Archives par étiquette : Marie Zolamian

Marie Zolamian, Regenerate, Wiels, Bruxelles, ouverture ce 1er mai

Marie Zolamian participe à l’exposition Regenerate, au Wiels à Bruxelles, du 1er mai au 15 août 2021. 

Rassemblant un grand nombre d’artistes, Regenerate offre une vision actuelle à la fois joyeuse, critique, prudente et optimiste, au fil d’œuvres récentes créées par des artistes en Belgique (avec des escapades occasionnelles au-delà des bulles et des frontières).

Explicitement ou implicitement, les œuvres sélectionnées témoignent de la revitalisation que l’art peut offrir. En se concentrant sur des productions récentes, le projet explore ce qui a émergé durant cette période teintée d’imprévisibilité et d’isolement, et analyse comment la pandémie et son impact ont, jour après jour, sculpté nos imaginaires.

Artistes
Cecilia Bjartmar Hylta, Elen Braga, Carlos Caballero, Chloë Delanghe, Bram Demunter, Effi & Amir, Eitan Efrat & Sirah Foighel Brutmann, Helen Anna Flanagan & Josefin Arnell, Eva Giolo, Corentin Grossmann, Tom Hallet, Nokukhanya Langa, Eva L’Hoest, Sandrine Morgante, Camille Picquot, Batsheva Ross, Marie Zolamian

La société humaine fait preuve d’une résilience et d’un pouvoir de régénération remarquables. Après chaque cataclysme, qu’il soit provoqué par l’homme, par la nature, ou (comme c’est souvent le cas) par une combinaison des deux, les communautés se relèvent, se secouent et repartent de plus belle. Un processus de reconstruction qui s’accompagne la plupart du temps de bouleversements, mais la remise à zéro des compteurs engendre également toujours de nouvelles priorités et des schémas comportementaux nouveaux.

De tous temps, les artistes ont été d’excellents baromètres de ces périodes de renouveau, ouvrant la voie en témoignant de nos combats et de notre confusion. Ces derniers mois d’isolement social ont offert l’opportunité de se réévaluer, de se questionner soi-même mais aussi de s’interroger sur les comportements de la société, d’imaginer ce qui pourrait devenir le « nouveau normal ». Pour tout le monde, cela a révélé ce qui était superflu, ce qui était essentiel, même si les conclusions tirées sont loin d’être universelles. Il est trop tôt pour savoir quel type de société émergera de la pandémie de Covid-19 – ou quand elle se calmera au niveau global –, mais WIELS saisit ce moment pour explorer de nouvelles formes de présentation publique.

WIELS propose de partager ses ressources avec de nombreux acteurs de sa communauté artistique, créative et intellectuelle. En tant que centre artistique, le WIELS offre avant tout un espace d’attention publique : aux praticiens, à leurs pratiques et idées. Regenerate vise donc à fournir cette attention sous forme d’une plateforme publique accompagnée d’un soutien financier, intellectuel et logistique pour les pratiques qui ne peuvent compter sur les mécanismes du marché de l’art, de plus en plus instables et de moins en moins fiables. À cette époque où le digital ne cesse de gagner du terrain, WIELS privilégie les rencontres interpersonnelles et avec les œuvres d’art, auxquelles les médias sociaux et les interactions en ligne ne pourront jamais se substituer.

Curatrices : Zoë Gray & Helena Kritis

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Marie Zolamian, Bienvenue, une mosaïque in progress (3)

Une première visite aux ateliers Mosaico di Due, atelier qui réalise la mosaïque dessinée par Marie Zolamian, grand œuvre destiné à accueillir le visiteur au futur musée des Beaux-Arts d’Anvers en voie de rénovation. Les premiers mètres carrés posés que nous découvrons catalogue de la collection du musée en main.  Chapitre III. 

