Emilio López-Menchero participe à Trouble #12, à Bruxelles, du 17 au 22 avril.
Trouble #12, « It’s about time » : c’est la question du temps (et surtout du temps qu’on se donne, qu’on donne aux relations et aux œuvres pour qu’elles puissent résonner) qui est au cœur de la biennale bruxelloise de performance. Pour arpenter des notions de temps historique, de temps volés, de hors temps, de boucles temporelles, d’écarts générationnels, d’expériences de la durée…
Place Saint-Josse,un kiosque à journaux ouvre ses portes, déplie sa devanture et déploie ses étalages. Rien de plusnormal…Pourtant, à y voir de près, quelque chose cloche. Aucun de ces journaux et revues n’est ni du jour, ni de la semaine, ni du mois, ni même parfois de l’année. On y lit des catastrophes, des guerres, des mariages, princiers ou non, des crises, des accidents, des nouvelles sportives, des exploits, des équipes gagnantes et perdantes, des scandales en tout genre, des mots croisés, des nécrologies, des horoscopes, des stars qui montent, d’autres qui chutent, des actions qui montent ou encore d’autres qui chutent, des conflits politiques, linguistiques, communautaires, régionaux, nationaux, religieux, des publicités, des conseils, des lettres de lecteurs, des brèves, des statistiques, des visages, des manifestations, des titres, des sous-titres, des textes, des photos, des dessins de presse, des textes en français, en néerlandais, dans d’autres langues, des phrases, soulignées ou non, des lettres majuscules , minuscules, grasses, normales, en italique, et des dates… Des dates périmées… Ces journaux sont caducs et pourtant, rien de plus à jour, tout semble d’actualité…Emilio López-Menchero, qui n’aime rien tant que semer le trouble dans le quotidien (souvenez-vous « CheckPoint Charlie »), se saisit de la question du temps qui traverse le festival… pour l’arrêter dans une actualité toujours déjàd épassée.
17.04.202 08:00 > 18:00 Kiosque place Saint-Josse, Bruxelles
18.04.2023 08:00 > 18:00 Kiosque place Saint-Josse, Bruxelles
19.04.2023 08:00 > 20:00 Kiosque place Saint-Josse, Bruxelles
20.04.202 08:00 > 20:00 Kiosque place Saint-Josse, Bruxelles
21.04.2023 08:00 > 20:00 Kiosque place Saint-Josse, Bruxelles
22.04.2023 08:00 > 20:00 Kiosque place Saint-Josse, Bruxelles
Avec le concours de l’AMP et l’aide de la Commune de Saint-Josse-Ten-Noode.
Du 16 avril au 10 septembre 2023, le musée Roger Raveel réunit des œuvres de Jan Vercruysse (1948-2018), de Nel Aerts (°1987) et de John Murphy (°1945). Le titre de l’exposition, Unreadiness, est tiré de Giacomo Joyce, un texte remarquable de seize pages que James Joyce a écrit lors de son séjour à Trieste en 1914, mais seulement publié à titre posthume en 1968[1]. Dans cette histoire d’amour, Joyce exprime des sentiments de solitude, de perte et de nostalgie. Le texte se compose d’un écheveau de références dissimulées sous un voile de connotations personnelles et d’archétypes universels.
Dans une démarche analogue, les artistes de cette exposition ont développé leur propre univers en puisant dans les sentiments intimes de l’auteur tout en tenant un discours imprégné d’histoire de l’art et de la littérature, émaillé de symboles iconographiques. Nombre de motifs récurrents trahissent un double sens : le voile, le rideau ou la scène, le masque et l’autoportrait, le choix de mots poétiques pour les titres. Dans un jeu sensuel de cacher et de dévoiler, les œuvres témoignent de la création elle-même : « l’art pour lui-même et pour son propre destin »[2].
La mélancolie, qui domine l’atmosphère générale de multiples œuvres, constitue un sentiment difficile à exprimer avec des mots : une sensation de langueur, de perte et de désir indéfinissable. Tel un navire sans cap flottant sur une mer immense, l’artiste se sent enfermé dans sa solitude et pour extérioriser ces questions existentielles, il ou elle se met en scène sous la forme d’un double, d’un personnage. Regarder et être regardé vont de pair. Les œuvres de cette exposition semblent exister dans une autre dimension, repliées sur elles-mêmes, à distance du spectateur.
Chacun des artistes interroge et expérimente sa discipline de prédilection – sculpture, peinture, photographie, poésie – à la lumière de l’histoire de l’art, attentif·ve aux traditions et aux failles du média. L’un·e recherche une pureté esthétique, l’autre l’attaque au contraire. Cela permet d’exposer les structures cryptées du langage, du sens et de l’image tout en portant une grande attention à la matière, au support, au volume dans l’espace et aux formats et en évitant une dimension narrative ou anecdotique.
