ear, penis, vagina, throat, and all the rest, 2016. Reproduction and pencil on paper, 108 x 73 cm

This image is a reproduction of a print of a Bellmer drawing; the hermaphrodite figure was used as the frontispiece to a novel by Monique Appel, Qui livre son mystère meurt sans joie (The one who cedes their mystery dies without joy). The hand-written text, which is also the title, is adapted from Julia Kristeva’s novel Possessions; the quotation continues ‘for a painter’s eye covers first the five senses, then the incalculable rest of the body, with a thin film that makes visible what cannot be seen.’ The narrator is considering painters who depicted decapitations, contemplating, in the novel, the decapitated body of her murdered friend Gloria. Both image and text are cut from their contexts and the viewer is left to create new connections in the space in-between.

John Murphy, Fig 30, 2021. Invitation card, book, 25 x 42 cm

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Jacqueline Mesmaeker, Around Video Art Fair, Lille, Matthis et Naoïse

La galerie Nadja Vilenne participe à la première édition de Around Video Art Fair à Lille ce week-end des 1-2-3 octobre et projette l’oeuvre en diptyque de Jacqueline Mesmaeker, deux portraits muets en référence à Hans Holbein le jeune. 

MATTHIS , 2002

Réalisation: Jacqueline Mesmaeker. Prise de vue: Jacqueline Mesmaeker. Montage: Jacqueline Mesmaeker, Philippe Van Cutsem. Collaboration: Reggy Timmermans. Remerciements à Matthis. 1’06’’, mini DV numérisé, couleur, sans son

NAOÏSE , 2002

Réalisation: Jacqueline Mesmaeker. Prise de vue: Jacqueline Mesmaeker. Montage: Jacqueline Mesmaeker,  Philippe Van Cutsem. Collaboration: Reggy Timmermans. Remerciements à Naoïse. 7’30’’, mini DV numérisé, couleur, sans son

C’est entre les images que s’effectuent, de plus en plus, des passages, des contaminations, d’êtres et de régimes : ils sont parfois très nets, parfois difficiles à circonscrire et surtout à nommer. Mais il se passe aussi entre les images tant de choses nouvelles et indécises parce que nous passons aussi, toujours plus, devant des images, et qu’elles passent toutes d’autant plus en nous, selon une circulation dont on peut essayer de cerner les effets. Si cet entre-deux des images, décrit par Raymond Bellour, s’ancre parfaitement dans la production d’œuvres contemporaines en général, il semble littéralement s’incarner dans les œuvres en mouvement de Jacqueline Mesmaeker. (…)

L’idée d’entre-images prend également tout son sens dans deux de ses œuvres Matthis et Naoïse (2002). Ces deux œuvres, courtes et muettes, qui filment respectivement en plan frontal et fixe deux jeunes garçons roux, assis derrière une table devant un fond uni, l’un en débardeur se lavant les mains au savon dans une bassine blanche, l’autre coupant maladroitement une pomme, après avoir enfilé des gants verts. Rien n’est imposé, mais la filiation aux toiles d’Holbein le jeune s’infiltre dans les couleurs qui se répondent (les cheveux roux, le fond et les gants vert), la simplicité des gestes et la frontalité du cadrage. Bien loin de toute nostalgie dans leur rapport au passé, ces œuvres fascinantes dans leur simplicité tiennent bien de l’entre-images, appartenant à plusieurs strates temporelles, entre cinéma et peinture, parfois mémoire, parfois souvenir, ou trace, dédale, écran, fantasme. (Muriel Andrin, 2011)

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Jacqueline Mesmaeker, Around Video Art Fair, Hôtel Moxy, Lille, 1-3 octobre

La galerie Nadja Vilenne participe à Around Video Art Fair et projettera des oeuvres vidéos de Jacqueline Mesmaeker. 

