Archives de catégorie : L’actualité à la galerie
Suchan Kinoshita, A faire, ce jour, les images (4)
Suchan Kinoshita, A faire, ce jour, les images (3)
Suchan Kinoshita, A faire, ce jour, les images (2)
Suchan Kinoshita, A faire, ce jour, les images (1)
Suchan Kinoshita, A faire ce jour, Volière, les images
Au rez de chaussée de la galerie, Suchan Kinoshita installe Volière (2024), à la fois installation et dispositif performatif. La volière est habitée par quarante sept appeaux, ces sifflets qui permettent de parler aux animaux et en particulier aux oiseaux, instruments reproduisant le chant des oiseaux, les bruits d’insectes, le cris des animaux. Une magnifique collection d’objets d’une folle inventivité et soigneusement fabriqués à la main. Bon nombre sont comme des architectures habités par des sons potentiels, abrités dans l’architecture de la volière, elle-même posée dans l’espace de la galerie. Ces appeaux, tout comme l’enceinte acoustique qui surplombe la volière matérialisent le son, comme s’il s’agissait d’accorder une présence physique aux éléments acoustiques de l’exposition. Et ces sons que diffuse l’enceinte acoustique et qui occupent l’espace, ce sont ceux des appeaux dont Suchan Kinoshita se sert, non pour imiter la nature, mais pour créer quelques chose de nouveau, un potentiel d’une variabilité sans commune mesure, changeant et spéculatif, une partition inattendue, joyeuse et ludique. L’espace lui-même devient vivant et changeant.
Suchan Kinoshita, A faire, ce jour, une introduction
Dans L’Émancipation du Spectateur, Jacques Rancière écrit : Il y a partout des points de départ, des croisements et des nœuds qui nous permettent d’apprendre quelque chose de neuf si nous récusons premièrement la distance radicale, deuxièmement la distribution des rôles, troisièmement les frontières entre les territoires. C’est bien là que réside la position de Suchan Kinoshita, qui donne un rôle prééminent au spectateur, n’hésitant pas à déclarer que celui-ci fera carrière, alors qu’elle-même préfère parfois la position de l’interprète à celle de créateur, et qu’elle abolit toute frontière : de double culture, à la fois nipponne et européenne, et plus particulièrement allemande, Suchan Kinoshita inscrit sa pratique tant dans les sphères de la création sonore et des arts performatifs que des arts plastiques.
Au rez de chaussée de la galerie, Suchan Kinoshita installe Volière (2024), à la fois installation et dispositif performatif. La volière est habitée par quarante sept appeaux, ces sifflets qui permettent de parler aux animaux et en particulier aux oiseaux, instruments reproduisant le chant des oiseaux, les bruits d’insectes, le cris des animaux. Une magnifique collection d’objets d’une folle inventivité et soigneusement fabriqués à la main. Bon nombre sont comme des architectures habités par des sons potentiels, abrités dans l’architecture de la volière, elle-même posée dans l’espace de la galerie. Ces appeaux, tout comme l’enceinte acoustique qui surplombe la volière matérialisent le son, comme s’il s’agissait d’accorder une présence physique aux éléments acoustiques de l’exposition. Et ces sons que diffuse l’enceinte acoustique et qui occupent l’espace, ce sont ceux des appeaux dont Suchan Kinoshita se sert, non pour imiter la nature, mais pour créer quelques chose de nouveau, un potentiel d’une variabilité sans commune mesure, changeant et spéculatif, une partition inattendue, joyeuse et ludique. L’espace lui-même devient vivant et changeant.
A ceux-ci répondent les sons d’une autre œuvre installée à l’étage, Birdsong, une enceinte acoustique accrochée à un portant métallique, un dispositif auquel Suchan Kinoshita a donné le nom de Hanging About, ce que l’on peut tant traduire par accrocher que par flâner. Les sons, cette fois, sont des chants d’appeau qui ponctue un texte écrit et lu par l’artiste, des choses d’une singulière banalité, quitter sa maison sa maison, prendre la clé de sa voiture, utiliser le code de déverrouillage et non la clé elle-même, se rendre à la gare, se parquer à un endroit précis… Rien de bien épique, mais des choses faites ou à faire ce jour.
A l’étage également, Suchan Kinoshita déploie les feuillets d’un carnet de dessins. Elle a entrepris ce carnet ligné lors d’un récent séjour au Japon, couvrant chaque double page de petites gouaches et aquarelles. A faire, ce jour n’est pas une injonction, pas même le protocole d’un devoir quotidien ; parlons plutôt de vitalité, d’action, de flânerie, de mobilité, de légèreté. Peindre, dessiner, se fait à toute heure, dès que l’occasion se présente. Sur un coin de table, dans un train, ce jour, ou le jour d’après, s’éveiller à l’observation, l’invention, la réflexion. Suchan Kinoshita renoue avec la pratique d’Hokusai Katsushika, grand maître de l’estampe qu’elle admire et qui invente en 1814 un mot pour désigner ses innombrables carnets de croquis : la manga, néologisme issu de deux idéogrammes, man et ga qui signifie dessins (ga) foisonnants, légers, dérisoires, grotesques (man). Hokusai, à des fins pédagogiques, rassemblera entre 1814 et 1848 ses carnets de croquis et études diverses en une vaste encyclopédie qu’il nommera Hokusai Manga. La spontanéité y affleure à chaque page, si bien que le terme manga revêt également la signification d’esquisse rapide ou de dessin spontané. D’autres évoqueront pour traduire l’idéogramme, le kanji, man, le dessin esquissé sur un coup de tête, libre, sans raison, l’image sans but préconçu, l’image improvisée. En fait, autant de notions qui nous permettent d’aborder la manga de Suchan Kinoshita, ce carnet A faire ce jour et qu’elle fera également demain et après-demain comme en témoigne d’autres carnets déjà mis en œuvre et exposés en vitrine.