Unreadiness relie des œuvres d’artistes de deux générations et des œuvres d’art de différentes époques, de la début des années 1980 à 2022. Plus que jamais, la question fondamentale du statut et de la place de l’art est d’actualité aujourd’hui. L’exposition tente d’apporter une réponse à un monde à la fois inassouvi et insatiable. Repliées sur elles-mêmes comme des machines hermétiques, les œuvres d’art permettent aux visiteur·ses de les approcher et de découvrir leurs formes étranges, leurs images qui les touchent et les troublent par leur beauté sereine, parfois absurde et toujours sincère.
[1] “Unreadiness. A bare apartment. Torbid daylight. A long black piano: coffin of music. Poised on its edge a woman’s hat, red-flowered, and umbrella, furled. Her arms: a casque, gules, and blunt spear on a field, sable.” – James Joyce, Giacomo Joyce, vert. Gerardine Franken, Uitgeverij De Bezige Bij, Amsterdam, 1969.
[2] Jan Vercruysse en conversation avec Carolyn Christov-Bakargiev, Flash Art International, n° 148, octobre 1989.
16.04.2023 10.09.2023
Unreadiness
Jan Vercruysse, Nel Aerts, John Murphy
Opening: Sunday 16 april 2023, 11 am – 5 pm
From 16 April to 10 September, 2023, the Roger Raveel Museum brings together works by Jan Vercruysse (1948-2018), Nel Aerts (1987) and John Murphy (1945). The title of the exhibition, Unreadiness, is taken from Giacomo Joyce, a sixteen-page text written by James Joyce during his stay in Trieste in 1914 and published posthumously in 1968.[1] In this love story, Joyce expresses feelings of loneliness, loss and desire. The text forms a tangle of references hidden behind a veil of personal connotations and universal archetypes.
In a similar way, the artists in this exhibition have developed their own universe that draws on the private feelings of the makers. In doing so they make use of an art-historical and literary discourse full of iconographic symbols. The poetic word choices in the titles hint at double meanings, as do a number of recurring motifs, such as the veil, the stage curtain, the mask and the self-portrait. In a sensual game of concealing and revealing, the artworks bear witness to the creation itself: ‘art for its own sake, and for its own fate’.[2]
The general mood in many of the works is that of melancholy, an undefinable sense of loss and longing. Like a ship floating off course on an open sea, the artist feels stricken by loneliness and seeks to express this existential dread through a doppelganger, a character based on themselves. Watching and being watched go hand in hand. The works in this exhibition seem to exist in another, self-enclosed dimension, at a remove from the viewer.
Each of the artists questions and tests their chosen medium – be it sculpture, painting, photography or poetry – in the light of art history, paying attention to its traditions and fault lines. While one seeks an aesthetic clarity, another attacks the very notion. The encrypted structures of language, meaning and image are exposed, with a great deal of attention paid to material, carrier, volume in space and formats. A narrative or anecdotal dimension is avoided.
Unreadiness connects works by artists from two different generations and artworks from different periods, ranging from the early 1980 to 2022. The underlying question about the status and place of art today is more topical than ever. The exhibition attempts to provide an answer to a world that is both unsated and insatiable. Turned in on themselves like hermetic machines, the artworks invite the visitor to come closer and become acquainted with their strange forms, their images whose tranquil beauty – sometimes absurd but always sincere – has the power to touch and move us.
[1] ‘Unreadiness. A bare apartment. Torbid daylight. A long black piano: coffin of music. Poised on its edge a woman’s hat, red-flowered, and umbrella, furled. Her arms: a casque, gules, and blunt spear on a field, sable.’ – James Joyce, Giacomo Joyce, vert. Gerardine Franken, Uitgeverij De Bezige Bij, Amsterdam, 1969.
[2] Jan Vercruysse in conversation with Carolyn Christov-Bakargiev, Flash Art International, no. 148, October 1989.
B.T. comme Boekentoren, la tour des livres. Aglaia Konrad a été invitée en 2021 par l’Université de Gand à explorer la Boekentoren, suite à la réouverture de celle-ci. L’emblématique bâtiment d’Henri Van de Velde, fleuron du modernisme en Belgique a en effet été restauré par les architectes Robbrecht et Daem en collaboration avec BARO, SumProject et Barbara Van der Wee architects. Aglaia Konrad a décidé de documenter le bâtiment d’une manière singulière. Pour la première fois de sa carrière, elle use ici des filtres d’un incontournable logiciel de photographie numérique afin d’accentuer la pureté des lignes de cette architecture remarquable.
