Maen Florin’s sculptures appeal to the viewer to reflect on the place of the individual in a changing society. The series of heads for instance with the title Blue and Blind resonate with the sense of loneliness and alienation that is increasingly the hallmark of our society. By mixing the moulds of different heads, she gives the new heads a distorted and aggrieved look. Melancholy and sorrow lie concealed behind their closed eyes (Blue). Can or will they not see (Blind)? Big Boy, a series of larger heads, is symptomatic of the fixation of our achieve-ment-oriented society on being better, harder, faster, stronger. Be a big boy. Don’t be a weakling, stay strong and keep going on. Anyone who can’t maintain the pace, is finished. It sums up the spirit of our age perfectly (Koen Leeman)
Les sculptures de Maen Florin invitent le spectateur à réfléchir sur la place de l’individu dans une société en mutation. La série de têtes intitulée « Blue and Blind », par exemple, résonne du sentiment de solitude et d’aliénation qui caractérise de plus en plus notre société. En mélangeant les moules de différentes têtes, elle donne aux nouvelles têtes un aspect déformé et contrarié. La mélancolie et le chagrin sont dissimulés derrière leurs yeux fermés (Bleu). Peuvent-ils ou non voir (Aveugle) ? Big Boy, une série de têtes plus grosses, est symptomatique de la focalisation de notre société axée sur les réalisations, sur le fait d’être meilleur, plus dur, plus rapide, plus fort. Soyez un grand garçon. Ne soyez pas un faible, restez fort et continuez. Quiconque ne peut pas maintenir le rythme, est fini. Cela résume parfaitement l’esprit de notre époque. (Koen Leeman)
De Belgische beeldhouwer Maen Florin (1954) stelt op drie plaatsen tentoon in Mechelen. Florin werkt op de ‘klassieke’ manier: boetseren, mouleren en afgieten in rubber, epoxy, polyurethaan… Daarna gaat ze verder, door elk beeld afzonderlijk te bewerken, via het gebruik van kleur, door toevoegingen en weglatingen, door découpage en assemblage… Daarbij zoekt ze de figuratie niet op, integendeel: ze gebruikt de beelden om gevoelens en emoties in te verwerken. Het gaat dus eigenlijk om de-figuratie. In de Garage in Mechelen toont ze nieuw werk, vooral gemaakt tijdens de lock down in de voorbije lente: Playing at being human heet die presentatie, en het gaat voor haar daarbij vooral over ‘het spel van het menselijke leven’. De mensenbeelden die Florin toont in de Garage zijn fantomen van pijn, verdriet, onmacht en handicap, maar ook van een vraag naar liefde en begrip. De meeste beelden hebben gesloten of geloken ogen, lijken heel introvert, hebben vaak een bizarre haartooi en rare kleren aan; het zijn figuren die om mededogen smeken. In de kerk Sint-Jan, enkele honderden meters verwijderd van de Garage, plaatste Maen Florin vijf mannenhoofden achteraan in de kerk. Sint-Jan de Doper werd volgens de kerkelijke geschiedenis onthoofd, en de vijf hoofden lijken daarnaar te verwijzen, maar dat werkt niet echt in deze overweldigende kerk, met gotische en barokke roots: het lijkt eerder alsof de hoofden slachtoffer zijn geweest van de Beeldenstorm. In Museum Hof van Busleyden, dat een structurele samenwerking aanging met De Garage, integreerde Florin haar werken in de bestaande collectie. Dat deed onder meer Berlinde De Bruyckere haar eerder al voor, en binnenkort Cindy Wright. Het is een interessante piste: de combinatie van nieuwe en oudere, Bourgondische kunst opent nieuwe perspectieven. De expo van Maem Florin in Hof van Busleyden zag ik alleen op video, waarin ik hetzelfde vaststelde als in Sint-Jan: je kan als hedendaags kunstenaar, met uitgepuurd werk, moeilijk op tegen de Bourgondische pletwals. In De Garage is Maen Florin op haar sterkst. Artistiek directeur Koen Leemans omschreef het in een begeleidende tekst redelijk raak: ‘Maen Florin verleidt de toeschouwer en houdt hem tegelijk een spiegel voor. Op zoek naar een vertaling van krachtige emoties, verenigt de kunstenaar tegenpolen als macht en machteloosheid, liefde en lijden, kracht en breekbaarheid binnen één beeld. Haar figuren proberen contact te maken met de wereld, maar blijven tegelijk vastzitten in hun eigen bubbel, afgesloten voor de ander. De (on)mogelijkheid tot communicatie loopt als een rode draad door haar oeuvre.’