Suchan Kinoshita a récemment utilisé le terme Da Capo pour une publication à propos de la réactivation d’une œuvre ancienne, The difference is this : you go in or you stay out. You stay in or you go out: this is the difference (1998). Da Capo est une locution musicale qui indique à l’interprète qu’il faut reprendre le morceau depuis le début. Nous en ferons de même avec A faire, ce jour. Une quarantaine de double-pages sont visibles aux murs de la galerie. Au finissage, nous reprendrons les choses depuis le début, da capo, en montrant les dessins au verso des feuillets. En quelque sorte, nous tournerons les pages, comme celles d’une partition.
A noter, enfin, que Suchan Kinoshita est lauréate du Belgian Art Prize 2025. Le jury composé de professionnels de l’art a motivé son choix en précisant que « Suchan Kinoshita est une artiste accomplie et exceptionnelle, qui a construit un corpus d’œuvres très vaste au fil des décennies. Outre son parcours artistique personnel, le jury souhaite souligner son appréciation pour son rôle de pédagogue active et dévouée. A ce titre elle est un mentor pour les prochaines générations d’artistes. Sa sensibilité au temps et à l’espace, ainsi que sa curiosité permanente pour la vie nourrissent ses œuvres qui accentuent l’importance du processus de création, permettant au spectateur de prendre conscience du moment présent. Le jury lui a accordé la plus grande considération sur base de son parcours artistique qui se singularise par un langage visuel unique associant conceptualisme et expériences vécues avec générosité et humour ». Congrats Suchan ! Suchan Kinoshita est invitée à exposer à BOZAR en avril 2025.
Aglaia Konrad, Paris-Photo, les images (2)
Aglaia Konrad, Paris-Photo, les images (1)
Aglaia Konrad, Paris Photo, preview (2)
Carrara, 2010/11
Un film et une série de photos consacrés à une carrière de marbre peuvent à première vue sembler atypiques dans l’oeuvre d’Aglaia Konrad. Mais pour l’artiste, la carrière de marbre de Carrare est précisément l’endroit où tout converge : sculpture, architecture, relation au paysage, histoire et actualité, ordre et chaos. De plus, le rapport entre architecture et sculpture n’est nulle part aussi évidente que dans ces carrières. L’histoire de l’architecture et l’histoire de l’art doivent en effet beaucoup au marbre extrait dans cet endroit. Il existe par ailleurs des liens visuels entre la carrière de marbre et l’architecture. Il n’est pas difficile de faire l’association entre les cathédrales et les voûtes découpées sur 30 mètres de haut. Les photos en noir et blanc ou couleurs et le film mettent l’accent sur les qualités sculpturales et abstraites.
Aglaia Konrad compose ici un couple de deux images comme dans sa série Undecided Frames
A propos de Carrara, lire le texte de Angelika Stepken
Undecided Frames
Lorsqu’Aglaia Konrad cadre, elle photographie plusieurs fois le même élément. Les négatifs se ressemblent tous, et les différences entre les photos sont infimes. Pourtant, lors du développement, l’artiste doit faire des choix. Pour Undecided Frames, elle a choisi de ne pas décider et de présenter deux clichés côte à côte. Le public, quant à lui, est dès lors confronté à une subjectivité obligatoirement liée à une sélection et intrinsèque à la photographie. Face à deux photos quasi identiques présentées côte à côte, le spectateur est amené à redoubler d’attention. S’agit-il de deux images différentes ? Leur sujet est-il toujours le même ? Laquelle de ces images est vraie ? Undecided Frames nous confronte donc à notre manière de regarder et à la façon dont la photographie crée une réalité. Le regard ne cesse de passer d’une image à l’autre. À la recherche des différences, et des similitudes.
A propos des Undecided Frames, lire le texte
Shaping Stones
In Shaping Stones, Konrad juxtaposes found architecture with authored architecture, and modern with ancient. We see anonymous buildings in Lithuania, Mexico City, Hong Kong, and elsewhere-set alongside buildings by such well-known authors as Bloc, Gillet, Hans Hollein, Parent and Virilio, James Stirling and Fritz Wotruba. And we see as well ancient stone structures- in Avebury, Vienna, or Sardinia-juxtaposed to modern excavations of Carrara. This approach has much in common with that of inter-war modernism, as it forges links between the ancient and the modern, and asserts them through a democratization of the means: black-and-white photography and large-scale printing. The inside-out and back-to front quality of these photos, bath in terms of their indexical and their temporal nature, is shared with all engravings and lithographs, whether etched in metal or indeed drawn on stone. Konrad’s photography plays with notions of « original » and « index, » « nature » and « culture, » with the fact that the original « stone » cannot be dated and with its « social » shaping in the historic present. (…) (Penelope Curtis, From A to K)
A propos de la série Shaping Stones
C.A.T
Aglaia Konrad s’intéresse aux processus dits de « Rückbau » (construction à l’envers) qui traitent de la démolition comme un aspect inévitable du progrès. Le « Rückbau » en tant que processus sculptural ou filmique est une approche unique qui permet à l’artiste non seulement d’affirmer la démolition en tant que pratique architecturale étendue, mais aussi d’incorporer les débris physiques en tant que geste sculptural en relation avec l’image. I love Rückbau témoigne de la fascination qu’Aglaia Konrad porte aux engins de chantier.