(…) On pourrait presque dire que Raphaël Van Lerberghe ne révèle rien sur ces images, écrit Benoît Dussart. II organise plutôt leur présence. Jamais il ne les épuise dans une mise en forme où celles-ci seraient le point de départ et d’arrivée d’un cheminement tautologique. Au contraire, par de subtils jeux de recadrage, de masque ou d’amplification, elles sont exploitées comme ferment d’une expérience perceptive. Jouant malicieusement sur la transparence, la disparition ou la surinscription, Raphaël Van Lerberghe brouille les pistes et fait obliquer Ie regard en deçà ou au-delà des certitudes que nous nous étions promises. L’infime détail d’un trait, un fragment de photographie ou de texte sont autant de guides aventureux nous invitant à lâcher prise. (…) En ce cas, Raphaël Van Lerberghe s’approprie 32 pages d’un même livre correspondantes à ses 32 pages illustratives, un petit album publié chez 10/18 ; le titre, Sans titre 10/18, y fait référence. Et ces pages l’ont entraîné à y associer deux images imprimées, Page 151 (balancier), Page 11 (guirlande), ainsi qu’un dessin : Corps et pates. Oui, pates, judicieux compromis entre pâte et pattes, car comme me le précise l’artiste, il s’agit là de pattes en pâte à sel de cheval. J’ajouterais, pour ma part, que tout fait farine au moulin, lorsqu’on donne du corps à la pâte. Ceci, au rayon bricolage.
Les Portes Roses, Les Antipodes, Secrets Outlines, Les Régentes, J’ai vu que tu n’as pas vu, Le Salon des Placards, Il pleut, il pleut, il pleut !, Melville 1891, et bien d’autres… Les opus qui font directement référence à la littérature sont nombreux dans l’œuvre de Jacqueline Mesmaeker. L’artiste entretient une relation intime avec les livres, tantôt sources d’inspiration, tantôt lieux même où s’opère le travail. Ils occupent une bonne place dans son atelier- appartement où l’artiste conserve tant d’objets, de souvenirs et d’archives qui accompagnent, nourrissent et constituent le jalonnement des créations. Les idées véhiculées, les listes de mots, la typographie, les images, les notes et signets, les reliures et les couvertures, les souvenirs autobiographiques que ces livres convoquent, sont autant de moments de respiration qui, tous, participent au grand souffle de l’existence.
Pour cette Bibliothèque, Jacqueline Mesmaeker a choisi dix de ses livres, dont elle a décidé de scanner la couverture. Puis, pour des raisons singulières qui n’appartiennent qu’à elle, elle les a rangé par couples, suscitant autant de dialogues et colloques singuliers qui n’appartiennent qu’à elle.
Le Teatro dell’architettura Mendrisio de l’Università della Svizzera italiana présente l’exposition WHAT MAD PURSUIT du 7 avril au 22 octobre 2023, promue par l’Académie d’architecture de l’USI et organisée par Francesco Zanot.
À travers une sélection d’œuvres photographiques d’Aglaia Konrad (Salzbourg, 1960), Armin Linke (Milan, 1966) et Bas Princen (Zélande, 1975), le projet explore la relation entre l’architecture et la photographie, et celle entre cette dernière et le contexte dans lequel elle est montrée, en se concentrant sur la complexité d’une imbrication qui place les œuvres au centre d’un processus constant de négociation entre le sujet et l’espace d’exposition. L’exposition questionne la fonction documentaire de la photographie, entendue ici comme un dispositif qui enregistre et transforme simultanément la réalité, tout en contredisant sa conception d’image bidimensionnelle en explorant sa matérialité, son corps et sa présence.
En présentant une cinquantaine d’œuvres créées par les auteurs dans des lieux et à des moments différents, avec des objectifs tout aussi hétérogènes, l’exposition explore les intersections entre la photographie et l’architecture, l’espace représenté et l’espace d’exposition. Dans les pratiques artistiques des trois auteurs, l’espace interne du cadre et l’espace externe deviennent des objets d’étude mais aussi de re-vision radicale par la médiation de la photographie. Chaque œuvre ou cycle d’œuvres active de nouvelles interprétations de sujets déjà soumis à des processus de représentation et d’interprétation, en introduisant de nouvelles couches de signification qui s’entrecroisent avec les précédentes. Au lieu de représenter (une fois pour toutes), la photographie déclenche ici une réaction en chaîne de resignification qui est, au moins théoriquement, sans fin. La photographie ravive et redémarre. C’est une question d’intersections, d’interactions, de chevauchements, de réactions, d’interférences.
