Archives par étiquette : Jacques Charlier

Jacques Charlier, Gerry Schum, watching TV, 1973

Jacques Charlier

Jacques Charlier
If I had know… I’d stayed home watching TV, Gery Schüm, 1973 Encre sur papier, 1 planche, 29,7 x 21 cm, 1973

GERRY SCHUM, WATCHING TV, 1973

 « If I had know… I’d stayed home, watching my TV », si j’avais su je serais resté à la maison devant la télé.. Non, Gerry Schum n’ira pas au Kunstmarkt de Cologne, il tourne le dos à Prospect, le célèbre projet de Konrad Fischer. Deux grandes ailes dans le dos, il est en route pour le paradis. Gerry Schum se suicide le 23 mars 1973, le dessin de Jacques Charlier est daté du 30 septembre de la même année. On admet généralement qu’avec Honoré Daumier, la caricature adhéra à l’histoire et devint la chronique la plus sûre de son époque. Avec Jacques Charlier, elle s’applique au petit monde de l’art international et devient très vite la chronique des années conceptuelles; elle met en relief les comportements de certains artistes, pastiche les situations, démontent les systèmes et campent des attitudes. Certes ses dessins sont bien souvent satiriques, mordants et caustiques (c’est le propre de la caricature) mais ils révèlent aussi la profonde admiration que Jacques Charlier a pour ces acteurs du monde de l’art, artistes, critiques, galeristes et curateurs. « Ces personnalités fortes des années 60/70 ont profondément marqué ma mémoire, écrira Charlier en 1997. De leur vivant, ils étaient déjà pour moi des mythes et des stars. Le look impassible de Konrad Fischer, par exemple, sa gestuelle, ses tics, ses humeurs, jusqu’au son de sa voix, étaient ceux d’un personnage hors du commun. Il a mis son talent d’artiste, qui en ferait pâlir plus d’un, de côté, pour monter celui des autres, avec une passion et une fidélité sans failles. Cela me touchait profondément. Je l’ai souvent caricaturé, sans flatterie aucune, en attaquant ses « « points faibles ». Malgré l’étonnement de certains, cela l’amusait beaucoup ». 1

Ce dessin de Gerry Schum est, en quelque sorte, également un hommage. Rappelons qu’en 1968, Gerry Schum, à peine sorti de la Film und Fernsehacademie de Berlin, jette les bases d’une galerie télévisée2. Le concept de la Fernsehgalerie Gerry Schum (galerie télévisuelle) qu’il crée en 1969 est motivé par l’idée de trouver un moyen d’exploiter la télévision, médium de masse, à des fins artistiques, et, partant, de rendre l’art plus accessible à un large public. Cette idée, dont le but était de créer spécialement des œuvres d’art pour la télévision plutôt que de réaliser et de présenter des documentaires sur des artistes, est à placer dans le contexte des courants artistiques émergents de l’époque tels les arts conceptuel et processuel, le Land Art et l’Arte Povera. Jacques Charlier s’inspirera directement des positions et des activités de Schum, avec qui il en discute d’ailleurs, lorsqu’en 1970, il met en place son projet de film collectif pour la Biennale de Paris de 1971. Dans sa note d’intention Charlier évoque « un film constitué de six séquences réalisées chacune par des artistes, un reflet des courants d’idées et prises de positions élaboré en Belgique ». « Il ne s’agira pas à proprement parler de cinéma, précise Charlier, mais plutôt d’un support d’idées ou de documents sur des travaux en cours. De diffusion soit cinématographique, soit télévisée, ce projet correspond parfaitement aux besoins de la communication actuelle sur le plan international ». 3
Vidéographie, cette émission du centre de production de Liège, créée par Robert Stéphane, Jean Paiul Tréfoit et Paul Paquay, quelques années plus tard, reprendra les grandes lignes de pensée, mais dans un autre contexte et suivant d’autres paramètres, de la démarche de Gerry Schum.

1 Dans les archives Charlier
2 A propos de Gery Schum : Philippe-Alain Michaud, Prendre place. Gerry Schum et l’histoire de la Fernsehgalerie, Les Cahiers du Musée national d’art moderne, été 2009, p. 68-85. Lire également la recension que Maïté Vissault fait de la rétrospective consacrée à Schum, initiée par la Kunsthalle de Düsseldorf en 2004 et qui circulera à travers l’Europe. Maïté Vissault, La Fernsehgalerie de Gerry Schum, ETC, no. 69, mars-avril-mai 2005, p.69-72.
3 Archives Jacques Charlier

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Jacques Charlier, Photos – Sketches & Hard’Music, les images (1)

