Archives de catégorie : Jacqueline Mesmaeker

Jacqueline Mesmaeker, Olivier Foulon, Raphaël Van Lerberghe, Projet Centenaire, BOZAR

Pour l’exposition centenaire du palais des Beaux Arts de Bruxelles, aujourd’hui BOZAR, Sylvie Eyberg a décidé de revivifier Tout est réel ici,  l’oeuvre de Jacqueline Mesmaeker, conçue en 2005 pour le Théâtre du Rideau de Bruxelles avec la collaboration d’Olivier Foulon et Raphaël Van Lerberghe.  Les mêmes se sont remis à la tâche. Tout est réel ici évoque l’écrivain Paul Willems, figure majeure des Lettres belges qui fut également directeur du Palais des Beaux-Arts. Exposition accessible à BOZAR jusqu’au 21 juillet. 

Archive musée Horta

le communiqué :

En 2022, ce sera la fête à Bozar. Le 4 avril 1922, à l’Hôtel de ville de Bruxelles, le Palais des Beaux-Arts a officiellement vu le jour. C’est à cette date, en effet, que les bases juridiques de la construction de l’édifice et l’ambition d’en faire une maison des arts devenaient réalité. Les statuts de ce monument historique constituent le point de départ des célébrations du centenaire de notre institution, qui débuteront en avril 2022 par l’exposition Projet Palais et un programme festif. En concertation avec le commissaire Wouter Davidts, Bozar a convié une dizaine d’artistes à participer à cet anniversaire et les a invités à réfléchir, à travers de nouvelles œuvres, à ce qu’une maison des arts comme Bozar peut signifier aujourd’hui et pour l’avenir. Ils passent au crible l’institution actuelle et reviennent sur son passé. Nous vous proposons de faire de même. Découvrez quelques fragments de la longue histoire du Palais des Beaux-Arts. Plusieurs œuvres – sélectionnées par nos artistes – qui lui ont été prêtées au fil des ans feront même leur retour. Ne vous attendez pas à un compte rendu historique, mais à un récit artistique tourné vers l’avenir. 

Le Projet Palais n’est que le début d’une longue série de commémorations célébrant l’inauguration et la vie du Palais. En effet, le 4 mai 1928, les salles d’exposition du Palais des Beaux-Arts ouvraient enfin leurs portes au public. Un public qui, un an plus tard, a pu assister à un premier concert dans la magnifique salle Henry Le Bœuf. 
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Artistes sélectionnés : Lara Almarcegui, Sammy Baloji & Johan Lagae & Traumnovelle, Lynn Cassiers, Jeremiah Day, Sylvie Eyberg, Liam Gillick, Auguste Orts, Annaïk Lou Pitteloud, Koen van den Broek, Belgian Institute Graphic Design.

Jacqueline Mesmaeker, Stèle 29*29*165, Perspectives minimales en Belgique, Delta, Namur

Maastricht 1989
Minimale, la stèle se dresse au pied du jubé de l’église Saint Augustin à Maastricht. C’est un parallélépipède de béton vibré. Les quatre fers à béton qui en émergent sont traces visibles du processus de fabrication et de son ancrage dans le réel. La stèle est accompagnée de cinq gammagraphies d’un chandelier. Elles ont été réalisées par le département Énergie de Cockerill Sambre à Seraing et sont imprimées sur un papier baryté. En fait, ce chandelier a été inclus dans la masse de la stèle, au moment où celle-ci fut coulée. Auparavant, Jacqueline Mesmaeker a eu soin de réaliser un photogramme de ce flambeau à cinq branches, une empreinte sur une longue planche noire photosensible, réalisée à la lumière d’une bougie. Cette empreinte rejoint le dispositif. L’œuvre porte un titre : Stèle 29*29*165. Ce sont les mesures de cette stèle de béton. Sa hauteur correspond à la taille de l’artiste.