Around Video Art Fair se tient les 1-2-3 octobre à Lille au sein de l’hôtel Moxy – Marriott. Réunissant trente galeries internationales et situées au cœur de l’eurorégion entre Londres, Paris, Bruxelles, les Pays-Bas, la foire offre un cadre idéal pour présenter des œuvres vidéo d’artistes contemporains internationaux dans les meilleures conditions. En parallèle, l’événement propose un riche programme d’installations et d’artistes, d’expositions et de visites dans les institutions renommées de l’eurorégion. Around Video s’entoure de curateurs et professionnels de l’art contemporain afin de dessiner une programmation de haute qualité, et d’offrir une envergure internationale à l’événement pour devenir l’un des rendez-vous annuel des artistes, curateurs et collectionneurs professionnels et des passionnés de l’art vidéo.

Vendredi 1 octobre : 14h-18h  / Samedi 2 octobre: 14h – 19h  / Dimanche 2 octobre : 14h-18h. HOTEL MOXY-MARIOTT,  3 rue Jean Bart, Lille. 

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Jacques Lizène, Gaetane Verbruggen, Maris Zolamian, Côté Cour, Côté Jardin, Théâtre de Liège, Salle des Pieds Légers

Jacques Lizène, Gaetane Verbruggen et Marie Zolamian participent à l’exposition Côté Cour, Côté Jardin au Théâtre de Liège, Salle des Pieds Légers. 26.09 > 23.10.2021

 

Jacques Lizène, sculpture génétique, En piste 2021, musée de la Boverie, Liège

Le Théâtre de Liège et la Province de Liège inaugurent une collaboration autour de la Collection artistique provinciale.

Dès lors, à chaque nouvelle saison du théâtre, une invitation est offerte à une personnalité singulière (metteur·euse en scène, comédien·ne, scénographe, auteur·e) à poser un regard sur la collection et à faire un choix parmi les œuvres d’art de cette collection riche et variée trop peu connue du grand public. Cette exposition construite dans une transversalité vise à susciter un nouveau dialogue entre les œuvres ainsi qu’une découverte singulière pour les spectateurs.

Maggy Jacot sera la première à inaugurer ce cycle. Elle signe la création scénographique de Smith & Wesson d’Alessandro Baricco présentée au Théâtre de Liège en décembre. En regroupant intuitivement les œuvres de la Province, Maggy Jacot propose des histoires éphémères sans paroles, en une vision kaléidoscopique et non conformiste à l’image de sa compagnie Pop-Up, fondée avec Axel De Booseré.

VERNISSAGE LE 26.09 À 14:00

Expo accessible du mardi au samedi de 14 à 18:00 et les soirs avant chaque représentation

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Jacques Lizène, Un jour sera comme quand on a vécu, curated by Pierre – Yves Desaive, galerie Steinek, Vienne (AT), l’image

SammlerInnen, Sie müssen einen mittelmäßigen Lizène erwerben, um im Gegensatz Ihre hochwertigen Möbel und Ihre Meisterwerke hervorzuheben, 1975, Eigenwerbungskunst 

Jacques Lizène participe à l’exposition Un jour, ça sera comme quand on a déjà vécu, curated by Pierre-Yves Desaive, galerie Steinek, à Vienne, dans le cadre de Vienna, Curated by. Du 4 septembre au 2 octobre 2021. Artistes participants : Hervé Ic, John Isaacs, David Kramer, Jacques Lizene, Johan Muyle, David Nicholson, Philippe Ramette, Terry Rodgers, Pierrick Sorin, Gavin Turk. 

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Aglaia Konrad, Japan Works and Other Books by Aglaia Konrad, Enter enter, space for books, Amsterdam

Enter Enter,  space for Books, consacre à Amsterdam une exposition aux livres d’Aglaia Konrad. A l’occasion de la sortie récente de Japan Works, dernier opus de l’artiste aux éditions Roma Publication. Nieuwe Herengracht 11 Amsterdam,  du 11 septembre au 10 octobre.

Presentation of book projects by photographic artist Aglaia Konrad, including Elasticity (NAi 2002), Iconocity (König 2005) Desert Cities (JRP Rignier 2008), Carrara (Roma 2011), From A to K (König 2016) and Japan Works (Roma 2021). The exhibition includes a new large wall piece developed after making the book Japan Works, which derived from a study trip by the artist across central Japan in September 2019. The work of Aglaia Konrad is driven by her interest in urbanity and architecture in general, and cultural difference in particular. A comparative practice that runs equally warm for every possible experience of the local. The presentation runs from 11 September to 10 October, and is curated by Roger Willems.

