Aglaia Konrad, Boeing Over, 2003-2007 photographie NB, tirage sur papier baryté, 75 x 50 cm (framed)   marouflé sur aluminium

BOEING OVER 


"Boeing Over", une appellation aussi lapidaire que le sobre principe dont elles procèdent. Au fil de ses nombreux voyages, cette transhumance continuelle qui tisse son travail, Aglaia Konrad photographie la surface de la terre depuis le hublot du Boeing. Le studio est réduit, les moyens techniques développés des plus économes, l'objet photographié immense. Ce qui apparaît au travers du hublot déterminera ce que la photographie révélera ; c'est là le seul principe de cette série entamée en 1998.

Certes, la photographie aérienne permet d'enregistrer les entités anthropiques et naturelles en constante évolution à la surface de la terre. Elle montre des entités comme les montagnes, les canyons, les déserts ou les basses plaines, les cours d'eau, de la source à l'embouchure ; elle révèle les ressources terrestres comme les lacs ou les forêts ; elle permet de reconnaître les densités de population, l'amplitude des villes. Et pourtant, pour bonne part, les "Boeing Over" échappent à toute tentative d'objectiver ces observations. Elles ne sont que le résultat de l'espace qui fuit sous les ailes de l'avion au moment précis de la photographie. C'est dire que la réalité, j'allais écrire la vérité, des clichés d'Aglaia Konrad commence là où s'affirme l'indiscernable, où le réel s'abstrait. Déjà parce qu'on ne peut les localiser, parce que leur origine topographique, souvent, ne peut plus être déterminée, ces photographies opèrent sur notre oeil une fascinante attraction terrestre. Cette irrépressible attraction que nous avons à vouloir reconnaître et comprendre ce que nous observons, ici cette surface de la terre que l'on distingue à dix milles mètres. La distance entre ce que nous connaissons et ce que nous reconnaissons est peut bien plus considérable