Archives de catégorie : Editions / publications

Jacques Lizène, Jacques Charlier, le Rire, les Incohérents

Lu dans Daniel Grojnowski | Denys Riout, Les Arts incohérents et le rire dans les arts plastiques, éditions Corti, 2015
A propos de Broodthaers, Lennep, Lizène, Charlier :

Les Incohérents

les incohérents

Daniel Grojnowski | Denys Riout
Les Arts incohérents et le rire dans les arts plastiques
éditions Corti, Édition José Corti.
Dans les années 1880, les expositions impressionnistes mettent à mal le système académique, toujours dominant. Alors que Paris tente d’oublier les plaies de la guerre et de la Commune, un groupe de jeunes gens organise une exposition d’amusements en tous genres réalisés par « des personnes qui ne savent pas dessiner ».

Sous le titre d’« Arts incohérents », une série de manifestations égaient la capitale durant une dizaine d’années. Elles seront par la suite oubliées et la plupart des réalisations ont disparu. Par exception, sont demeurées les œuvres « monochroïdales » imaginées par A. Allais qui expose en 1883 une Première communion de jeunes filles par un temps de neige : un simple bristol blanc.

De la moquerie à l’instauration d’une conception nouvelle de l’œuvre plastique, des Incohérents à Yves Klein en passant par Picasso, Marcel Duchamp, Francis Picabia et tant d’autres (groupes et individus), l’ouvrage rend compte d’une révolution silencieuse : une transformation radicale de la production artistique dont nous sommes aujourd’hui les héritiers.

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Jacques Lizène, revue de presse, Le Monde diplomatique

Jacques Lizène illustre deux pages du Monde Diplomatique de ce mois de mars !

le monde diplomatique

le monde diplomatique

Jacques Lizène. Découper des meubles, 1964, naufrage de regard, toile morcelée, 1971, cadre penché, bord de cadre, en remake 2011.
Jacques Lizène, Art Syncrétique 1964, chaises découpées et croisées, en remakes, 2008-2011.

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Jacqueline Mesmaeker, d’après Picasso et Durer, vitrine Rivoli, Bruxelles

Jacqueline Mesmaeker

Jacqueline Mesmaeker, d’après … Picasso – la muse / 1960

A l’invitation de Jeunesse et Art plastique, Jacqueline Mesmaeker occupe la Vitrine Rivoli dans la galerie du même nom à Bruxelles, 690 Chaussée de Waterloo à 1180 Bruxelles.
Du 16 janvier au 14 mars 2015.

Le livre d’artistes tient une place singulière dans l’univers de l’art contemporain; réalisé souvent à moindres frais il se faufile parfois jusqu’au sommet des plus grandes institutions muséales.
L’asbl Jeunesse & Arts Plastiques édite des livres d’artistes pour permettre principalement aux jeunes mais non exclusivement, d’acquérir une édition signée et numérotée à prix doux. Des artistes tels que Claude Closky, Lionel Estève, Michel François, Jonas Locht, Adrien Luca, Chantal Maes, Jacqueline Mesmaeker, Benoit Platéus ont réalisé une édition JAP.Depuis juin 2013, JAP dispose d’une vitrine consacrée au livre d’artiste dans la galerie Rivoli. Les éditions du JAP y sont montrées mais également celles d’éditeurs ou d’artistes belges et étrangers.

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Emilio Lopez-Menchero, Centrale for Contemporary Art, revue de presse (3)

Lu dans Flux News, sous la plume de Catherine Callico :

Emilio Lopez-Menchero & Esther Ferrer à la Centrale for contemporary art

Le corps et l’identité

L’artiste espagnol et protéiforme Emilio Lopez-Menchero présente son oeuvre à la Centrale for contemporary art, le temps d’une rétrospective qui permet d’en palper toute la richesse, l’audace, la dérision. Celle-ci se complète d’une installation d’Esther Ferrer, pionnière de l’art performatif.

Tenue et tons sobres, marine et gris. Emilio Lopez-Menchero arrive à la Centrale for contemporary art pour une visite de sa rétrospective. Coupe standard, ni barbe ni artifice. Support neutre et lisse, prêt à toute expérimentation. Lequel tranche avec la Frida Kahlo mise en scène du communiqué de presse. Toute en couleurs et fleurie. La couleur est essentielle dans l’oeuvre de l’artiste protéiforme espagnol. De ses Trying to be (où il se met dans la peau d’une personnalité) à ses toiles, dessins, sculptures, vidéos, performances et autres interventions urbaines et architecturales.