Jacques Charlier

Vue d’exposition

Jacques Charlier

Jacques Charlier
Compter l’art, 1975
Photos Sketch, 6 photographies couleurs rehaussées à l’encre,
(6) x 30 x 40 cm

Jacques Charlier

Jacques Charlier
Sûr de l’Art, 1974
Photos Sketch, 6 photographies NB rehaussées à l’encre,
(6) x 30 x 40 cm

Jacques Charlier

Vue d’exposition

Jacques Charlier

Jacques Charlier
Le Galeriste, 1974
Photos Sketch, 24 photographies NB rehaussées à l’encre,
(24) x 30 x 40 cm

Jacques Charlier

Jacques Charlier
Problème de mur, 1974
Photos Sketch, 6 photographies NB rehaussées à l’encre, (6) x 30 x 40 cm

Jacques Charlier

Vue d’exposition

Jacques Charlier

Jacques Charlier
La piscine, 1976
Photos Sketch, 12 photographies couleurs rehaussées à l’encre
(12) x 30 x 40 cm

Jacques Charlier

Jacques Charlier
L’insomnie, 1974-77
Photos Sketch, 6 photographies couleurs rehaussées à l’encre,
(6) x 30 x 40 cm

Jacques Charlier

Vue d’exposition

Jacques Charlier

Jacques Charlier
Pensant à l’art, 1974
Photos Sketch, 4 photographies NB rehaussée à l’encre,
(1) x 52 x 52 cm

Jacques Charlier

Jacques Charlier
Le connoisseur, 1974
Photos Sketch, 12 photographies NB rehaussées à l’encre,
(1) x 52 x 52 cm

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Jacques Charlier, Hard Music, Art in another way, etc… 1975-1987

Jacques Charlier

Jacques Charlier

De gauche à droite, de haut en bas :

1. Art in another way, T’ Venster, Rotterdam 1978, avec Henri Dalem
2. Art in another way, T’ Venster, Rotterdam 1978, avec Henri Dalem
3. Desperados Music, Videographie, Liège, 1979
4. Projet de pochette Hart’Music 1975
5. Desperados Music, Vidéographie, Liège, 1979
6. Hart’Music I, galerie Vega Liège, 1975
7. Desperados Music, Vidéographie, Liège, 1979

Jacques Charlier

De gauche à droite, de haut en bas :

1. Desperados Music, Vidéographie, Liège, 1979
2. Art in another way, ICC Antwerpen, 1980
3. Regressive Music, Le Lion sans voiles, Liège, 1984
4. Desperados Music, Vidéographie, Liège, 1979
5. Desperados Music, Cirque Divers, Liège, 1977
6. Desperados Music, Cirque Divers, Liège, 1977
7. Desperados Music, Cirque Divers, Liège, 1977
8. Chansons tristes, Cirque Divers, Liège, 1987
9. Regressive Music 1984, avec Martine Doutreleau
10.Hard Music, galerie Vega, 1975
11.Salto/arte, Place Flagey Bruxelles, 1975
12.Hard Music, galerie Vega, 1975

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Jacques Charlier, Hard’Music, 1975

Jacques Charlier

Jacques Charlier
Hard’Music, 1975
Technique mixte, 15 cassettes audio, 15 photographies argentiques NB, 15 pochettes de vinyles 33T, certificat tapuscrit.
(15) x 32 x 32 cm

Jacques Charlier

LE VIOLON D’INGRES ET LA GUITARE DE CHARLIER

Il y aura sans doute encore bien des choses à écrire à propos des activités musicales de Jacques Charlier. Son intérêt pour la musique est indéniable ; il l’écoute, il la pratique et joue de la guitare électrique – c’est son violon d’Ingres dit-il. Et comme tout autre medium qu’il met en œuvre, Charlier aura d’ailleurs tôt fait de l’intégrer à sa pratique artistique. Cela participe aussi du mythe : on le sait, il n’y a qu’un pas du Velvet Underground à la Factory.

