John Murphy dog paintings

DOGS PAINTINGS


Le chien apparaît également dans les grands tableaux de Murphy, The Song of the Flesh or The Dog who Shits (Lyra) (1993), A Different Constellation (Lupus) (1994) et The Invention of the Other (Vulpecula) (1994). Sur chaque toile, on aperçoit un chien, l’un détourne le regard, un autre dort et un troisième défèque. Simplifiés en dessins au trait et isolés dans un plan de l’image de couleur brun pâle, les chiens semblent ignorer aussi bien les constellations qui se profilent au-dessus d’eux à une distance incommensurable que le spectateur qui les rencontre dans la salle du musée. Les chiens peuvent être considérés comme des métaphores de l’être humain qui, même dans une quête fébrile de réponses, est et reste lié à son propre corps et à une pulsion de (sur)vie. ( Mélanie Debouttte)


Les chiens de John Murphy marchent, dorment, sont en arrêt, reniflent. Celui-ci a l’attitude la plus triviale, celle d’un chien qui chie. C’est, déclare Murphy, sans une touche d’humour, le chant de la chair sous la lyre, «the song of the Flesch», première partie de ce titre en diptyque. Ce chien déféquant me rappelle ces mots d’Aragon, publié dans le Traité du style : «Faire en français signifie chier. Exemple : Ne forçons pas notre talent, Nous ne fairions rien avec grâce». Déjà en 1978, le critique Michael Newman écrivait à propos des peintures de John Murphy «qu’elles concernaient les limites, les limites entre l’art et la vie, d’une manière qui, pris au sérieux, devient inquiétante. L’art devient alors, ajouta-t-il, le lieu où la solitude, le désir irréalisable et la mort ne peuvent plus être oubliés». Murphy, représentant ce chien dans une attitude somme toute fort naturelle, cherche à nous rappeler que nos vies restent liées à notre environnement physique, peu importe à quel point nous tentons de transcender nos horizons. Certes, pour reprendre les théories de Plotin tout peut-être contemplation. «Ainsi, écrit le philosophe tout dérive de la contemplation, les êtres véritables, et les êtres que ceux-ci engendrent en se livrant à la contemplation et qui sont eux-mêmes des objets de contemplation soit pour la sensation, soit pour la connaissance ou l’opinion». Il n’empêche que nous sommes aussi des être conscients de notre finitude, de nos dualités, de nos limites physiques. N’est-ce pas Giorgio Agamben qui rendant hommage à Gilles Deleuze rappelle cette leçon où, développant la théorie plotinienne de la contemplation, le philosophe déclara : «tout être est une contemplation, oui même les animaux, mêmes les plantes. Sauf les hommes et les chiens qui sont des animaux tristes. Vous direz que je plaisante, que c’est une plaisanterie. Oui, mais même les plaisanteries sont des contemplations…». (Jean-Michel Botquin)

John Murphy

The Invention of the Other (Vulpecula), 1994

Oil on canvas, 264 x 198,5 cm.

John Murphy

A Different Constellation (Lupus) 1994

Oil on linen, 290 x 335 cm

John Murphy

The Song of the Flesh or The Dog who Shits (Lyra), 1993 Oil on canvas, 264 x 198,5 cm.