Archives par étiquette : Pol Pierart

Exercices de Styles, vernissage ce samedi 13 décembre à 18 h

Rachel Laurent, Manège

La galerie Nadja Vilenne a le plaisir de vous inviter au vernissage de l’exposition collective

EXERCICES DE STYLES

Une exposition collective avec :
Eleni Kamma, Sophie Langohr, Rachel Laurent, Jacques Lizène, Capitaine Lonchamps, Emilio Lopez-Menchero, Benjamin Monti,
Sébastien Plevoets, Pol Pierart, Valérie Sonnier, Jeroen Van Bergen, Marie Zolamian

Vernissage le samedi 13 décembre 2014 à 18 h.
Exposition du 14 décembre 2014 au 31 janvier 2015. La galerie sera fermée du 21 décembre au 5 janvier

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Paul Pierart, Capitaine Lonchamps, Vue de l’Esprit, BIP 2014, Liège

LOGO_BIP2014

Dans le cadre de la 9e biennale de la photographie à Liège, BIP 2014, Pixels of Paradise, Capitaine Lonchamps et Pol Pierart participent à l’exposition : Vue de l’Esprit.

Présentée à la Maison Renaissance de l’Emulation et au Cercle des Beaux-Arts voisin, l’exposition Vues de l’Esprit est un projet de l’asbl Les Brasseurs – Art Contemporain (commissariat : Emmanuel d’Autreppe, Dominique Mathieu, Yannick Franck).

Outil par excellence, depuis ses origines, de la retranscription du réel – ou du moins de la transcription du visible –, la photographie a toujours entretenu une fascination et mêmes d’évidentes affinités avec ce qui la dépassait, lui échappait : l’invisible. La photographie a d’emblée oscillé entre deux pôles, finalement moins contradictoires que complémentaires : le positivisme et certaines formes, parfois élaborées, de « pensée magique ». Voir mieux, voir « entre », voir plus loin, plus près, au travers ou au-delà : la soif de voir de la photographie était inextinguible et, en soixante ans d’existence (1840-1900), elle accompagnait sans cesse de nouveaux usages, des perfectionnements techniques, des croyances inédites. La fin du XIXe siècle cherchera à capter les auras et les fluides, les ondes et les pensées, les états-limites, le paranormal, les images mentales

Surfant sur le succès crédule et mondain du spiritisme et de l’occultisme, la photographie spirite, quant à elle, profitera des accidents du hasard et des imprévus de la technique pour entretenir avec l’au-delà des liens prétendument privilégiés, faisant apparaître les fantômes, s’élever les tables et les âmes, s’allumer les ombres…

Nombre de travaux actuels, qu’ils réfèrent explicitement ou non aux essais historiques en la matière, continuent de s’intéresser à cet invisible qui toujours bordera la photographie, à ces croyances obscures ou lumineuses qu’elle perpétue en son sein, à la capacité de l’image, par transfert argentique ou numérique, à nous mettre en contact avec « l’âme humaine » ou avec les mystères du magnétisme psychique… Il s’agit alors d’envisager la photographie aussi et peut-être avant tout comme image mentale, comme l’expression visuelle d’une forme de pensée, comme le dévoilement du monde par-delà ses « simples » apparences : instrument privilégié d’une introspection ou d’une rêverie, aire de déploiement d’un imaginaire et d’une poésie dont les contours mal définis, de raison en déraison, d’illusion en hallucination, ne cessent d’être repoussés.

Capitaine Lonchamps

A propos de la contribution du Capitaine Lonchamps :

– J’ai le sentiment qu’il y a comme un rituel dans bon nombre des travaux que vous menez. Je pense à cette vidéo que vous avez mise en scène dans une clairière à la tombée de la nuit. Vous y apparaissez assis à même le sol, cagoulé, habillé de noir, mais couvert de neige. Devant vous, une couette enneigée sur le sol et une marmite dans laquelle vous allumez un feu. Et vous semblez prononcer des incantations tandis que le feu grandit. Vous appelez la nuit. Fait extraordinaire, la nuit tombe en effet au fur et à mesure que le temps passe. C’est comme un sorcier indien qui, dansant, réussirait à faire tomber la pluie.

