Archives par étiquette : Rachel Laurent

« Noir chantilly », La châtaigneraie Flémalle, revue de presse

Audrey Frugier

Audrey Frugier, Desesperate Housewives, balai, pampilles en verre 2014

Lu dans H.ART à propos de « Noir Chantilly », exposition à laquelle participent Sophie Langohr, Marie Zolamian, Audrey Frugier et Rachel Laurent :

HART

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Rachel Laurent, « Noir chantilly, Féminisme(s) », La Chataigneraie, Flémalle

Après “Manège” projeté dans le cadre de l’exposition “Exercices de styles” à la galerie, Rachel Laurent montre deux nouveaux films à l’occasion de l’exposition “Noir Chantilly, Féminismes” à la Chataigneraie à Flémalle.

“Piscine” (2013) explique Rachel Laurent, est un hommage à Pierre Louÿs, poète et écrivain français à la réputation sulfureuse, très apprécié des surréalistes. J’ai repris textuellement un extrait du « Manuel de civilités pour les petites filles à l’usage des maisons d’éducation » , un exercice de style particulièrement savoureux, une accumulation joyeuse d’incongruités, mais toujours dites sur ton très « distingué ». L’avertissement au lecteur écrit par Pierre Louÿs, en exergue de ce manuel est dès lors tout aussi indiqué pour ce film : “Nous avons jugé inutile, écrit Pierre Louÿs, d’expliquer les mots : con, fente, moniche, motte, pine, queue, bitte, couille, foutre (verbe) foutre (subst.), bander, branler, sucer, lécher, pomper, baiser, piner, enfiler, enconner, enculer, décharger, godemichet, gougnotte, gousse, soixante-neuf, minette, mimi, putain, bordel. Ces mots sont familiers à toutes les petites filles”.
Pour la mise en scène, continue Rachel Laurent, j’ai opté pour une solution arbitraire, qui consiste à transformer cette petite leçon de savoir-vivre très mal embouchée et même carrément salace, en un pseudo cours de natation tout ce qu’il y a de plus chaste, dans une jolie piscine de Provence. Il fait beau et chaud, c’est l’été, il y a des oiseaux, des cigales, il m’a semblé que c’était le cadre idéal pour mettre en valeur ce texte si délicieusement peu convenable”.

Rachel Laurent

Rachel Laurent

Ne dites pas : « Mon con. » Dites : « Mon cœur. »
Ne dites pas : « J’ai envie de baiser. » Dites : « Je suis nerveuse. »
Ne dites pas : « Je viens de jouir comme une folle. » Dites : « Je me sens un peu fatiguée. »
Ne dites pas : « Je vais me branler. » Dites : « Je vais revenir. »
Ne dites pas : « Quand j’aurai du poil au cul. » Dites : « Quand je serai grande. »
Ne dites pas : « J’aime mieux la langue que la queue. » Dites : « Je n’aime que les plaisirs délicats. »
Ne dites pas : « Entre mes repas je ne bois que du foutre. » Dites : « J’ai un régime spécial. »
Ne dites pas : « J’ai douze godmichés dans mon tiroir. » Dites : « Je ne m’ennuie jamais toute seule. »
Ne dites pas : « Les romans honnêtes m’emmerdent. » Dites : « Je voudrais quelque chose d’intéressant à lire. »
Ne dites pas : « Elle jouit comme une jument qui pisse. » Dites : « C’est une exaltée. »
Ne dites pas : « Quand on lui montre une pine, elle se fâche. » Dites : « C’est une originale. »
Ne dites pas : « C’est une fille qui se branle à en crever. » Dites : « C’est une sentimentale. »
Ne dites pas : « C’est la plus grande putain de la terre. » Dites : « C’est la meilleure fille du monde. »
Ne dites pas : « Elle se laisse enculer par tous ceux qui lui font minette. » Dites : « Elle est un peu flirteuse. »
Ne dites pas : « C’est une gougnotte enragée. » Dites : « Elle n’est pas flirteuse du tout. »
Ne dites pas : « Je l’ai vue baiser par les deux trous. » Dites : « C’est une éclectique. »
Ne dites pas : « Il bande comme un cheval. » Dites : « C’est un jeune homme accompli. »
Ne dites pas : « Sa pine est trop grosse pour ma bouche. » Dites : « Je me sens bien petite fille quand je cause avec lui. »
Ne dites pas : « Il a joui dans ma gueule et moi sur la sienne. » Dites : « Nous avons échangé quelques impressions. »
Ne dites pas : « Quand on le suce, il décharge tout de suite. » Dites : « Il est primesautier. »
Ne dites pas : « Il tire trois coups sans déconner. » Dites : « Il a le caractère très ferme. »
Ne dites pas : « Il baise très bien les petites filles, mais il ne sait pas les enculer. » Dites : « C’est un simple. »

Rachel Laurent

Rachel Laurent

Rachel Laurent
Piscine, 2013
Vidéo HD, 16:9, 00:07:00

Quant à “Mes petites amoureuses” (2014), elles sont toutes bonnes à jeter. Durant 8 minutes, en plan fixe, la caméra de Rachel Laurent filme un continu de violentes chutes de poupées, pèle-mêle, jetées au rebut.