En fait, il ne reste que peu de traces de activités musicales seventies de Charlier, quelques unes toutefois. Lorsque il réalise le film « Canalisations souterraines » en 1969, Jacques Charlier en crée lui-même la bande sonore, une musique que l’on qualifiera de minimale, répétitive et de postindustrielle teintée d’inquiétude. Elle répond parfaitement aux images tournées sur la « terre démobilisée » 1 du terril de Saint Gilles, et aux travellings qu’opère la caméra sur le bassin industriel liégeois. Il y a également le vidéo musical produit par Michel Baudson au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles en 1975 : « Art & Music, a) écoute de la musique, b) fait de la musique ». Sur les deux photogrammes reproduits dans « Les Règles de l’Art », Jacques Charlier porte, lorsqu’il « écoute la musique », le faux nez et la fausse moustache qu’il utilise pour ses Photos – Sketches réalisés ces mêmes années 2. Il y a enfin « Desperados Music » 3 produit par Vidéographie au Centre de Production de la RTB à Liège en 1979. Jacques Charlier réalise avec la complicité de Paul Paquay une vidéo musicale assez spectaculaire de par le matériel déployé, y compris une caméra – grue. L’enregistrement a été réalisé avec un clavier assez obsolète, mais qui produit des sonorités rétro que l’artiste affectionne, un clip musical qui, écrit Denis Gielen (tirant des parallèles entre la démarche de Jacques Charlier et la pensée de Jean Baudrillard), illustre « cette régression de la modernité par-delà son point de fuite ». « Tournée sur un plateau télé, poursuit Denis Gielen, la vidéo est l’enregistrement d’un solo lancinant de guitare électrique, disons noise (façon Glenn Branca), joué par l’artiste lui-même. Les coups de pédale de réverbération ainsi que les mouvements planants de la caméra autour du musicien produisent une impression d’élasticité voire d’évanouissement temporel composée de moments de dilatation et de contraction, de stagnation aussi. Comme son titre l’indique, cette musique – qualifiée par Charlier de « régressive » – est imprégnée d’une « mélancolie rétrospective ».4

Seule Tracy Burroughs, durant les seventies, commentera les activités musicales de Jacques Charlier, évoquant –ce qui est logique pour un hétéronyme de l’artiste (l’humour, avec Charlier, n’est jamais loin) – les rapports que celui-ci tisse entre l’époque et ses diverses activités artistiques. « Le discobilly, afterdisco de salon à la sonorité country doublé d’une forte influence de blues, écrit Tracy Burroughs5, devient la coqueluche des fans de l’art, dont beaucoup étaient jusque-là bornés aux pionniers de la musique répétitive (certains critiques à qui je tire la langue, disent : bornés tout court). Et tout doucement, en Europe comme en Amérique, de vieux routards idéalistes essayent de recréer une musique sur des rythmes démodés. Les plus connus parmi ceux qui ont lancé la vague : Bulle Dogs, Reformance, Articides Brothers, etc. Charlier entend jouer une musique dépersonnalisée, le «Flat rhythm». En fait, ce «style» est devenu un martèlement continu obsédant. Dans les enregistrements comme sur scène, pendant que le guitariste essaye de jouer juste, la boîte à rythme tape comme une sourde à du 50 à l’heure (…) Il faudrait plutôt appeler cette musique «Hard-discobilly» : exactement le contraire de la syncope swingante et de la sublime légèreté du véritable rockabily ». Le jugement critique de Borroughs est dès lors aussi nuancé que sans appel : « Ce n’est ni mou, ni dur, ni enthousiasmant, ni pelant, ni révolutionnaire, ni dépassé, ni original, ni banal. Après une bonne centaine d’écoutes, il y a même des trucs qui deviennent vachement accrocheurs et d’autres dont on s’est déjà lassé depuis un bout de temps. Ce n’est ni bon, ni mauvais, mais une chose est certaine : c’est totalement dénué de personnalité ». Borroughs y va fort, mais faisons lui confiance, elle a évidemment assisté aux nombreux concerts qu’a donné Jacques Charlier. « Hard’Music I et II » à Liège (galerie Vega) et Aachen (Neue Galerie) en 1975, « Hard’Music III et IV » à Düsseldorf (galerie Maier-Hahn) et à Milan (La Cooperativa)6 en 1976, « Musica Boumba » à Anvers en 1977, « Desperados Music » au Musée de Bologne et au Cirque Divers à Liège, toujours en 1977, « Art in another way I et II » au T’Venster à Rotterdam en 1978 et à l’ICC à Anvers en 1980. Arrêtons la liste là, elle ne reprend que les performances principales de ces années ’70. 7