James Ensor, L’étonnement du masque Wouse. Koninklijk Museum voor Schone Kunsten Antwerpen
Pierre Paul Rubens, Sainte Famille et perroquet
Maître de Frankfurt, le peintre et son épouse

Cette carte n’est ici, aux marches du musée, pas n’importe laquelle. Marie Zolamian s’inspire de la carte d’Antwerpen tracée par Virgile Bononiensis en 1565. Colorée à la main, monumentale lithographie imprimée sur vingt feuilles de papier fabriqué à la main – hand made -, cette lithographie est conservée au musée Plantin Moretus, ce haut lieu fondateur de l’histoire de la diffusion du savoir. Ainsi rend-elle indirectement hommage à cet autre Anversois, Abraham Ortelius (1527-1598) qui rassembla les meilleures cartes maritimes et terrestres de son temps, élabora le premier atlas de l’Histoire, son Theatrum Orbis Terrarum, son Théâtre du Monde. Gillis I Coppens de Diest, qui édita la carte de Virgile Bononiensis, imprima les premières éditions, suivi par Christophe Plantin lui-même. Quarante deux éditions de ce best seller cartographique du monde connu se succédèrent entre 1570 et 1612.

Virgile Bononiensis
Conrad Faber von Kreuznach, portrait d’une femme.

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Marie Zolamian, Bienvenue, une mosaïque in progress (2)

Une première visite aux ateliers Mosaico di Due, atelier qui réalise la mosaïque dessinée par Marie Zolamian, grand œuvre destiné à accueillir le visiteur au futur musée des Beaux-Arts d’Anvers en voie de rénovation. Les premiers mètres carrés posés que nous découvrons catalogue de la collection du musée en main.  Chapitre II. 

Abraham Janssens I, Antwerpen 1575 – Antwerpen 1632. Scaldis en Antverpia. Koninklijk Museum voor Schone Kunsten Antwerpen
Gustave Van De Woestyne, Gustave et sa soeur, 1923, Koninklijk Museum voor Schone Kunsten Antwerpen
Copie de : Pieter Bruegel I, Brueghel (Breda) 1526/ 1530 – Brussel 1569. La danse de la mariée. Koninklijk Museum voor Schone Kunsten Antwerpen
Frans Floris I, Antwerpen 1519/ 1520 – Antwerpen 1570. La chute des anges rebelles. Koninklijk Museum voor Schone Kunsten Antwerpen
Clara Peeters, Antwerpen 1594 – Antwerpen 1657, nature morte au poisson. Koninklijk Museum voor Schone Kunsten Antwerpen
Pieter van der Borcht (Mechelen). Allegory on the difficulty to govern a diverse nation, 1578 16th-century 
Jan Brueghel I, Brussel 1568 – Antwerpen 1625. Blazoen van de rederijkerskamer «De Violiere». . Koninklijk Museum voor Schone Kunsten Antwerpen

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Marie Zolamian, Bienvenue, une mosaïque in progress (1)

Une première visite aux ateliers Mosaico di Due, atelier qui réalise la mosaïque dessinée par Marie Zolamian, grand œuvre destiné à accueillir le visiteur au futur musée des Beaux-Arts d’Anvers en voie de rénovation. Les premiers mètres carrés posés que nous découvrons catalogue de la collection du musée en main.

Pieter van der Borcht (Mechelen). Allegory on the difficulty to govern a diverse nation, 1578 16th-century
Dutch engraving depicting a fantastical animal with the heads of various other animals sprouting from its body: an allegory for the difficulty of ruling over a diverse nation. In the background, watching on, can be seen a small mob or leaders, both secular and religious. This work by Antwerp-based artist Pieter van der Borcht the Elder, with its image of a confused and troubled body politic, is perhaps just as relevant now as it was then.

(…)Et puis, il y a cette chimère monumentale, inspirée d’une gravure de Pieter van der Borcht l’Ancien, animal fantastique habité d’une foule de têtes d’autres animaux, bestiaire illustrant « la difficulté de gouverner les peuples ». Redessinée par Marie Zolamian, cette chimère transporte tant d’autres motifs et détails peints par Rubens, Breughel, Ensor, Wouters, Memling, Ziesel, Van Elst ou Delvaux, des masques et des visages, des fleurs et des animaux. Cette chimère – et c’est bien le sens même de son existence – se transforme en paysage mental, entre imagination et représentation. L’enfourcher sera l’occasion de contempler la terre depuis un point merveilleux situé hors d’elle, « comme porté soi-même aux ailes du coursier et survolant joyeux les peuples et la terre », pour reprendre les mots du poète L’Arioste. Oui, entrer au musée, c’est survoler la carte et son territoire façon Borgès, embrasser le monde d’un coup d’œil, se fondre enfin, au territoire, cheminant de salle en galerie, saisissant tout par le détail, dans la simultanéité, le passé, le présent et l’avenir, mais aussi tous les possibles.(…) (JMB)