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Jacqueline Mesmaeker, Nuages d’hier et d’aujourd’hui, Maison des Arts de Scharbeek

Jacqueline Mesmaeker Les Antipodes, 1979-2015
Film 8 mm numérisé, projection en boucle dans un tableau doré sculpté et patiné Technique mixte, projecteur, trépied, encadrement 21 X 25,5 cm.
Film numérisé couleurs, sans son, 00.12.25 en boucle.

Jacqueline Mesmaeker participe à l’exposition Nuages d’hier et d’aujourd’hui, à la Maison des Arts à Scharbeek. 18.09.2021 21.11.2021

« Plus bas, encore plus bas, toujours plus bas. Est-ce que cette chute ne finirait jamais ? Je me demande combien de kilomètres j’ai pu parcourir ? dit-elle à haute voix. Je ne dois pas être bien loin du centre de la terre. Voyons : cela ferait une chute de six à sept mille kilomètres, du moins je le crois… (car, voyez-vous, Alice avait appris en classe pas mal de choses de ce genre, et, quoique le moment fût mal choisi pour faire parade de ses connaissances puisqu’il n’y avait personne pour l’écouter, c’était pourtant un bon exercice que de répéter tout cela)… Oui, cela doit être la distance exacte… mais, par exemple, je me demande à quelle latitude et à quelle longitude je me trouve ? (Alice n’avait pas la moindre idée de ce qu’était la latitude, pas plus d’ailleurs que la longitude, mais elle jugeait que c’étaient de très jolis mots, impressionnants à prononcer) Bientôt, elle recommença : Je me demande si je vais traverser la terre d’un bout à l’autre ! Cela sera rudement drôle d’arriver au milieu de ces gens qui marchent la tête en bas ! On les appelle les Antipattes, je crois.»

Lewis Carroll, Alice au pays des merveilles

Nuages… Phénomènes naturels, ils font l’objet d’un intérêt scientifique et populaire quotidien sous le prisme météorologique, mais arborent également très largement un statut d’« objet poétique » par excellence. Les nuages fascinent, invitent à la contemplation, à la rêverie… Innombrables sont les poètes, écrivains et artistes à s’en inspirer et à en sublimer les multiples caractéristiques : fugacité, légèreté, ascension,  métamorphose, mouvement, évanescence, transparence, opacité, douceur, menace… 

Expressions du divin, signes d’un au-delà, motifs décoratifs ou sources d’inspiration esthétique –  tant leurs gammes de couleurs, de formes et de lumières sont infinis –, les nuages occupent une place de choix dans les représentations artistiques depuis des siècles. Aujourd’hui encore, tandis que les questions climatiques et environnementales sont au cœur des enjeux sociétaux, ils constituent un thème prolifique aux potentialités multiples.  

Au gré d’une sélection  d’artistes, majoritairement actifs sur la scène artistique contemporaine belge et abordant la thématique du nuage de manière récurrente ou occasionnelle, l’exposition se veut avant tout un appel au rêve, à l’évasion et à la légèreté.  

Elle permet également de mettre en lumière une dizaine d’œuvres de la collection communale sur la thématique des nuages.

COMMISSARIAT ET TEXTES : CLAIRE LEBLANC, DIRECTRICE DU MUSÉE D’IXELLES
EN COLLABORATION AVEC LE MUSÉE D’IXELLES

Artistes contemporains: 

Elodie ANTOINE, Stephan BALLEUX, Lucile BERTRAND, BROGNON ROLLIN, Jean-Marie BYTEBIER, Cristina GARRIDO, Ritsart GOBYN, Joke HANSEN, Jacqueline MESMAEKER, Marie ROSEN, Liesbeth VAN HEUVERSWIJN, Tatiana WOLSKA, Cindy WRIGHT.

