Archives de catégorie : Werner Cuvelier

Art Brussels 2024, preview, Aglaia Konrad, Werner Cuvelier

AGLAIA KONRAD, I LOVE RUCKBAU

Les archives d’Aglaia Konrad sont très riches et portent sur l’urbanisme, l’architecture, la sculpture et le cinéma. Dernièrement, elle s’est intéressée aux processus dits de « Rückbau » (construction à l’envers) qui traitent de la démolition comme un aspect inévitable du progrès.

Le « Rückbau » en tant que processus sculptural ou filmique est une approche unique qui permet à l’artiste non seulement d’affirmer la démolition en tant que pratique architecturale étendue, mais aussi d’incorporer les débris physiques en tant que geste sculptural en relation avec l’image.

I love Rückbau témoigne de la fascination qu’Aglaia Konrad porte aux engins de chantier. Elle filme, ici, en caméra discrète – son smartphone- la destruction d’un bâtiment moderniste emblématique du paysage urbain bruxellois. Telle une archéologue, elle se plonge dans la signification des diverses couches dont est constituée la ville, depuis le choix des matériaux jusqu’à l’idéologie qui le sous-tend. Umbau, en allemand, signifie transformation, des transformations que l’artiste constate et dont elle témoigne.

WERNER CUVELIER, Statistic Project XVI

(…) Par contre, il sera le point de départ du Statistic Project XVI, initialement intitulé Bordellen Project, le projet des bordels, puis plus finement, Buitenverblijven, ce que l’on pourrait traduire par Seconde Résidence ou Abri Extérieur. C’est tout dire. Dans l’introduction de son pamphlet, ce guide de randonnée dans la jungle belge qui réveillera les somnambules, Renaat Braem fait une cocasse description du bâti urbain et surtout suburbain belge. Les routes sont des rues, écrit-il. Une digue de pierre vous sépare du paysage. Un vrai cauchemar pour les fournisseurs de matériaux. Des briques de toutes les couleurs imaginables et impossibles, du jaune féroce, du blanc maladroit, du vert savoyard au violet toxique, de l’encre bleue bon marché au noir sale des eaux usées. Les toitures crient leur présence par leur complexité, leur texture et leur couleur, l’amiante rose, les ardoises vertes, les tuiles rouges, les tuiles vernies noires, et à l’extérieur des agglomérations, où un arbre occasionnel suggère que nous sommes à la campagne, le chaume des toits taillé de façon fantaisiste des pseudo villas douillettes et autres châteaux à pignons. Vous pourrez vous approvisionner dans les stations-service de style normand, de style colonial, de style flamand, de style moderne ou même industriel. Vous pourrez vous restaurer dans des auberges aux rideaux à carreaux et aux enseignes en fer forgé, des rôtisseries aux façades en pseudo – colombages, des friteries gérées par des chefs chaleureux. Il existe une variété infinie de lieux de consommation, de la très sèche maison du peuple aux accueillants petits cafés aux fenêtres ornées de rideaux rouges et aux parkings discrets. Ce sont nos locaux pays chauds. Et la publicité. Ha, ha, beaucoup de publicité ! Du cola à la bière blonde nationale.

Les voici donc ces bordels et bars sur grand-route qui intéressent Werner Cuvelier. Il décide de dresser l’inventaire de ceux qui jalonnent les chaussées de Courtrai, d’Anvers et de Bruxelles, trois grands axes qui permettent de sortir de la cité scaldienne, ou de la rejoindre.  Werner Cuvelier se tourne vers le photographe Fred Vandaele : celui-ci prendra les clichés, 80 diapositives, toutes prises de nuit, de préférence lorsque le bitume suinte de pluie, ce qui accentue le reflet des enseignes et néons. (7) On devine dès lors dans la nuit toutes ces architectures hétérogènes, telles que les décrit Renaat Braem, un formidable bordel, des chalets, des pavillons quatre façades, des vitrines a front de rue, des fermettes, des paquebots modernistes, des parkings aussi, plus ou moins discrets. Au clair du néon, Fred Vandaele emprunte à dessein le trottoir d’en face, learning from the Kortrijksesteenweg pour paraphraser la célèbre leçon de Las Vegas (1972) de Robert Venturi et Cie, ouvrage qui, à l’époque, vient de paraître et fait un tabac. Pas âme qui vive, pas une furtive silhouette, pas un client, pas une hôtesse, c’est l’être et le néon. Seules règnent ici les enseignes de ces maisons et ces néons qui architecturent le paysage. Micro-dispositifs d’écriture, pratiques vernaculaires qui graphent la nuit en lignes lumineuses rouges, bleues, jaunes, vertes, l’enseigne devient, grâce à une conversion du regard, un véritable signe, non plus de l’information à délivrer, mais du système intellectuel et économique qui l’a produite.