Gustave Van De Woestyne, Gustave et sa soeur, 1923, Koninklijk Museum voor Schone Kunsten Antwerpen
James Ensor, Peintre squelette, 1896, Koninklijk Museum voor Schone Kunsten Antwerpen
Hans Memling (Seligenstadt 1423/ 1443 – Brugge 1494), Anges jouant des instruments de musique, Koninklijk Museum voor Schone Kunsten Antwerpen
James Ensor, Nature morte aux chinoiseries, 1906. Koninklijk Museum voor Schone Kunsten Antwerpen
René Magritte, Le Cap des Tempêtes, Koninklijk Museum voor Schone Kunsten Antwerpen
Constant Permeke, L’Heure des Vêpres, 1927 Koninklijk Museum voor Schone Kunsten Antwerpen
Paul Delvaux, les arches roses, Koninklijk Museum voor Schone Kunsten Antwerpen

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Un automne à dess(e)ins, les images (2)

Marie Zolamian
Est-Ouest-Sud-Nord, 2017
huile sur toile sur panneau,  31 x 43 cm
Marie Zolamian
Sans titre, 2015
Gouache sur papier d’après Peter Van der Borcht, « Allegory on the difficulty to gouverne a diverse nation »
Marie Zolamian
Sans titre, 2015
Gouache sur papier d’après Peter Van der Borcht, « Allegory on the difficulty to gouverne a diverse nation »
Raphaël Van Lerberghe, Entrefilets,2020
Deux doigts vus, 2020
Crayon noir sur papier, 59,4 x 84,1 cm
Avec ou sans, 2020
Crayon noir sur papier, 59,4 x 84,1 cm
Feuille, 2016
Crayon noir sur papier, 59,4 x 84,1 cm
Derby de choc, 2020
Impression jet d’encre, 21 x 29,7 cm
Sans titre (ara), 2016
Crayon noir sur papier, 59,4 x 84,1 cm (recto/verso)
 
Benjamin Monti, sans titres, encre de chine sur papier, 29,7 x 21 cm
Benjamin Monti, sans titres, encre de chine sur papier, 29,7 x 21 cm
Benjamin Monti, sans titres, encre de chine sur papier, 29,7 x 21 cm
Marie Zolamian, Bienvenue, technique mixte et dimensions variables, 2017-2020
Marie Zolamian, Bienvenue, technique mixte et dimensions variables, 2017-2020
Emilio Lopez Menchero, Phylactère (modèle pour Art Public à Liège), plâtre 2020, Phylactère jouant de son ombre, encre sur papier  2020

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Marie Zolamian, une mosaïque pour le Musée Royal des Beaux Arts d’Anvers (KMSKA), premières images

A l’occasion d’une visite du Ministre de la Culture de la Région flamande aux ateliers Mosaico di Due, atelier qui réalise la mosaïque dessinée par Marie Zolamian, grand œuvre destiné à accueillir le visiteur au futur musée des Beaux-Arts d’Anvers en voie de rénovation, le musée communique sur l’état d’avancement de cette réalisation.  Sur le site du musée d’une part, et par la diffusion d’un premier dossier de presse (voir extrait ci-dessous).  Quelques premières images surgissent enfin. Les voici également.

Rappelons que Bienvenue occupera une surface de 76 mètres carrés et pèsera trois tonnes. La mosaïque est composée de plus de 60 sortes de marbre de diverses provenances, mais essentiellement de Carrare, ainsi que de verre de Murano. Soit quelques  480.000 tesselles. Assemblée en atelier, elle sera posée in situ dans le courant de l’année 2021. Le nombre d’heures de mise en oeuvre afin de la réaliser est estimé à 60.000. C’est la plus grande mosaïque européenne de ces 20 dernières années.