Bruxelles 1990
A l’occasion de l’exposition de Stèle 29*29*165 galerie Guy Ledune, Jacqueline Mesmaeker réévalue le dispositif. La stèle fera face aux gammagraphies et au photogramme, mais celui-ci est désormais emballé dans un drap noir, un linceul en quelque sorte. Il disparait, lui aussi, aux regards.

Aalst 1990
Cette fois, l’œuvre est exposée au centre d’art De Werf, dans un grand espace ouvert et lumineux. La stèle est placée face à de larges baies vitrées. Les cinq gammagraphies sont déposées au sol, dans le juste prolongement de la stèle, comme si elles en étaient l’ombre. Exit, cette fois, le photogramme, qui n’est pas exposé. Cette exposition collective a pour titre : Tempels Zuilen Sokkel (Temples, Piliers, Socles)
Jacqueline Mesmaeker n’a jamais considéré l’art comme une collection d’objets statiques, mais comme une cristallisation temporaire de la forme et du contenu. Il lui arrive ainsi régulièrement de revisiter ses propres œuvres via des ajouts subtils, des déplacements d’éléments ou l’utilisation d’autres média, mis au service d’une présentation renouvelée. Les états de Stèle à Bruxelles et Aalst en attestent, l’évolution du dispositif enrichit le sens et multiplie les lectures.

Bruxelles 1993
Stèle 29*29*165 est à nouveau montrée, cette fois, dans une exposition intitulée Sculptures – Dessins à la galerie Camille von Scholz. A la fin de l’exposition, le transport de la stèle a été confié à un déménageur mais l’œuvre causait tant de problèmes de stockage pour l’artiste à cette époque qu’elle ne l’a jamais récupéré. Elle n’a plus été retrouvée depuis. Cet épisode correspond à une profonde réflexion : Jacqueline Mesmaeker décide de tourner le dos à tout ce qui a du poids, à tout ce qui encombre, à tout ce qui pourrait paraître trop péremptoire. Ce n’est pas un renoncement mais l’annonce d’une mutation dans sa pratique.

Paris 2019
Suite à une réflexion nourrie, avec la complicité de l’historien de l’art Olivier Mignon, Jacqueline Mesmaeker opte pour une nouvelle présentation, à l’invitation du galeriste Bernard Bouche. La colonne des gammagraphies fait face au photogramme recouvert de son drap noir. Entre les deux est présenté une petite photo polaroïd. C’est un simple document de travail, une photo de la stèle prise à Maastricht en 1989, en quelque sorte son souvenir revivifié au travers d’un support fragile, instable, dont l’image risque, elle aussi, de disparaître. Le dispositif reçoit un nouveau titre : Stèle, Bois et Drap.

Bruxelles 2020
A l’occasion de l’exposition monographique Ah quelle aventure ! à BOZAR à Bruxelles, la stèle de béton fait l’objet d’une nouvelle édition. Un chandelier similaire au premier est enchâssé dans cette stèle conforme et revisitée, coulé dans les mêmes conditions que la première et par le même opérateur. Il n’est plus permis d’utiliser la gammagraphie, technologie désormais considérée comme dangereuse. Afin de capturer l’image du second chandelier appel est, dès lors, fait à une technologie plus actuelle, le Géoradar GPR, capable d’une investigation non destructive de matériaux tel le béton.

Namur 2022
Il n’est pas question d’en finir, mais de faire évoluer le processus, en tenant compte de l’histoire et de ses péripéties. Jacqueline Mesmaeker refonde l’œuvre en fonction de ces étapes, de ce qui a été vu, de ce qui ne l’a pas été, ce qui en soi tombe sous le sens pour une œuvre qui évoque la vision, le regard, le visible, l’invisible et la disparition. Cette fois la présentation s’articule ainsi : la colonne des gammagraphies constitue l’épine dorsale de l’œuvre et de son histoire. Le photogramme restera en son linceul noir. La seconde version de la stèle s’ancre dans le réel, le polaroïd de la première stèle atteste du souvenir de l’existence de celle-ci et de sa disparition. Le présent texte consigne toutes ces péripéties. L’œuvre porte toujours son titre d’origine : Stèle 29*29*165 (1989-2022)