Werner Cuvelier ne cherche évidemment pas à dresser un inventaire exhaustif de ces maisons, ni même une topographie de leur implantation. Lorsqu’il classera les diapositives, il bouleversera la transhumance du photographe et ordonnera les clichés par ordre alphabétique des enseignes. De l’Amigo au Witte Paard, les couleurs des néons offre un singulier lexique que Werner Cuvelier révèle par son propre système de pensée, compilant une énumération hétéroclite, une nomenclature où se croisent les langues (le français, le néerlandais, l’anglais), les truisme du genre (Le Pussy Cat, Le Favori, l’Eden, Le Love, le Milady), l’exotisme (le Bellinzona, Le Byblos, Le Capri, le Nefertiti, le Crocodile, le Hawaï), les stars (Le Berkley, le Lido, le Ritz, le 5th Avenue), les fleurs (Le Bacarra, Le Bloemfontein, Le Myosotis, Le Mimosa), les performants (L’Elite, L’Equipe, le Rally, El Toro, De Jager), les chalets (Chalet T’Witte Paard, Chalet Olympia, Chalet Stop) et quelques inattendus (De Toerist, L’Oiseau Rare, Le Clochemerle, L’Elcerlyc (8). A l’heure où la sémiologie et les analyses structurales du langage tiennent le haut du pavé, cette déclinaison alphabétique éclaire ces Résidences Secondaires d’une autre manière et nous confronte, en quelque sorte, à une singulière linguistique des bordels. 

Werner Cuvelier, Buitenverblijven, 1973, carrousel de 80 diapositives

AGLAIA KONRAD : SHAPING STONES

In Shaping Stones, Konrad juxtaposes found architecture with authored architecture, and modern with ancient. We see anonymous buildings in Lithuania, Mexico City, Hong Kong, and elsewhere-set alongside buildings by such well-known authors as Bloc, Gillet, Hans Hollein, Parent and Virilio, James Stirling and Fritz Wotruba. And we see as well ancient stone structures- in Avebury, Vienna, or Sardinia-juxtaposed to modern excavations of Carrara. This approach has much in common with that of inter-war modernism, as it forges links between the ancient and the modern, and asserts them through a democratization of the means: black-and-white photography and large-scale printing. The inside-out and back-to front quality of these photos, bath in terms of their indexical and their temporal nature, is shared with all engravings and lithographs, whether etched in metal or indeed drawn on stone. Konrad’s photography plays with notions of « original » and « index, » « nature » and « culture, » with the fact that the original « stone » cannot be dated and with its « social » shaping in the historic present. (…)

 

WERNER CUVELIER : STATISTIC  PROJECT XVIII

Il est en quelque sorte le parent proche du Statistic Project XXII, dolmens et menhirs de France (1975) ainsi que du Statistic Project XXVI, Relaciones, España, Verano (1978) tous deux projets de grande transhumances. En fait, ce Statistic Project XVIII, Romeinse Reisroute, élaboré en 1974, en est en quelque sorte les prémices, tant du point de vue de la méthode que de l’objet. A l’été 1974, Werner Cuvelier décide de profiter de sa traversée de la France, en route vers sa villégiature estivale espagnole, afin d’établir un itinéraire mettant l’art roman à l’honneur. C’est de stricte actualité : les routes de Compostelle, durant ces années 70  et grâce à de nombreuses initiatives,  passent du monde des érudits épris d’art et d’histoire et de quelques pionniers attirés par l’horizon de la route, à la sphère d’un grand public. En 1978, la parution du récit de Barret et Gurgand  Priez pour nous à Compostelle  rencontre ainsi un vif succès et popularise les pérégrinations romanes. Werner Cuvelier est au fait. Il se base d’ailleurs sur une carte des routes compostellanes publiée dans un guide touristique, La France en Poche, Abbayes et cloîtres de France (1972). Mais pas question de calquer sa transhumance sur ces chemins historiques : il trace sur la carte une droite, de Soignies en Belgique à Clermont-Ferrand,  une droite qu’il ne quittera pas (quitte à passer non loin de Vézelay sans faire le détour), n’empruntant les chemins du pèlerinage  que durant les dernières étapes, 35 stations répertoriées à l’avance. A son retour, Cuvelier constituera une documentation parfaitement classée. Ses notes d’itinéraires, une quarantaine de dessin : des tracés rectilignes à échelle, d’un point à l’autre, report sur feuille A4 des cartes routières utilisées ainsi que des  photographies qu’il fait lui-même des monuments visités et des cartes postales collectées durant le voyage. Il laissera les choses en l’état. Trente ans après nous exhumons le classeur en l’état également. Celui-ci  témoigne des liens intrinsèques que Werner Cuvelier tisse entre pratique artistique, réel et vie quotidienne.

