Archives de catégorie : Sophie Langohr

Aglaia Konrad, Jacques Charlier, Sophie Langohr, Honoré d’O, revue de presse

Lu dans HART, à propos de Jacques Charlier au  Centre Culturel d’Hasselt

HART

Lu dans HART, à propos de Diffractions of Destroyed Design, Netwerk, Aalst, exposition à laquelle Aglaia Konrad participe :

HART

Lu dans HART, à propos de Middel Gates Geel 2013, exposition à laquelle Sophie Langohr et Jacques Charlier participent :

HART

Lu dans HART, à propos d’Honoré d’O

HART

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Sophie Langohr, Middle Gate Geel 2013, les image

Sophie Langohr

Vierge polychrome conservée au Grand Curtius de Liège, nouveau visage à partir de X pour Clinique, de la série New Faces 2011-2012,
photographies couleurs marouflée sur aluminium, (2) x 50 x 40 cm

Sophie Langohr

Vierge polychrome conservée au Grand Curtius de Liège, nouveau visage à partir de Anouck Lepere pour Shideido, de la série New Faces 2011-2012,photographies couleurs marouflée sur aluminium, (2) x 50 x 40 cm

Sophie Langohr

Sophie Langohr

Sophie Langohr

Vierge polychrome conservée au Grand Curtius de Liège, nouveau visage à partir de Adriana Lima pour Maybelline, de la série New Faces 2011-2012, photographies couleurs marouflée sur aluminium, (2) x 50 x 40 cm

Sophie Langohr

St Dimpnakerk, Geel

Sophie Langohr

Vierge polychrome conservée au Grand Curtius de Liège, nouveau visage à partir de Sacha Pivovarova pour Armani, de la série New Faces 2011-2012, photographies couleurs marouflée sur aluminium, (2) x 50 x 40 cm
Gasthuismuseum, Geel.

Sophie Langohr

Sophie Langohr

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Sophie Langohr, Jacques Charlier, Middle Gate Geel 2013, curator Jan Hoet

Sophie Langohr et Jacques Charlier participent à l’exposition Middle Gate Geel ’13 conçue par Jan Hoet.Cette exposition se concentre sur trois grandes catégories: le mythe, la psychiatrie et l’art. Plus concrètement, elle veut examiner l’interaction et l’influence mutuelle entre l’art mythique ou l’art plutôt religieuse, l’art brut et l’art moderne/contemporain. Il ne s’agit pas de distinguer leurs différences, mais d’accentuer leurs ouvertures et donc leurs liaisons, leurs affinités et leurs parallèles. En connectant le mythe, la psychiatrie et l’art, l’exposition veut créer un espace mental dans lequel peuvent surgir des idées autour de la présupposition de ce qui constitue l’art.
Par son contexte historique et contemporain, la ville de Geel fournit une dimension supplémentaire à l’exposition, vu qu’il s’agit d’un endroit unique au monde en ce qui concerne les soins psychiatriques et plus particulièrement les soins psychiatriques familiaux. Les patients du Centre de soin familial en psychiatrie sont en fait depuis des siècles placés dans des familles d’accueil et ainsi intégrés dans la société. Le dialogue entre les patients et les non-patients s’y trouve au premier plan. L’exposition épuisera pleinement ce contexte et vise à continuer, soutenir et intensifier ce dialogue.

Middle Gate Geel

Van 29 september tot en met 22 december loopt op drie locaties in de Kempense stad Geel Middle Gate Geel ’13, een groepstentoonstelling die focust op drie componenten, met name mythe, psychiatrie en kunst. De Vlaamse kunstkenner Jan Hoet is curator van dit project.

Bezoekers krijgen in de Halle, Gasthuismuseum Geel en Kunsthuis Yellow Art werk te zien van lokale kunstenaars. Middle Gate Geel ’13 onderzoekt de kloof, de parallellen en het spanningsveld tussen kunst en outsiderart, waarbij de ultieme vrijheid en het gebrek hieraan een grote rol spelen.