Actuellement, à la galerie, il vous est possible de découvrir un ensemble de dessins et documents qui ont jalonné la recherche de l’artiste.

Le Communiqué du Musée :

FR.

(…) La mosaïque située en haut des escaliers devant l’entrée du musée a été remplacée par une nouvelle en 1977, à l’occasion de l’année Rubens. Basée sur un dessin original, et posée sur du béton. Elle ne peut être restaurée car les tesselles sont ancrées dans le béton. Ceci a ouvert la voie à une idée audacieuse : et si, cette fois, nous options pour un nouveau projet ? Marie Zolamian (Beyrouth, 1975) a été choisie pour proposer un concept original. Elle peint généralement à petite échelle, bien qu’elle ait également réalisé quelques projets monumentaux. C’est sa première mosaïque et c’est la plus grande mosaïque artistique européenne de ces 20 dernières années.
Marie Zolamian a étudié les arts visuels à l’Académie royale de Liège et à La Cambre à Bruxelles. Cette artiste aux racines arméniennes est fascinée par la mémoire, l’héritage et la tension entre la réalité et l’imagination. Dans sa conception de la nouvelle mosaïque du KMSKA, tous ces intérêts se rejoignent. Zolamian a cherché l’inspiration dans tout le musée, du bâtiment à ses collection, et bien sûr dans sa longue histoire. Peu à peu, elle a rassemblé une sélection d’œuvres qui l’attiraient instinctivement, afin de les réunir en un tout homogène. Zolamian appelle sa création un tapis de bienvenue, un grand puzzle de pièces de la collection, avec des têtes, des insectes, des mains, des couronnes. Les visiteurs avertis seront immédiatement informés de ce qui les attend dès qu’ils franchiront les portes du musée.
Pour le concept global de la nouvelle mosaïque, Marie Zolamian fait appel à l’héraldique anversoise. Tant les armoiries actuelles de la ville d’Anvers que l’écu attribué par Napoléon en déterminent les éléments essentiels : le château ou la tour, les mains et les abeilles. Zolamian a recherché ces trois éléments, ou ce qu’ils symbolisent, dans la collection. La tour se voit attribuer une place dans le dessin, symbolisée par la Tour de Babel de Jan Brueghel I, ou au sens figuré, comme symbole de la ville d’Anvers ou du gouvernement. Il n’y a pas d’abeilles dans la collection du musée : Marie Zolamian compense leur absence par l’introduction de nombreuses fleurs.
Deux pièces ne font pas partie de la collection du KMSKA, mais sont essentielles pour l’artiste : un plan d’Anvers de 1585 (Museum Plantin-Moretus) et l’estampe Allégorie de la difficulté à gouverner Pieter Van Der Borcht (Rijksmuseum Amsterdam). En plus de relier la ville et le musée, ces images donnent à Zolamian l’occasion de fusionner des parties séparées de manière homogène.
C’est le renommé atelier belge Mosaico di Due qui transforme cette composition en une peinture en pierres. Pour préparer sa création, Marie Zolamian s’est plongée dans le monde merveilleux de la mosaïque, soutenue par Gino Tondat et Sarah Landtmeters de Mosaico di Due; ils se sont tous les trois rendus dans les carrières de marbre de Carrare pour sélectionner sur place les couleurs et les types de marbre. Cela a permis à Marie Zolamian de mieux prendre en compte les possibilités et les limites du travail avec des matériaux qui ne sont pas disponibles dans toutes les couleurs. Oui, il y a des limites. Ainsi, Marie Zolamian découvre à Carrare combien il y a de nuances de blanc. Mosaico di Due utilise également du verre coloré lorsqu’une certaine couleur n’est pas disponible dans la nature et qu’elle est pourtant importante dans le dessin. Les mosaïstes utilisent également les veines spécifiques du marbre de façon inventive. Grâce aux veines, ils peuvent faire apparaître des ombres, des plis dans les vêtements ou des nuances de couleur. Cela crée de la profondeur et leur permet de modeler des figures, presque comme un peintre.

NL.