– C’est à peu près cela. (Rires.) Mais je n’ai pas créé ce personnage de Snowman, cagoulé et enneigé, pour me glisser dans la peau d’un chaman ! Au contraire, il y a un côté comique à la chose. Je me souviens d’ailleurs qu’au moment du tournage, j’ai failli prendre feu : mon costume était synthétique et j’étais trop proche de la marmite de feu. Cette vidéo fait partie d’une préoccupation plus ample : ce sont les litanies qui m’intéressent, le fait de répéter sans cesse ce mot « nuit » comme si j’invoquais la nuit elle-même. Il existe aussi une œuvre, seulement sonore, de cette même « nuit », un simple enregistrement sur bande magnétique. Comme j’ai également psalmodié le mot « plâtre » de toutes les façons. C’est assez étonnant ; le mot évoque le blanc, le son va jusqu’à évoquer les croassements de quelque rapace nocturne. Il y a comme une angoisse qui surgit.

Extrait de : Capitaine Lonchamps, Ne Neige pas qui veut, édition L’Usine à Stars, 2008

Nuit, DVD 13.50″. couleurs, son. 1994-96 – 2004

Pol Pierart

A propos de Pol Pierart :

(…) Très singulières, ces photographies le sont tout autant. Ce sont, la plupart du temps, de petites mises en scène, appariant des mots et des objets. Des cartons, des écriteaux, parfois des inscriptions interagissent avec les objets posés dans le champ, voire, lorsque l’artiste quitte l’atelier, avec le paysage urbain ; ils donnent à lire de courtes phrases qui fonctionnent comme des énoncés aphoristiques, des petites sentences péremptoires ; ces courtes phrases résonnent comme des slogans, des lieux communs, des phrases de routine, des truismes proverbiaux ou des annonces publicitaires. Pol Pierart substitue une lettre, un phonème pour un autre, il remplace un mot par un autre qui lui est proche, phonétiquement ou sémantiquement. Il bouscule les isotopies, il cherche une efficacité toute perlocutoire, il détourne et modifie le sens ; plus simplement, il considère le langage comme une pâte à modeler, en toute irrégularité.
Bon nombre de ces courtes affirmations sont en effet des calembours, ces jeux de mots fondés sur une similitude de sons recouvrant une différence de sens. Je repense aux aphorismes de Paul Nougé. « On sait ce que parler veut rire ». « A l’humour à la mort ». « Le jeu des mots et du hasard ». « Il faut penser à travers tout ».
Paul Nougé, en effet, n’est assurément pas loin. Je retrouve dans ses « Notes sur la poésie », publiées dans « Les Lèvres Nues », ce passage sur le langage. Les œuvres de Pol Pierart m’en semblent, en effet, fort proches : « Le langage, estime Nougé, et particulièrement le langage écrit (est) tenu pour un objet, un objet agissant sans doute, c’est à dire capable à tout instant de faire sens, mais un objet détaché de qui en use au point qu’il devient possible dans certaines conditions de le traiter comme un objet matériel, une matière à modifications, à expérience. D’où l’intérêt, tout particulier des jeux qui ont pour élément principal le langage : jeux de mots, devinettes, charades, papiers pliés ; l’intérêt des démarches qui tendent à situer le langage en tant qu’objet, à l’analyser : grammaire, syntaxe, sémantique ; l’intérêt de ses manifestations naïves les plus détachées que puisse admettre le commun des esprits : réclames, anecdotes, fables, apologues ; ou pour mieux dire, là où le commun des esprits en use avec le plus de liberté, avec le seul souci, indépendamment de toute préoccupation d’expression ou de véracité, d’un effet à produire ». Oui, dans l’œuvre de Pol Pierart, le langage est un objet modifiable à la manière d’un objet matériel, un objet très concret, un carton, un écriteau, que Pol Pierart met d’ailleurs en relation avec d’autres objets matériels, un ours en peluche, un petit squelette, un crucifix, des espadrilles, une main, des clous, une mappemonde, un gant, une commode, un miroir, des objets courants et sans prestige, l’effet produit, créateur de sens, n’étant d’ailleurs pas sans conséquences.