Geel ’13 concentreert zich op drie grote categorieën: mythe, psychiatrie en kunst. Meer specifiek onderzoekt ze de wisselwerking en wederzijdse beïnvloeding tussen mythische of meer religieuze kunst, outsider- en insiderkunst kunst. Niet zozeer verschillen staan daarbij centraal, als wel openingen en dus verbindingen, affiniteiten en parallellen tussen deze drie fenomenen. Door mythe, psychiatrie en kunst met elkaar in relatie te brengen, tracht de tentoonstelling een mentale ruimte en dialoog te creëren waarbinnen inzichten kunnen ontstaan over de veronderstelling van wat kunst is.

Jan Hoet, geboren in Leuven in 1936, groeide op in Geel. Zijn vader was er psychiater-neuroloog, verbonden aan het Openbaar Psychiatrisch Zorgcentrum. Het huis waar de familie woonde is nu omgevormd tot het kunsthuis Yellow Art, waar Jan Hoet peter van is. De nu 75-jarige ‘kunstpaus’, ooit stichter en bezieler van het SMAK in Gent, curator van document IX in Kassel en ondermeer artistiek leider van MARTa in het Duitse Herford, werd in de adelstand verheven. Ridder Jan Hoet werd ook meermaals onderscheiden. Zo kreeg hij in 2009 het Verdienstkreuz 1 Klasse der Bundesrepublik Deutschland en een jaar later de Prijs van de Vlaamse Gemeenschap voor Algemene Culturele Verdienste. Dit jaar werd hij ook benoemd tot Ereburger van de stad Geel.

Sophie Langohr

Sophie Langohr
Vierge polychrome conservée au Grand Curtius de Liège, nouveau visage à partir de Raquel Zimmerman pour Shiseido de la série New Faces 2011-2012, photographies couleurs marouflée sur aluminium, (2) x 50 x 40 cm

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Sophie Langohr, Hybrides 2, Douai

Sophie Langohr participe à la seconde biennale Hybride, organisée par le SMAC, service mobile d’action culturelle, en divers lieux de la ville de Douai (Nord de la France).
Cette biennale rassemble une trentaine d’artistes, parmi lesquels Pierre Ardouvin, Gilles Barbier, Claude Lévêque ou Jacques Charlier  autour de la thématique de l’hybride.

Rien n’est plus hybride que la pratique artistique qui suscite tous les sens (regarder, toucher, sentir, entendre, goûter), reliant les performances du corps aux expérimentations de l’intellect. L’œuvre d’art utilise les sciences, les technologies, les espaces, la nature et l’homme. Rien n’est plus hybride qu’un territoire. Douai et le Douaisis n y échappent pas. Depuis les origines à aujourd’hui, l’hybride semble lier l’humain à ses capacités d’adaptation aux contraintes environnementales, offrant ainsi par le métissage de différents ordres, une nouvelle diversité, ontologiquement créative, résolument anticipatrice ou craintive. Omniprésent dans les technologies, la biologie, la communication et bien d’autres domaines encore, il l’est dans l’expression artistique. L’histoire de l’art a souvent pointé les premières hybridations techniques avec les collages cubistes du début du XXe siècle, mais déjà, ne se trouvaient-elle pas dans les peintures rupestres du paléolithique dont l’observation soulèvent certaines questions, par la mixité des outils et des matières employés (empreintes, négatifs, contours), par la juxtaposition de représentations figuratives et de signes graphiques ?
Du besoin de susciter les sens, de la volonté inévitable de relier les performances du corps aux expérimentations intellectuelles, l’art contemporain explore l’hybride usant lui aussi le champ des sciences, des technologies, des espaces, de la nature et de l’homme, aux côtés des préoccupations du monde d’aujourd’hui.
“L’esthétique de l’hybride est par définition polysémique, faite de strates, de mémoires… Elle se construit par des allers-retours entre passé et futur, il s’empare des interstices qu’offre la culture. Cette esthétique offre un champ élargi de l’art, créatrice et faisant coexister des lieux multiples de l’art et rejoint en cela le principe d’hétérotopie de Michel Foucauld. L’hybridation ne peut être identifié comme un processus général mais implique une multiplicité de processus ayant chacun son propre fonctionnement”.