Artistes de la collection communale:

Sonia ABELOOS, Alphonse ASSELBERGHS, Constantin MEUNIER, Victor FONTAINE, Maurice LANGASKENS, Charles LEBON, Simone LIENARD, Jacques MADYOL, Irène MINNE, Oswald POREAU, Eugène VERBOECKHOVEN

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Jacques Charlier, Jacques Lizène, Hahaha. L’humour de l’art, ING Art Center, Bruxelles

Jacques Lizène et Jacques Charlier participent à l’exposition Hahaha. L’humour de l’art. Du 15 septembre 2021 au 16 janvier 2022 à l’ING Art Center, place Royale à Bruxelles.

Cette exposition lève le voile sur le rôle de l’humour dans les révolutions artistiques de la fin du 19e siècle à nos jours. De la Great Zwanz Exhibition (1885) au Dadaïsme, de l’âne « Lolo » aux readymade de Marcel Duchamp, de Man Ray à Marcel Broodthaers, du chantant John Baldessari aux œuvres à jouer de Wim Delvoye, Hahaha prend l’humour au sérieux ! L’exposition est une collaboration unique entre KANAL-Centre Pompidou, le Centre Pompidou et ING Belgique. Elle permet de révéler certaines œuvres sous un nouvel angle et de découvrir des œuvres du Centre Pompidou qui n’ont peu ou jamais été exposées en Belgique. Hahaha. L’humour de l’art se déroulera du 15 septembre 2021 au 16 janvier 2022.

L’exposition montrera un ensemble d’œuvres tout à fait remarquable parmi lequel l’emblématique Fontaine,l’urinoir renversé de Marcel Duchamp. Ce formidable canular a révolutionné le monde de l’art en 1917 lorsqu’il a été présenté au Salon de la Société des artistes indépendants de New York pour tester l’ouverture d’esprit autoproclamée de son jury. Fontaine sera refusée mais jouera un rôle majeur dans l’histoire de l’art du 20e siècle. Duchamp est sans doute le premier artiste à faire du canular une pratique artistique à part entière, comme en témoigne après lui Piero Manzoni et sa Merde d’artiste, mais aussi les farces de Bertrand Lavier, Maurizio Cattelan ou Wim Delvoye. En dépit de sa portée incontestable, l’humour a été réduit à une présence fantôme dans les textes qui composent le grand récit moderniste. En s’appuyant sur le rire, les champions de l’humour issus de l’avant-garde en ont fait un des principaux moteurs de la modernité. Hahaha s’attache à rendre au rire sa place dans l’histoire de l’art moderne et contemporain, écrit Nicolas Liucci-Goutnikov, commissaire de l’exposition.

Hahaha. L’humour de l’art  s’articule autour de sept thèmes : les caricatures, le jeu de mots, les joujoux (œuvres-jouets), le canular, la parodie, la dérision et les artistes-bouffons. Le parcours rassemble plus de 200 œuvres et permet de découvrir comment les artistes ont porté sur l’art un regard démythificateur. Anne Petre, responsable de l’art chez ING en Belgique: L’humour et l’art ont en commun un langage imagé avec ce grand atout qu’est l’ouverture sur l’autre, une des grandes valeurs défendues par ING. La Belgique a depuis toujours cultivé l’humour et la dérision. Nombreux sont les artistes perturbateurs tels René Magritte, Jacques Charlier ou Marcel Mariën. C’est pourquoi, en sus des œuvres issues des collections du Centre Pompidou qui forment la majorité de l’exposition, nous avons intégré des œuvres d’artistes belges incontournables et collaboré avec certains d’entre eux comme Guillaume Bijl ou Wim Delvoye.