On remarquera que cette liste de lieux dans lesquels Jacques Charlier se produit sont tous des lieux dédiés aux arts visuels. Quoi de plus normal, tant sur le plan de l’histoire de l’art du 20e siècle qu’en fonction de cette démarche singulière qui consiste pour Charlier à déplacer ses propres réalités, quotidiennes et autres, et à expérimenter tous les média. N’a-t-il pas « déplacé » son collègue du STP, Claudy Delfosse, alias Rocky Tiger, rocker amateur, afin de le « présenter », lorsqu’il propose à ce dernier de lui consacrer une séquence filmique ? Cette séquence constituera la participation personnelle de Charlier au film collectif d’artistes qu’il produit pour la biennale de Paris en 1971. Et puis, pour Charlier, la musique est une réalité vécue de bien des façons. Charlier fut le DJ précoce de bien des soirées dansantes, un acharné du juke-box, un chineur de 78, 45 et 33 tours. L’installation « This is the right time » qu’il produit au Casino de Luxembourg en 2006 pour l’exposition « On/Off » rappelle son passé de « night-clubber », non pardon, parlons plutôt de dancings, c’est plus juste, que Charlier a apprécié fréquenter, y fêtant, le plus souvent en solo, la fin de ses accrochages (afin de décompresser avant les vernissages), y fêtant aussi ses « after » vernissages (quelle santé !), à l’heure où les DJ se font plaisir et où la piste de danse lui appartient. En 2006, au Casino à Luxembourg, « This is the right time » opérera ainsi par ce principe de déplacement, l’installation d’un décor de dancing, parquet, podium, miroirs, rideaux à plis et peinture pointilliste, voire tachiste, couvrant murs et piste de danse rappelant les effets des boules à miroirs et les strobe lights, tout cela « dans un lieu destiné habituellement à recevoir des expositions »8. Pour l’heure, Charlier retrouve son discours singulier des années 70. Et l’on dansa sur la piste du vernissage, avant que le décor dépeuplé ne se charge, tout au long de l’exposition, d’une indicible nostalgie. C’est ce métissage d’un réel populaire et du décor de l’art contemporain, d’un réel quotidien et des réalités de l’art qui mobilise Charlier.

En témoigne cette œuvre produite en 1975 (au moment où la musique répétitive est devenue guimauve et le rock insupportable, écrit Charlier)9 : « Hard’Music, 1975 », une quinzaine de fausses pochettes de vinyles 33 tours, au format 30 x 30, sous pochette de protection plastique. Pas de banane de Warhol pour motif sur chacun de ces faux vinyles, mais bien une photographie du poêle à mazout du domicile familial, un même décor pour chaque image, le poêle, deux lits de part et d’autre. Charlier compose littéralement chacune de ces pochettes et dispose dans l’espace son matériel, ses pédales à effets, ses amplis, un magnétocassette, des projets de pochette de disque et bien sûr sa guitare électrique, une guitare « de légende »10 écrira Tracy Burroughs, bien plus originale que les Explorer et Flying V : elle est réduite au manche traversant et aux éclisses, sans corps ; juste un tubulure de métal en esquisse ses contours. Cette guitare impressionnera même Joseph Beuys, me dira Charlier face à une photo prise lors de la soirée Salto/Arte place Flagey à Bruxelles, cette même année ; Beuys, Bernard Marcelis et Jacques Charlier discutant à l ‘écart sous le chapiteau, penchés sur la guitare. Pour Charlier, il est aussi important de « produire du son que d’être produit par le son »11. En atteste l’abondant archivage photographique de ses performances.

Ces compositions photographiques pour pochettes de vinyles me rappellent « Nature morte », cette séquence filmique attribuée à l’artiste Leo Josefstein, alias Fernand Spillemaekers, un subtil canular collectif, qui fut intégré au film présenté à la biennale de Paris de 1971. « Nature morte » fonctionne comme un relais entre divers protagonistes tentant de composer, en vain, une nature morte à l’aide d’une série d’objets quotidiens placés et déplacés successivement par les uns et les autres sur une table blanche. Pour « Hard’Music, 1975 », Charlier compose en effet quinze « natures mortes » autour de sa guitare de légende et du poêle familial, devant le poêle, sur le poêle, à côté du poêle, celui-ci toujours central dans l’image. Si les Photos – Sketches photographiés en décor extérieur nous renvoyaient au décor de « Paysage artistique » (lorsque Jacques Charlier peint vraiment un arbre, au latex, dans le paysage, en 1970), ces « natures mortes » composées pour ces vinyles rappellent cette autre « peinture », en fait cette autre photographie, « le paysage urbain familial et utilitaire » (lorsque Charlier repeint au Stelatex et au Levis Lux l’ensemble de la maison familiale durant le mois de juillet 1969), « parfaite coïncidence et superposition de l’art et de la vie »12, écrira-t-il dans le certificat qui accompagne cette œuvre. Il n’en va pas autrement ici dans cette suite de photographies, déclinaison répétitive, où l’on trouve même une tentation de mise en abyme par la présence dans les images de projets de pochettes de vinyles, des dessins, des collages, des textes, qui renvoient eux aussi à d’autres travaux. Ces photos pour vinyles sont ainsi des natures mortes domestiques. Et domestique, en quelque sorte, la musique, l’ « Hard Music » en l’occurrence, l’est aussi, car c’est, au chaud, dans cette pièce au poêle à mazout, que Charlier joue de la musique et même s’enregistre. En témoigne le magnétocassette qui apparaît dans les photographies. Spécifiquement pour cette œuvre, tout en composant ses natures mortes, il compose de la musique et enregistre quinze cassettes qu’il fixe, dans leur boîtier, sur chacun des faux vinyles.