Sophie Langohr y présentera une large sélection des New Faces récemment exposées au Grand Curtius à Liège

Des réserves d’un musée, Sophie Langohr a exhumé une quinzaine de statues mariales de tradition saint-sulpicienne, coupables aujourd’hui de représenter la plus pure bondieuserie kitsch et les débuts d’un art semi-industriel. L’artiste confronte leurs visages surannés à ceux, glanés sur internet, d’actuelles égéries qui incarnent les grandes marques de l’industrie du luxe. La publicité pour la mode et la beauté a aujourd’hui des prétentions culturelles ; elle se veut « arty », auréolée de toute la gloire et tout le mystère de la création. Avec un art consommé de la retouche, l’artiste confond ces visages en diptyques, transfigurant mannequins et actrices en Vierges et saintes : le miracle tient ici, signe du temps, à un logiciel de traitement de l’image. Sublimation, culpabilité et mortification, le coup de bistouri digital de Sophie Langohr évoque cette imposition d’une image féminine stéréotypée, comme si, d’une dévotion à l’autre, l’on passait de Saint Sulpice au sain supplice.

Sophie Langohr

Vierge polychrome conservée au Grand Curtius de Liège, nouveau visage à partir de Emily di Donato pour Maybelline, de la série New Faces 2011-2012, photographies couleurs marouflées sur aluminium, (2) x 50 x 40 cm.

Du 14 septembre au 6 octobre. Divers lieux
Rencontre avec les artistes le samedi 21 septembre à 18h

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Repeat, repeat, Sophie Langohr, Art Make Up

Repeat

La série des Art Make-Up de Sophie Langohr amènent une réflexion sur le culte du corps passé au prisme de l’art, images de modèles anonymes adoptant les codes de la mode, mais maquillés avec des fournitures propres aux Beaux Arts. Trois affiches contaminent l’espace public. A première vue, trois mannequins incarnent l’idéal consumériste du luxe et de la beauté. Le regard distrait les assimilera au flot des images publicitaires qui nous submergent. L’observateur plus attentif constatera que l’artifice du maquillage des modèles touche au travestissement et que ces mannequins anonymes ne vantent aucun produit cosmétique. Les effets glossy, le blush des incarnats sophistiqués, l’ombre des fards, tout appartient au domaine des Beaux Arts. Ces jeunes femmes ont été maquillées, l’une à l’huile, la deuxième au pastel, la troisième à la gouache, avant de faire face à l’objectif. Grimage et mascarade, vérité non falsifiée et faux semblants, rituels de la peinture corporelle pratiqués depuis la nuit des temps : Sophie Langohr disqualifie le langage publicitaire et ce qu’il véhicule, tout en interrogeant celui de l’art. Perturbant les codes, car l’industrie de la couleur a aussi ses produits de luxe, elle nous donne à voir des images d’une adroite et singulière ambigüité tant ces portraits restent hyper apprêtés. Art Make-Up, le titre de cette série joue lui-même sur la confusion des genres, un dévoiement illustrant l’emprise croissante exercée sur la sphère culturelle par la mode et la publicité qui la vident de tout contenu pour lui imposer leurs impératifs, en même temps qu’elles font valoir leur prétention à accéder elles-mêmes au rang de création artistique.

Art Make Up

Mise en beauté Pébéo avec les gouaches extra-fines T7 teintes carnation, blanc permanent, rose figurine, terre d’ombre naturelle, rose permanent, noir d’ivoire. De la série Art Make-Up 2, photographies marouflées sur aluminium et encadrées, 3 x (120 x 85 cm) / Affiches, 3 x (175 x 118 cm), 2011

Art Make Up

Mise en beauté Lefranc § Bourgeois avec l’huile de lin raffinée et les huiles extra-fines teintes chair, blanc iridescent, laque de garance cramoisie, rouge chine, noir de pêche. De la série Art Make-Up 2, photographies marouflées sur aluminium et encadrées, 3 x (120 x 85 cm) / Affiches, 3 x (175 x 118 cm), 2011.