Art On Paper Brussels, Werner Cuvelier, preview

– Un écrit de voyage formé en été 1975. Deux parties : dessins au mur, photos dans le catalogue. Les dessins : série I : aller ; série II : retour. Ainsi que le titre l’indique, il s’agit de connexions, celles entre dolmens et menhirs en France. Les dessins montrent la route parcourue entre le premier point et le second, le second et le troisième, etc. Les photos de la première série (l’aller) sont prises direction nord-sud, celles de la seconde (retour) en sens inverse. Le format des feuilles comporte 70 x 70 cm pour des raisons d’ordre pratique. La forme carrée a été choisie pour sa neutralité. Le centre des lignes raccordant les points extrêmes correspond au centre de la feuille. Les divisions verticales/horizontales correspondent aux latitudes nord/sud.
Werner Cuvelier
S.P. XXII, Dolmens et menhirs de France, 1975, crayon sur papier, (24x) 70 x 70 cm

SP XXII, Connexions, Dolmens et menhirs de France, 1975

Que celle-ci soit menée loin de chez soi ou pas, l’itinérance est une façon très concrète de plonger dans un réel qui nous est par essence exotique, en ce qu’elle nous est étrangère. L’itinérance stimule l’imagination, elle provoque les écrits de voyage, elle convoque la cartographie, elle suscite l’élaboration de listes et inventaires, tous protocoles qui s’inscrivent dans la pratique artistique de Werner Cuvelier. Nous avons déjà évoqué le SP XVI, Buitenverblijven, cette randonnée suburbaine à la découverte des façade de bordels de la région gantoise ainsi que la performance du SP XII (oui, la déambulation est aussi performative) menée en1974 à Las Hortichuelas dans la province espagnole d’Almeria. Werner Cuvelier projette, toujours en 1974, de tracer une route romane de Soignies en Hainaut à Lérida en Espagne (1), un projet qu’il ne réalisera finalement pas. Ces projets déambulatoires sont souvent estivaux ; ils s’inscrivent dans la vie quotidienne de l’artiste : durant l’été 1975, Werner Cuvelier part à la découverte des dolmens et menhirs de France. Un écrit de voyage, annonce-t-il, mais composé de dessins et de photographies personnelles, projet établi sur un protocole très précis. A l’invitation de Jan Vercruysse, il exposera ce SP XXII, intitulé Connexions en 1976 à la galerie Elsa von Honolulu Loringhoven (2) , ainsi qu’à la galerie l’A, à Liège, en 1981(3). L’exposition liégeoise s’intitule Connexions & Relaciones : Werner Cuvelier y expose en effet un second projet de même nature, le SP XXXVI, qu’il conçoit durant l’été 1978, un itinéraire tracé au travers de la péninsule ibérique, une mise en relation, Relaciones, de dix-sept lieux raccordés. Ainsi il va, il court, il cherche. Que cherche-t-il ? On citera bien volontiers Charles Baudelaire : À coup sûr, cet homme, tel que je l’ai dépeint, ce solitaire doué d’une imagination active, toujours voyageant à travers le grand désert d’hommes, a un but plus élevé que celui d’un pur flâneur, un but plus général, autre que le plaisir fugitif de la circonstance.(4) Le flâneur, ici, a précisément préparé son voyage, il a déterminé les lieux qui seront visités. Le plaisir de la circonstance est toutefois également au rendez-vous : Werner Cuvelier série bien sûr des lieux qui nourrissent ses centres d’intérêt. L’imagination active associée à l’observation analytique, la démarche classificatoire caractéristique de l’art conceptuel seront ainsi révélatrice de réalité. Le monde est plein d’objets plus ou moins intéressants, déclarait déjà Douglas Huebler en 1969, je ne souhaite pas en ajouter davantage. Je préfère me contenter d’énoncer l’existence des choses en termes de temps et/ou de lieu.(5) Énoncer, oui, bien sûr, et transcrire: c’est là que se situe l’enjeu.