L’ensemble est bien sûr accompagné d’un certificat (il faut lire les certificats de Jacques Charlier, car ceux-ci sont toujours très pédagogiques, recelant bien des indices). Charlier y précise que les photos ont été réalisées dans la pièce d’habitation aménagée en studio léger au numéro 101 de la rue Albert Mockel à Liège, qu’il y a bien 15 enregistrements sur cassettes, que chaque morceau est différent et dure environ une demie heure, que ces performances psycho acoustiques ont été réalisées sur une durée de trois mois, l’effort de concentration devant être maximum et que, dès lors, ils ont été exécutés sans interruptions, ni reprises, ni retouches. Charlier précise enfin que le tout est destiné à être montré à la galerie Vega à Liège. Le soir du vernissage, en octobre 1975, alors que ces pochettes sont accrochées aux cimaises (aux côtés d’une série de dessins), Charlier donnera un concert devant un public attentif et typique aux vernissages d’expositions. Même Elisabeth Rona, fondatrice de +/- 0, s’est déplacée.

A l’heure où nous écrivons ces lignes, nous ne savons pas encore ce qu’il y a sur ces cassettes audio (minicassettes, musicassettes pour reprendre la terminologie propre à l’époque). Le son a-t-il été conservé sur ces bandes magnétiques ? Je suis curieux de découvrir ce que peut être une « expérience psycho acoustique » façon Charlier (ce qui relie les sensations auditives de l’être humain aux sons qui parviennent à ses oreilles, une branche de la psychophysique qui fait appel à l’acoustique, qui étudie la nature et les propriétés des ondes sonores, à la physiologie de l’audition, à la psychologie et aux sciences cognitives). Il s’en expliquera lui-même, dans le catalogue qui accompagne l’exposition « Aktuelle Kunst in Belgie. Inzicht/Overzicht. Overzicht/Inzicht » qu’organise le Museum Van Hedendaagse Kunst de Gand, en 1979. « Axés sur un rythme de base, écrit Charlier, les sens se tordent, se répercutent, deviennent voix, chorale, bruissante, obsessionnelle. La relation psychologique que j’entretiens avec le public me conditionne dans les trajets que j’effectue en jouant.Lorsqu’un équilibre momentané est atteint (température psychologie, qualité du son, du rythme), je fixe provisoirement dans l’espace, en corrigeant la position de mon corps par rapport à l’influx général. Le point fort se trouve toujours a des endroits différents : parfois aux alentours de l’ampli, parfois dans le public, intériorisé, extériorisé, etc. Lorsque l’entièreté du mouvement est exploitée, je change d’endroits pour découvrir d’autres possibilités de résonance, de ruptures, d’amplitude. Les changements d’accords n’interviennent que pour compenser l’émotion, la perte d’énergie, un relancer dans une suite de mouvements, m’aider à récupérer dans l’effort qui se prolonge »13. Décidément, « art is another way, art in another way ».

1 Jean-Michel Botquin, Zone absolue, une exposition de Jacques Charlier en 1970, L’Usine à Stars, Liège, 2006

2 Jacques Charlier dans les Règles de l’Art, Lebeer Hossmann, Bruxelles, 1983. Ce vidéo musical est créé à l’occasion de l’exposition Vidéo d’Artistes organisée par Michel Baudson durant le printemps 1975 au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles.

3 Un extrait de « Desperados Music », 1979, a été édité (édition 1/20) par la galerie Fortlaan 17, sous forme de CD audio et de DVD, en 2007.

4 Denis Gielen, Vanishing Point, Dans Jacques Charlier, Peinture pour tous, MAC’s Grand Hornu, 2015

5 Dans les Règles de l’Art, opus cit.

6 Au moment de ce concert milanais, Charlier expose à la Françoise Lambert également à Milan. Il y montre une série de ses caricatures (il croquera bien sûr Françoise Lambert au passage).

7 Notons à la fin des années 70 la participation de Jacques Charlier au groupe Terril qu’il fonde avec André Stas. Durant les années 80, Charlier produira une série de « chansons idiotes et chansons tristes » qui donneront également lieu à des performances publiques.