Art Make Up

Mise en beauté Sennelier avec les pastels à l’écu tendres et surfins teintes blanc intense, ocre de chair, mine orange, corail, capucine, vert mousse, laque rose, gris roux et, pour les lèvres, le pastel à l’huile iridescent rose pâle et l’huile de carthame raffinée. De la série Art Make-Up 2, photographies marouflées sur aluminium et encadrées, 3 x (120 x 85 cm) / Affiches, 3 x (175 x 118 cm), 2011.
© Sophie Langohr (Concept : Sophie Langohr, prise de vue : Michel Dubois, postproduction image : Sophie Langohr, coiffure : Zineb Benchemsi, modèles : Jessica Righi, Emilie Garroy, Zineb Benchemsi).

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Sophie Langohr, portraits d’artistes, Bruxelles, SmartBe

Depuis 2008, la fondation SmartBe concentre sa collection d’oeuvres d’art autour d’un thème central : le portrait d’artiste, sous ses différentes facettes (portraits, autoportraits, réinterprétation et évocations d’œuvres d’art existantes, relation entre l’artiste et la société). Dans ses locaux de la rue Emile Feron, à Bruxelles, SmartBe expose du 5 au 19 juillet ses nouvelles acquisitions, des oeuvres de Christian Boltanski (FR) , Cathy Coëz (FR), Jérôme Considérant (BE), Daniel Chust Peters (ES), Alessandro Filippini (IT), Jiri Kolar (CZ), Sophie Langohr (BE), Frank Maieu (BE), Johan Muyle (BE), Benoit Piret (BE).
On y verra trois dyptiques des New de Sophie Langohr

Plus d’infos

Sophie Langohr

Sophie Langohr
Vierge polychrome conservée au Grand Curtius de Liège,nouveau visage à partir de Sacha Pivovarova pour Armani, de la série New Faces 2011-2012, photographies couleurs marouflée sur aluminium, (2) x 50 x 40 cm. Edition 1/5

Sophie Langohr

Sophie Langohr
Vierge polychrome conservée au Grand Curtius de Liège,
nouveau visage à partir de Emily di Donato pour Maybelline, de la série New Faces 2011-2012,
photographies couleurs marouflée sur aluminium, (2) x 50 x 40 cm. Edition 1/5

Sophie Langohr

Sophie Langohr
Vierge polychrome conservée au Grand Curtius de Liège,
nouveau visage à partir de Raquel Zimmerman pour Shiseido de la série New Faces 2011-2012,
photographies couleurs marouflée sur aluminium, (2) x 50 x 40 cm. Edition 1/5.

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Sophie Langohr, New Faces, Grand Curtius Liège, des images

Vierge (Immaculée conception)
Terre cuite polychrome, 119e siècle
Prison Saint Léonard
Réserves du Département d’Art religieux et d’art mosan du grand Curtius, Liège.

Vierge polychrome conservée au Grand Curtius de Liège,
nouveau visage à partir de Emily di Donato pour Maybelline, de la série New Faces 2011-2012, photographies couleurs marouflée sur aluminium, (2) x 50 x 40 cm

Curtius2

Sainte Thérèse de Lisieux
Plâtre polychrome, fin 19e – 20e siècle
Ombret, église Notre Dame (désaffectée)
Réserves du Département d’Art religieux et d’art mosan du Grand Curtius, Liège.

A l’arrière-plan :
Vierge polychrome conservée au Grand Curtius de Liège,
nouveau visage à partir de Natasha Poly pour Givenchy de la série New Faces 2011-2012, photographies couleurs marouflée sur aluminium, (2) x 50 x 40 cm

Ensemble de statues mariales et de statues de saintes des Réserves du Département d’Art religieux et d’art mosan du Grand Curtius, Liège.

