Archives de catégorie : Des expositions d’ailleurs / exhibitions artists

Alevtina Kakhidze, Imagine Ukraine, Muhka, Antwerpen

Alevtina Kakhidze, All Time News, installation, dimensions diverses, 2015 (Collection Muhka)

IMAGINE UKRAINE

28.04–21.08.2022

L’Europe doit accorder plus d’attention à l’Ukraine, à son caractère tangible et à sa complexité, à ses opportunités et à ses possibilités. Notre compréhension commune doit s’accroître. Imagine Ukraine est une réponse ambitieuse à cette situation. Elle veut renforcer l’espace de réflexion avec une perspective à long terme, vers l’avenir.

Imagine Ukraine est une initiative du PinchukArtCenter et du M HKA, développée avec la participation de BOZAR et du Parlement européen.

Trois expositions sont prévues dans le cadre d’Imagine Ukraine, rassemblant des œuvres d’artistes ukrainiens appartenant à la collection de la Communauté flamande et présentées à BOZAR, au Parlement européen et au M HKA. Cet espace sera complété par une série d’événements, avec des documents de référence, des débats, des projections de films et un programme éducatif pour les enfants réfugiés. Le projet comprend également une plateforme web en anglais, néerlandais, français et ukrainien.

Au Muhka la première de ces trois expositions rassemble des œuvres de Victoria Begalskaya, Sergey Bratkov, David Chichkan, Nikita Kadan et Alevtina Kakhidze.  Un programme vidéo présentant des vidéos de jeunes artistes ukrainiens a été conçu par le PinchukArtCenter, avec Yarema Malashchuk et Roman Himey, Daniil Revkovskiy et Andriy Rachinsliy, Dana Kavelina, Nikolay Karabinovych et Jan Bačynskyj ; et avec un nouveau dessin mural d’Anna Scherbyna.

Emilio Lopez Menchero, Atomic Ping Pong, Cultuurhuis Meerelbeke

Suite logique de l’installation Prometheus / Eurochimic, créée l’an dernier pour la triennale brugeoise A porous City, Emilio Lopez Menchero poursuit sa réflexion sur l’atome. Il est l’invité de Cultuurhuis à Merelbeke, pour une exposition monographique  dont Luk Lambrecht est le commissaire. À partir dune perspective personnelle et autobiographique, il formule des analyses poétiques des aspects géopolitiques et idéologiques liés à la recherche  et à l’énergie nucléaire. Exposition accessible tous les week-end, de 14 à 17h, jusqu’au 30 mai. 

Emilio Lopez Menchero, Atomícela Ping Pong, détails

Le communiqué : 

NL

De openluchtkunstwerken ‘Flowers’ (Merelbeke, 2012, WOII) en ‘Mosterd’ (Avelgem, 2018, WOI) zijn de aanleiding voor de expo’s Atomic Ping Pong 1 en 2. Gekruid met zijn autobiografie, diept architect en beeldend kunstenaar Emilio López-Menchero (°1960) zijn betrokkenheid met gemeentes met oorlogstrauma’s verder uit.Tweemaal een intens plastische denkoefening over chemie, wapens, oorlog en vrede.

Centraal op deze expo zal een ‘Cloud’ staan, een constructie van aan elkaar geassembleerde pingpongballen. De 33 tekeningen rond ‘Flowers’ staan symbool voor de afstand tussen Avelgem en Merelbeke in vogelvlucht, nl. 33 km. De moleculaire beeldtaal, in Avelgem ontstaan, zet Emilio hier verder op een canvas van 18 meter. Met dit nieuwe werk legt de kunstenaar de focus op een intense verwevenheid tussen markante en diep in het collectieve geheugen gebeitelde gevoeligheden van de Grote Oorlogen, zonder daarbij het heden te vergeten.

FR.

Les œuvres d’art en plein air « Flowers » (Merelbeke, 2012, Seconde Guerre mondiale) et « Mustard » (Avelgem, 2018, Première Guerre mondiale) sont l’occasion des expositions Atomic Ping Pong 1 et 2. Au travers de son autobiographie, l’architecte et artiste visuel Emilio López-Menchero (°1960) explore plus avant son engagement auprès des communautés touchées par les traumatismes de la guerre.