ING Art Center, Place Royale 6, 1000 Bruxelles

TO BE IN THE KNOW, IAN WILSON, 1976

C’est à partir de la fin des années 1960 à New York au contact d’artistes qualifiés de conceptuels comme Joseph Kosuth, Robert Barry ou Lawrence Weiner avec lesquels il eut de nombreux échanges, que Ian Wilson développe un travail essentiellement basé sur l’utilisation du langage. En 1968, l’ une de ses premières pièces a consisté à prendre le mot temps, pendant toute la durée de l’année en cours, comme objet de recherche. Ainsi, allant à un vernissage dans une galerie, si quelqu’un lui demandait ce qu’il faisait en ce moment, il répondait qu’il était intéressé par le mot temps. Pour Ian Wilson, explique Ghislain Mollet-Viéville, l’art conceptuel prend les principes de l’abstraction visuelle pour les appliquer au langage qui lui semble le moyen d’expression le plus informel. Sa volonté de décrire des concepts sans référence physique ou visuelle l’amène à avoir pour point de départ le connu et l’inconnu. Ainsi peut-on lire dans la  Section 22, 9 feuilles tapuscrites, datées de 1978 : The unknown is known as unknown. That character of it that is known as unknown is known.  Sur le carton d’invitation de la Discussion que Ian Wilson tient au Van Abbemuseum d’Eindhoven, le 3 juin 1983, on peut lire : that which is both known and unknown is what is known that which is both known and unknown is not known as both known and unknown whatever is known is just known. I. Wilson souligne qu’il n’est pas un poète et qu’il considère la communication orale comme une sculpture; il l’affirme plus clairement encore dans les discussions avec des interlocuteurs divers qu’il organise en les préparant à partir de 1972. Aucun enregistrement ni aucune prise de notes ne sont autorisés au cours de ces échanges qui se déroulent en un temps limité (généralement une heure) et avec une assistance restreinte. Un certificat signé par l’artiste atteste que la pièce a bien été réalisée. L’absolu, sa définition et sa quête, sont bien souvent au cœur des échanges. En réduisant l’art à sa dimension verbale –  tout art est information et communication, avance I. Wilson qui confirme avoir choisi de parler plutôt que de sculpter – l’artiste évite l’assimilation de la création à la fabrication d’un objet, ouvrant alors la voie à ce qui, en 1968, a été qualifié par Lucy R. Lippard et John Chandler de dématérialisation de l’œuvre, phénomène marquant, selon eux, l’art de l’époque. Le concept mis en place par Ian Wilson, continue Ghislain Mollet-Viéville, se veut séparé de la connaissance du monde extérieur pour mieux se concentrer sur lui-même. Ce qui lui parait important à travers ses discussions c’est la prise de conscience que l’on est et que cette connaissance sans dimension ni forme, aille au delà de l’espace et du temps pour traiter non pas de l’idée en tant que tel mais du degré d’abstraction de cette idée.

Les Discussions que l’artiste new-yorkais tient dans les musées, les galeries ou chez les particuliers sont évidemment du pain béni pour Jacques Charlier, qui croque Ian Wilson en 1976. Et l’on remarquera le parallèle qui existe entre les Photos – Sketches et cette série de dessins consacrés à l’artiste new-yorkais. Une suite en six planches, comme un Dessins – Sketch,  qui, d’abord, contextualise la Discussion à venir (la carafe, le verre d’eau du conférencier). Ian Wilson, ensuite, se concentre, se mesure et, Socrate des Temps Conceptuels, semble plonger dans sa propre pensée, Le verbe enfin, la parole,  The Know en premier, The Unknow pour suivre, enfin la  Discussion, comme une logorrhée. Jusqu’au moment où l’un des spectateurs invisibles intervient et demande à l’artiste : Why do you look right and left before you cross a street ? Moment d’affolement et d’interrogation dans le regard de Wilson qui finit par répondre : Yes ! That’s really a good question ! Le voilà qui redescend des cimes absolues, avant de traverser la rue. A nouveau, il y a bien des choses derrière le stéréotype qui déclenche le rire, ce sens commun entre rire et sérieux, le sérieux de Wilson, le sérieux et le rire de Charlier. L’humour justement associe toujours le sérieux au comique. Et l’art de Wilson est le principe même d’une démarche très sérieure, pas même Charlier n’en doute. Mais celui-ci sait que rire de se prendre au sérieux, c’est prendre au sérieux ce rire démystificateur.

