AROUND ART VIDEO 2023

Jacques Lizène

Jacques Lizène (1946-2021) Tentative de dressage d’une caméra Tentative d’échapper à la surveillance d’une caméra, 1971

Jacques Lizène (1946-2021)

Tentative de dressage d’une caméra

Tentative d’échapper à la surveillance d’une caméra, 1971

Portapack Sony transféré et numérisé, NB, son, 2’11.

Production Yellow Now, Liège

Elle est docile la caméra ? Allez, fait le beau, la caméra ! Claquant du doigts, Jacques Lizène tente de dresser une caméra. Couchée, la caméra ! Ensuite, d’un bout à l’autre de l’écran, le Petit Maître, tente d’échapper à la surveillance de cette même caméra. Œuvre à la fois filmique et performative, cette séquence réalisée en 1971 est le troisième film de Jacques Lizène, après Travelling sur un mur (je ne procréerai pas) et Absence de sujet filmé, et témoigne des débuts de l’art vidéo en Belgique. Cette œuvre apprivoise, entre lucidité et maladresse, ce nouveau médium entré dans le champ des arts plastique, elle est aussi d’une grande conscience politique, mettant en jeu la domination des médias, la soumission à l’ordre dominant, le discours sur la servitude volontaire.

 

Jacques Lizène (1946-2021) est artiste plasticien, photographe, vidéaste et chanteur belge, promoteur de l’art nul, se définissant comme petit Maître liégeois de la seconde moitié du vingtième siècle, conceptuel comique, artiste de la médiocrité comme art d’attitude. Il est fondateur de l’Institut d’art stupide, dont il fut le seul membre. Artiste du de l’insuccès et du foirage, maniant l’auto-historicité afin de couper l’herbe sous le pied à toute critique fondée sur le jugement, il n’a eu de cesse de produire des actions branlantes, inintéressantes, vaguement humoristiques, généralement stupides mais toujours ancrées dans une critique radicale du système artistique. Le Traité de décomposition d’Emil Cioran l’a très vite décidé à ne pas procréer (1965) et à subir une vasectomie (1970) qu’il qualifiera de sculpture interne, tentant de concrétiser ainsi son exigence d’improductivité, voire de stérilité. Encore raté ! Jacques Lizène laisse derrière lui une œuvre protéiforme, présente dans de nombreuses collections privée et publiques, tant en Belgique qu’à l’étranger.