Que nous donne-t-il donc à voir ? Dans le premier cas, celui du S.P. XXII, une série de 24 dessins, des lignes sinueuses tracées à l’encre de chine sur un fin quadrillage au crayon, les latitudes Nord Sud, nous précise Werner Cuvelier, ajoutant que « le centre des lignes raccordent les points extrêmes correspondant au centre des feuilles ». L’ensemble, accroché en une longue ligne, est monumental, d’un un seul élan entrecoupé toutefois : ici, deux dessins sont placés verticalement, là trois autres brisent le rythme horizontal. Ces lignes serpentines nous semblent abstraites et imaginaires ; il nous faut consulter le catalogue qui accompagne l’oeuvre pour retomber dans un réel que Werner Cuvelier ne quitte jamais. Ces dessins représentent un itinéraire, une traversée de la France, un parcours à la découverte des mégalithes, dolmens et menhirs que, d’étape en étape, Werner Cuvelier mettra en connexion. La règle est simple : sur l’aller, il les photographiera du nord au sud, sur le retour du sud au nord. Le tracé est minutieusement préparé (2-5 juillet 1975 pour l’aller, 25 au 28 août pour le retour), les nationales et départementales listées, les étapes fixées. Quatorze menhirs et dolmens sont au programme de l’aller, de L’Écluse dans le département du Nord à Lussac en Gironde, neuf sur le retour, de Saint Polycarpe dans l’Aude à Bois les Parony dans l’Aisne. Soit deux parallèles, traversant le territoire, une façon très personnelle de considérer la géographie mégalithique, alors que foisonnent les théories sur leur orientation par rapport aux mouvements des corps célestes et autres considérations d’ordre ésotérique. En préparant son voyage, Werner Cuvelier ne se tourne d’ailleurs pas vers la littérature savante, les annales archéologiques, les atlas minutieusement tracés, non, il utilise une seule source, un livre à succès, le Guide de la France Mystérieuse, paru en 1966 aux Éditions Tchou. Et il y fait explicitement référence dans son catalogue : chaque photographie est sous-titrée par un extrait du livre. La silhouette du Diable, Un menhir dans une chaussure, Le réveillon du menhir, Un trésor à saisir vite, Un dolmen où la vierge fait sa toilette, Un menhir controversé, Les fantaisies de Gargantua, Sacrifices humains, La chaise des morts, Invisible mais honnête, Dans la foulée de Gargantua, Tombes de diamant pour les Fées, Il grandit chaque année, Le menhir ou sont payés les impôts, La Fée a laissé son fauteuil, ou encore ce singulier : Le menhir est arrivé en retard. Le Guide de la France Mystérieuse fait évidemment la part belle aux légendes, traditions, mythes, croyances, mystères au sens médiéval, peurs ancestrales et puissance quasi miraculeuse, liens entre la vie et la mort que suscitent ces pierres levées, objets de fascination depuis la nuit des temps. C’est cela aussi que Werner Cuvelier met en connexion, toute cette énergie que dégage ces mégalithes, énergie qui a nourrit la conscience collective, que l’on considère ces monuments néolithiques d’un point de vue cosmotellurique ou pas. Il nous reste donc 24 dessins, une série minimale, qui comme les objets que ces tracés connectent, convoquent l’énigme et le pouvoir de l’imagination.

(…)

Connexions, relations… Il est clair que les travaux de Werner Cuvelier sont à mettre… en relation avec l’attitude prospective et les activités du groupe CAP fondé en 1972 par Jacques Lennep, cet art relationnel tel que définit par CAP, empreint de structuralisme, de sémiotique, un champ impliquant participation et interaction, s’appuyant sur cette affirmation : toute perception implique des connexions et relations. C’est l’identification du réel par le moi qui le fait exister, par le truchement de la mise en relation, écrit Sébastien Biset. Werner Cuvelier témoigne au fil de ses travaux d’une même approche systémique, favorisant l’émergence de l’idée relationnelle, au croisement des notions d’interdisciplinarité, d’environnement, de structure, de système ou de communication.