8 « On/Off, catalogue d’exposition, sous la direction de Sandra Kolten, commissariat Enrico Lunghi, Le Casino, Forum d’art contemporain, 2006

9 Dans « Love me for ever », texte inédit, archives Charlier

10 Dans le texte qui accompagne la réédition de « Desperados Music », 1979

11 Dans Les Règles de l’Art, op.cit.

12 Dans Les Règles de l’Art, op.cit.

13 Aktuelle Kunst in Belgie. Inzicht/Overzicht. Overzicht/Inzicht », catalogue, Gent, 1979.

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Jacques Charlier, To be in the know or not, Ian Wilson, 1976

Jacques Charlier

TO BE IN THE KNOW OR NOT, IAN WILSON, 1976

«  C’est à partir de la fin des années 1960 à New York au contact d’artistes qualifiés de conceptuels comme Joseph Kosuth, Robert Barry ou Lawrence Weiner avec lesquels il eut de nombreux échanges, que Ian Wilson initie un travail essentiellement basé sur l’utilisation du langage. En 1968, une de ses premières pièces consiste à prendre le mot « temps », pendant toute la durée de l’année en cours, comme «objet» de recherche. Ainsi, allant à un vernissage dans une galerie, si quelqu’un lui demandait ce qu’il faisait en ce moment, il répondait qu’il était intéressé par le mot temps ou encore, si on l’interrogeait sur le fait de savoir comment le temps pouvait être le sujet de ses créations, il avançait « en tant qu’il est parlé, “temps” ». 1 « Pour Ian Wilson, explique Ghislain Mollet-Viéville, l’art conceptuel prend les principes de l’abstraction visuelle pour les appliquer au langage qui lui semble le moyen d’expression le plus informel. Sa volonté de décrire des concepts sans référence physique ou visuelle l’amène à avoir pour point de départ le connu et l’inconnu ». Ainsi peut-on lire, par exemple, dans la « Section 22 », 9 feuilles tapuscrites, datées de 1978 : « The unknown is known as unknown. That character of it that is known as unknown is known ». (Collection Ghislain Mollet-Viéville). Sur le carton d’invitation de la Discussion que Ian Wilson tient au Van Abbemuseum d’Eindhoven, le 3 juin 1983, est imprimé cette proposition ô combien sibylline : « that which is both known and unknown is what is known that which is both known and unknown is not known as both known and unknown whatever is known is just known ». 2 Vous me suivez ?

« Ian Wilson souligne qu’il n’est pas un poète et qu’il « considère la communication orale comme une sculpture ». L’artiste l’affirme plus clairement encore dans les discussions avec des interlocuteurs divers qu’il organise en les préparant à partir de 1972. Aucun enregistrement ni aucune prise de notes ne sont autorisés au cours de ces échanges qui se déroulent en un temps limité (généralement une heure) et avec une assistance restreinte (le nombre de places disponibles pour prendre part à l’œuvre est lui aussi fixé). Un certificat signé par l’artiste atteste que la pièce a bien été réalisée. L’absolu, sa définition et sa quête, sont bien souvent au cœur des échanges. En réduisant l’art à sa dimension verbale – « tout art est information et communication », avance I. Wilson qui confirme avoir « choisi de parler plutôt que de sculpter » – l’artiste évite l’assimilation de la création à la fabrication d’un objet, ouvrant alors la voie à ce qui, en 1968, a été qualifié par Lucy R. Lippard et John Chandler de dématérialisation de l’œuvre, phénomène marquant l’art de l’époque »3. « Le concept mis en place par Ian Wilson, continue Ghislain Mollet-Viéville, se veut séparé de la connaissance du monde extérieur pour mieux se concentrer sur lui-même. Ce qui lui parait important à travers ses discussions c’est la prise de conscience que l’on est et que cette connaissance sans dimension ni forme, aille au delà de l’espace et du temps pour traiter non pas de l’idée en tant que tel mais du degré d’abstraction de cette idée ». 4

Les « Discussions » que l’artiste new-yorkais tient dans les musées, les galeries ou chez les particuliers sont évidemment du pain béni pour Jacques Charlier, qui croque dès lors Ian Wilson en 1976. Et l’on remarquera le parallèle qui existe entre les Photos – Sketches et cette série de dessins consacrés à l’artiste new-yorkais. Une suite en six planches, comme un « Dessins – Sketch », qui, d’abord, contextualise la « Discussion » à venir (la carafe, le verre d’eau du conférencier). Ian Wilson, ensuite, se concentre, se mesure et, Socrate des Temps Conceptuels, plonge dans sa propre pensée. Le verbe enfin surgit, « The Know » en premier, « The Unknow » pour suivre, enfin la « Discussion », comme une logorrhée. Jusqu’au moment où l’un des spectateurs invisibles intervient et demande à l’artiste : « Why do you look right and left before you cross a street ? ». Moment d’affolement et d’interrogation dans le regard de Wilson qui finit par répondre : « Yes ! That’s really a good question ! ». Le voilà qui redescend des cimes absolues, avant de traverser la rue.
A nouveau, il y a bien des choses derrière le stéréotype qui déclenche le rire, ce sens commun entre rire et sérieux, le sérieux de Wilson et le rire de Charlier. L’humour justement associe toujours le sérieux au comique. Et l’art de Wilson est le principe même d’une démarche très sérieure, pas même Charlier n’en doute. Mais celui-ci sait que rire de se prendre au sérieux, c’est prendre au sérieux ce rire démystificateur.