 

Jacqueline Mesmaeker, Perspectives minimales en Belgique, Delta, Namur, dès ce 19 février 2022

Jacqueline Mesmaeker participe à l’exposition « Perspectives minimales en Belgique », au Delta à Namur. Commissaire : Anael Lejeune. Exposition du 19 février au 17 avril 2022. Vernissage le 18 février 2022

Jacqueline Mesmaeker

Le communiqué de presse :

En près de quarante œuvres majeures, découvrez les tendances minimales de l’art contemporain belge et de l’abstraction géométrique qui, dès les années 1920, ont jeté les premiers jalons de l’une des sensibilités artistiques majeures de notre pays.

Du 19.02 au 17.04, découvrez les œuvres de Felix de Boeck, Jan De Cock, Luc Coeckelberghs, Amédée Cortier, Jo Delahaut, Lili Dujourie, Willy De Sauter, Pierre-Louis Flouquet, Francine Holley, Huib Hoste, Alice Janne, Ann Veronica Janssens, Bernd Lohaus, Guy Mees, Marc Mendelson, Jacqueline Mesmaeker, Jozef Peeters, Mig Quinet, Jules Schmalzigaug, Victor Servranckx, Camiel van Breedam, Edmond Van Dooren, Philippe Van Snick, Georges Vantongerloo, Guy Vandenbranden, Dan Van Severen, Tapta, Didier Vermeiren, Marthe Wéry.

Au moment où il apparut aux États-Unis au milieu des années 1960, l’art minimal se caractérisait avant tout par un dépouillement formel extrême qui lui valut d’ailleurs les railleries d’une partie de la critique et du public. Les œuvres se présentaient le plus souvent comme d’imposants volumes géométriques ou structures élémentaires faits de matériaux industriels tels le contreplaqué, l’acier ou le plexiglas. Simples au point de paraître simplistes, ces œuvres ont pourtant permis de dévoiler avec une force inouïe certains enjeux fondamentaux que soulève la création artistique, lesquels continuent de féconder aujourd’hui encore l’esprit de bien des plasticiennes et plasticiens. Ce que permit de comprendre en effet le minimalisme était ceci : quelle que soit sa simplicité apparente, le sens de toute forme ou tout objet artistique dépend profondément de toute une série de facteurs tels que ses rapports de proportion avec le corps de la personne qui le contemple, les rapports d’échelle par rapport à l’architecture, les angles de vue sous lesquels il s’offre, les variations de lumière, etc.

Aussi, dès lors que l’on s’accordait sur le fait que le sens produit par une œuvre d’art ne repose pas uniquement sur les qualités plastiques de son objet mais sur le corps et les agissements de la spectatrice ou spectateur et sur le contexte d’exposition, les artistes se trouvaient désormais libres de conduire l’exploration curieuse de tous ces paramètres.

Et comme cette exposition en apporte témoignage, les plasticiennes et plasticiens belges ont largement accompagné cette tendance, s’emparant (non sans ironie ou humour parfois) de l’ensemble des ramifications du constat posé par l’art minimal.

Ainsi, l’idée que l’espace d’exposition ne soit pas neutre mais conditionne la manière de percevoir une œuvre donna lieu à maintes propositions artistiques interrogeant l’institution muséale, tant du point de vue architectural (Guy Mees, Marthe Wéry, Philippe Van Snick, Tapta) que du point de vue idéologique (Didier Vermeiren, Lili Dujourie). Parallèlement, la personnalité de la spectatrice ou du spectateur fit l’objet d’interrogations similaires, puisqu’il se trouva rapidement des artistes pour explorer les conditions de perception optique (Ann Veronica Janssens) ou physique (Jacqueline Mesmaeker, Bernd Lohaus) de l’être humain, aussi bien que son appartenance à tel ou tel groupe social ou ethnique, à telle ou telle catégorie économique, à tel ou tel genre, etc. (Alice Janne).