(1) SP XVII. Note dans le Tekenboek I

(2)Exposition individuelle Werner Cuvelier, Connexions – F 1975, Elsa von Honolulu Loringhoven galerie. 7-28 février 1976. Texte d’introduction Jan Vercruysse. Communiquéde presse : archives de l’artiste

(3) Exposition personnelle, Werner Cuvelier, Connexions & Relaciones, galerie l’A, Liège 12 – 30 juin 1980. Communiqué de presse : archives de l’artiste.

(4) Charles Baudelaire, « Le peintre de la vie moderne », dans OEuvres complètes, éd. Y. G. Le Dantec et Claude Pichois, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1964, p. 1163.

(5) January 5-31, 1969, New York, Seth Siegelaub, 1969.

(6) Sébastien Biset, Le paradigme relationnel, aspects fondamentaux des arts relationnels (1952-2012), dans Koregos, revue et encyclopédie multimédia des arts.

Edition artisanale du catalogue à 17 exemplaires, 30 x 21 cm : Connexion, dolmens et menhirs de France, 1975. S.P. XXII. Signé par l’artiste. L’artiste précise en dernière page : les sous-titres proviennent du « Guide de la France Mystérieuse, Editions Tchou, Paris, 1964.
Catalogue : Galerie L’A : Rétrospective, janvier 1979-janvier 1986, 50 expositions. Liège, Belgique: Editions Yellow Now; s.l.: Galerie L’A, 1986. Maquette originale de la page 42 du catalogue précité.
Connexions PS XXII – 1975 : Werner Cuvelier. Dolmens et menhirs de France. Retour 5 – 6 Dessin, photos NB, crayon et encre de chine. 58 x 48 cm.

Art Brussels, les images (1)

Werner Cuvelier, Impressions d’Espagne, photographies NB, tirages argentiques, 30 x 160 cm

Connexions PS XXII – 1975 : Werner Cuvelier. Dolmens et menhirs de France. Retour 5 – 6
Dessin, photos NB, crayon et encre de chine. 58 x 48 cm.
Werner Cuvelier, Statistic project XVL, Ponti di Firenze, 1986. 
Photographies NB, technique mixte, collage, encre de chine, 23,5 x 80 cm
Werner CUVELIER
Statistic Project XXXV, Bruggen van Gent,
2e version, 1981
Werner CUVELIER
Statistic Project XXXV, Bruggen van Gent,
2e version, 1981
Werner Cuvelier, Portes d’Espagne, photographies NB, technique mixte, collage, crayon, montage après 1998, prises de vue : années 70
Werner CUVELIER
Statistic Project I, 1971
Sammlung Karl Ströher, 2. Sammlung
Peter Ludwig, 3. Sonsbeek buiten de perken – Arnhem 71, 4 documenta 4 – Kassel 68
Aglaia Konrad,
BT 21, 2021
Inkjet print on fine art paper, aluminium, framed, 126 x 86 cm
Aglaia Konrad,
BT 12, 2021
Inkjet print on fine art paper, aluminium, framed, 126 x 86 cm
Aglaia Konrad,
BT 05, 2021
Inkjet print on fine art paper, aluminium, framed, 126 x 86 cm
Werner CUVELIER
Statistic Project I, 1971
Sammlung Karl Ströher, 2. Sammlung
Peter Ludwig, 3. Sonsbeek buiten de perken – Arnhem 71, 4 documenta 4 – Kassel 68
Aglaia Konrad,
BT 11, 2021
Inkjet print on fine art paper, aluminium, framed, 126 x 86 cm

Le Monde est Rond, Werner Cuvelier, S.P.1

Archives Werner Cuvelier

Le Statistic Project I de Werner Cuvelier est une analyse statistique de l’art des années 60, fondée sur un scrupuleux dépouillement de quatre publications. Celles-ci concernent deux expositions, la Documenta IV (catalogue en deux volumes), Sonsbeek buiten de perken – Arnhem, et deux collections, celles de deux industriels allemands, Karl Ströher d’une part, Peter Ludwig d’autre part. Ne seront pris en compte que les éléments objectifs concernant les artistes présents dans ces publications : le nombre d’œuvres présentes dans ces collections et expositions, les âges, les lieux de naissance et de vie, les nationalités. Ces éléments constitueront les données statistiques à exploiter, tout d’abord en listes et tableaux commentés, ensuite en dessins, tableaux sur toiles, reliefs et œuvres tridimensionnelles.