Au cœur de cette exposition se trouve un « nuage », une construction de balles de ping-pong assemblées les unes aux autres. Les 33 dessins autour de « Fleurs » symbolisent la distance entre Avelgem et Merelbeke à vol d’oiseau, soit 33 km. Les images moléculaires, créées à Avelgem, trouvent leur prolongement sur une toile de 18 mètres. Avec cette nouvelle œuvre, l’artiste se concentre sur une interconnexion intense entre les sensibilités frappantes et profondément ciselées des grandes guerres, sans oublier le présent.

Jacqueline Mesmaeker, Olivier Foulon, Raphaël Van Lerberghe, Projet Centenaire, BOZAR

Pour l’exposition centenaire du palais des Beaux Arts de Bruxelles, aujourd’hui BOZAR, Sylvie Eyberg a décidé de revivifier Tout est réel ici,  l’oeuvre de Jacqueline Mesmaeker, conçue en 2005 pour le Théâtre du Rideau de Bruxelles avec la collaboration d’Olivier Foulon et Raphaël Van Lerberghe.  Les mêmes se sont remis à la tâche. Tout est réel ici évoque l’écrivain Paul Willems, figure majeure des Lettres belges qui fut également directeur du Palais des Beaux-Arts. Exposition accessible à BOZAR jusqu’au 21 juillet. 

Archive musée Horta

le communiqué :

En 2022, ce sera la fête à Bozar. Le 4 avril 1922, à l’Hôtel de ville de Bruxelles, le Palais des Beaux-Arts a officiellement vu le jour. C’est à cette date, en effet, que les bases juridiques de la construction de l’édifice et l’ambition d’en faire une maison des arts devenaient réalité. Les statuts de ce monument historique constituent le point de départ des célébrations du centenaire de notre institution, qui débuteront en avril 2022 par l’exposition Projet Palais et un programme festif. En concertation avec le commissaire Wouter Davidts, Bozar a convié une dizaine d’artistes à participer à cet anniversaire et les a invités à réfléchir, à travers de nouvelles œuvres, à ce qu’une maison des arts comme Bozar peut signifier aujourd’hui et pour l’avenir. Ils passent au crible l’institution actuelle et reviennent sur son passé. Nous vous proposons de faire de même. Découvrez quelques fragments de la longue histoire du Palais des Beaux-Arts. Plusieurs œuvres – sélectionnées par nos artistes – qui lui ont été prêtées au fil des ans feront même leur retour. Ne vous attendez pas à un compte rendu historique, mais à un récit artistique tourné vers l’avenir. 

Le Projet Palais n’est que le début d’une longue série de commémorations célébrant l’inauguration et la vie du Palais. En effet, le 4 mai 1928, les salles d’exposition du Palais des Beaux-Arts ouvraient enfin leurs portes au public. Un public qui, un an plus tard, a pu assister à un premier concert dans la magnifique salle Henry Le Bœuf. 
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Artistes sélectionnés : Lara Almarcegui, Sammy Baloji & Johan Lagae & Traumnovelle, Lynn Cassiers, Jeremiah Day, Sylvie Eyberg, Liam Gillick, Auguste Orts, Annaïk Lou Pitteloud, Koen van den Broek, Belgian Institute Graphic Design.

Raphaël Van Lerberghe, Touching, moving, reading books, Wittockiana

Raphaël Van Lerberghe participe à l’exposition Touching, Moving, Reading books à la Wittockiana à Bruxelles. 

le communiqué de presse :

LABORATOIRE

Il est dit des livres – plus encore des livres apparentés à la création – que ce sont des objets qui déploient leur espace de présentation au fil des pages. Ils s’offrent souvent dans un rapport intime aux lecteur·rice·s qui les prennent en main, les ouvrent, les parcourent et les referment au bout d’un temps plus ou moins long. 