Vierge polychrome conservée au Grand Curtius de Liège,
nouveau visage à partir de Nathalie Portman pour Dior de la série New Faces 2011-2012, photographies couleurs marouflée sur aluminium, (2) x 50 x 40 cm

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Sophie Langohr, New Faces, Grand Curtius à Liège

didonato

Vierge polychrome conservée au Grand Curtius de Liège,nouveau visage à partir de Emily di Donato pour Maybelline, de la série New Faces 2011-2012,photographies couleurs marouflée sur aluminium, (2) x 50 x 40 cm

Vierges sages vs Vierges folles?
A propos de l’exposition de Sophie Langohr New Faces

par Yves Randahe

Sophie Langohr bâtit son oeuvre avec constance. De ses enroulements, on peut aisément dégager quelques lignes de force qui ne doivent rien au hasard. L’une de celles-ci est le plaisir manifeste qu’elle prend à relire différents moments de l’histoire de l’art et à les citer dans ses oeuvres mêlant photographie et retouche. Camées, motifs décoratifs d’esprit rococo, grande peinture classique… cette imagerie immédiatement reconnaissable à laquelle elle fait appel, elle la confronte à l’image du corps, dans des compositions dont l’élégance distille souvent un léger malaise. Car elle ne fuit pas les marques de l’âge et les imperfections du corps: à rebours de l’image publicitaire et de la manie de pans entiers de l’art occidental pour la perfection physique, Sophie Langohr fait, non sans humour ni tendresse, son miel de ces failles.

La série New Faces qu’elle présente pour cette exposition marque une nouvelle étape dans sa réflexion et dans sa démarche plastique. Quinze « binômes » associent et confrontent chaque fois deux visages, deux images. Comme toujours, son oeuvre exige un regard attentif, car si ces portraits en pendants frappent d’abord par leur ressemblance, un siècle les sépare. À gauche, les « Vierges sages », dont l’artiste a fait tirer un portrait cadré serré, débarrassé de symboles religieux. Ces statues de Vierges et de saintes, Sophie Langohr est allée les exhumer des réserves du Grand Curtius où elle est invitée à exposer. Car, issues de l’art sulpicien, elles n’ont pas su monnayer leur popularité contre les spotlights muséaux. Condamnées à l’obscurité par Vatican II, elles subissent une double peine infligée par les amateurs d’art et le public, aux yeux desquels elles restent coupables de représenter la plus pure bondieuserie kitsch et les débuts d’un art semi-industriel. Sophie Langohr est donc allée fouiller, sinon dans les poubelles, du moins dans les marges de l’histoire de l’art. Le moindre des paradoxes n’étant pas que le cadrage qu’elle propose rend à ces « old faces » une certaine dignité non exempte de séduction. Les marques du temps que le gros plan révèle leur restitueraient même une certaine humanité qui, paradoxalement, manque aux portraits qui leur font pendants.
Le volet droit de ces diptyques montre des visages que nous n’identifions pas immédiatement. Par contre, on n’a aucune peine à reconnaître l’esthétique léchée des publicités pour les produits cosmétiques. Ces New faces sont en effet les visages de celles que l’on ne décrit plus aujourd’hui que comme les « icônes » de la mode, les « égéries » des grands couturiers. Des saintes, donc, des muses, dont un maquillage sophistiqué, un éclairage étudié et les outils de retouche informatique ont gommé toute imperfection. Entre ingénuité et plaisir sadique, Sophie Langohr nous ouvre les yeux sur la manipulation à l’oeuvre en forçant le trait, jusqu’à ce que ces modèles – comme on disait autrefois – séculiers s’élèvent vers la perfection mystique des images virginales. Les visages sont embrumés, presque nimbés, leurs arrondis se fondent pour ainsi dire dans la candeur sacrée des Vierges sages, les pupilles se dilatent et basculent dans l’extase.