Le corps et l’identité constituent l’ossature de son oeuvre. Dès ses débuts. Architecte diplômé de La Cambre en 1995, il mêle très vite l’architecture à l’art, influencé par la bible du milieu, le manifeste de Hans Hollein “Alles ist Architektur”, qui traite de corporalité dans l’espace. Je subdivise le corps en quatre, souligne Emilio. Le corps normé, le corps agité, le corps identifié, le corps fantasmé. Le corps normé appartient à sa “première période”. Dans la salle d’exposition du fond de la Centrale, au sol, il a agrandi un tapis à l’échelle 1/1 de la capacité maximale des corps humains dans l’espace. Soit des traces de semelles normées. 24 personnes au mètres carré, c’est la norme –tirée du fameux manuel – dans les espaces publics, ascenseurs etc. L’oeuvre réfère également à sa seconde période, qui s’attache à l’abstraction et à l’art minimal.

Personnifier pour être

Sur les murs de cette salle du fond, Emilio a disposé une sélection de ses fameux Trying to be, photographies de ses incarnations d’icônes. De droite à gauche: Marc Dutroux, Che Guevara, Pablo Escobar, Frida Kahlo, Yasser Arafat, Russel Mean, Fernand Léger, Rrose Sélavy, Carlos, Raspoutine.

Pour réaliser ces performances photographiques, l’artiste se réapproprie et vit ces personnages à partir de son propre corps. Sans postiche. Je me transforme, laisse pousser la moustache, me teins les cheveux. Cette mise en abyme permet de sortir de l’anonymat. C’est en 2001, en réponse à une invitation de participation au MAMAC de Liège ( Hommage/Outrage Picasso, sous commissariat de Lino Polegato) , qu’il se propose lui-même en personne et entame la série de photos en noir et blanc “Trying to be”.

Né en Belgique de parents espagnols républicains qui ont fui le franquisme, l’artiste évoque régulièrement Picasso et l’Espagne. Comme dans son Torero/Torpedo. En habits de torero, il harponne avec dérision son vélo, référence à notre pays et à la figure d’Eddy Merckx, mais aussi à la « Tête de Taureau » de Picasso, rencontre fortuite d’une selle et d’un guidon. Ici, il se voit le vainqueur de l’étape du col d’Aubisque, lors du Tour de France.

Au fil de l’expo, chaque pièce est placée en résonance avec les autres, traduisant la cohérence de son approche. Et cette quête inlassable d’identité. Le plus souvent avec dérision.

Porte-voix

Emilio Lopez-Menchero explore régulièrement les thèmes des migration et immigation, de l’exclusion et de l’aliénation dans ses interventions urbaines. Le porte-voix est l’un de ses medias de prédilection. De son porte-voix monumental, sa Pasionaria, sur le boulevard Stalingrad face à la gare du Midi (ce lieu de confluence évoque un épisode de la Guerre d’Espagne) au cri de Tarzan qui s’échappera toutes les 30 minutes de la Tour Sainte-Catherine, tout au long de la durée de cette rétrospective. Au sein de la Centrale même, une installation en grillages évoque un centre fermé dans l’ancienne prison des femmes à Bruges, prévu pour la détention de demandeurs d’asiles déboutés ou de gens en séjour illégal. Via quatre porte-voix, des voix féminines clament les nationalités recensées: “Mongolia”, “Bulgaria”… L’artiste souligne ici la contradiction au sein de la ville touristique, laquelle d’un côté attire les étrangers, de l’autre les rejette.

Esther Ferrer et l’identité

Pour l’occasion, Emilio Lopez-Menchero a invité Esther Ferrer, pionnière de l’art performatif depuis les années 70, également Espagnole et exilée à Paris depuis une quarantaine d’années. Son installation dénonce une Espagne à l’identité ravageuse et anthropophage. Très sobre et forte, elle est constituée d’un cercueil noir, basique, suspendu, surmonté d’une épée en forme de crucifix. Sur le mur de fond, le drapeau de la monarchie espagnole. Tandis que la voix de l’artiste reprend des textes populaires basés sur Les Chroniques de la Conquête. L’oeuvre a été réalisée en 1992, lors des commémorations du 500e anniversaire de la “découverte” de l’Amérique par Christobal Colomb, dans le cadre d’une exposition critique (qui n’a pas eu lieu). Si j’ai choisi cette pièce aujourd’hui, c’est également lié à l’identité française en déclin. Cette pièce évoque les notions de construction d’une identité nationale, la pureté de la race.