Que gagnent alors les livres à être présentés dans une salle d’exposition ? Comment une exposition de livres peut-elle véritablement engager la lecture alors qu’elle est soumise à certaines contraintes de conservation des ouvrages qui entravent leur manipulation ? Comment préserver une forme d’intimité et de liberté de la découverte lorsque l’ouvrage est exhibé, soumis au choix de l’exposant·e ? C’est l’enjeu principal autour duquel s’attarde le projet Touching, Moving, Reading Books mené à la Wittockiana à l’initiative des Éts. Decoux.

Cinq créateur·rice·s sont invité·e·s afin de mettre au point des dispositifs ou des situations de lecture au sein de cette exposition publique. Tou·te·s mènent des activités exclusivement ou partiellement dédiées au livre. Iels sont artistes, éditeur·trice·s, relieur·se·s: Thorsten Baensch, les Éts. Decoux, Clara Gevaert, Saskia Gevaert et Raphaël Van Lerberghe. En appréhendant les livres aussi bien du point de vue de leur contenu que de leur matérialité, iels proposeront des approches surprenantes de la lecture en dialogue avec les fonds de la Wittockiana, à travers des installations visuelles, sonores et même culinaires, en collaboration avec Christine Dupuis.

Pendant deux mois, la Wittockiana se fait laboratoire, évoluant au rythme de ces expérimentations, par l’entremise des artistes invité·e·s qui feront vivre leurs propositions, mais aussi à travers d’autres performances et animations. Par ailleurs, une journée d’étude, proposant un regard méta-réflexif sur les recherches amorcées, ponctuera l’exposition et fournira le cœur d’une publication destinée à paraître à la fin de l’année 2022.

LABORATORIUM

Er wordt gezegd van de boeken – nog meer bepaald van boeken die verband houden met de schepping – dat het om objecten gaat die zichzelf over de pagina’s heen ontvouwen. Vaak bieden ze zich in een intieme relatie met de lezers aan die ze in de hand nemen, openen, doorbladeren en na een min of meer lange tijd weer sluiten.

Wat heeft het voor zin om boeken in een tentoonstellingsruimte te laten zien ? Hoe kan een tentoonstelling van boeken de lezer echt betrekken als ze onderworpen is aan bepaalde beperkingen op het gebied van conservering die de behandeling van de boeken belemmeren ? Hoe kan een vorm van intimiteit en vrijheid van ontdekking worden behouden wanneer het boek wordt tentoongesteld, afhankelijk van de keuze van de exposant? Dit is het belangrijkste onderwerp van het project Touching, Moving, Reading Books dat op initiatief van Éts. Decoux in de Wittockiana wordt uitgevoerd.

Vijf makers zijn uitgenodigd om leesapparatuur of -situaties te ontwikkelen binnen deze publieke tentoonstelling. Zij voeren allemaal activiteiten die uitsluitend of gedeeltelijk gewijd zijn aan boeken. Ze zijn kunstenaars, uitgevers of boekbinders : Thorsten Baensch, Éts. Decoux, Clara Gevaert, Saskia Gevaert en Raphaël Van Lerberghe. Door naar boeken te kijken vanuit het standpunt van zowel hun inhoud als hun materialiteit, zullen zij verrassende benaderingen van het lezen voorstellen in dialoog met de collecties van de Wittockiana, door middel van visuele, geluids- en zelfs culinaire installaties, in samenwerking met Christine Dupuis.

Twee maanden lang fungeert de Wittockiana als een laboratorium, dat op het ritme van deze experimenten evolueert, door tussenkomst van de vijf gasten die hun voorstellen tot leven brengen, maar ook via andere voorstellingen en activiteiten. Daarnaast zal een studiedag, die een metareflectieve blik op het uitgevoerde onderzoek biedt, de tentoonstelling begeleiden en de kern vormen van een publicatie die eind 2022 zal verschijnen.

