Valérie Sonnier Galerie Hugier Beaux-Art de Paris

GALERIE HUGIER


Aujourd'hui plus que jamais la galerie Huguier fascine tel un cabinet de curiosités oùs'entassent depuis plus de 150 ans, à des fins pédagogiques, moulages, fragments, mannequins, squelettes, ossements, écorchés et momies. Habitée par ses propres fantômes, Valérie Sonnier trouve matière en ce théâtre des vanités. En marge des cours de dessin qu'elle y dis- pense, dans sa poursuite sans cesse renouvelée lancée contre l'insaisissable Esprit des lieux, l'artiste l'espère cette fois-ci dans l'entrelacs fragmenté des mains de la galerie. (Anne-Marie Garcia)


Fondée en 1869, la Galerie Huguier, du nom du professeur d'anatomie Pierre Charles Huguier, qui a constitué la collection, appartient aux Beaux-Arts de Paris, où je suis professeur de dessin anatomique depuis de nombreuses années. Cette collection comprend des pièces emblématiques comme le grand écorché en bronze offert à l'Académie par Jean Antoine Houdon en 1792, mais aussi des sculptures, des moulages d'après nature, des ossements, des animaux empaillés et momifiés. L'enseignement de l'anatomie, qui existe depuis les débuts de l'Académie royale, a pris une importance capitale au siècle des Lumières. J'utilise régulièrement cette collection pour donner les cours de dessin anatomique afin que les étudiants puissent étudier ou apprendre de première main une pratique qui est encore une partie substantielle de l'école.
La galerie Huguier, comme tout mon travail, recherche l'Esprit du lieu. Tel un fantôme, je témoigne des changements apportés par le temps. C'est en 2008 que j'ai commencé cette série de photographies, dont certaines font aujourd'hui partie du fonds photographique de l'école. La collection de moulages de la Galerie Huguier a retenu mon attention car elle évoque l'idée de transmission, d'enseignement par la main qui dessine. Parmi ces moulages, on trouve la main d'Ingres (qui fut également directeur de l'Ecole), des mains moulées lors de dissections, et la main d'une danseuse balinaise, dont l'hyperlaxité des ligaments des doigts est impressionnante. Le fait de passer de longues périodes entouré de ces moulages datant du 19ème siècle m'a également influencé lorsque j'ai réalisé des moulages de mains en plâtre pour mon installation "Ouija", qui transforme une main en un objet de la vie courante. (Valérie Sonnier)

LES MAINS

PHOTOGRAPHIES