Le projet est exposé pour la première fois en 1972 à la galerie Plus Kern à Gand. Une fois de plus, annonce le communiqué de presse, Cuvelier apporte des informations sur l’art, mais la visualisation de ces informations devient à son tour un processus artistique. Les tableaux, graphiques, peintures, reliefs, objets et compositions sonores qui en résultent peuvent être considérés comme des œuvres d’art autonomes, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de leur relation avec le matériau utilisé. La valeur statistique, cette mise en œuvres de données objectives, fonde en effet le processus. Elle est à l’origine, rappelle Werner Cuvelier, d’une importance capitale. De par la nature même du travail, mais aussi et sans doute, parce que la déferlante des artistes américains et du Pop Art en Europe, confirmée par l’exploitation de ces quatre catalogues, est de stricte actualité à l’époque, ce qui suscite bien des réactions dans les milieux artistiques. Toutefois, écrit Werner Cuvelier dans son Tekenboek I, l’importance de la valeur plastique des résultats l’a vite emporté sur la valeur statistique. Celle-ci ne reprendra de la valeur que placée entre guillemets. Ces guillemets font, en effet, référence au caractère subjectif (par opposition à objectif) de tout ce qui a contaminé le monde auparavant. J’utilise l’art, affirme Werner Cuvelier pour faire de l’art, contrairement à tout ce qui a déjà servi de modèle pour l’art. Werner Cuvelier envisage la chose comme une sorte de renonciation – le mot est fort – une renonciation à être créateur. Néanmoins, nuance Werner Cuvelier, c’est moi qui fais le travail, c’est moi qui décide des couleurs, c’est moi qui décide du format. Seules les proportions et le nombre de couleurs découlent des données statistiques. Il conclut, enfin : Ce projet peut être considéré comme une question philosophique, et donc extrême, pour les artistes, les collectionneurs, les directeurs de galeries, les critiques, les historiens et autres personnes impliquées dans l’art… une question sur le comment et le pourquoi des choses.

 

Werner Cuvelier
Statistic Project I
1. Sammlung Karl Ströher, 2. Sammlung Peter Ludwig, 3. Sons- beek buiten de perken – Arnhem 71, 4 documenta 4 – Kassel 68 Technique mixte, acrylique et bois. 100 x 100 x 100 cm
Werner Cuvelier
Statistic Project I
1. Sammlung Karl Ströher, 2. Sammlung Peter Ludwig, 3. Sons- beek buiten de perken – Arnhem 71, 4 documenta 4 – Kassel 68 Technique mixte, acrylique et bois. 100 x 100 cm
Werner Cuvelier
Statistic Project I
1. Sammlung Karl Ströher, 2. Sammlung Peter Ludwig, 3. Sons- beek buiten de perken – Arnhem 71, 4 documenta 4 – Kassel 68 Technique mixte, acrylique et bois. 100 x 100 cm

Jacqueline Mesmaeker, Werner Cuvelier, Time Elapsed, Bruxelles.

De vier seizoenen – Hommage à Vivaldi
Huiles sur bois, 69 pièces, dimensions diverses
Jacqueline Mesmaeker
Ouest-Sud-Ouest (2009-2017), cartons postaux

Jacqueline Mesmaeker et Werner Cuvelier participent à l’exposition  Time Elapsed, conçue par Pierre-Philippe Hofmann. Imprimerie de la Banque Nationale – Bd de Berlaimont 56, 1000 Brussels.  Vernissage le 16 avril de 14 à 18h. Exposition du 17 au 27 avril 2023 

[EN] How does time affect the way we feel or the way we produce art? TIME ELAPSED brings together a variety of pieces that attempt to answer this essential question in their own manner.

[NL] Hoe beïnvloedt tijd de manier waarop we de werkelijkheid ervaren of de manier waarop we kunst produceren? TIME ELAPSED brengt verschillende werken samen die op hun eigen manier deze essentiële vraag proberen te beantwoorden.

[FR] De quelle façon est-ce que le temps agit sur notre façon de ressentir ou notre façon de produire des oeuvres? TIME ELAPSED rassemble des pièces hétéroclites qui tentent de répondre à leur façon à cette question essentielle.