Olivier Foulon & Suchan Kinoshita, Keijiban, Kanazawa

Tokonoma, Leuven, 2016, détail

Olivier Foulon et Suchan Kinoshita sont les invités de la galerie Keijiban à Kanazawa. Exposition du 15 mars au 15 avril 2022, date à laquelle sera révélée en ligne l’édition  produite pour cette exposition.

Le communiqué :

Keijiban is a limited-edition publisher and art showcase based in Kanazawa, Japan. It was launched by Olivier Mignon, founding member of the Belgian (SIC) platform and editorial manager of A/Rjournal. Keijiban works with significant artists living abroad to produce prints, multiples, and original works, which are launched through monthly exhibitions in a keijiban (掲示板), an outdoor community noticeboard. The editions are then sold online and shipped worldwide.

Olivier Foulon was born in 1976. He currently lives in Berlin (Germany). Suchan Kinoshita was born in 1960. She currently lives in Brussels (Belgium).

While both artists have been developing their own practices for many years, they have also worked together on several projects.

These include Tokonoma, a collaborative work begun at Suchan Kinoshita’s instigation. Started in 2012, it consists of a structure made of a diagonal line connecting and supporting vertical and parallel planes that allows guest artists to intervene—Olivier Foulon being one of them. This complex installation sought to create interconnected exhibition layers, a sequence of constant interruptions and transitions that explore the various physical and conceptual spaces of an artwork.

Two years later, while the artists were both in New York to present a new version of Tokonoma, they used their residency at the Goethe-Institut to initiate joint painting sessions. Working side by side, they took a specific work by Belgian painter Walter Swennen as a “starting point”­: his painting Cigarette (2014) which had just been sold and therefore could not become part of Tokonoma NY. A selection of this series would later be exhibited in the Biennial of Painting (2020) at Museum Dhondt-Dhaenens in Deurle, Belgium, and was then named Karaoke Paintings.  

 

These two examples reflect the intersections of Foulon’s and Kinoshita’s distinctive practices with regard to several crucial issues, such as artistic collaboration and transmission, the passages from one medium to another, and the questioning of the artist’s role. 

Olivier Foulon & Suchan Kinoshita’s new edition will be available online on April 15, 2022.

 

Jacqueline Mesmaeker, Stèle 29*29*165, Perspectives minimales en Belgique, Delta, Namur

Maastricht 1989
Minimale, la stèle se dresse au pied du jubé de l’église Saint Augustin à Maastricht. C’est un parallélépipède de béton vibré. Les quatre fers à béton qui en émergent sont traces visibles du processus de fabrication et de son ancrage dans le réel. La stèle est accompagnée de cinq gammagraphies d’un chandelier. Elles ont été réalisées par le département Énergie de Cockerill Sambre à Seraing et sont imprimées sur un papier baryté. En fait, ce chandelier a été inclus dans la masse de la stèle, au moment où celle-ci fut coulée. Auparavant, Jacqueline Mesmaeker a eu soin de réaliser un photogramme de ce flambeau à cinq branches, une empreinte sur une longue planche noire photosensible, réalisée à la lumière d’une bougie. Cette empreinte rejoint le dispositif. L’œuvre porte un titre : Stèle 29*29*165. Ce sont les mesures de cette stèle de béton. Sa hauteur correspond à la taille de l’artiste.

Bruxelles 1990
A l’occasion de l’exposition de Stèle 29*29*165 galerie Guy Ledune, Jacqueline Mesmaeker réévalue le dispositif. La stèle fera face aux gammagraphies et au photogramme, mais celui-ci est désormais emballé dans un drap noir, un linceul en quelque sorte. Il disparait, lui aussi, aux regards.

Aalst 1990
Cette fois, l’œuvre est exposée au centre d’art De Werf, dans un grand espace ouvert et lumineux. La stèle est placée face à de larges baies vitrées. Les cinq gammagraphies sont déposées au sol, dans le juste prolongement de la stèle, comme si elles en étaient l’ombre. Exit, cette fois, le photogramme, qui n’est pas exposé. Cette exposition collective a pour titre : Tempels Zuilen Sokkel (Temples, Piliers, Socles)
Jacqueline Mesmaeker n’a jamais considéré l’art comme une collection d’objets statiques, mais comme une cristallisation temporaire de la forme et du contenu. Il lui arrive ainsi régulièrement de revisiter ses propres œuvres via des ajouts subtils, des déplacements d’éléments ou l’utilisation d’autres média, mis au service d’une présentation renouvelée. Les états de Stèle à Bruxelles et Aalst en attestent, l’évolution du dispositif enrichit le sens et multiplie les lectures.