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Pol Pierart, Trois fois rien, CRAC Montbéliard

Pol Pierart

Existera
Acrylique sur toile libre, 170 x 223 cm
2003

Cette exposition rassemble des artistes dont les œuvres fonctionnent sur une économie du peu, comme si le moins permettait le plus, tant au niveau des perceptions et des images que des associations qu’ils peuvent provoquer chez le spectateur. Ils nous proposent une poétique de la discrétion et de la modestie qui a pourtant les ambitions les plus grandes : celles de nous faire éprouver des expériences essentielles, dans un silence, une respiration ou l’espace d’un instant ; si on y prête attention. S’y ajoutent, pour une part d’entre eux un humour et une ironie qui sont l’affirmation d’une légèreté recherchée contre la pesanteur des choses ; mais sans oublier que l’humour peut aussi être la politesse du désespoir. Beaucoup de ces artistes viennent d’horizons qui voient se croiser art minimal ou art conceptuel, des mouvements comme Fluxus, les néo-dadaïstes, Support-Surface ou encore BMPT.

(…)

Nous y avons associés des artistes singuliers comme François Bouillon qui travaille toujours avec une économie de moyens extrême et met en forme des fictions très épurées et de petits rituels symboliques, Pol Pierart et ses mots doubles peints, Roberto Elia avec son affection pour l’infra mince, Marie-Claude Bugeaud pour ses petit riens peints qui font images et peintures ou encore Jean-Loup Cornilleau pour ses objets et images fragiles fais de chutes et de bouts de ficelles du réel.

Philippe Cyroulnik

Burkard Blümlein – François BOUILON – George BRECHT – Marie-Claude BUGEAUD – Pierre BURAGLIO – Damien CABANES – Jean-Loup CORNILEAU – Patrick DEKEYSER – Daniel DEZEUZE – Noël DOLLA – Stan DOUGLAS – Roberto Horacio Elia – Isabelle FERREIRA – Robert FILIOU – Pierre-Yves Freund – Fabienne Gaston-dreyfus – Patricio GIL FLOOD – Jean-François GUILON – Jean LAUBE – Lucrecia Lionti – Colombe Marcas iAno – Antoinette Ohannessian – Pol PIERART – Niele Toro ni – Anu TUOMINEN – Richard TUTTLE
Le 19, Centre régional d’art contemporain de Montbéliard
19 avenue des Alliés, 25200 Montbéliard | tel 03 81 94 43 58 | www.le19crac.com
Mardi-samedi : 14h-18h, dimanche : 15h-18h | Le 19 est membre de DCA et TRAC.
Vernissage vendredi 13 septembre à 18h30
14 sept. > 24 nov. 2013

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Jacques Lizène, Pol Pierart, VOUSidENtiTES, L’orangerie, Bastogne

Jacques Lizène

Jacques Lizène, Interrogation génétique 1971, en fun fichier 1993 pour un projet d’internet art, 1996, remake 1997, petit maître d’art médiocre croisé Picasso.

Au fil du temps nous construisons des identités, de la culture, du patrimoine. Directement ou indirectement, cette notion d’identité se retrouve dans les préoccupations des artistes d’hier et d’aujourd’hui. Comment se forgent les identités, qu’elles sont les éléments qui président à l’élaboration de notre patrimoine et à sa mise en visibilité.
L’Orangerie, espace d’art contemporain de Bastogne explore encore cette année la question des collections.
Après avoir proposé « La Belgique dans tous ses états » de la collection du Musée du petit format, puis la collection idéale « Limites multiples » sous le commissariat de Bernard Marcelis , suivie de collectionneurs particuliers interrogés « Mais que cherchent-ils?… » autour du commissaire Michel Clerbois, l’Orangerie propose cette année une exposition regroupant quelques oeuvres significatives d’une collection publique, celle de la Fédération Wallonie- Bruxelles.