Luxembourg Art Week, The Fair, les images

Jacques Charlier
Jacques Charlier – Aglaia Konrad
Aglaia Konrad
Aglaia Konrad
Werner Cuvelier
Raphaël Van Lerberghe
Loic Moons
Gaetane Verbruggen
Gaetane Verbruggen

Luxembourg Art Week, The Fair, preview (2), Jacques Charlier, Werner Cuvelier

Jacques Charlier, Please, 105 x 105 cm, 2013
Jacques Charlier, Androïd, 85 x 95 cm, 2007
Jacques Charlier, Poetry, 85 x 65 cm, 2020
Jacques Charlier, Fragile, 125 x 104 cm

Qu’il tente de libérer Venise d’une incroyable pudibonderie ou de réhabiliter Lamartine,  qu’il investisse toutes les doublures du monde dans un salon parlementaire , ou qu’il «warholise» ministres et autres célébrités, Jacques Charlier est, avec une saisissante labilité parodique et un sens critique aiguisé, un observateur attentif tant du microcosme du monde de l’art que de la société dans laquelle il agit. Naguère directeur des Zones Absolues, fondateur d’un Centre International de Désintoxication Artistique, pourfendeur d’idées reçues, d’anachronismes et incongruités, l’artiste vit et travaille en Wallagonie, ce pays où fleurissent les fronts de libération des chiens et des trottoirs, des coqs et des tilapias. En Wallagonie, il est de bon ton de fréquenter les centres de la lèche et de la brosse à reluire, les sociétés anonymes des bières et du tir aux pigeons, les comités de la tarte au riz et des marchés de Noël. Sans cesse à la recherche de la meilleure adéquation entre l’idée et le médium, Jacques Charlier privilégie une approche pluridisciplinaire. C ‘est un caméléon du style, un activiste «non exalté », un lecteur attentif de Jean Baudrillard comme de Paris Match qu’il parodie lorsqu’il s’agit d’éditer ses propres travaux. De cette société de l’art contemporain, il est très vite devenu, dès le la fin des années 60, l’observateur agissant des us et coutumes. Avec érudition et labilité, ses récents «Cent sexes d’artistes» en témoignent. Avec humour et bon sens, lorsque Sergio Bonati, son hétéronyme, déclare : «En Art pour être le premier, il est vivement conseiller d’être le suivant ». Ses caricatures, textes, bande dessinées, ses photographies de vernissages sont à la fois une la chronique d’une époque, un regard amusé, mais sans complaisance sur ce fort remuant microcosme, un abrégé des pratiques d’avant-garde, un démontage des discours théoriques qu’il détricote allègement, une critique permanente de la Curie et de l’incurie artistique.

«Des symbolistes à Charlier, écrit Yves Randaxhe, en passant par Duchamp (et naturellement Magritte), on osera aussi tendre un fil rouge qui va de l’ambition annoncée par Jean Moréas dans le Manifeste du Symbolisme de «vêtir l’idée d’une forme sensible» à la volonté duchampienne de «remettre la peinture au service de l’esprit», jusqu’au projet sans cesse réaffirmé du Liégeois de «mettre l’art au service de l’idée». C’est clair, l’héritage d’Ensor, de Rops ou de Magritte, le compagnonnage vécu avec Marcel Broodthaers, cela ne compte pas pour du beurre. Le doute, le décor, la pompe, car la peinture pompière a ses lettres de noblesse, le pamphlet, le simulacre sont autant d’armes redoutables. 

Werner Cuvelier, Zonder titel (sans titre), 1996, mousse rigide et polystyrène, enduits. 119 x 10 x 10 cm
Werner Cuvelier, Zonder titel (sans titre), 1996, mousse rigide et polystyrène, enduits. 119 x 10 x 10 cm
Werner Cuvelier, Zonder titel (sans titre), 1996, mousse rigide et polystyrène, enduits. 119 x 10 x 10 cm

Werner Cuvelier produit une œuvre d’une grande richesse, qui prend souvent sa source dans le classe- ment, le catalogage et l’inventorisation de toute une série de faits et de données. Il réalise d’une part des graphiques basés sur des statistiques et des données primaires. D’autre part, il créé un travail géométrique, découlant de traitements formels issus du nombre d’or. À partir de ces deux angles, émergent des peintures et des sculptures, mais aussi des carnets d’esquisses et de notes, qui constituent une recherche incessante de la mise en images d’ordres, de structures et de col- lections. La méthode et la technique de la collecte, du traitement, de l’interprétation et de la présentation de carrés et de cercles apparaissent dans des tableaux d’aperçu, des graphiques et des figures telles que des histogrammes, des diagrammes en bâtons et desgraphiques linéaires. Cette approche scientifique, la répartition rigoureuse des lignes et l’activation res- trictive de telles procédures constituent le moteur du développement de son langage visuel. Si ces ordon- nances semblent mettre des éléments en lumière, les séries génèrent également une expérience esthétique propice à une forme de résilience.

