Archives mensuelles : août 2013

Marie Zolamian, Here is always somewhere else, Kasteel Oud Rekem (1)

Marie Zolamian, les bustes anonymes

Marie Zolamian, les bustes anonymes

Marie Zolamian, les bustes anonymes

Marie Zolamian, les bustes anonymes

Guidée par les « Anciens », membres de la Commission historique locale, c’est dans le grenier de la Maison communale de Flémalle que Marie Zolamian a découvert ces six bustes de fonte de l’ancienne Maison Renkin, six fort classiques anonymes, de vrais ou de faux jumeaux, comme une doublure du Monde, trois fois deux bustes ou deux fois trois postures, les hommes casqués à la romaine ou ceints de la couronne de laurier, les dames joliment dépoitraillées, portant haut le chignon de Cérès. C’est là aussi qu’elle aperçoit quelques isoloirs, ceux que, dans la commune, on utilise à chaque élection. Sur l’un d’eux, au dessus du placard annonçant un scrutin provincial, subsiste cette inscription : « Ne pas mouiller le crayon ». Marie Zolamian, invitée par la Commune de Flémalle, est alors en quête d’idées évoquant la citoyenneté. Elle s’appropriera dès lors bustes et isoloirs, projettera d’installer ces derniers par couples de trois, rigoureusement alignés dans l’espace, afin d’y loger ces trois couples de bustes aux attributs d’élus. Les voici, sur leur tablette, retrouvant leur identité, leur place dans la conscience collective ; étranges assesseurs accueillant l’électeur, ils sortent de l’anonymat dans lequel ils sont tombés. Car c’est là comme une fiction dans le réel, la mémoire d’un lieu, un lieu de la mémoire, une histoire bien réelle qui ressemble à une fiction : descellés lors de la destruction de la Maison Renkin, ces bustes ont été volés, ont transhumé jusqu’à Amsterdam où le jardinier communal de Flémalle, perspicace et persévérant, les retrouva. Marie Zolamian l’a interrogé et a enregistré son récit. Le son de cette narration accompagne l’installation.

« Les bustes anonymes », 2011. Techique mixte, 6 isoloirs de bureaux de vote, 6 bustes en fonte, sculpteur et fondeur anonymes.

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Suchan Kinoshita, Here is always somewhere else, Kasteel Oud Rekem

Suchan Kinoshita, Isofollies

Suchan Kinoshita, Isofollies

Ces astéroïdes sont apparus en 2004 dans l’œuvre de Suchan Kinoshita, une sorte de jardin de sculptures, comme des notes de musique tombées d’une portée, des aérolithes jalonnant un espace de déambulation. Volumes noirs ronds, ventrus, aux formes parfois plus étranges, ils opèrent dans l’espace d’exposition, sans qu’on sache ce qui les constitue. En fait, ils agissent comme une sorte de pétrification, comme de grosses scories de temps. Sur le lieu même de l’exposition, dans les caves et greniers de la maison, l’artiste a récolté et entassé des objets de rebut, des déchets de toutes sortes, ce qui a été abandonné, n’a plus d’utilité. Suchan Kinoshita en constitue des ballots de diverses tailles ; elle les momifie au sens propre comme au figuré, les serre dans de longues bandes de plastique industriel, élastique et noir, roulent ces ballots sur le sol comme s’il s’agissait de boules de neige, les compressant, compactant ces rebuts ainsi fossilisés. C’est le temps du lieu que voici pétrifié.
En 2006, lors d’une exposition à l’Ikon Gallery à Birmingham sont apparus trois nouveaux astéroïdes que l’artiste nomme désormais « Isofolies », du nom du plastique qu’elle utilise. Ce sont, cette fois, les résidus du montage de l’exposition que Suchan Kinoshita utilise. Le premier ensemble de ces sculptures devient ainsi un principe délocalisé. Kinoshita est invitée quelques mois plus tard par la biennale de Sharjah, aux Emirats Arabes Unis. « Still Life, art, ecology and the political of change » aborde les défis sociaux, politiques et environnementaux, le développement urbain excessif et l’épuisement progressif des réserves naturelles. Tout naturellement, Suchan Kinoshita propose de produire une troisième ensemble d’ « Isofolies ». L’ensemble, constitué d’une quinzaine d’œuvres, est à nouveau produit in situ, avec les déchets et rebuts trouvés sur place. Cet espace de pensée né dans un contexte quasi domestique, temps compressé d’un lieu, du vécu de ses habitants successifs, prend une dimension de recyclage, de délocalisation des déchets, comme de recyclage du principe même qui conduit la création de l’objet. A Birmingham c’était le temps d’un centre d’art contemporain, à Sharja, une dimension plus large, plus actuelle face aux défis du temps.
Les élevages de poussière de Marcel Duchamp, photographiés par Man Ray en 1920 et que ce dernier rebaptise « vue d’aéroplane » ne sont pas que déroutement logico-sémiotiques. « Pour les tamis dans le verre, écrit Marcel Duchamp dans les notes sur le grand Verre – laisser tomber la poussière sur cette partie, une poussière de trois à quatre mois et essuyer bien autour de façon à ce que cette poussière soit comme une sorte de couleur (pastel transparent) ». Suchan Kinoshita a également élevé de la poussière. Durant les années 90, elle exposa des boules compactes de poussières ainsi récoltées (Staub) ; elle érigea de complexes architectures d’étagères, uniquement destinés à recevoir la poussière du temps (Staubstelle). Plus récemment, « Hochwasser » est une simple plaque de plâtre exhumée d’une cave ; elle est partiellement couverte d’un dépôt de crasse, porte les traces d’une inondation passée. Et Suchan Kinoshita l’expose telle quelle, tout comme cette toile (Zen for beginners), écran empoussiéré d’une caisse de résonance d’un harmonium. Quelle est donc la résonance de l’objet, et de l’œuvre ainsi créée ?
« Isofolies » est ainsi et de même, un objet qui se soustrait à lui-même. Nous ne voyons pas ce que ces ballots contiennent ; et sans doute sommes nous informé de ce qui les constitue. C’est dans cet intervalle que se situe, entre ce que nous voyons et ce qui nous est donné à voir, ou ne pas voir, la richesse de sens multiples de l’œuvre.

Suchan Kinoshita, Isofollies

Suchan Kinoshita
Isofollies, 2007
mixed media, variable dimension
14 éléments

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Raphael Van Lerberghe, Repeat / Repeat (2)

Raphaël Van Lerberghe

Raphaël Van Leberghe
La Chambre, 2012
Carte postale et graphite sur papier découpé, 21 x 29,7 cm

Raphaël Van Lerberghe

Raphaël Van Leberghe
Cuevas, 2012
Carte postale et graphite sur papier découpé, 21 x 29,7 cm

Raphaël Van Lerberghe

Raphaël Van Leberghe
Période latino-byzantine, 2012
Carte postale et graphite sur papier découpé, 21 x 29,7 cm

Raphaël Van Lerberghe

Raphaël Van Leberghe
L’arc, 2012
Carte postal et papier découpé, 21× 29,7 cm

Raphaël Van Lerberghe

Raphaël Van Leberghe
La colonne Mansart, 2012
Carte postale et graphite sur papier découpé, 21× 29,7 cm

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