Maen Florin expose trois de ses Big Heads, en l’église Saint – Jean, Sint Janskerk, à la fois dédicacée au Baptiste et à l’Evangéliste, ces deux figures qui entoure l’avant – j’allais écrire l’Avent – et l’après christique. On se souviendra bien sûr du martyre de Jean le Baptiste, de sa tête réclamée par Hériodade et de la danse lascive de sa fille Salomé devant le roi Hérode. «Demande moi ce que tu veux, je te le donnerai » déclara Hérode, subjugué, à Salomé. Celle-ci demanda la tête du Baptiste afin de l’offrir, sur un plateau, à sa mère. Sur un plateau, Maen Florin, nous offrit également ses Big Heads, durant l’été 2018, dans l’écrin du parc Ter Beuken à Lokeren, de grands disques de béton qui ne pouvaient qu’évoquer cette thématique récurrente dans l’histoire de l’art, celle de la décollation. Décollées, les sculptures de Maen Florin le sont pour la plupart. A Malines, aux trois grandes têtes posées à même le sol de l’église, elle en ajoute une autre plus petite, couchée, et qui semble profiter d’un sommeil, peut-être éternel, délicatement déposée sur les bancs des marguilliers en bois sculpté, où prenaient place les riches bienfaiteurs de la paroisse. Je repense à cette autre tête couchée, déposée au musée. Pas de sang, pas de violence, son cou est orné d’une couronne de fleurs.
« La mort de Jean-Baptiste, écrit Julia Kristeva, est le thème par excellence sur lequel devait se bâtir cette figurabilité qui spécifie le destin de l’Occident, parce qu’elle concilie l’incision et la perspective, le sacrifice et la résurrection : sa figure nous apparaît désormais comme la figure de la Figure ». Dans « Visions Capitales » Kristeva évoque un splendide dessin d’Andrea Solario, « amoureux d’un saint plus endormi que torturé, savourant déjà le paradis, à moins que ce ne soit la danse que lui prépare Salomé ». L’autrice voit en cette œuvre du maître italien comme le nœud inaugural de la figuration moderne : « Il condense la logique de la Figure en tant que manière de voir, attitude de représentation. (…) A partir de là, nous devons nous préparer à vivre la figure dans sa coupe et dans son volume, dans son tranchant et dans sa danse ». Les termes utilisés sont là sans ambiguïté.
Figure. A propos de Maen Florin, le terme me semble capital. Le sens courant de figura, « forme plastique », provient de la racine fingere (modeler), fingulus (le potier), fictor (modeleur), effigies (portrait). La littérature latine amplifiera le terme : figura pour apparence extérieure, contour, plus abstraitement, forme grammaticale, forme plastique, forme géométrique, figure rhétorique. Les Pères de l’Eglise, Saint Augustin en tête, donneront à la figure le sens de « prophétie en acte », en fait ce qui pré – figure…, accentuant l’importance de l’action corporelle de l’être réel, abordant non seulement la forme mais aussi et surtout la substance. « Nous sommes loin de l’icône et de son économie d’incision, d’inscription du vide dans une image à ressemblance relative. La Figure, écrit encore Kristeva, cherche des ressemblances dans la durée de l’histoire humaine, elle les force même, pour en laisser ouverte la promesse, la prophétie, l’action toujours à venir ».