De mozaïek die boven aan de trappen voor de museumingang ligt, werd in 1977, voor het Rubensjaar, vervangen door een nieuwe. Gebaseerd op het oorspronkelijke ontwerp, en gelegd op beton. De mozaïek kan niet zomaar gerestaureerd worden, omdat de steentjes verankerd zijn in het beton. Hierdoor lag de weg vrij voor een gedurfd idee: wat als we deze keer opteren voor een nieuw ontwerp? De keuze viel op Marie Zolamian (Beiroet, 1975) om een origineel concept uit te denken. Meestal schildert ze op kleine schaal, al realiseerde ze ook al enkele monumentale projecten. Het is wel haar eerste mozaïek. Het is meteen het grootste Europese kunstmozaïek van de laatste 20 jaar.
Marie Zolamian studeerde beeldende kunst aan de Koninklijke Academie van Luik en La Cambre in Brussel. Deze kunstenares met Armeense roots is gefascineerd door geheugen, erfgoed, en het spanningsveld tussen realiteit en verbeelding. In haar ontwerp voor het nieuwe mozaïek van het KMSKA vloeien al deze interesses samen. Zolamian zocht inspiratie in het volledige museum, van gebouw tot collectie, en natuurlijk zijn lange geschiedenis. Beetje bij beetje bracht ze een selectie werken bij elkaar die haar instinctief aantrokken. Om ze dan te verenigen tot een homogeen geheel. Zolamian noemt haar creatie een welkomsttapijt in steentjes, een grote legpuzzel aan onderdelen uit de collectie, met hoofden, insecten, handen, kronen. Alerte bezoekers krijgen meteen een introductie in wat hen te wachten staat eens ze de deuren van het museum binnenstappen.
Voor het totaalconcept van de nieuwe mozaïek vertrekt Marie Zolamian van de Antwerpse heraldiek. Zowel het huidige wapenschild van de stad Antwerpen als het schild toegekend door Napoleon bepalen de kernelementen: de burcht of toren, handen én bijen. Zolamian zocht in de collectie naar deze drie elementen, of wat ze symboliseren. De toren kan daarbij letterlijk een plek krijgen in het ontwerp, zoals De toren van Babel van Jan Brueghel I, of figuurlijk, als symbool voor de stad, Antwerpen of bestuur. Het gebrek aan bijen in de collectie compenseert de kunstenares door bloemen te gebruiken.
Twee onderdelen komen niet uit de KMSKA-collectie, maar zijn voor de kunstenares essentieel: een plan van Antwerpen uit 1585 (Museum Plantin-Moretus) en de prent Allegorie op de moeilijkheid van het besturen van Pieter Van Der Borcht (Rijksmuseum Amsterdam). Behalve dat ze stad en museum verbinden, verschaffen deze afbeeldingen Zolamian de mogelijkheid om aparte onderdelen homogeen samen te voegen.
Het vermaarde Belgische mozaïekatelier Mosaico di Due zet het ontwerp om van collage en tekening tot een schilderij in steentjes. Ter voorbereiding van haar creatie, dompelde Marie Zolamian zich onder in de wondere wereld van de mozaïek, gesteund door Gino Tondat en Sarah Landtmeters van Mosaico di Due. Met z’n drieën trokken ze naar de marmergroeven van Carrara om ter plaatse kleuren en soorten marmer te selecteren. Zo kon Zolamian beter rekening houden met de mogelijkheden en beperkingen van werken met materiaal dat niet in elke kleur beschikbaar is. Hoewel, beperkingen. Marie Zolamian ontdekt in Carrara hoeveel tinten wit er wel niet bestaan. Mosaico di Due gebruikt ook gekleurd glas als een bepaalde kleur niet voorhanden is in de natuur en die toch belangrijk is binnen het ontwerp. De mozaïekleggers weten bovendien ook de aders eigen aan marmer inventief te gebruiken in het ontwerp. Dankzij de aders kunnen ze schaduwen weergeven, plooien in kleding of kleurnuances. Zo ontstaat diepte en kunnen ze figuren modeleren, bijna zoals een schilder. Het van nature eerder vlakke medium wordt er veel levendiger door.