1 Ian Wilson, cycle Rolywholyover, septième et dernier épisode, Mamco, Genève, 2009

2 Oscar van den Boogaard, Interview Ian Wilson, Jan Mot Gallery Newspaper 32, May-June 2002

3 Mamco, Cycle Rolywholyover, ibidem.

4 Ghislain Mollet-Viéville, ma collection au Mamco, Ian Wilson, Section 22, sur son site internet.

Jacques Charlier

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Jacques Charlier
To be in the know or not, Ian Wilson, 1976
Encre sur papier, 6 planches x 29,7 x 21 cm

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Jacques Charlier, Photos – Sketches, Sous l’arbre, L’art c’est naturel, L’Arrrttt, L’idée

SOUS L’ARBRE

– Il y a des gens que l’on comprend aisément…
– Y en a d’autres qui font de l’art facilement
– Dans n’importe quelle circonstance, avec n’importe quoi
– Comme ça. Pouff !
– N’importe où. Là par exemple…
– Doit y avoir un truc…

Jacques Charlier

Jacques Charlier

Jacques Charlier

Jacques Charlier

Jacques Charlier

Jacques Charlier

Jacques Charlier
Sous l’arbre, 1976
Photos Sketch, 6 photographies couleurs rehaussées à l’encre, (1) x 50,5 x 70,5 cm.

L’ART NATUREL

L’art ?
Quoi de plus naturel

Jacques Charlier

Jacques Charlier

Jacques Charlier

Jacques Charlier

Jacques Charlier
L’art naturel, 1974-77
Photos Sketch, 4 photographies couleurs rehaussées à l’encre, (1) x 50,5 x 70,5 cm

L’ARRRT
Photo-sketch 1974-77

-AAAAAAAAAAA
-RRRRRRRRRRR
-TTTTTTTTTTT
– Et quand c’est bien mûr, ça finit par tomber

Jacques Charlier

Jacques Charlier

Jacques Charlier

Jacques Charlier

Jacques Charlier
Arrrt, 1974-77
Photos Sketch, 4 photographies couleurs rehaussées à l’encre, (1) x 50,5 x 70,5 cm

L’IDEE

– L’idée
– la réflexion
– L’inspiration
– La création

Jacques Charlier

Jacques Charlier

Jacques Charlier

Jacques Charlier

Jacques Charlier
L’idée, 1974
Photos Sketch, 4 photographies NB rehaussées à l’encre, (1) x 50,5 x 70,5 cm

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Jacques Charlier, Photos – Sketches, La Piscine, L’ Insomnie, Pensant à l’Art

LA PISCINE

– Art à l’horizon !
– Ouf je commençais à m’inquieter sérieusement
– Maintenant il ne me reste plus qu’à attendre
– Que l’inspiration me tombe dessus
– Dans le calme, la sérénité
– Hélaaaaa
– J’ai une idée terrible
– Géniale
– d’une profondeur
– enfin, pas trop quand même
– ouais tout compte fait
– J’suis plus trop sûr

Jacques Charlier
La piscine, 1976
Photos Sketch, 12 photographies couleurs rehaussées à l’encre (12) x 30 x 40 cm

Jacques Charlier

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Jacques Charlier

Jacques Charlier

Jacques Charlier

Jacques Charlier

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Jacques Charlier

Jacques Charlier

Jacques Charlier

Jacques Charlier

L’INSOMNIE

– Dans le temps, quand je rêvais d’art, je n’arrivais pas à dormir
– Alors, toutes les nuits, je comptais des moutons
– Et j’avais beau me tourner et me retourner sur tous les côtés
– Les moutons m’obsédaient et mes yeux restaient grands ouverts
– Une nuit, j’ai commencé à compter tous ceux qui ne s’endormaient pas à cause de l’art
– Depuis je fais de l’art pour insomniaques.