Assurément, Maen Florin sculpte des Têtes, celles que l’on peut perdre, elle les modèle, au plein sens du terme. Mais surtout elle sculpte des figures, pas uniquement des caractères, mais ce qui fondamentalement, substantiellement, incarne l’humanité, capable – même – de toute inhumanité.
Au Musée Hof van Busleyden, Maen Florin répond à la singularité des collections permanentes en exhumant de leurs boîtes à malice quelques sculptures plus anciennes.
Le musée est réputé pour ses Poupées de Malines bien sûr, produites à partir du milieu du 15e siècle jusqu’au milieu du 16e siècle. Leurs traits de visages sont aisément reconnaissables : un visage rond, un front élevé, de fines lèvres pincées et de grands yeux. Destinées à la dévotion privée, leur succès fut considérable. Magellan, dit-on, en emporta l’une d’elle dans son périple autour du monde. Tout aussi caractéristiques sont ces petits autels domestiques en albâtre, extrêmement populaires entre 1550 et 1560. C’est une autre marque de fabrique du patrimoine malinois. Tout, ici est empreint de spiritualité, candide et domestique dans le cas des Poupées, plus dramatique dans le cas des albâtres. Oui, mais voilà, c’était sans compter sur l’intervention de Maen Florin qui amène dans ses cartons une petite classe quelques peu dissipée, indisciplinée même, bousculant l’ordre établi. L’un d’eux, plus potache que les autres, se permet même de s’asseoir parmi les calvaires et autels sacrés, déclarant que, lui, il revient d’Hollywood. A première vue, tous et toutes semblent innocents, enfantins ; à bien les considérer ils sont habités d’étrangeté, de celle qui suscite peurs et frayeurs dans les contes de l’enfance. « Ce sont les icônes de nos obsessions philosophiques et psychologiques, écrit Stefan Hertmans, et c’est précisément pour cette raison qu’ils continuent de nous fasciner et de nous attirer. Cette rencontre entre attirance et répulsion est typique de tout ce qui nous frappe comme extérieur – comme figurant l’Altérité, l’inconnu. Ce qui nous est étranger dans le conte d’épouvante, et qui précisément pour cela nous attire, présente une certaine parenté avec l’ambiguïté du sublime kantien : peur et sublime s’entrelacent de manière étrange ».
Ces deux-là se sont approché des Besloten Hofjes du musée, l’un semble pénitent, l’autre puni ou repentant. Les Jardins clos sont des assemblages en trois dimensions, petits retables sculptés et protégés par des panneaux peints. Fabriqués dans les années 1500 – 1550, ils représentent généralement un jardin paradisiaque. L’Hortus Conclusus est un thème iconographique et littéraire de l’art religieux européen, principalement dans les domaines de la poésie mystique et de la représentation mariale. « Ma sœur et fiancée est un jardin enclos ; le jardin enclos est une source fermée », lit-on dans le Cantique des Cantiques. A Malines, ces Jardins Clos sont assemblés par et pour les sœurs hospitalières qui s’en servent comme objet de méditation. Une source fermée, un jardin clos, un jardin secret : cela sied aux sculptures de Maen Florin plongées dans leur for intérieur idiosyncratique.
Polyphonie. Wrongface côtoie Le Livre de Chœur malinois, un des manuscrits de musique du seizième siècle les plus beaux et les mieux conservés. Il a vraisemblablement été réalisé entre 1508 et 1519 dans l’atelier malinois de Pierre Alamire (vers 1470-1536), un copiste, chanteur, musicien, compositeur et marchand qui œuvra pour la Cour burgundo-habsbourgeois, comme l’atteste la miniature d’ouverture.
De l’Humanisme. Maen Florin a déposé Head with pink flowers dans la salle du musée réservée à la Découverte et la Connaissance. Couché sur une vitrine, se confondant avec les couleurs d’une tapisserie ancienne, il semble s’élever, fleuri et le regard perdu ou éperdu, au dessus de ces anciens et premiers livres imprimés.