Mais la part belle faite également dans cette exposition à la peinture abstraite produite en Belgique durant la première moitié du XXe siècle, est là pour indiquer combien la tradition picturale belge — et en particulier l’abstraction géométrique ou constructiviste — a largement contribué à créer un contexte favorable à la réception et à l’épanouissement des tendances minimalistes auprès des plus jeunes générations d’artistes flamands et wallons, actives après les années 1960.

Façon de signifier combien l’économie plastique et la complexité qu’elle se révèle pourtant à même de charrier, sont profondément ancrées dans l’imaginaire artistique belge.

Art Antwerp 2021, preview, Jacqueline Mesmaeker, Olivier Foulon

Jacqueline Mesmaeker, Contour clandestin, technique mixte sur papier, 29,7 x 21 cm, 2021
Jacqueline Mesmaeker, Contour clandestin, technique mixte sur papier, 29,7 x 21 cm, 2021
Jacqueline Mesmaeker, Contour clandestin, technique mixte sur papier, 29,7 x 21 cm, 2021
Jacqueline Mesmaeker, Contour clandestin, technique mixte sur papier, 29,7 x 21 cm, 2021
Jacqueline Mesmaeker, Contour clandestin, technique mixte sur papier, 29,7 x 21 cm, 2021
Jacqueline Mesmaeker, Contour clandestin, technique mixte sur papier, 29,7 x 21 cm, 2021
Jacqueline Mesmaeker, Contour clandestin, technique mixte sur papier, 29,7 x 21 cm, 2021
Jacqueline Mesmaeker, Contour clandestin, technique mixte sur papier, 29,7 x 21 cm, 2021
Jacqueline Mesmaeker, Contour clandestin, technique mixte sur papier, 29,7 x 21 cm, 2021
Jacqueline Mesmaeker, Contour clandestin, technique mixte sur papier, 29,7 x 21 cm, 2021
Jacqueline Mesmaeker, Contour clandestin, technique mixte sur papier, 29,7 x 21 cm, 2021
Jacqueline Mesmaeker, Contour clandestin, technique mixte sur papier, 29,7 x 21 cm, 2021
Jacqueline Mesmaeker, Contour clandestin, technique mixte sur papier, 29,7 x 21 cm, 2021
Jacqueline Mesmaeker, Contour clandestin, technique mixte sur papier, 29,7 x 21 cm, 2021
Jacqueline Mesmaeker, Contour clandestin, technique mixte sur papier, 29,7 x 21 cm, 2021
Jacqueline Mesmaeker, Contour clandestin, technique mixte sur papier, 29,7 x 21 cm, 2021
Jacqueline Mesmaeker, Contour clandestin, technique mixte sur papier, 29,7 x 21 cm, 2021
Jacqueline Mesmaeker, Contour clandestin, technique mixte sur papier, 29,7 x 21 cm, 2021
Jacqueline Mesmaeker, Contour clandestin, technique mixte sur papier, 29,7 x 21 cm, 2021
Jacqueline Mesmaeker, Contour clandestin, technique mixte sur papier, 29,7 x 21 cm, 2021
Jacqueline Mesmaeker, Contour clandestin, technique mixte sur papier, 29,7 x 21 cm, 2021
Olivier Foulon, Sans titre (Alexander Lieck), Copies Xerox et colle sur toile, (3) x 50 x 60 cm

Jacqueline Mesmaeker, Quelle Aventure ! sortie de presse

Attendu avec impatience, il est sorti de presse…

Jacqueline Mesmaeker: Quelle aventure!

