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Audrey Frugier, Openairs, l’été prochain

Paul Emile Mottard, député permanent en charge de la Culture de la Province de Liège vient de dévoiler les grandes lignes de la prochaine triennale d’Art public, qui, à l’été prochain, se concentrera cette fois sur le coeur historique de la ville de Liège. La direction artistique en a été confiée à Johan Muyle. Celui-ci a rassemblé autour de lui six artistes, Orlan, Claude Lévêque, Peter Kogler, Sophie Giraux, Audrey Frugier et Frédéric Platéus. Openairs, titre de la manifestation, fait autant référence à l’espace public qu’à la singularité du médium que tous les artistes mettront en oeuvre : une structure gonflable. Extraits du dossier de presse :

A propos de l’espace public :

Il s’agit donc bien d’un art ouvert à tous mais pas nécessairement compris par tous. En effet, les installations et autres oeuvres contemporaines peuvent rebuter un public non initié à l’art actuel. Car paradoxalement, en matière artistique, ce qui est de notre temps semble perturber notre conception du beau. Si certains demeurent malgré tout influencés par des siècles de classicisme, d’autres sont aussi tributaires de cette peur qui entraîne une résistance au changement. L’art dans l’espace public implique par nature une interaction révélatrice entre le lieu, le spectateur et l’oeuvre. Le milieu aura donc des conséquences tant sur la forme de l’oeuvre, que sur sa signification puisque leur rencontre n’est pas fortuite.

A propos du projet :

Johan Muyle, artiste belge reconnu dans le monde de l’art a été choisi comme directeur artistique car parallèlement à son travail personnel qui manipule et détourne les images populaires, les icônes politiques ou qui construit des sculptures et assemblages malicieux, il a le désir de s’inscrire dans des projets qui questionne l’art contemporain dans la réalité culturelle, politique ou sociale. Les artistes qu’il a choisis partagent, tout comme lui, le même engagement et leurs démarches respectives participent d’une réflexion critique qui se matérialise sous des formes métaphoriques. Ces oeuvres originales partageront toute le même medium, le gonflable ; qui ici
sera détourné de son usage publicitaire pour interroger la définition même de la sculpture et sa dimension habituellement pérenne dans l’espace public. Openairs est une manifestation comme son titre le définit ouverte à tous, présentant un parcours original de nouvelles formes de sculptures urbaines.
Johan Muyle : À la différence du « mot-valise » qui charrie le sentiment de confusion, je qualifie volontiers « OPENAIRS » de « mot-tiroir » car si son interprétation est multiple, chacun est libre d’y trouver ou d’inventer des significations possibles. A ce titre, je n’évoquerais qu’une seule référence, celle du célèbre « Air de Paris » de Marcel Duchamp (1919). « OPENAIRS » fait bien évidemment penser à l’air en tant que matériau en soi, tout en évoquant le caractère public d’une manifestation « en plein air », qui par extension suscite aussi le concept de musée en plein air. Par ailleurs, si la musicalité du mot « air » et le sens d’ouverture qu’induit le terme « open » me tiennent particulièrement à coeur, les deux mots issus du français et de l’anglais s’apparentent à une langue internationale, immédiatement compréhensible par tous.

A propos du medium unique :

Johan Muyle : J’ai constaté que ce matériau est utilisé dans l’art contemporain de façon récurrente mais ponctuelle dans le parcours d’un artiste. En ce sens, il n’y a pas à proprement parler dans l’histoire de l’art contemporain un artiste du gonflable. Le potentiel de déploiement du matériau et sa capacité à créer des formes monumentales sont probablement à l’origine de l’intérêt répété des plasticiens pour la structure gonflable. De plus, le contresens qu’induit ce matériau de la définition de la sculpture le plus souvent à vocation pérenne me plaît. La destination première du gonflable employé dans la publicité ou dans des contextes ludiques est un argument supplémentaire pour imaginer la cooptation par un public large de cette nouvelle forme de sculpture urbaine.

A propos d’ Audrey FRUGIER, qui interviendra Place St Barthelemy :

« Life is magnifique ® / Titre provisoire », 2011, pcv imprimé, 6 x 10 m.
Sous ses aspects attractifs, l’oeuvre d’Audrey Frugier interroge la sacralité de l’esthétique et le jugement de goût qui lui est associé. Recourant aux brillants de pacotille, aux gemmes de contrefaçon et autres paillettes frivoles pour magnifier des objets utilitaires du commun (petit électroménager, ponceuse, etc.), Audrey Frugier sonde aussi bien la question du genre (féminin/masculin) en même temps que s’ajoute celle du paraître en société. Derrière l’interrogation des modes (vestimentaire, accessoiriste) et celle du pouvoir de légitimation de l’appartenance au groupe, Audrey Frugier pointe l’archaïsme du besoin grégaire questionnant de facto l’espace de singularité individuelle si chèrement revendiqué. « Life is magnifique ® / Titre provisoire » (2011) se joue des codes architecturaux en remplaçant un chancre par la façade d’une maison idéalisée telle qu’on la retrouve dans la panoplie des jouets d’enfants, venant ainsi matérialiser la « façade » révélatrice de l’inscription en société.

Audrey Frugier, Life is magnifique, titre provisoire, simulation

Openairs se déroulera du 12 mai au 30 septembre 2012.