Du 7 juillet au 25 août
Parc Elisabeth
Rue Porte Haute
B-6600 Bastogne
Ouvert les mercredi, vendredi, samedi, dimanche de 14h00 à 18h00

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Hommage au défunt MAMAC, Liège

A l’invitation de l’Alpac et d’Une Certaine Gaité, Jacques Lizène, Jacques Charlier, Sophie Langohr, Pol Pierart ont participé ce 4 mai 2013 à l’enterrement du MAMAC, défunt musée d’art moderne et d’art contemporain de la Ville de Liège. Hormis la rénovation du bâtiment, aucun projet d’avenir n’est aujourd’hui précisément esquissé.

Jacques Lizène

Jacques Charlier

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Pol Pierart

Sophie Langohr

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Jaques Lizène, Pol Pierart, words words words, musée en plein air du Art Tilman

Words, words, words. Sous cette phrase tirée d’un dialogue de la pièce Hamlet de Shakespeare, se cache bien des significations et ambivalences. C’est exactement cette non exhaustivité que le Musée a voulu suivre dans la sélection des pièces exposées.
Qu’elles soient abstraites ou figuratives, les œuvres d’art plastique, en deux ou trois dimensions, sont d’abord un jeu d’agencement de formes, couleurs ou volumes. Depuis longtemps cependant, des mots s’y sont glissés, qui jouent de leur présence formelle, des sens et suggestions qu’ils véhiculent, et renforcent, déforment, parfois défaussent, soulignent ou voilent les perceptions plastiques.

Salle d’Exposition du Musée en plein air du Sart Tilman
Centre Hospitalier Universitaire de Liège

Vernissage le jeudi 18 avril à 18h00
Exposition du 19 avril au 24 mai 2013
dans la Verrière Sud – niveau -3
mercredi, jeudi et vendredi de 12 à 16 h, ou sur rendez-vous

Jacques Lizène
Le perçu et le non perçu, 1973. Avant la deuxième prise de vue, il a été retiré un cheveu à la chevelure du personnage photographié… entre la deuxième et la troisième prise de vue, deux cheveux ont été retirés, trois avant la quatrième, quatre avant la cinquième. Peut-être, en fait, n’y a-t-il pas un seul cheveu enlevé à la coiffure de cette jeune personne entre la première et la cinquième prise de vue. Peut-être n’y a t’il qu’une seule prise de vue pour les 5 photographies. Peut-être les cheveux témoins présentés avec ces photos et ce texte sont-ils des cheveux appartenant à une toute autre personne, qui par exemple est, elle, victime d’anormale perte de cheveux. Aieaieaieaieaieaie !
Technique mixte, 1973 – 2011

Pol Pierart
peut être
technique mixte sur papier
26 x 35 cm.
2005

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Pol Pierart, Bouteilles à la mer, la Chataigneraie, Flémalle

« Bouteilles à la mer »

Une double exposition à La Châtaigneraie et au Centre culturel de Marchin

Du 30 mars au 12 mai 2013 – vernissage le vendredi 29 mars à 18h30 à La Châtaigneraie.
Du 25 mars au 21 avril 2013 – vernissage le dimanche 24 mars 2013 de 11h à 18h00 au Centre culturel de Marchin.

