L’Histoire avec un grand H est effectivement très présente dans le château, à travers des peintures et des objets. Xavier Branicki acheta Montrésor en 1849 et en fit un refuge et un lieu de retrouvailles pour des générations de polonais. Pendant la seconde guerre mondiale, Anna Potocka s’engagea à l’âge de 77 ans dans la résistance et joua un rôle important en accueillant au château les résistants et les juifs qui voulaient franchir la ligne de démarcation pour échapper aux nazis. J’ai aussi découvert la complexité de l’histoire de la Pologne en m’intéressant à Montrésor. Je n’ai pas choisi d’en faire l’axe principal du projet mais dans la salle de billard dans laquelle deux grands tableaux d’Histoire se font face, une pièce montrera les différents états du territoire polonais. Quant à l’histoire de la famille, elle sera présente dans le film et dans l’histoire du fantôme. Des photographies viendront se mêler aux photographies de famille. L’histoire du château est aussi une histoire de femmes. Xavier Branicki en fit l’acquisition sur les conseils de sa mère. Anna Potocka, évoquée précédemment, a été une figure emblématique de la famille. Dans une des salles du château sont exposés exclusivement des portraits de femmes. J’y installerai une pièce qui évoquera la transmission grâce à la participation des trois filles de Georges et Geneviève Szerauc, la dernière génération des femmes de Montrésor (Valérie Sonnier)
J’aime rendre hommage aux personnes qui ont traversé un lieu, imaginer leur présence, dit l’artiste hantée par la mémoire individuelle et collective. Les apparitions sont à l’œuvre dans ses extraordinaires dessins comme dans ses films Super 8 en noir et blanc et ses photographies argentiques au grain accentué, dans la lignée de la photographie spirite de la fin du XIX’ siècle. Mes pratiques se nourrissent les unes des autres et me permettent de m’approprier les lieux. (Myriam Boutoulle dans Connaissance des Arts)
« Montrésor » est une vaste installation (dessins, film, photographies, son) que le spectateur est amené à découvrir au fil de sa déambulation dans l’espace intérieur du château. Les dessins se mêlent aux objets du château, s’ajoutent aux photographies de famille encadrées et posées sur des commodes. Le dessin permet à l’artiste d’établir « un portrait » du lieu en l’explorant dans ses moindres détails. Le film et les photographies poursuivent la description des lieux et rendent hommage aux vies les ayant traversés sous la forme d’un fantôme. Une forme blanche fidèle à la première idée que l’on peut se faire d’un fantôme dès l’enfance, et qui représente tous les fantômes du lieu. Valérie Sonnier s’attache, non seulement, à évoquer la mémoire de lieux, mais également à lier intimement mémoire individuelle et mémoire collective.