Art auto-publicitaire, 1975. « Collectionneurs avertis, il vous faut acquérir un Lizène d’art médiocre pour mettre en valeur par opposition vos tableaux de maîtres et votre mobilier de qualité »

COLLECTIONNEURS, …. 1975, EN REMAKE.

Section publicité. Depuis 1975, Jacques Lizène pratique l’ art auto – publicitaire (comme il assure d’ailleurs également son auto – historicité) et son slogan fait date :Collectionneurs, il vous faut acquérir un Lizène d’art médiocre pour mettre en valeur, par opposition, vos mobiliers de qualité et vos tableaux de maître, 1975, art auto – publicitaire.  Dès 1976, le petit maître affine ce discours promotionnel et se commet dans unePeinture Marchandise, Prestige Marchandise, une facétie médiocre, une peinture nulle, unemisère pour nantisur laquelle il indique que L’acheter, c’est créer . Et il ajoute :Cet objet d’art est un modèle valorisant son acquéreur, démontrant ainsi qu’il est possible, oui, de promouvoir des œuvres d’art disqualifiées par leur propre auteur. Fin des années 80, après avoir créé l’art néo déco nul (1987), le Petit Maître envisage d’éditer uncatalogue façon publicitaire (sur une idée de 1975) , traçant deux exemples detoile à photographier près de meubles de qualité . Il n’hésite pas à opérer une découpe spéciale dans sa peinture médiocre, afin de valoriser le meuble d’antiquaire et le siège design posés contre la cimaise. Adepte de la procrastination, il remettra ce projet de catalogue à plus tard et le fera réaliser, en 2004, sous forme de capsule vidéo. On le sait : avec Lizène, la technologie avance, la médiocrité reste. Grand amateur des ressources offertes par la palette graphique (sic), Lizène fait insérer ses propres œuvres dans les univers contrastés d’une galerie d’antiquités et  d’un show-room de mobilier contemporain, tous deux réputés de qualité . On y découvre ainsi le petit maître déambulant, contemplant quelques-unes de ses œuvres dans ces environnements singuliers. La bande son est constituée de discrètes exclamations admiratives sur fond musical, une fois n’est pas coutume, destiné à séduire.

ART SANS TALENT,

Aux côtés de Jacques Charlier, de Jacques Lennep ou de Danièle et Jacques Louis Nyst, sous la férule stimulante de l’émission Vidéographie de la RTBF-Liège ou en dehors, Lizène s’affirme peu à peu comme l’un des vidéastes majeurs du moment, dans la branche plasticienne – et laissant à d’autres la branche militante et socialement engagée du nouveau medium. L’époque, il est vrai – les années 70 – est aux premiers tâtonnements, et la maîtrise très approximative de la technologie de la part du Petit Maître s’accommode fort bien de l’esprit des avant-gardes historiques et de son énergie de défrichage : finalement le non-art vidéo de ce zélateur de la « sans-importance » conjugue « les qualités paradoxales d’un bâclage formel hautement expressif », insistait René Debanterlé, qui décelait d’ailleurs avec justesse, dans I’« expérimental » chez Lizène, un double sens à la fois scientifique (tenter de démontrer – sans se démonter, ajouterait l’autre) et phénoménologique (faire l’expérience de tout ce qui nous tombe sous la paluche – expérience ratée, de préférence, et la paluche désignant par bonheur non seulement la main malhabile, mais aussi un type de petite caméra aujourd’hui disparu et, en argot, un type de masturbation pour sa part toujours très en vogue, youpie).Au sens propre, ce resserrement actif et général sur la personne du créateur peut d’ailleurs être vu comme une conséquence directe de l’Art d’attitude, travaillant dans deux directions opposées : l’affirmation de la présence de l’artiste (ego sum : je joue à l’ego), et la négation de son existence (puisqu’il s’efface, se dilue sans cesse ou s’évanouit dans les plis). Perdues ou abîmées, ou fondues ou collées, ou introuvables, ou parfois tout cela à la fois, la plupart de ces bandes vidéo sont d’ailleurs restées longtemps invisibles … Pas de postérité facile et factice: décidément, un principe, presque une hygiène de vie.

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