Pourtant, ces images, l’artiste s’est (presque) contentée d’aller les récupérer dans le souk visuel le moins noble, celui d’internet,  » nouvelle source de vernaculaire, (…) puits sans fond d’idées et d’émerveillement », comme l’écrit Clément Chéroux dans une publication des Rencontres photographiques d’Arles consacrée à des artistes pratiquant l’appropriation d’images du web . Un regard attentif saura d’ailleurs retrouver des marques de cette origine. À l’instar des traces laissées sur les visages des Vierges sages par la main de l’artisan ou le passage du temps, la retoucheuse laisse sciemment des traces de son traitement, attirant subtilement notre attention sur le média de masse. Pixellisation excessive, traces de texte, ce n’est que du bout des lèvres que Sophie Langohr singe la perfection glacée des magazines.

Dans le cas des Vierges sages comme des Vierges folles, elle accroche donc aux cimaises muséales des oeuvrettes issues de la production de masse, des objets vulgaires. Quoique. L’univers de la mode et du cosmétique auquel renvoient les visages pommadés des New Faces aspire maintenant ouvertement à la reconnaissance artistique. Mannequins issus du grand écran, clips publicitaires de la main de réalisateurs cotés: l’art reste une valeur sûre pour transmuter en matière noble la démarche mercantile incarnée par la publicité. L’artiste, ici, nous dit: « Chiche! » Et non seulement de les exposer au milieu d’oeuvres consacrées par l’institution muséale, mais de souligner leur capacité à rivaliser avec une certaine imagerie sacrée.

Rien de naïf, évidemment. Car en filant le cliché publicitaire vers l’imagerie sulpicienne, Sophie Langohr en révèle une face particulière. Certes, il est devenu un lieu commun de parler de « matraquage » publicitaire – même si par ailleurs chacun s’en console comme il peut en pensant que ces images finissent toutes par se neutraliser, et échouent ainsi à gagner notre attention et nos faveurs. Mais le rapprochement avec cette statuaire de la fin du XIXe siècle est très éclairant. Il ne faudrait pas mésestimer le caractère combattant de l’art sulpicien, destiné, à l’instar de l’art de la Contre-Réforme, à partir à la reconquête des esprits et plus encore des coeurs dans une France républicaine dont la Commune avait souligné les dangereux excès aux yeux de la classe bourgeoise et des catholiques. Il s’agissait donc d’un art de combat idéologique pratiquant, si l’on ose écrire, une stratégie visuelle d’ « étouffe-chrétien » croûlant sous le sentimentalisme et le kitsch visuel. Dans chaque binôme, c’est bien cela, entre autres, que Vierges sages et Vierges folles ont en partage. On pourrait objecter que le trait est anodin. Rien n’est moins sûr aux yeux de l’artiste Daniele Buetti, dont le travail n’est d’ailleurs pas sans familiarité avec celui que propose Sophie Langohr. Lui n’hésite pas à souligner à quel point « nous sommes tous disposés à nous laisser bercer par le kitsch sirupeux en espérant atteindre plus et d’autres sphères de plaisir » . Au glamour sophistiqué des unes répond in petto le sentimentalisme éthéré des autres.
Revenons encore aux Vierges sages. L’abondance des images mariales dans la culture visuelle occidentale n’est plus guère commentée. Elle n’est pas pour autant anodine dans un contexte monothéiste; pour rester dans l’environnement sulpicien, il peut être utile de rappeler que l’Immaculée Conception n’a été érigée en dogme qu’en 1854. Les querelles que cette décision provoquèrent trouvèrent d’ailleurs leur paroxysme dans l’assassinat de l’archévêque de Paris par un prêtre aux cris d’ « à bas la déesse »… C’est en outre en tant qu’Immaculée Conception que la Vierge se serait présentée à Bernadette Soubirous lors des apparitions de Lourdes, quelques années plus tard. Transmutée de la sorte, l’image de la Vierge, modèle de toute femme (catholique), véhiculera désormais auprès de celle-ci un message d’une rigoureuse ambiguïté, marquée du sceau de la haine du corps: celle d’une femme doublement exempte de toute impureté sexuelle. Son image s’en trouvait définitivement posée hors d’atteinte de celles auxquelles elle était présentée comme modèle.

