TORERO - TORPÉDO

 

Emilio Lopez-Menchero est un hybride belgo-espagnol. Lorsqu’il enfourche son vélo torero torpédo, vêtu du costume de lumière du toréador, les mains bien appuyées sur les cornes acérées de sa monture, le voici hybride d’Eddy Merckx et de Manolete, rendant hommage à Picasso. La performance le mènera au sommet du col d’Aubisque, cela mérite, sur fond sonore de paso-doble, d’être salué.

 

A propos de sa performance au col d'Aubisque (2007), Emilio Lopez-Menchero écrit :

Les applaudissements du paso-doble me donne un coup de fouet! Je pars, je tiens, j’avance, des voitures me doublent, klaxonnent, puis des motos une à une zigzaguent, accélèrent. Je prends un rythme de croisières…Le paysage s’ouvre et se ferme. Devant moi, camionnette et caméra avancent comme deux fidèles compagnons. Parfois le soleil gifle mon visage. Quelques « Olé Olé ! » motorisés repassent sur ma gauche, je continue, je tiens la pente …Pourtant au bout d’un moment je me sens tenaillé entre deux cadences, celles des paso-dobles, trop rapides, et de la camionnette, trop lente…Ça me déstabilise. À l’horizon, j’aperçois la neige sur quelques pics. Ignorant, je n’en connais pas un, seul l’Aubisque est mon repère. Au bout d’une demi-heure, j’arrive à Eaux-Bonnes. C’est ma première étape. Dans la fontaine, une tête de taureau crache de l’eau…

Je reprends la pédale! Mais la pente commence à s’endurcir, au bout de quelques virages, je souffle, je souffre, je ne regarde que le sol, tout se réduit à l’ asphalte marqué d’une ligne blanche. Elle se tortille sur elle-même, m’entoure. Tout d’un coup, harcelé, j’arrête et pousse les cornes. Mes chaussures de cycliste des sixties me contraignent à de petits pas de danse. Même détaché l’un de l’autre, nous ne faisons qu’un, le taureau et moi. Ses cornes suent dans mes mains. Ça brûle. Un Buñuel me revient en tête, avec des enfants poussant des brouettes à cornes. À un virage, un pré de vaches s’offre à moi ! elles me regardent. Mes cornes répondent, silence …Malgré ma douleur, mes « sabots »  continuent leur clic clic sur le macadam. Les vaches me balayent du regard. Des cyclistes dépassent, en rouge fluo ou drapeau basque. Malgré le côté moins glorieux de ma dégaine, ils semblent m’adopter, « va au sommet, il est unique! ».

 

 

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optimisé pour safari, chrome et firefox  |  propulsé par galerie Nadja Vilenne  |  dernière mise à jour  06.02.2016