Luk Lambrecht, Lieze Eneman, Michel Baudson, Jean-Michel Botquin, Saskia De Coster, Anne Pontégnie, Melanie Deboutte, Sophie Lauwers, Philippe Van Cauteren

L’œuvre de l’artiste belge Jacqueline Mesmaeker (née en 1929) est immatérielle, discrète et captivante. Partant d’intentions analytiques et de protocoles expérimentaux liés à la perception et à la représentation, sa pratique est ancrée dans un univers littéraire et poétique, incluant des références à Lewis Carroll, Mallarmé, Melville ou Paul Willems. Minimal, parfois même inaperçu, son travail rare et précis n’en est pas moins présent. Elle s’empare volontiers de l’espace, jouant avec l’architecture réelle et symbolique, révélant les structures et les lignes de force, mais aussi les erreurs, en déjouant leurs perspectives ou en les corrigeant par touches délicates.
En 2020, le CC Strombeek, BOZAR et le Musée Roger Raveel ont exposé de nouvelles sélections des ensembles délicats de Mesmaeker, des œuvres poétiques qui échappent à toute description sémantique. Le CC Strombeek a réussi, en concertation avec l’artiste, à reconstituer l’œuvre Enkel Zicht Naar Zee, Naar West (1978) dans sa présentation originale, après 35 ans. L’œuvre se compose de 5 projections capturées sur des grilles transparentes en soie naturelle. Elles montrent une volée d’oiseaux volants, circulant et se mêlant dans l’espace, apparaissant et disparaissant à travers les voiles.
Ce livre constitue le catalogue de la trilogie d’expositions individuelles de Mesmaeker en 2020 : Ah, Quelle aventure ! Bozar (mai-juillet 2020) et CC Strombeek (janvier-mars 2020) et De page en page au Musée Roger Raveel (décembre 2020-mars 2021).
ISBN : 9789463932790
232 pages, illustrations en couleurs et en noir et blanc, 28 x 21,5 cm, broché, anglais/néerlandais/français.

Disponible à la galerie au prix de 39 euros

Jacqueline Mesmaeker: Quelle aventure!

Luk Lambrecht, Lieze Eneman, Michel Baudson, Jean-Michel Botquin, Saskia De Coster, Anne Pontégnie, Melanie Deboutte, Sophie Lauwers, Philippe Van Cauteren

CC Strombeek, Bozar, Roger Raveel Museum, S.M.A.K. & MER. B&L, 2021

The work of Belgian artist Jacqueline Mesmaeker (b. 1929) is intangible, discreet and captivating. Starting from analytical intentions and experimental protocols linked to perception and representation, her practice remains anchored in a literary and poetic universe, including references to Lewis Carroll, Mallarmé, Melville or Paul Willems. Minimal, sometimes even unnoted, her rare and precise work is nonetheless present. It willingly takes over space, playing with the actual and symbolic architecture, revealing the structures and lines of force, but also the errors, by thwarting their perspectives or correcting them with delicate touches.
In the year of 2020, CC Strombeek, BOZAR and Roger Raveel Museum have exhibited new selections of Mesmaeker’s fragile ensembles; poetic works that evade every semantic description. CC Strombeek succeeded—in consultation with the artist—to reconstruct the work Enkel Zicht Naar Zee, Naar West (1978) to its original presentation, after 35 years. The work consists of 5 projections captured on transparent, natural silk scrims. They show a flock of flying birds, circulating and mingling in space, appearing and disappearing through the veils.
This book forms a catalogue of Mesmaeker’s trilogy of solo-exhibitions in 2020: Ah, Quelle aventure ! at Bozar (May–July 2020) and CC Strombeek (January–March 2020) and De page en page at Roger Raveel Museum (December 2020–March 2021). 

ISBN: 9789463932790

232 pages, illustrations in color & b/w, 28 x 21,5 cm, paperback, English/Dutch/French

Available at the gallery. 39 euros

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Fiac Paris 2021, les images (4)

Jacqueline Mesmaeker Secret Outlines, 1996. Docteur Johnson – Essai sur la fatigue – Childhood – Lenin – Versailles – Fontainebleau – Une chambre à soi – Théorie sur la culture.