Catherine Callico

Lu Dans De Standaard, sous la plume de Sam Steverlynck

De Standaard

De Standaard

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Emilio Lopez-Menchero, Centrale for contemporary art, revue de presse (2)

Lu dans H.ART, sous la plume de Colette Dubois

H.ART

Réécouter le Grand Charivari, sur Musiq3. Un entretien avec Pascale Seys :

 

Lu dans L’AGENDA :

L'Agenda

L'Agenda

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Emilio Lopez-Menchero, Centrale for contemporary art, revue de presse (1)

Lu dans LE SOIR / MAD, sous la plume de Jean-Marie Wynants :

Emilio Lopez Menchero

EMILIO LOPEZ-MENCHERO : QUESTION DE CORPS ET D’IDENTITE

Il y a le David de Michel Ange, la Mona Lisa de Leonardo Da Vinci, les silhouettes tendues de Goya, les corps éclatés de Bacon, la Cicciolina de Jeff Koons… Autant d’artistes qui ont abordé la question du portrait et du corps d’une façon instantanément reconnaissable. Et puis il y a l’œuvre d’Emilio López-Menchero. Insaisissable et protéiforme, passionnante et iconoclaste.
Reconnu internationalement, Emilio López-Menchero reste méconnu du grand public belge. La très belle rétrospective que lui consacre actuellement la Centrale, au cœur de Bruxelles, devrait changer les choses.

Lorsqu’on évoque son nom dans le milieu de l’art, les réponses sont aussi variées que définitives. Pour les uns, il est avant tout un performeur aussi fantaisiste que gonflé. Pour d’autres, il est essentiellement le créateur d’installations abordant souvent de manière inattendue des questions politiques ou sociétales. Pour d’autres encore, il est un peintre merveilleux mais méconnu. Pour la plupart, il est toutefois l’homme des « Trying to be… », cette série d’autoportraits où on le retrouve en Pablo Picasso, Fernand Léger, Carlos, Che Guevara, Marc Dutroux ou Frida Kahlo.

Si cette série a marqué bon nombre d’esprits, c’est peut-être parce qu’elle concentre tous les aspects du travail de l’artiste : performance, installation, références picturales et surtout, recherche sur le corps et la notion d’identité. Loin des petits jeux auxquels se livrent certains à partir de trucages divers, loin également de la performance d’un John Malkovich qui vient de réaliser une série de photos où il se déguisait en divers personnages connus, Emilio López-Menchero cherche moins à ressembler qu’à « essayer d’être… », comme le précise le titre de la série. Il s’agit dès lors pour lui de travailler à partir de son propre corps et de la transformation bien réelle de celui-ci : se laisser pousser la barbe du Che ou d’Arafat, les cheveux de Balzac ou des Beatles. Retrouver l’état d’esprit de Rrose Sélavy ou la force douloureuse de Frida Kahlo…
Mais il s’agit aussi de regarder le monde dans lequel nous vivons par le moyen le plus approprié. En cela, le parcours de la Centrale est une totale réussite mettant côte à côte des œuvres jusqu’ici éparses et dont les liens semblent soudain évidents. Le Trying to be Balzac voisine le portrait peint intitulé In Balzac’s mind.
De grands dessins à l’encre de Chine restituent à partir d’un détail tout un phénomène de société. Des performances réalisées dans l’espace public nous interrogent sur le monde de l’art, à Venise, dans les couloirs feutrés d’Art Brussels ou en pleine ville avec cet extraordinaire check-point installé en 2010 sur le pont du Canal séparant la très branchée rue Dansaert de la Chaussée des Gand nettement plus populaire. Avec toujours, le corps au centre du jeu, « normé, agité, identifié, fantasmé » comme l’explique l’artiste au fil du parcours.