Bruxelles 1993
Stèle 29*29*165 est à nouveau montrée, cette fois, dans une exposition intitulée Sculptures – Dessins à la galerie Camille von Scholz. A la fin de l’exposition, le transport de la stèle a été confié à un déménageur mais l’œuvre causait tant de problèmes de stockage pour l’artiste à cette époque qu’elle ne l’a jamais récupéré. Elle n’a plus été retrouvée depuis. Cet épisode correspond à une profonde réflexion : Jacqueline Mesmaeker décide de tourner le dos à tout ce qui a du poids, à tout ce qui encombre, à tout ce qui pourrait paraître trop péremptoire. Ce n’est pas un renoncement mais l’annonce d’une mutation dans sa pratique.

Paris 2019
Suite à une réflexion nourrie, avec la complicité de l’historien de l’art Olivier Mignon, Jacqueline Mesmaeker opte pour une nouvelle présentation, à l’invitation du galeriste Bernard Bouche. La colonne des gammagraphies fait face au photogramme recouvert de son drap noir. Entre les deux est présenté une petite photo polaroïd. C’est un simple document de travail, une photo de la stèle prise à Maastricht en 1989, en quelque sorte son souvenir revivifié au travers d’un support fragile, instable, dont l’image risque, elle aussi, de disparaître. Le dispositif reçoit un nouveau titre : Stèle, Bois et Drap.

Bruxelles 2020
A l’occasion de l’exposition monographique Ah quelle aventure ! à BOZAR à Bruxelles, la stèle de béton fait l’objet d’une nouvelle édition. Un chandelier similaire au premier est enchâssé dans cette stèle conforme et revisitée, coulé dans les mêmes conditions que la première et par le même opérateur. Il n’est plus permis d’utiliser la gammagraphie, technologie désormais considérée comme dangereuse. Afin de capturer l’image du second chandelier appel est, dès lors, fait à une technologie plus actuelle, le Géoradar GPR, capable d’une investigation non destructive de matériaux tel le béton.

Namur 2022
Il n’est pas question d’en finir, mais de faire évoluer le processus, en tenant compte de l’histoire et de ses péripéties. Jacqueline Mesmaeker refonde l’œuvre en fonction de ces étapes, de ce qui a été vu, de ce qui ne l’a pas été, ce qui en soi tombe sous le sens pour une œuvre qui évoque la vision, le regard, le visible, l’invisible et la disparition. Cette fois la présentation s’articule ainsi : la colonne des gammagraphies constitue l’épine dorsale de l’œuvre et de son histoire. Le photogramme restera en son linceul noir. La seconde version de la stèle s’ancre dans le réel, le polaroïd de la première stèle atteste du souvenir de l’existence de celle-ci et de sa disparition. Le présent texte consigne toutes ces péripéties. L’œuvre porte toujours son titre d’origine : Stèle 29*29*165 (1989-2022)

 

Maen Florin, Teen Spirit, BPS 22, Charleroi

Les sculptures de Maen Florin sont les archétypes d’un monde qu’elle conçoit comme une immense scène sur laquelle se joue la comédie humaine. Ses poupées sont à la fois une juxtaposition de matériaux et de sens. Elles mixent des références de l’enfance et de l’âge adulte pour témoigner d’une identité complexe qui résiste au formatage, notamment celui des avatars de jeux en ligne. Ces personnages marginaux sont constitués par l’assemblage de différents corps, de différentes personnalités et de différents maux. S’agit-il d’êtres mutants à l’ère de l’intelligence artificielle et du transhumanisme ? En pleine métamorphose, ces poupées à la fois attractives et repoussantes paraissent être dans une incapacité d’adaptation; sentiment qui traverse nombre d’adolescents confrontés à des modèles et à des valeurs dans lesquels ils peinent à se reconnaître.