Commissariat : Emmanuel d’Autreppe.
A travers une double exposition conçue bord à bord se larguent ici les amarres pour une invitation au voyage au long cours – ou à la trempette prudente.
L’eau, et en particulier le bord de mer, appelle l’homme (un peu moins souvent la femme, parait-il), stimule l’artiste, galvanise le poète, amuse les enfants, enivre les amants, console le solitaire, apaise tous ses fidèles, navigateurs aux prises avec elle ou vacanciers en simple villégiature.
Point de départ et d’arrivée, qui nous dépasse, nous a précédés et nous survivra, la mer, accessoirement, porte aussi les bateaux – véhiculant par là richesse et aventures, petites et grandes histoires, souvenirs d’enfance et clichés tenaces : c’est tout à la fois l’infini des poètes et le lit de la mondialisation, l’éternel incessamment renouvelé, le défi singulier de l’horizon.
La photographie a, de tout temps, entretenu un rapport privilégié avec la mer et avec les paysages humains qui la bordent. Outre une sélection représentative de travaux de photographes qui s’y consacrent spécifiquement, l’expo fait aussi la part belle à des incursions dans la vidéo documentaire, la peinture ou l’installation, mais aussi la photo de famille ou d’amateur, l’objet trouvé ou le clin d’œil, « la cabine de curiosité » qui, au fond de nous, porte, rappelle et murmure, comme une conque précieuse, rêveuse, l’appel impérieux et l’évocation salée du large…

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Sophie Langhor, Capitaine Lonchamps, Pol Pierart, Valérie Sonnier, rétrospective

Une certaine idée de l’image cinématographique est au centre des quatre expositions simultanées que propose la galerie Nadja Vilenne. Valérie Sonnier, professeur aux Beaux Arts de Paris, réalise des films super 8 ayant tous pour sujet une maison familiale, aux étranges mystères indéfinissables. Ses dessins méticuleux, ses peintures prolongent et anticipent son propos et agissent comme une écriture filmique. Capitaine Lonchamps, artiste spadois pataphysicien et neigiste a décidé d’enneiger un ensemble exceptionnel d’anciennes photos des films muets de Louis Feuillade, rendant ainsi hommage à Fantômas et rejoignant ainsi Breton et Aragon, Max Ernst et René Magritte. Pol Pierart produit lui aussi de petits films super 8 où se mêlent humour et noirceur. Ses dessins, peintures et photographies évoquent angoisses existentielles et contradictions humaines en de nombreux jeux de langage, un  continuel sabotage poétique riche de sens. Enfin Sophie Langohr transforme les égéries de la mode et du luxe, retouchant leur icône, comme on retouche les publicités des magazines, jusqu’à les faire ressembler à une série de statues mariales saint sulpicienne conservée au Grand Curtius à Liège. De l’objet culte à l’objet de  culte, le propos est incisif. La transfiguration est stupéfiante et le questionnement fondamental.

Consulter les dossiers propres à chaque exposition et les télécharger en pdf :

– Sophie Langohr
– Capitaine Lonchamps 
– Pol Pierart
– Valérie Sonnier

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Langohr, Lonchamps, Pierart, Sonnier, finissage. Guests : Dominique Castronovo & Bernard Secondini

Capitaine Lonchamps, Sophie Langohr, Pol Pierart, Valérie Sonnier : finissage ce dimanche 3 mars de 15 à 18h.

Guests : Dominique Castronovo et Bernard Secondini, « Il n’y a plus d’histoire. Il n’y a plus rien à vivre », 389 min.

On le sait, paradoxalement, la parole investit le cinéma muet, et pas seulement parce que les acteurs nous donnent à voir de continuelles faces volubiles. La parole ne cesse d’affirmer sa présence au creux de l’image ainsi que dans son intermittence. Ainsi, les nombreuses lettres, cartes de visites, télégrammes, coupures de presse filmés en plan fixe : Louis Feuillade, par exemple, en fera grand usage afin d’expliciter les intrigues dont ses films rendent comptent. Ainsi, de même, ces inter titres, ces sous-titres, ces cartons qui jalonnent les films et qui précisent la narration. Ils consistent en l’intrusion, au cœur d’une succession d’images nécessairement en mouvement, de textes qui constituent une sorte de calligraphie spécifique, créant une alternance qui apparaît comme la transgression d’oppositions diverses : celle du geste et du mot écrit, du mouvement et de la fixité, des différentes « couleurs » du gris et des mots blancs sur un fond noir… Ces cartons anticipent, annoncent, donnent naissance. Il chuchotent et exigent du spectateur une démarche active. Avec le muet, c’est l’œil qui écoute.