Rachel Laurent

Rachel Laurent

Rachel Laurent

Rachel Laurent
Mes Petites Amoureuses, 2014
Vidéo HD, 16:9, 00:08.30

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Noir Chantilly, Féminisme(s), La Châtaigneraie, Flémalle

Audrey Frugier

Audrey Frugier, Desespate Houssewives, 2014

Audrey Frugier, Rachel Laurent, Sophie Langohr et Marie Zolamian participent à l’exposition « Noir chantilly, Féminisme(s) », organisée par La Chataigneraie, Centre wallon d’art contemporain, à Flémalle.

Si la lutte pour les droits des femmes paraissait un long parcours uniforme depuis Olympe de Gouges, Georges Sand, Colette, Simone de Beauvoir et Elisabeth Badinter, depuis les vingt dernières années, le féministe, à l’instar de notre société multiculturelle s’est diversifié. On parle aujourd’hui des féminismes et non plus du féminisme. De nouvelles problématiques se sont invitées dans le débat : le port du voile, la procréation assistée, le transgenre, la publicité, la garde alternée… D’autres problématiques réapparaissent sous un jour différent, la prostitution par exemple. Un mot d’ordre fondateur reste d’actualité : le droit des femmes à disposer librement de leur corps et de leur existence. Les artistes, plasticiennes et performeuses réinterrogent ce rapport au corps féminin.

Avec : Cathy Alvarez , Elodie Antoine, Julie Arnould, Anne-Sophie Arnould, Evelyne Axell, Laetitia Bica, Dominique Castronovo, Isabelle Copet, Alexia Creusen, Aurore Dal Mas, Sheila de la Cal Perez, Audrey Frugier, Fanny Germeau, Annabelle Guetatra, Sophie Langohr, Rachel Laurent, Karine Marenne, Pauline May, José Picon, Romina Remmo, Anne-Françoise Schmitz, Sofie Vangor, Fanny Viollet, Aurélie William Levaux, Fang Zhaolin, Marie Zolamian…

Du 14 février au 5 avril 2015 à la Châtaigneraie (Flémalle) – vernissage public le vendredi 13 février à 18h30.
Conférence le 6 mars : Sophie Cadalen, psychanalyste et écrivaine à Paris, auteur de « Ni mars, ni vénus, oui nous sommes différentes autrement » et « Les femmes de pouvoir, des hommes comme les autres ».

Egalement du et 21 février > 20 mars 2015 à la Galerie Juvénal (Huy). Vernissage le vendredi 20 février à 18h30 à La Galerie Juvénal

La Châtaigneraie
Chaussée de Ramioul, 19 – B-4400 Flémalle – T +32 (0) 42 75 33 30.

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Rachel Laurent, Exercices de styles

Rachel Laurent

Rachel Laurent
Manège, 2014
Vidéo HD, son, couleurs, 00:15:00

Tel un zootrope, le manège de la Cinémathèque de Bercy tourne et tourne encore. Carrousel à l’ancienne, les enfants y chevauchent des lapins, des vaches qui tirent la langue, des cochons bien roses, un éléphanteau et même quelques chevaux de bois. Il y a un carrosse pour les princesses et une barque – Le Picardie – pour les gamins au pied marin. On y vit aussi, il y a quelques temps, quelques artistes, musiciens et comédiens qui sont, on le sait, tous de grands enfants, chevauchant les pensionnaires des cette ménagerie mécanique. Blanckart, Lizène, Beaulieu, Dolla, Mayaux ont choisi le lapin aux grandes oreilles. Belliard, Labaume, Jambet, Groh, Labelle-Rojoux ont décidé d’enfourcher un cochon rose. Quant à la vache, elle a eu les faveurs des Boussiron, Lucariello, Verna et Scarpetta. Singulière, Boudier a décidé de faire cavalière seule, se cramponnant au cou de Bambi. Certes, les Mayaux, ont profité du carrosse pour se becotter, mais ça ne compte pas, c’était durant leur pause.