Architecte de formation, Emilio López Menchero a su magistralement utiliser toutes les ressources de la Centrale, plaçant au centre du parcours une maison à la silhouette typiquement brugeoise réalisée en fil de clôture. Une manière d’évoquer ce monde où certains visiteurs, les touristes, sont les bienvenus tandis que d’autres, les réfugiés, sont parqués dans des camps. Camps où les normes d’occupation d’un lieu, soigneusement établies en architecture, sont rarement prises en compte.
Autant de sujets surgissant au fil d’un très riche parcours, tant dans la forme que dans le fond comme le montre dès l’entame ce film où, déguisé en gardien de musée, l’artiste reproduit au bic quatre couleurs une série d’œuvres des Musées royaux avant d’abandonner son travail à même le sol sous le regard interloqué des visiteurs. Un questionnement parmi tant d’autres dans une œuvre qui allie honnêteté, modestie, clairvoyance, ambition et talent.

Entendu sur Musiq3, la chronique des arts plastiques de Pascal Goffaux le 4décembre 2014

 

Lu dans la LIBRE, sous la plume de Claude Lorent :

Emilio Lopez Menchero

EMILIO LOPEZ-MENCHERO, L’INCLASSABLE ARTISTE BRUXELLOIS

Convié par La Centrale à réaliser une expo monographique, le plasticien bruxellois retrace rétrospectivement son cheminement. Il pose un regard politique sur son environnement tout en plaçant l’humain au centre de son art. Et il invite l’artiste espagnole Esther Ferrer, connue pour son engagement.

En invitant le plasticien bruxellois Emilio Lopez-Menchero pour une exposition monographique à caractère rétrospectif, La Centrale confirme sa volonté de soutenir des artistes belges dont la réputation déjà bien établie mérite une mise en exergue conséquente. L’institution occupe ainsi un créneau spécifique qui valorise nos artistes et les place dans un contexte favorisant une meilleure connaissance de leur œuvre pour le public autant que pour l’ensemble du milieu artistique belge et étranger. Un rôle indispensable pour la reconnaissance de nos plasticiens d’autant plus que le centre d’art de la Ville s’inscrit dans un contexte international. Une marque présente par l’invitation, au sein de l’exposition, d’Esther Ferrer, une artiste espagnole vivant et travaillant à Paris.

Le rôle de l’artiste

Architecte et plasticien, Emilio Lopez-Menchero (1960, vit à Bruxelles) manifeste une double préoccupation. D’une part un engagement humain très présent, de l’autre une relation à l’espace qui se traduit souvent par des interventions visuelles et auditives dans le contexte urbain. Son cri de Tarzan retentira à nouveau dans la ville pendant l’expo. Sa double formation produit des interactions et des interrogations dans lesquelles, très fréquemment, il intervient physiquement dans une nécessité d’implication personnelle.

Les questions qu’il se pose, il les projette vers nous tous de manière à nous les faire partager dans un contexte qui inclut le vivant, le vécu, la narration et le réel. Artiste, il se place dans le social, comme acteur dans cette société, et examine quelle est sa place, quel est son rôle et comment en tant qu’artiste il peut intervenir pour pointer des sujets qu’il estime importants et sensibles. Plusieurs vidéos témoignent d’actions, d’interventions, de performances, par lesquelles, sans être moralisateur, il conscientise les visiteurs par le partage de son implication. La question de l’identité, la sienne et celle des autres, est au cœur de sa démarche. Une identité mondialisée.

D’entrée de jeu, une vidéo le montre dans un musée d’Art ancien dessinant frénétiquement d’après des œuvres exposées. Nerveux, rapides, approximatifs, ses multiples dessins jonchent le sol. Il joue son propre rôle, il apprend au contact des maîtres et réalise des copies qui n’en sont pas réellement. Est-ce que ce sont des œuvres ? Quelle posture occupe-t-il dans ce vaste champ de l’art ? La réponse ce sont finalement les œuvres qu’il réalise, choisit de nous montrer et de mettre en action pour qu’elles agissent sur nous.

Essayer d’être

Sa série de photographies qu’il intitule « Trying to be » est symptomatique de son positionnement. En prenant la pose connue de personnages quasi iconiques, il s’interroge davantage sur son identité que sur la leur et il s’insère dans leur monde en essayant d’y trouver sa place entre Picasso, Frida Kahlo, Ensor, Cadere… Ou Carlos, un bandit notoire. Par ce biais, on perçoit le questionnement personnel et la mise à nu bien concrète d’ailleurs, pas que symbolique, dans son Balzac. Partant, il nous pose la question de notre insertion en tant qu’individu dans le rôle que nous sommes supposés jouer dans la société d’aujourd’hui !