Maen Florin
Doll / Remade II, 2015
Ceramics, polyester, polyurethane, epoxy, rubber, textiel
Maen Florin
Doll / Blossom, 2013
Polyester, textile, epoxy, hair, shoes. h. 102 cm
Maen Florin, Doll / Wounded, 2012- 2013 h. 145 cm
Maen Florin, Doll / Scream, 2008 Polyester, rubber, textile, tape h. 83 cm
Maen Florin
Doll / I have been in Hollywood, 2014 Polyester, epoxy, textile, hair, wool h. 101 cm
Maen Florin
On the wall X, 2017
Ceramics, polyester, wood, iron h.85 cm
Maen Florin, Doll / Dwarf II ( Ballerina ), 2009 Rubber, polyester, rope (Edition 1) h. 120 cm (Edition 1)Maen Florin Doll / Pink Rat, 2013, Polyester, textile, paint, ballet shoes h. 142 cm
Maen Florin
Doll / Branded, 2008 h. 77 cm
Maen Florin
On the Wall XI, 2016
Rubber, polyester, textile, wood, iron h.96,5 cm

Jacqueline Mesmaeker, Perspectives minimales en Belgique, Delta, Namur, dès ce 19 février 2022

Jacqueline Mesmaeker participe à l’exposition « Perspectives minimales en Belgique », au Delta à Namur. Commissaire : Anael Lejeune. Exposition du 19 février au 17 avril 2022. Vernissage le 18 février 2022

Jacqueline Mesmaeker

Le communiqué de presse :

En près de quarante œuvres majeures, découvrez les tendances minimales de l’art contemporain belge et de l’abstraction géométrique qui, dès les années 1920, ont jeté les premiers jalons de l’une des sensibilités artistiques majeures de notre pays.

Du 19.02 au 17.04, découvrez les œuvres de Felix de Boeck, Jan De Cock, Luc Coeckelberghs, Amédée Cortier, Jo Delahaut, Lili Dujourie, Willy De Sauter, Pierre-Louis Flouquet, Francine Holley, Huib Hoste, Alice Janne, Ann Veronica Janssens, Bernd Lohaus, Guy Mees, Marc Mendelson, Jacqueline Mesmaeker, Jozef Peeters, Mig Quinet, Jules Schmalzigaug, Victor Servranckx, Camiel van Breedam, Edmond Van Dooren, Philippe Van Snick, Georges Vantongerloo, Guy Vandenbranden, Dan Van Severen, Tapta, Didier Vermeiren, Marthe Wéry.

Au moment où il apparut aux États-Unis au milieu des années 1960, l’art minimal se caractérisait avant tout par un dépouillement formel extrême qui lui valut d’ailleurs les railleries d’une partie de la critique et du public. Les œuvres se présentaient le plus souvent comme d’imposants volumes géométriques ou structures élémentaires faits de matériaux industriels tels le contreplaqué, l’acier ou le plexiglas. Simples au point de paraître simplistes, ces œuvres ont pourtant permis de dévoiler avec une force inouïe certains enjeux fondamentaux que soulève la création artistique, lesquels continuent de féconder aujourd’hui encore l’esprit de bien des plasticiennes et plasticiens. Ce que permit de comprendre en effet le minimalisme était ceci : quelle que soit sa simplicité apparente, le sens de toute forme ou tout objet artistique dépend profondément de toute une série de facteurs tels que ses rapports de proportion avec le corps de la personne qui le contemple, les rapports d’échelle par rapport à l’architecture, les angles de vue sous lesquels il s’offre, les variations de lumière, etc.

Aussi, dès lors que l’on s’accordait sur le fait que le sens produit par une œuvre d’art ne repose pas uniquement sur les qualités plastiques de son objet mais sur le corps et les agissements de la spectatrice ou spectateur et sur le contexte d’exposition, les artistes se trouvaient désormais libres de conduire l’exploration curieuse de tous ces paramètres.