Histrion. Nom masculin, substantif masculin. Acteur antique qui jouait des farces grossières, avec accompagnement de flûte. Littéraire, charlatan ridicule : Un histrion politique. Histrion désigne, dans le domaine du théâtre de l’Antiquité romaine, un acteur comique, un comédien qui jouait des farces. Synonymes : acteur, comédien, bouffon. Histrion désigne, par extension, un mauvais comédien, un cabotin. Du latin histrio («acteur »). (Par extension) Personnage qui se donne en spectacle en usant d’effets outranciers. Synonyme : Pitre. Dérivés : Histrionage, histrionique, histrionisme, histrionner. Bâteleur, baladin, joueur de farces. Comédien et en particulier pantomime. XVIe siècle. Emprunté au latin, mime, comédien, fanfaron, faiseur d’embarras. On rencontre parfois le féminin Histrionne. Autres synonymes : turlupin, plaisantin, pantin, polichinelle. Un bouffon grotesque dont les saltations, les pantomimes lascives et les spectacles licencieux dérèglent les sens des spectateurs. Trouble de la personnalité histrionique caractérisé par un motif omniprésent d’émotivité excessive et de recherche d’attention. Trouble somatoforme qui affecte la pensée, la perception et le rapport aux autres d’une personne.
En regardant un portrait de Rembrandt ou une sculpture de Rodin, nous avons l’impression que les figures que nous voyons sont réellement face à nous. Les têtes sculptées par Maen Florin provoquent un même ressenti de présence intense. Bien qu’elles soient généralement réalisées à partir d’images de personnes connues ou inconnues, il ne s’agit jamais vraiment de portraits. Pourtant ces têtes ne tardent pas à être animées d’une vie propre. Maen Florin cherche à aller bien plus loin que la simple représentation d’un personnage. Elle part en quête de sa psyché intérieure, elle s’identifie à ses sentiments et ses pensées, elle veut dévoiler les mouvements de son âme et mettre à nu ses ressorts les plus profonds. La façon dont elle rehausse les têtes de glaçure rend leur physionomie plus expressive. Les torses maigres et nus des bustes accentuent encore cette expressivité. (…)
En circulant parmi ces têtes, nous nous mouvons entre des sensations de peur, de jouissance, de détermination, de tristesse, de compassion, de béatitude, de désarroi, de fierté, d’oppression, de désespoir, de résignation, de désillusion, de douleur, de doute, de désir impatient. Nous circulons aussi entre les différentes races et typologies humaines, chacune avec ses particularités physiques. Il est fascinant de constater comment Maen Florin parvient à exprimer, à la fois avec subtilité et avec prégnance, les émotions et le caractère de chaque tête. Elle nous donne à lire l’histoire qu’elle a inventée pour chacune d’entre elles. Elle paraît vouloir comprendre et embrasser le monde entier. (Veerle Van Durme)
Playing at being human, exposition monographique de Maen Florin à Malines – Mechelen se décline en trois lieux distincts. Au Garage, centre d’art contemporain, en l’église Saint Jean et à la Cour de Busleyden, ce magnifique palais renaissant. Jérôme van Busleyden (vers 1470-1517) appartient à une riche et ancienne famille de Bauschleiden au Luxembourg. Il s’installe dans la capitale bourguignonne de Malines, où il devient membre du Grand Conseil en 1504. Il revêt aussi de hautes fonctions au sein de l’Eglise en divers endroits des Pays-Bas et de France. Emissaire de Charles Quint, il voyage en 1517 pour préparer l’ascension au trône du jeune souverain en Espagne, mais meurt d’une infection pulmonaire à Bordeaux. L’humaniste Erasme fonde avec l’argent que lui a légué Jérôme de Busleyden le Collège-des-Trois-Langues de Louvain, où même les moins fortunés peuvent apprendre le latin, le grec et l’hébreu, les trois langues dans laquelle est écrite et traduite la Bible.
Au Musée Hof Van Busleyden, les oeuvres de Maen Florin, intégrées dans les collections permanentes, entrent en dialogue avec le passé, et ne font plus qu’un avec l’environnement dans lequel elles sont exposées. En pleine résonance, multipliant les rapprochements formels, déclinant dès lors le langage plastique et visuel, thématiques, ou nous permettant de tisser des liens, d’enrichir le sens des unes et des autres.