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Marie Zolamian, Un Automne à Dess(e)ins, Bienvenue (3)

Marie Zolamian
Sans titre, 2015
Gouache sur papier d’après Peter Van der Borcht, « Allegory on the difficulty to gouverne a diverse nation »
Marie Zolamian
Sans titre, 2015
Gouache sur papier d’après Peter Van der Borcht, « Allegory on the difficulty to gouverne a diverse nation »
Marie Zolamian, Bienvenue, technique mixte et dimensions variables, 2017-2020 (détail)
Marie Zolamian, Bienvenue, technique mixte et dimensions variables, 2017-2020 (détail)
Marie Zolamian, Bienvenue, technique mixte et dimensions variables, 2017-2020 (détail)

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Marie Zolamian, Un Automne à Dess(e)ins, Bienvenue (2)

Marie Zolamian, Bienvenue, technique mixte et dimensions variables, 2017-2020
Marie Zolamian
Est-Ouest-Sud-Nord, 2017
huile sur toile sur panneau,  31 x 43 cm
Marie Zolamian
Sans titre, 2019
Huile sur toile sur panneau, 32 x 26 cm
Croquis à échelle 1/1 réalisé in situ afin d’envisager les questions d’échelle. La tour de Babel de Breughel dans la barque du pêcheur de James Ensor.
La carte d’Antwerpen tracée par Virgile Bononiensis en 1565. Colorée à la main, monumentale lithographie imprimée sur  vingt feuilles de papier fabriqué à la main – hand made-, cette lithographie est conservée au musée Plantin Moretus, ce haut lieu fondateur de l’histoire de la diffusion du savoir. 
inspiré d’une mosaïque de Ravenne
inspiré d’une mosaïque de Ravenne
inspiré d’une mosaïque de Ravenne
inspiré d’une mosaïque de Ravenne, Saint Appolinaire
inspiré par  la mosaïque nilotique de Palestrina ou de Préneste

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Marie Zolamian, Un Automne à Dess(e)ins, Bienvenue (1)

Tandis que les mosaïstes Gino Tondat et Sarah Landtmeters s’activent dans leur atelier, assemblant peu à peu des milliers de tesselles soigneusement choisies  au cœur des carrières de Carrare, Marie Zolamian compile une somme de dessins et documents qui ont accompagné sa réflexion au fil de la conception de cette monumentale mosaïque destinée à accueillir le visiteur au KMSKA, le musée royal des Beaux-Arts d’Anvers. Le musée anversois est, en effet, actuellement en pleine rénovation, un chantier titanesque entamé en 2011, mené par le bureau Kaan Architecten de Rotterdam. Marie Zolamian s’est vu confiée la mission de créer une nouvelle mosaïque pour le péristyle extérieur du musée, sous la grande colonnade de l’entrée principale donnant sur la place Léopold De Wael, une surface de plus de 70 mètres carrés, une première du genre pour l’artiste qui, dès lors, s’est plongée entre les muses, le musée et l’art de la mosaïque. Aujourd’hui, elle cite volontiers le De Ordine de Saint Augustin qui constate que l’accidentel, l’imprévisible, voire l’absurde semble régner sur l’univers, mais que ce chaos devient composition ordonnée pour celui qui sait regarder le système du monde avec un certain recul. L’art de la mosaïque devient alors un dialogue de l’un et du multiple. Tel est son paradoxe : paradoxe de l’unité malgré la fragmentation, de la cohérence de l’ensemble à partir de l’individuel et d’un ordre savamment caché derrière la monotonie apparente des alignement de tesselles. « Mon projet, explique Marie Zolamian, s’apparente à une grande tapisserie posée au sol dont le déroulement temporal et géographique renvoie à la fonction de l’édifice, reflétant l’intérieur à l’extérieur ; comme une introduction au musée. Elle appartient à notre époque qui brasse des histoires et informations en provenance de divers horizons, sans hiérarchie de styles ou de genres. L’histoire y est évoquée comme une suite de combinaisons, faite de conquêtes et progrès, d’évolutions et de rencontres. C’est un voyage dans l’histoire de l’art, combinant l’art de la mosaïque, de la tapisserie et de la peinture, préfigurant un message humaniste de la rencontre et de la célébration du mélange, de l’hybridation, des croisements et du vivre ensemble. Je l’appelle pour le moment Tapis de bienvenue ». « L’ensemble donne à voir une grande scène similaire à une scène mythologique, une vision paradisiaque, poursuit Marie Zolamian. Son centre est la vue topographique de la ville portuaire abstraite et géométrique, une dentelle monochrome blanche. Nous assistons en direct à son enrichissement intellectuel, artistique et environnemental. Au nord l’ondulation des eaux de l’Escaut est accompagnée par deux phénix d’Ensor, un soleil levant, comme le reflet dans l’eau d’une rosace du plafond du péristyle dont la couleur dorée d’origine a été redécouverte lors de la restauration. Au sud, une végétation sauvage, un paysage exotique foisonnant d’eau, de plantes et de rochers rappelle les mosaïques antiques de l’Afrique du Nord. Les fleurs de ce jardin suspendu à nos pieds sont minutieusement choisies et proviennent de plantes observées lors de mes voyages. Une chimère y embarque l’art, la culture, la création, toute une série de motifs observés dans les collections du musée ».