Et comme cette exposition en apporte témoignage, les plasticiennes et plasticiens belges ont largement accompagné cette tendance, s’emparant (non sans ironie ou humour parfois) de l’ensemble des ramifications du constat posé par l’art minimal.

Ainsi, l’idée que l’espace d’exposition ne soit pas neutre mais conditionne la manière de percevoir une œuvre donna lieu à maintes propositions artistiques interrogeant l’institution muséale, tant du point de vue architectural (Guy Mees, Marthe Wéry, Philippe Van Snick, Tapta) que du point de vue idéologique (Didier Vermeiren, Lili Dujourie). Parallèlement, la personnalité de la spectatrice ou du spectateur fit l’objet d’interrogations similaires, puisqu’il se trouva rapidement des artistes pour explorer les conditions de perception optique (Ann Veronica Janssens) ou physique (Jacqueline Mesmaeker, Bernd Lohaus) de l’être humain, aussi bien que son appartenance à tel ou tel groupe social ou ethnique, à telle ou telle catégorie économique, à tel ou tel genre, etc. (Alice Janne).

Mais la part belle faite également dans cette exposition à la peinture abstraite produite en Belgique durant la première moitié du XXe siècle, est là pour indiquer combien la tradition picturale belge — et en particulier l’abstraction géométrique ou constructiviste — a largement contribué à créer un contexte favorable à la réception et à l’épanouissement des tendances minimalistes auprès des plus jeunes générations d’artistes flamands et wallons, actives après les années 1960.

Façon de signifier combien l’économie plastique et la complexité qu’elle se révèle pourtant à même de charrier, sont profondément ancrées dans l’imaginaire artistique belge.

Gaetane Verbruggen, Art au Centre #8, Liège

Gaëtane Verbruggen
Sans titre, 2021
Huile et fusain sur bois préparé, 10 x 12,5 x 4,4 cm.

Les souvenirs nous sont tous fidèles, en principe. On s’attache à un endroit, une personne, un objet, ou encore, à un détail futile. On se souvient vaguement de certaines choses, comme on peut se souvenir des détails les plus précis d’un objet, d’un décor, d’une sensation. Nos pensées peuvent se déformer avec le temps, on en arrive à ne plus distinguer le vrai du faux, à s’être persuadé d’une chose, alors qu’il en s’agit d’une autre, à rendre fictif une partie du souvenir.

Je cherche à extérioriser des instants intraduisibles et fragiles, un peu flous. Je prends plaisir à capter l’âme des instants du quotidien, retranscrire l’émotion face aux banalités de la vie ordinaire, et en accepter leur simplicité. Mes travaux sont donc le témoignage de diverses sensations restées encrées dans mon esprit, qu’elles soient dupées par le temps ou non.

Je me suis intéressée aux lieux oubliés, ces sites remplis d’histoires, auxquels personne ne prête attention, ces endroits sans figure, dotés de lumière diffuses et intimes, capables de nous rappeler une anecdote. Nous avons les moyens d’imaginer un passé, un historique fictif en quelques secondes. Des récits différents pour chaque lieu, des émotions différentes à chaque instant. Nous avançons alors dans la fiction que l’on se crée et nous nous emparons ainsi d’instants irréels.

Selon Alberti, le tableau serait comme une fenêtre ouverte. Où se trouve dès lors, si seulement elle existe, la limite entre la réalité et l’imagination ? Pouvons-nous jongler avec le visible et l’invisible produit par une lumière naturelle ? Inconsciemment, nous sommes généralement capables de nous construire une image mentale dissimulée derrière les ouvertures de ces paysages d’intérieurs, jusqu’à peut-être avoir l’envie d’y pénétrer, comme si un nouveau monde se dessinait derrière le support. Je choisis d’utiliser ici la fenêtre en vue de révéler plusieurs propositions contradictoires ; l’intime et le public, le perceptible et l’imperceptible.

Gaëtane Verbruggen