The work consists of 8 books with drawings in the text and margins. Each book is accompanied by a video presenting all the artist’s interventions. – Dr. Johnson, Some Observations and Judgments upon Life and Letters, Londres, Zodiac Books, 1948. – Francesca Allinson, A Childhood, Londres, Hogarth Press, 1937. – W. I. Lenin, Marx Engels Marxismus, Moscou, Verlag für Fremdsprachige Literatur, 1947. – Versailles, extrait des collections Nd. Phot., [s.l.n.d.]. – Virginia Woolf, Une chambre à soi, Paris, Denoël, coll. 10/18, 1992. – Bronislaw Malinowski, Une théorie scientifique de la culture, Paris, François Maspero, coll. Points, 1968 – Le château de Fontainebleau, [s.l.n.d.] -Peter Handke (Essai sur la fatigue)

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Jacqueline Mesmaeker, Fiac Paris Grand Palais éphémère, preview, Contours clandestins

Jacqueline Mesmaeker, Contour clandestin, crayon sur papier, 29,7 x 21 cm, 2021

(… ) Toutefois, trois interventions réalisées au milieu des, années 1990 attestent d’une nouvelle orientation du, dessin, interventions que l’on peut regrouper sous, le titre générique de Contours clandestins. Que ce soit en 1995, à La Glacière (Bruxelles) pour l’exposition éponyme, ou en 1996, tant à la Norwich Gallery (Norwich) pour l’exposition EASTinternational qu’à l’Atelier Saint-Anne (Bruxelles) pour A sentimental Journey, le dessin quitte dans ces trois lieux une vocation monumentale pour adopter une tout autre dimension et fonction. On assiste à un changement d’échelle : ce ne sont plus des tracés réalisés au fil qui épousent les dimensions des lieux, mais une multitude de marques, généralement de petite dimension, disséminées dans l’espace d’exposition ; ainsi, pour l’exposition éponyme, il s’agissait de quelques 500 marques réparties sur les différents murs du lieu, constituant un univers en soi. On assiste également à un changement de vocabulaire : à la ligne droite dessinant les contours d’éléments architectoniques se substituent des tracés, pour ainsi dire naïfs, dessinant les contours d’objets et d’animaux (éléphants, boeufs, chiens, poissons, etc.) ouvrant sur un univers mirifique.

Les termes « contours » et « clandestins » employés pour qualifier ces interventions ont leur pertinence. Il s’agit bien de contours, où le dessin consiste à sentir le lieu, par exemple, à relever par la main les accidents de surface qui ponctuent le mur et, partant de cette information ténue (de l’ordre du ressenti plus que du pensé, ou du conceptualisé), d’en réaliser une configuration graphique, littéralement d’en faire une figure, en lui donnant une apparence sensible. À l’instar de Tracés, c’est la main qui suit, qui opère quasi aveuglément, épouse et interroge le lieu, afin que cette rencontre produise de multiples impulsions qui se trouvent converties en de multiples figures. À l’instar des interventions dites monumentales, c’est toujours la relation de l’artiste au lieu qui fait oeuvre d’art. Mais le changement d’approche du lieu, de son mode de ressenti, conduit à un changement graphique qui se révèle déterminant. Jacqueline Mesmaeker ne travaille plus sur les lignes essentielles du lieu, sur sa forme globale, mais bien sur les informations périphériques, ou parergonales, qui le particularisent, lui donnent son épaisseur physique, phénoménologique, historique. Mais il s’agit bien également d’une forme de clandestinité qui prend corps dans ces différentes interventions, si l’on entend par ce terme ce qui opère secrètement et se soustrait à la loi du visible. Une double clandestinité agit en effet ici. Premièrement, rendus visibles par la main, ils sont en retour rendus à une invisibilité partielle du fait de leur plongée dans la pénombre des lieux. Jouant de cette pénombre ou aidé d’une lampe torche, le spectateur est appelé à révéler ces contours afin de les extraire une nouvelle fois de leur clandestinité initiale. Deuxièmement, la démonumentalisation de l’oeuvre qui agit ici engage à cette dissémination de signes dans l’espace d’exposition, une dissémination dont l’articulation reste pour nous secrète. Tout droit sorti de bestiaires médiévaux, sortes de culs de lampes extraits des premières éditions anglaises d’ Alice’s Adventures in Wonderland, comme l’artiste aime à le rappeler, ces signes font mine qu’une narration puisse se constituer. Ils agissent comme des points d’impulsion – à l’instar de cette main qui, parcourant la surface des murs, produisait les impulsions nécessaires à la réalisation de ces figures – ou des amorces d’une histoire qui se retient, dont on entend de manière éparse le murmure sans que, passant de signes en signes, un sens unique, ou une narration, ne parvienne à se constituer. C’est que ces signes sont également le résultat d’un travail de réminiscence effectué par l’artiste à partir d’histoires d’enfants, à l’instar de l’histoire d’Alice, figure par excellence du récit d’enfant basé entre autres sur la métamorphose des signes. Le spectateur est plongé dans un unique espace où vibrent et fourmillent ces signes graphiques, espace dont Jacqueline Mesmaeker aurait soustrait de notre vue le fil, les articulations, ce qui permet de constituer l’histoire, la narration.