Il serait si simple d’affirmer – et l’on ne s’en prive pas – que notre société sécularisée se prend au contraire pour modèles de « vraies » femmes, des femmes triomphantes dans un monde d’hommes, des femmes en un mot « libérées », entre autres des contraintes religieuses. Comme le constate Sophie Langohr elle-même dans une note d’intention relative à sa série New Faces, « à l’heure actuelle, les débats sur l’image de la femme se cristallisent autour de l’Islam », nous dédouanant derechef d’une analyse critique de nos propres modèles et de leurs sources. L’esprit guerrier qui préside au prétendu « choc des civilisations » connaît, n’est-ce-pas, d’autres urgences.

« Pendant ce temps, sans que l’on y prenne garde, notre vision de la féminité se réduit de plus en plus à une poignée de clichés mièvres et conformistes « , se permet pourtant de rappeler Mona Chollet. Ce ne serait rien si l’exigence de la conformité ne s’accompagnait, chez celles qui s’y soumettent d’une souffrance d’autant plus réelle que les modèles avancés se trouvent, par la grâce d’une chirurgie virtuelle, placés eux aussi résolument hors d’atteinte. Comme insiste encore Mona Chollet: « Au-delà des belles images, l’omniprésence de modèles inatteignables enferme nombre de femmes dans la haine d’elles-mêmes, dans des spirales ruineuses et destructrices (…). L’obsession de la minceur trahit une condamnation persistante du féminin, un sentiment de culpabilité obscur et ravageur. La crainte d’être laissée pour compte fait naître le projet de refaçonner par la chirurgie un corps perçu comme une matière inerte, désanchanté, malléable à merci, un objet extérieur avec lequel le soi ne s’identifie en aucune manière. » On est donc loin des promesses de plaisir que vendent nos divas.

Pour oeuvrer à la diffusion de leurs messages respectifs, et dont on mesure la dimension délétère, Vierges sages et Vierges folles empruntent donc les mêmes sentiers: l’exaltation d’une superfemme dont la beauté intérieure, et en fin de compte la perfection, se reflètent dans les traits séducteurs. Dans l’art sulpicien, même les martyrs arborent traits et expressions de jeunes premiers cinématographiques. Comme le rappelle Jean-Michel Botquin, « (…) il s’agit en quelque sorte d’hédoniser la religion, de la rendre plaisante, le paradis à portée de main.  » Celui-ci passe dorénavant par Armani, Maybelline, Shiseido ou Dior.
C’est donc sur ces terrains marqués du sceau d’une brûlante actualité que l’artiste nous entraîne avec son air de ne pas y toucher, sans tambour ni trompette idéologique. Mais on aurait tort de résumer son propos aux préoccupations du « gender art », centré sur l’exploration de la question des genres, leurs expressions, leurs stéréotypes et leurs modes de transmission.

Car au-delà de ces questionnements s’instaure aussi, à tavers ces doubles paires d’yeux rêveurs, un dialogue qui emprunte les voies de l’art et de son histoire. Que dire alors de l’irrépressible mélancolie qu’exhalent en choeur ces visages issus d’imageries que nous pensions familières? La société du spectacle ne semble pas pouvoir se départir de ce regard mi-nostalgique, mi-hypnotique sur sa propre genèse. Mais face à ces images-miroirs, quel sens donner au siècle de la modernité qui, tel un fleuve, sépare chaque portrait de son pendant? Vers quelle esthétique glisse ce courant qui charrie cent ans d’une histoire de l’art prétendument en rupture? Irrépressiblement, ainsi que l’a souligné aussi Jacques Charlier, la gémellité distille son trouble, brouille tout repère temporel, esthétique, historique.
Nul meilleur cadre qu’un musée pour accompagner cette hésitation crépusculaire, d’une fin de siècle à l’autre, qui n’en finit pas.

Yves Randaxhe
février 2013

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