Jacques Charlier

L’insomnie Photos - Sketch, 1974 - 1977

L’insomnie Photos - Sketch, 1974 - 1977

Jacques charlier

Jacques Charlier

Jacques Charlier

Jacques Charlier
L’insomnie, 1974-77
Photos Sketch, 6 photographies couleurs rehaussées à l’encre, (6) x 30 x 40 cm

PENSANT A L’ART

– Pensant à l’art…
– A ce qu’on en dit…
– A ce qu’on en fait…
– A ce qu’il en reste…

Jacques Charlier

Jacques Charlier
Pensant à l’art, 1974
Photos Sketch, 4 photographies NB rehaussée à l’encre, (1) x 52 x 52 cm

Jacques Charlier

Jacques Charlier

Jacques Charlier

Jacques Charlier

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Jacques Charlier, Photos – Sketches, Le Galeriste, Problème de Mur

LE GALERISTE

– Qu’est ce que je fous encore ici ?
– J’aurais pu fermer depuis des heures
– Dring ! Pas possible
– Une commande !
– Allo… oui ? Non… connais pas
– Jamais entendu parler
– Ca va… oui… J’vais le recevoir ton copain, c’est bien parce que c’est toi
– Dans ce boulot faut bien s’refiler des tuyaux
– En attendant je vais m’recycler !
– Toujours aussi rasoir
– Sauf la publicité. Ding dong
– Le salaud ! Il m’a envoyé un artiste !
– C’est à quel sujet ? Hé bien voilà M’sieur… Je…
– J’voudrais bien vous montrer. – Ah non pas question !
– Des choses que je fais depuis quelques temps. – Non ! moi je n’ai pas le temps.
– Juste un petit coup d’oeil ! – Non !
– Zut ! Il l’a posée sur la table
– Plus qu’une chose à faire : faire semblant de jeter un coup d’oeil… – Ca mord !
– Pas mal ceci… Très vide, très pur… – C’est mon dernier !
– Et vous n’avez jamais montré ça nulle part ? – Non !
– Ca vous intéresse ?
– Hélas… Mon programme est complet… – Loupé !
– Mais j’ai un copain que ça pourrait intéresser. Je lui passe un coup de fil. Ting !
– Allo ? Oui ! J’ai quelqu’un ici que tu dois absolument voir !

Jacques Charlier

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PROBLEME DE MUR

– Je sais… Vous allez encore me dire que l’art est ennuyeux
– Triste, hermétique, pseudo intellectuel, à la gomme, esthétisant, etc…
– Stupidement agressif !
– Ou pas assez révolutionnaire
– Vous vous plaignez ? D’accord mais avouez que c’est plutôt un problème de mur !
– Et qu’un mur nu c’est pas rien !

Jacques Charlier

Jacques Charlier
Problème de mur, 1974
Photos Sketch, 6 photographies NB rehaussées à l’encre, (6) x 30 x 40 cm

Jacques Charlier

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Jacques Charlier

Jacques Charlier

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Jacques Charlier, Photos – Sketches, Le Connoisseur, Compter l’Art, Sûr de l’Art

LE CONNOISSEUR

– Non !
– On nous a déjà montré des foutaises mais des pareilles alors !
– Encaisser ça ? Jamais !
– Quoique…
– Il y a un détail qui…
– Non… Ce n’est qu’une impression…
– Et tout le monde sait ce que valent les impressions…
– Et si c’était tout bêtement du flair ?
– LE FLAIR ! C’est ça qui compte dans l’Art !
– Mais faut pouvoir expliquer ça aux autres…
– Et dire pourquoi on aime ou on n’aime pas…
– Le type a voulu dire quelque chose mais quoi ?

Jacques Charlier

Jacques Charlier
Le connoisseur, 1974
Photos Sketch, 12 photographies NB rehaussées à l’encre, (1) x 52 x 52 cm

Jacques Charlier

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COMPTER L’ART

– La première ça marche toujours… On s’intéresse
– La seconde on se dit : non c’est vraiment trop con !
– On s’énerve ? Je m’obstine !
– Imperturbable…
– Ca pourrait durer des heures…
– Je me demande comment ceux qui déchiffrent l’art tiennent le coup?

Jacques Charlier

Jacques Charlier
Compter l’art, 1975
Photos Sketch, 6 photographies couleurs rehaussées à l’encre, (6) x 30 x 40 cm

Jacques Charlier

Jacques Charlier

Jacques Charlier

Jacques Charlier

Jacques Charlier

Jacques Charlier

SÛR DE L’ART

– J’suis pas tout à fait sûr que ce soit de l’art ?
– Si ! C’en est !
– Hummm ???
– Un peu simpliste, trouvez pas ?
– Et trop…
– Tant pis c’sera pour une autre fois !

Jacques Charlier

Jacques Charlier
Sûr de l’Art, 1974
Photos Sketch, 6 photographies NB rehaussées à l’encre, (6) x 30 x 40 cm

Jacques Charlier

Jacques Charlier

Jacques Charlier

Jacques Charlier

Jacques Charlier

Jacques Charlier

 

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