Tel un quarante sixième édile, ce buste chevillé au mur, portant haute fraise piquée de grandes épingles dialogue silencieusement avec les quarante-cinq hommes du tableau voisin, tous vêtus de rouge écarlate. Ils constituent le Parlement de Malines, la plus haute autorité juridique des Pays-Bas. Cette Cérémonie d’ouverture, présidée par le duc de Bourgogne Charles le Téméraire qui créa ce Parlement, est attribuée à Jan Cossaert, artiste malinois qui la peignit, pense-t-on, en 1587
Les yeux clos, l’oreille attentive, peut-être est-il également et très secrètement à l’écoute du Jugement de Salomon, rapporté dans le Livre des Rois, et rendu, là, tout près de lui, au détour d’une cimaise. Le tableau est l’œuvre de Michel Coxcie, répondant à la commande des magistrats de Bruxelles. Il était de coutume au seizième siècle d’accrocher des représentations du fameux jugement de Salomon dans les salles des tribunaux. Elles servaient aux juges d’exemple d’une sentence sage et ingénieuse qui débouche sur la vérité et la justice.
Albino. Maen Florin pose son Albino non loin de cette tapisserie représentant un épisode de la Conquête de Tunis, menée par Charles Quint en 1535. Cette tapisserie appartient à une série de douze ; c’est la plus coûteuse commande artistique passée par Charles Quint, affirmant haut et fort sa stature de grand défenseur de la Chrétienté. Les cartons ont été conçus par Jan Cornelisz, Vermeyen et Pieter Coecke van Aelst, et les tapisseries ont été tissées dans l’atelier bruxellois de Willem de Pannemaker. Oui, les céramiques de Maen Florin sont de différentes races et typologies humaines, chacune avec ses particularités physiques. L’albinisme est une maladie rare, néanmoins plus fréquente en Afrique que dans d’autres parties du monde. Du fait de leur apparence physique et de superstitions locales, les Albinos sont encore aujourd’hui persécutés dans certains pays d’Afrique subsaharienne, victimes de croyances archaïques. Ce rapprochement entre la sculpture de Maen Florin et cette tapisserie m’évoque la puissance des uns, la fragilité des autres, l’obscurantisme, la violence, les exactions menées au nom des croyances et religions. Je repense du coup à cette réflexion de Stefan Hertmans à propos des céramiques de Maen Florin, citation que l’artiste a mis en exergue dans l’une de ses récentes publications : « Maen Florin nous prend en otage au moyen d’un raffinement psychologique, d’une impression de lucidité coupable. Pourtant son travail n’est jamais moralisateur : la morale entraîne toujours une simplification de la psyché. Maen Florin, en revanche, nous montre la complexité poétique de l’imagination aussi bien que de l’apparition troublante ».
Hertmans poursuit « C’est ce qui rend ses œuvres vulnérables et toutes-puissantes ; elles attirent notre regard, l’esquivent, provoque une interaction déstabilisante entre notre attention et leur apparition inattendue ». Le grand buste d’homme noir semble pourtant trouver une place naturelle auprès de cette ancienne mappemonde, tout proche à traverser le miroir vers d’autres antipodes. Cuirasse sanglée de conquistador, mais fragile comme un nid d’abeille, fraise démesurée telle celles qui finiront par faire l’objet de moqueries populaires, caricature burlesque de la richesse des Grands d’Espagne ; il est le maître et l’esclave à la fois. Puis ce visage empreint de tous les voyages intérieurs. Jamais nous ne percerons les secrets de toute son expressivité. « La honte est exposée sans fioritures, écrit Veerle Van Duurne. La souffrance devient reconnaissable. Même lorsqu’un buste est plus « habillé », la composition comme le matériau renforcent l’éloquence de la ta tête ». Oui, mais, relisant l’histoire l’occidentale, qui donc éprouve ou devrait éprouver, ici, ce sentiment de honte ?