Préfiguration de cette œuvre monumentale qui sera posée dans quelques mois, Marie Zolamian agence dans un désordre soigneusement choisi, plans, croquis, notes, dessins, esquisses qui témoigne des multiples aspects, points de vue et sources du projet bientôt mené à son terme. Bienvenue.

Marie Zolamian, Bienvenue, technique mixte et dimensions variables, 2017-2020

LA CARTE EST LE TERRITOIRE

« En cet Empire, l’Art de la Cartographie fut poussé à une telle Perfection que la carte d’une seule Province occupait toute une Ville et la Carte de l’Empire toute une Province. Avec le temps, ces Cartes Démesurées cessèrent de donner satisfaction et les Collèges de Cartographes levèrent une Carte de l’Empire, qui avait le Format de l’Empire et qui coïncidait avec lui, point par point ». Ces quelques lignes, profondément métaphoriques, emblématiques même des sciences sociales auxquelles appartient la géographie, rédigées par Suarez Miranda et que reprend Jorge Luis Borgès dans son opus De la Rigueur de la Science me reviennent à l’esprit tandis que je scrute l’esquisse tracée par Marie Zolamian pour le péristyle du Koninklijk Museum voor Schone Kunsten Antwerpen. Oui, la géographie, c’est d’abord de l’imagination, oui la carte portée à l’échelle 1/1 est une utopie, oui, en ce sens, la carte est le territoire même, pour paraphraser le titre du roman de Michel Houellebecq. Elle l’est tant ici, aux portes du Musée, que dans le parcours personnel de l’artiste.

D’origine arménienne, née à Beyrouth au Liban, installée en Belgique, Marie Zolamian pratique un cheminement entre cultures du Nord, civilisations méditerranéennes et traditions orientales, une mise en intrigue de territoires réels et fictionnels, collectifs et personnels. Elle n’a de cesse de vouloir témoigner de l’histoire des autres, abordant les questions d’identité, d’accueil, de mémoire et d’enracinement. Et nous arpentons l’atlas de ses œuvres, erratiquement, sans intention précise, à travers son dédale. C’est là, pour reprendre les mots de Maria Kodama à propos de l’Atlas de Borgès « un prétexte pour enraciner dans la trame du temps nos rêves faits de l’âme du monde ».

Cette carte n’est ici, aux marches du musée, pas n’importe laquelle. Marie Zolamian s’inspire de la carte d’Antwerpen tracée par Virgile Bononiensis en 1565. Colorée à la main, monumentale lithographie imprimée sur  vingt feuilles de papier fabriqué à la main – hand made-, cette lithographie est conservée au musée Plantin Moretus, ce haut lieu fondateur de l’histoire de la diffusion du savoir. Ainsi rend-elle indirectement hommage à cet autre Anversois, Abraham Ortelius (1527-1598) qui rassembla les meilleures cartes maritimes et terrestres de son temps, élabora le premier atlas de l’Histoire, son Theatrum Orbis Terrarum, son Théâtre du Monde. Gillis I Coppens de Diest, qui édita la carte de Virgile Bononiensis, imprima les premières éditions, suivi par Christophe Plantin lui-même. Quarante deux éditions de ce best seller cartographique du monde connu se succédèrent entre 1570 et 1612.