C’est Rachel Laurent, en grande ordonnatrice, qui leur a offert, à tous, un tour de carrousel. Plasticienne, photographe et cinéaste, L’artiste a en effet décidé de faire de ce carrousel un moulin à paroles. Elle s’est dès lors tout naturellement tournée vers ses amis de l’Ecole de Malaucène, ce magnifique trou perdu au pied du mont Ventoux, où telle George Sand à Nohant – et en compagnie de l’écrivain Guy Scarpetta – , Rachel Laurent reçoit durant l’été. Appartenir à l’ « Ecole de Malaucène » suppose, primo, d’être artiste, avec l’irrévérence, voire l’insolence qui sied à l’emploi, secundo, d’être un convive de bonne compagnie et, tertio, de tenir l’alcool. On y tient aussi, faut-il ajouter, des réunions, des expositions ; on y déjeune sous les arbres du jardin, on disserte, on vernit, on projette des films, on écoute des écrivains partager leur prose, tout cela sur des thèmes aussi essentiels et existentiels que La Cuite, Le Postérieur ou Les Putes. Certains y soliloquent même, mais ça, c’est au petit matin.

A chacun de ses complices, Rachel Laurent a confié quelques textes et citations. En fait, au fil de ses lectures, elle les collectionne, les prélève, les décontextualise, les ordonne, et surtout désordonne un corpus en continuelle expansion. A chacun des artistes, Rachel Laurent a demandé d’interpréter, tout en chevauchant l’une des montures du manège, ces phrases trouvées, presque des ready made. Bel exercice de style pour ceux-ci. Voici, précise Rachel Laurent « le très joli manège de la cinémathèque de Bercy pris d’assaut par une quinzaine d’adultes totalement irresponsables, mais cependant très lettrés ». Chacun, à son tour, s’est prêté au jeu, investissant ces textes fragmentaires, ces énoncés d’une extrême brièveté, avec talent, drôlerie, expression, malice, connivence, insolence, composant ainsi un gai savoir aux antipodes de tout corpus académique. Comme dans un jeu sans cesse relancé, en fait à chaque tour de moulin, ces fragments de textes s’entrechoquent, se télescopent, provoquent des rencontres insolites, incongrues, d’autant plus inattendues qu’elles proviennent des sources les plus diverses. N’est-ce pas Pascal Quingard qui souligne la fascination extrême et presque automate que l’apparence fragmentaire exerce sur lui ? Il en va de même ici où ces fragments du discours s’enchaînent et finissent par composer un seul texte, une conjoncture, une unité discursive autonome où s’enchaînent des citations empruntées à Angelliaume, Louis Aragon, Antonin Artaud, Thérèse d’Avila, Barbara, Charles Baudelaire, Samuel Beckett, Stéphane Bérard, Thomas Bernhard, Bonaparte, Jacques Brel, Charles Bukowski, Blaise Cendrars, Jacques Chirac, Christophe, Pierre Dac, Salvador Dali, Guy Debord, Descartes, Noël Dolla, Marcel Duchamps, Marguerite Duras, William Faulkner, Léo Ferré, Serge Gainsbourg, Jean Genet, Jean-Luc Godard, Johnny Halliday, Heidegger, Alfred Jarry, Arnaud Labelle-Rojoux, Lautréamont, Jacques Lacan, Jacques Lizène, Louis Malle, Karl Marx, Métal Urbain, Nietzsche, Blaise Pascal, Edith Piaf, Benjamin Péret, Proudhon, Arthur Rimbaud, Maurice Roche, Sade, Saint-Just, Sarkozy ou Schopenhauer.

Je me souviens que lorsque j’étais gamin, il fallait, afin de gagner un tour de manège gratuit, habilement s’emparer de la « floche », un belgicisme des plus visuels pour désigner le pompon qu’agitait le forain au-dessus de nos têtes. C’est ici le rythme de toutes ces citations sélectionnées par Rachel Laurent qui agit comme une floche. Et on la prend en pleine poire à chaque tour de manège. Ce texte, en somme, pourrait bien constituer, secrètement, une sorte d’autoportrait de l’artiste.

Rachel Laurent

Bérénice Mayaux

Rachel Laurent

Stéphane Bérard

Rachel Laurent

Pauline Jambet

Rachel Laurent

Jacques Lizène

Rachel Laurent

Denyse Beaulieu

Rachel Laurent

Jean-Luc Verna

Rachel Laurent

Guy Scarpetta

Rachel Laurent

Xavier Boussiron

Rachel Laurent

Arnaud Labelle Rojoux

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