Implication altruiste

Parmi les œuvres les plus emblématiques de cette démarche interventive et foncièrement humaine, on comptera « Brugse Huis » (part of Indonesie !) construction d’un centre fermé où résonnent des voix de femmes face à une série de dessins qui se passent de tout commentaire. Egalement son intervention urbaine (voir les photos) « Checkpoint Charlie » par laquelle il coupe la ville en deux : les beaux quartiers et les autres. Ou encore cette vidéo de sa déambulation à Venise lors de la Biennale : pour vendre des Atomium de pacotille il prend place parmi les marchands ambulants illégaux. L’artiste ne milite pas, il s’implique et sa cause, à travers l’art, c’est plus d’humanité, plus de respect et compréhension de l’autre, des autres, c’est plus de justice humaine. Il agit en observant le monde autour de lui, ici, au quotidien. Et sa peinture qui trouve enfin depuis peu son propre ton, dit surtout l’émotion et resserre les liens les plus intimes. Ceux de la famille, des proches, des gens qui le touchent. Et le monde de l’art avec ses dérives, heureusement, n’échappe pas à sa vigilance. Une œuvre qui s’accomplit sans détour. Belle, très belle, par sa force intérieure.

L’Espagne, la mère patrie

Invitée par Emilio Lopez-Menchero à participer à l’exposition, Esther Ferrer (1937, vit à Paris), artiste d’origine espagnole tout comme lui, y a placé une œuvre qui aurait dû participer à une exposition critique sur les commémorations du 500e anniversaire du débarquement en Amérique de Christophe Colomb, suivi d’une prise de possession des territoires, de l’obligation de conversion et de l’extermination des Indiens. Un cercueil noir en suspension comme un animal menaçant, une araignée dont on dit qu’elle dévore sa progéniture. Sur le cercueil est posée une épée plutôt qu’un crucifix, signe de violence, de guerre, d’un état militaire, et non de paix. L’annexion des territoires conquis sera sanglante. En fond, un drapeau espagnol avec les armoiries des rois catholiques, les monarques de l’époque. A l’audition, une voix qui s’exprime faiblement, qui chantonne, qui lit, qui raconte. Des chansons populaires, des poèmes et surtout un récit : Les Chroniques de la Conquête. Une œuvre qui selon l’artiste illustre « une période noire de l’Histoire de la péninsule Ibérique » et qui s’érige « contre le fétichisme de l’identité nationale » et contre les exclusions. Une œuvre puissante, « Madre Patria » ou « Invasion », qui rejoint pleinement la démarche d’Emilio Lopez-Menchero. Une œuvre éminemment politique vis-à-vis d’une Espagne qui, en 1492, entreprend un processus d’unification en centralisant le pouvoir dans une unité religieuse et linguistique et en excluant nombre d’étrangers. Une Espagne qui se ferme aux autres dans l’affirmation d’une identité nationale. « Les leçons de l’Histoire ont-elles été entendues ? », s’interroge aujourd’hui l’artiste.

Sur le site de Cobra.be (VRT)

DE VELE GEDAANTEN VAN EMILIO LÓPEZ-MENCHERO

Emilio Lopez Menchero

De Centrale for Contemporary Art in Brussel is gestart met een lovenswaardig initiatief. De retrospectieve rond de Brusselaar met Spaanse roots Emilio López-Menchero, die deze week van start gaat, wordt de eerste in een reeks van overzichtstentoonstellingen van levende kunstenaars die in Brussel en omstreken actief zijn.
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Vorig jaar was er al de solotentoonstelling van Johan Muyle, maar die bracht hoofdzakelijk nieuwer werk. De retrospectieve rond López-Menchero tracht een volledig beeld van het oeuvre van deze kunstenaar te brengen. En het moet gezegd, Emilio López-Mechero heeft al een behoorlijk indrukwekkend parcours afgelegd. Deze zoon van twee Spaanse wetenschappers, die eerst in België en later in Oostenrijk aan de slag gaan, wordt in 1960 in Mol geboren. Eens volwassen besluit hij zich in Brussel te vestigen, waar hij architectuur en kunsten studeert.