Les interventions que l’on peut regrouper sous la dénomination de Contours clandestins ont quelque chose également de déterminant, comme nous l’avons écrit, dans la production de l’artiste. L’emploi de crayons de couleurs différentes sur le mur (généralement bleu, rouge ou noir) atteste d’une volonté de travailler avec un minimum de moyens. Ce changement s’opère suite à la réalisation en 1989 pour une église à Maastricht d’une oeuvre monumentale intitulée Stèle 29*29*165. Dans la lettre à Lynda Morris, elle écrit : « Et c’est depuis l’été 1995 que je réalisai des interventions ne nécessitant que peu de moyens, non encombrantes, non perturbantes en apparence. Tiraillement entre austérité et dérision. Des choses à découvrir ou à ne pas voir : les détails qui peuvent passer inaperçus. Ainsi le plaisir de chercher de minuscules organismes dans un espace immense. Easter eggs. Ainsi donc, à la suite de votre lettre je décidai de partir à Norwich avec un bagage minimum : contenant simplement quelques crayons noirs, rouges et bleus, un paquet de textes imprimés (“Zone à, préposition à”) en rouge et noir, des post-it de toutes les couleurs et deux cassettes vidéos. Je n’avais aucune idée précise de l’agencement de tous ces éléments ».

Outre que l’artiste souligne le jeu entre visibilité et invisibilité caractérisant ces interventions in situ – qu’elle dénomme judicieusement par l’expression Easter eggs, désignant également une information masquée et dormante, laissée en état de latence –, Jacqueline Mesmaeker indique bien cette nécessité, survenue à la suite de Stèle, d’opérer une réduction de ses moyens. Ce désir d’une économie restreinte ne conduira pourtant pas, comme on l’a vu et comme on le verra, à une réduction de son langage. Mais il permet d’expliquer, certes en partie, pourquoi Jacqueline Mesmaeker put se tourner vers la réalisation de livres mais également vers l’intervention dans des livres existants ; ce dernier travail apparaissant comme une extension et un déplacement logique des Contours Clandestins.(…)

Raphael Pirenne, dans « Jacqueline Mesmaeker, Oeuvres 1975-2011, aux Editions (SIC) & couper ou pas couper, sous la direction de Olivier Mignon.

Jacqueline Mesmaeker, Contour clandestin, crayon sur papier, 29,7 x 21 cm, 2021
Jacqueline Mesmaeker, Contour clandestin, crayon sur papier, 29,7 x 21 cm, 2021
Jacqueline Mesmaeker, Contour clandestin, crayon sur papier, 29,7 x 21 cm, 2021
Jacqueline Mesmaeker, Contour clandestin, crayon sur papier, 29,7 x 21 cm, 2021
Jacqueline Mesmaeker, Contour clandestin, crayon sur papier, 29,7 x 21 cm, 2021
Jacqueline Mesmaeker, Contour clandestin, crayon sur papier, 29,7 x 21 cm, 2021
Jacqueline Mesmaeker, Contour clandestin, crayon sur papier, 29,7 x 21 cm, 2021

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