Souvent, sachons le pour la petite histoire, ces cartons ont disparus ; et souvent, il a fallu dès lors les reconstituer sur base des synopsis retrouvés dans les archives des maisons de production. Sur les copies, on les a, en effet, coupé, on les a remplacé, on les a traduit en d’autres langues. Le cinéma muet s’exporte bien plus facilement que le parlant. On leur a même donné parfois des accents plus régionaux en fonction du réseau de distribution des films. Et puis surtout, pour d’inévitables raisons d’économie, les techniciens ont souvent moins chargé de nitrate ces endroits spécifiques de la pellicule. Les cartons s’estomperont dès lors plus vite que ne le fera l’image filmique.

Dans leur remake de la saga des dix épisodes des « Vampires » de Feuillade, tournés en 1915 et 1916, film que Castronovo et Secondini titrent « Il n’y a plus d’histoire. Il n’y a plus rien à vivre », les auteurs semblent résolument avoir fait le contraire. Ici, ce ne sont plus que les cartons qui subsistent, l’image s’est, elle, irrémédiablement évaporé. Ainsi, des huit premières minutes du premier épisode – La tête coupée –, il ne reste qu’une image désespérément noire, ponctuée de quatorze cartons qui commentent de façon d’autant plus elliptique une image disparue : – L’action a lieu à Paris vers 1915. – Arrivée matinale dans la place citadine de Philippe Guérande, grand reporter du Mondial. – Le dossier Vampire – On l’a volé. – Mazamette ! – Vous l’avez volé ! – Allez chercher la police ! – L’argent, je comprends, mais le dossier – pourquoi ? Pourquoi ? – Maintenant, M. Guérande, nous y sommes tous les deux, morts ou vifs ! – Monsieur Guérande, le patron veut vous voir – Courrez vite là-bas ! A vos frais ! – Madame Guérande, la mère de Philippe. – Je me souviens que ton père avait un ami d’enfance qui habitait un château près de Saint-Clément-sur-Cher. – En Sologne, au château de la Chesnaye : le docteur Nox. – Mrs Simpson, la multimillionnaire américaine qui désire le château. (…). On l’avouera, le récit touche à l’absurde. Castronovo et Secondini se sont ainsi livré à un long travail d’effacement. Ils ont remplacé les 1920 plans qui constituent l’ensemble des épisodes des « Vampires » de Feuillade par du noir, ne conservant que les 418 cartons qui en constituent la trame textuelle. Le film ne se présente plus que sous la forme de longs plans noirs entrecoupés de cartons, et ce durant 389 minutes exactement. « Des films des années 10, tous les acteurs ont disparus et les lieux aussi, constatent-ils. Il n’y a plus rien, seuls les cartons qui ne veulent plus rien dire ».

« Dominique Castronovo et Bernard Secondini semblent dévider depuis une éternité un interminable ruban : celui de la disparition ou de la dissolution du sens, celui de la mort des images et de leur éternelle renaissance, écrit Emmanuel d’Autreppe. Par leurs extrêmes, la ruine et la profusion se touchent, se confondent. (…) Tout, chez eux, est accumulation, éclatement et remembrement, tout fait farine au moulin du concept (tragique, ironique, souvent les deux), et la puissance de leur acharnement donquichottesque, subtil et monomaniaque égale assurément celle du vent lui-même. Avec la même certitude de se perdre et de perdurer, par-delà l’accumulation et la dissolution des images, par-delà les bribes de signification que nous tentions d’y glaner en plein vol ». On ne peut, vraiment, mieux dire. S’instaure en effet ici, une dialogue de sourd entre le spectateur et ce qui est projeté, parce qu’il n’y a plus rien à voir, parce qu’il n’y a plus qu’à entendre, par intermittence, ce que lit l’œil.

Les 418 cartons des Vampires de Feuillade sont à voir ce dimanche 3 mars en parallèle aux photographies de Feuillade enneigées par le Capitaine Lonchamps.

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