Tarzankreten en een roephoorn
Al in zijn eerste werken toont de kunstenaar een voorliefde voor ingrepen in de alledaagse werkelijkheid, vooral in de stad. Bezoekers die in 2000 naar Gent afzakken om er tijdens ‘Over The Edges’ de fameuze vleeszuilen van Jan Fabre te zien, zullen zich misschien nog de Tarzankreten herinneren die om de haverklap door de stad weerklonken. Dat is dus een van de ideeën van López-Menchero. En wie heeft aan het Zuidstation in Brussel nog niet de enorme roephoorn (La Pasionaria) gezien die daar sinds 2006 de bezoekers van de stad Brussel verwelkomt? Ook van López-Menchero.

Over de grens
De kunstenaar gebruikt de stad als zijn canvas voor sociaal geëngageerde ingrepen en acties. Zo liet hij in 2010 op de grens van de stad Brussel met de gemeente Molenbeek een replica oprichten van de befaamde controlepost van het Amerikaanse leger in Berlijn, ‘Checkpoint Charlie’. López-Menchero trachtte met deze ludieke actie de voorbijgangers bewust te maken van de absurditeit van grenzen. Zoals eens tussen Oost en West is er ook aan de Vlaamsepoort een denkbeeldige grens tussen de hippe Dansaertstraat en de verderop gelegen volkswijk voorbij het kanaal. De spanning tussen deze imaginaire en werkelijke, geografische afbakeningen vormt een aanleiding om even stil te staan bij dit soort conventies.

Het Brugse huis
Datzelfde jaar wordt Emilio aangegrepen door het verhaal van een vriendin. De Indonesische Madé, die met Engelse vrienden in België belandde maar van wie de papieren niet helemaal in orde waren, kwam na een reeks misverstanden over vermeende mensenhandel terecht in een gesloten asielcentrum in Brugge. Het meest frappante aan de behandeling die Madé daar te beurt viel, was de manier waarop zij aangesproken werd. Niemand sprak haar aan met haar echte naam, maar met haar nationaliteit: “Hé Indonesia!”. Het ‘Brugse huis’, dat de grote hal van de oude elektriciteitscentrale in beslag neemt, is op die ervaring van Madé gebaseerd. De vorm van een traditioneel middeleeuws trapgevelhuis wordt gecombineerd met afsluithekken die de gekooide asielzoekers van de buitenwereld moeten afschermen. Als kers op de taart weerklinkt er vanuit de vier luidsprekers een constante stroom van barse landsnamen: ‘Lithuania!”, “Ghana!”, enz.
In dezelfde ruimte zweeft er een grote wolk die uit een hele reeks kussens bestaat, een verwijzing naar de dood van Semira Adamu, die tijdens een repatriatie de verstikkingsdood stierf. Als de bezoeker met enige moeite onderaan de wolk zijn of haar hoofd in de opening steekt, klinkt daar op enigszins cynische wijze het stukje uit de musical ‘Cabaret’: « Wilkommen, bievenue, welcome ».

Verkleden voor gevorderden

En dan is er de kameleon die in Emilio López-Menchero huist. Een deel van zijn onderzoek naar de rol van de kunstenaar in de maatschappij heeft te maken met het ontkrachten van mythes en clichés. Om die van binnenuit te begrijpen kruipt hij letterlijk in de huid van een aantal iconische figuren. Zo zien we Emilio López-Menchero achtereenvolgens als Frida Kahlo, Cindy Sherman, James Ensor en Honoré de Balzac. Wat bij deze keuze van personages telkens opvalt, is de “tweedegraads” incarnatie. Al deze figuren spelen op zich al een rol, zijn zelf al verkleed. López-Menchero is dus telkens iemand die lijkt op iemand die op iemand anders lijkt … volgt u nog? Voor de kunstenaar is deze verkleedpartij – die soms tot verbluffende resultaten leidt zoals een griezelig echte Marc Dutroux – meer dan een narcistisch spektakel. Het is een manier om de grenzen tussen echtheid en fictie, tussen feit en verhaal scherp te stellen. In een interview vat hij zijn houding wat dat betreft op deze manier samen: “Het is de rol van de kunstenaar om met grenzen te werken. De kunstenaar is ergens tussen een clown en een crimineel die de bestaande grenzen overschrijdt.”
Dit is geen tentoonstelling die het moet hebben van esthetische hoogstandjes, maar die op een heel ander niveau werkt. Eens te meer heeft de Centrale gekozen voor een geëngageerd kunstenaar die de bezoeker uitdaagt, die aanzet tot reflectie.

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