Werner Cuvelier, Zonder titel (sans titre), 1996, mousse rigide et polystyrène, enduits. 94 x 9,5 x 9,5 cm
Werner Cuvelier, Zonder titel (sans titre), 1996, mousse rigide et polystyrène, enduits. 94 x 9,5 x 9,5 cm
Werner Cuvelier, Zonder titel (sans titre), 1996, mousse rigide et polystyrène, enduits. 94 x 9,5 x 9,5 cm

Werner Cuvelier, photographie et art conceptuel, les images de l’exposition

Werner Cuvelier
Statistic Project XVI, Buitenverblijven, 1973 
fotografie Fred Vandaele
80 diapositives
Werner Cuvelier
Statistic Project XXXV, Bruggen van Gent, 60 planches de doubles photographies, 40,5 x 66 cm,
technique mixte, photographie et encre de chine, 1981
Werner Cuvelier
Statistic Project XXXV, Bruggen van Gent, 60 planches de doubles photographies, 40,5 x 66 cm,
technique mixte, photographie et encre de chine, 1981
Werner Cuvelier
Statistic Project XXXV, Bruggen van Gent, 60 planches de doubles photographies, 40,5 x 66 cm,
technique mixte, photographie et encre de chine, 1981
Werner Cuvelier
Statistic Project XXXV, Bruggen van Gent, 60 planches de doubles photographies, 40,5 x 66 cm,
technique mixte, photographie et encre de chine, 1981
Werner Cuvelier
Statistic Project XXXV, Bruggen van Gent, 60 planches de doubles photographies, 40,5 x 66 cm,
technique mixte, photographie et encre de chine, 1981
Werner Cuvelier
S.P. XXXV. Bruggen van Gent,
technique mixte sur papier, 25 x 81,5 cm, 1981
Werner Cuvelier
Statistic Project XXXV, Bruggen van Gent, 2e version,
technique mixte, photographie et encre de chine, 1981
Werner Cuvelier
Statistic Project XXXV, Bruggen van Gent, 2e version, 1981
Série III : Canal Gent – Terneuze – 6 planches
photographies NB 36 x 227 cm
Werner Cuvelier
Statistic Project XXXV, Bruggen van Gent, 2e version, 1981
Série II : les ponts sur la Lieve – 5 planches
photographies NB 36 x 172,5 cm
Werner Cuvelier,
Statistic project XVL, Ponti di Firenze, 1986. 
Photographies NB, technique mixte, collage, encre de chine, 23,5 x 80 cm
Werner Cuvelier,
Portes d’Espagne,
photographies NB, technique mixte, collage, crayon,
montage après 1998, prises de vue : années 70
Werner Cuvelier
S.P. XXII, Dolmens et menhirs de France, 1975,
crayon sur papier, (24x) 70 x 70 cm
Werner Cuvelier
S.P. XXII, Dolmens et menhirs de France, 1975,
crayon sur papier, (24x) 70 x 70 cm
Werner Cuvelier
S.P. XXII, Dolmens et menhirs de France, 1975,
crayon sur papier, (24x) 70 x 70 cm
Werner Cuvelier
SP XXXVI Retrato de L.N, 1980
Technique mixte, dimensions variables 
Werner Cuvelier
SP XXXVI Retrato de L.N, 1980
Tableau 1. photographies couleurs, 90 x 220 cm
Werner Cuvelier
SP XXXVI Retrato de L.N, 1980
Technique mixte, dimensions variables 
Werner Cuvelier
SP XXXVI Retrato de L.N, 1980
Technique mixte, dimensions variables 
Werner Cuvelier
SP XXXVI Retrato de L.N, 1980
Technique mixte, dimensions variables 
Werner Cuvelier
SP XXVII Relaciones, Espana, Verano 1978.
Technique mixte,, dessins et photographies couleurs. 17 dessins 70 x 70 cm
Werner Cuvelier
SP XXVII Relaciones, Espana, Verano 1978.
Technique mixte,, dessins et photographies couleurs.
Werner Cuvelier
SP XXIV Pyramide de Cestius, 1975-1985
Werner Cuvelier
SP XXIV Pyramide de Cestius, 1975-1985
Werner Cuvelier
SP XXIV Pyramide de Cestius, 1975-1985