Le Musée lui-même, ce haut lieu de la conservation, d’étude et de diffusion de l’art, de la culture, de leurs histoires intimement liées, n’est-il pas également Théâtre du Monde? Il est au cœur de la ville ceinte de ses remparts ; y entrer, en sortir, c’est franchir l’Escaut. Il fut et reste au cœur de tous les réseaux, lieu de rencontre, de conviction, et de dialogue où les arts et les sciences se renforcent mutuellement. Le plan d’Antwerpen, stylisé par Marie Zolamian, fin réseau de places, de rues et des artères de la ville, est enraciné dans l’histoire de la cité scaldienne comme il nous catapulte au creux même de l’ère du numérique.

Et ce plan est au cœur du monde, inscrit dans une nature foisonnante, à la fois locale et exotique, un tapis végétal, au croisement des arts de la mosaïque, cette haute tradition antique et méditerranéenne, de la tapisserie – que l’on évoque le domaine de la lice, les riches ateliers de nos régions ou le raffinement persan de l’art du tapis -, ainsi que de la peinture, ici, bien sûr, si richement omniprésente. Marie Zolamian y glisse de nombreux motifs, des mains entre autres, référence à la légende fondatrice de Brabo, à l’étymologie du nom de la ville, à son héraldique également, de gueules au château à trois tours ouvertes crénelées d’argent, ajourées et maçonnées de sable, la tour du milieu accompagnée en chef de deux mains appaumées, celle à dextre en bande, celle à senestre en barre, toutes les deux d’argent. Sur mode allégorique, Marie Zolamian s’inspire du patrimoine conservé par le musée, scrute les tableaux et en extrait des mains protectrices, des mains en prière, des paumes ouvertes, des détails infimes qu’elle emprunte à Lucas Cranach l’Ancien, à Frans Floris, au Maître de Frankfurt, à Marinus Van Reymerswale, à Conrad Faber von Kreuznach, à la Sainte Thérèse d’Avila de Gerard Seghers, à la Madone de Jean Flouquet, entourée de ses séraphins et chérubins, au pasteur Eleazar Swalmius peint par Rembrandt ou encore à la Lady Godiva représentée par Jozef Van Lerius. Il y a là même la main de Rik Wouters. Et une mouche qui a quitté la coiffe de l’épouse du Maître de Frankfurt pour voleter aux portes du musée.

Cette cartographie fantasmée du musée et de ses collections s’onirise d’autant plus sur la partie droite de la mosaïque conçue comme un vaste triptyque posé au sol. Oui, dans ce voyage à la découverte de l’art, on peut embarquer avec le rameur de James Ensor, même si la tour de Babel de Jan Breughel a été déposée au fond de la frêle embarcation, même si l’éléphant blanc mendiant de Rembrandt Bugatti danse sur la proue de la barque, défiant toutes les lois physiques de l’équilibre. Et puis, il y a cette chimère monumentale, inspirée d’une gravure de Pieter van der Borcht l’Ancien, animal fantastique habité d’une foule de têtes d’autres animaux, bestiaire illustrant « la difficulté de gouverner les peuples ». Redessinée par Marie Zolamian, cette chimère transporte tant d’autres motifs et détails peints par Rubens, Breughel, Ensor, Wouters, Memling, Ziesel, Van Elst ou Delvaux, des masques et des visages, des fleurs et des animaux. Cette chimère – et c’est bien le sens même de son existence – se transforme en paysage mental, entre imagination et représentation. L’enfourcher  sera l’occasion de contempler la terre depuis un point merveilleux situé hors d’elle, « comme porté soi-même aux ailes du coursier et survolant joyeux les peuples et la terre », pour reprendre les mots du poète L’Arioste. Oui, entrer au musée, c’est survoler la carte et son territoire façon Borgès, embrasser le monde d’un coup d’œil, se fondre enfin, au territoire, cheminant de salle en galerie, saisissant tout par le détail, dans la simultanéité, le passé, le présent et l’avenir, mais aussi tous les possibles.

Jean-Michel Botquin

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