Dans la série photographique Shaping Stones, Aglaia Konrad associe des bâtiments d’architectes connus à des œuvres anonymes, anciennes ou contemporaines, unies par l’utilisation d’un même matériau et par un mode de représentation, la photographie en noir et blanc, qui permet d’obtenir un amalgame aussi cohérent qu’étranger à toute catégorie reconnue. Armin Linke réutilise les images préexistantes de ses archives, prises à travers le monde au cours de sa carrière. Il les mélange pour former un nouveau récit qui dépasse le contexte original de production, remettant en question les notions mêmes de chronologie, de linéarité, d’histoire et d’uniformité. Bas Princen photographie d’autres représentations, s’interrogeant sur ce qu’il advient d’elles une fois qu’elles sont dupliquées et converties en images bidimensionnelles. Dans son travail, des détails d’éléments préexistants, tels que des peintures, des objets et des photographies, habituellement saisis dans leur intégralité, sont soumis à un nouveau processus d’interprétation, donnant naissance à des images nouvelles et indépendantes, capables de se détacher des images d’origine. L’artiste remet également en question la bidimensionnalité même de la photographie grâce à une technique d’impression basée sur le relief et dotée d’une qualité sculpturale inhabituelle.
EN
The Teatro dell’architettura Mendrisio of theUniversità della Svizzera italianapresents the exhibition ‘WHAT MAD PURSUIT. Aglaia Konrad, Armin Linke, Bas Princen’, from 7 April to 22 October 2023, promoted by the USI Academy of Architecture and curated by Francesco Zanot. Through a selection of photographic works by Aglaia Konrad (Salzburg, 1960), Armin Linke (Milan, 1966) and Bas Princen (Zeeland, 1975), the project explores the relationship between architecture and photography, and that between the latter and the context in which it is shown, focusing on the complexity of an interweaving that places the works at the centre of a constant process of negotiation between subject and exhibition space. The exhibition questions the documentary function of photography, here understood as a device that simultaneously records and transforms reality, while also contradicting its conception of a two-dimensional image by exploring its materiality, body and presence.
Devised specifically for the spaces of the Teatro dell’architettura Mendrisio, the exhibition ‘WHAT MAD PURSUIT. Aglaia Konrad, Armin Linke, Bas Princen’ is an original project that brings together photographic works by three international artists who work with this medium through different methods and approaches: Aglaia Konrad, Armin Linke and Bas Princen. By presenting some 50 works created by the authors at different places and times with equally heterogeneous purposes, the exhibition explores the intersections between photography and architecture, represented space and exhibition space. In the artistic practices of the three authors, the internal space of the frame and the external space become objects of study but also of radical re-vision through the mediation of photography. Each work or cycle of works activates new interpretations of subjects already submitted to processes of representation and interpretation, introducing further layers of significance that intersect with the previous ones. Instead of depicting (once and for all), here photography triggers a chain reaction of resignification that is at least theoretically endless. The photograph rekindles and restarts. It is a matter of intersections, interactions, overlaps, reactions, interferences.
In the photographic series Shaping Stones, Aglaia Konrad combines buildings by well known architects with anonymous works, both ancient and contemporary, united by the use of the same material and by a mode of representation, black and white photography, that makes it possible to obtain an amalgam as coherent as it is extraneous to any recognised category. Armin Linke re-uses the pre-existing images in his archive, taken around the world in the course of his career. He mixes them together to form a new narrative that goes beyond the original context of production, challenging the very notions of chronology, linearity, history and uniformity. Bas Princen photographs other representations, questioning what happens to them once they are duplicated and converted into two-dimensional images. In his work, details of pre-existing elements, such as paintings, objects and photographs, usually grasped in their entirety, are subjected to a further process of interpretation, giving rise to new and independent images capable of detaching themselves from the original ones. The artist also questions the very two-dimensionality of photography through a printing technique based on relief and endowed with an unusual sculptural quality.
Parallèlement à l’exposition consacrée à l’art vidéo en Belgique durant les années 70, Argos TV diffuse durant de mois de décembre à la fois dans sa vitrine, 62 rue des Commerçants à Bruxelles et sur son site internet, Argos TV, les séquences d’art sans talent de Jacques Lizène (1979).
Les Séquences d’art sans talent se composent d’une suite de clips et de pitreries parfaitement affligeantes. Jacques Lizène dans le rôle du Petit Maître liégeois, artiste de la médiocrité et de la sans importance, suit du doigt une tache sur l’écran, repousse la mire d’une pichenette, chante mais on ne l’entend pas, contraint son corps à rester dans le cadre de l’image, forme un étron en pressant un tube de couleur, se dandine et se désagrège entre deux petites femmes nues qui dansent en bord d’écran, une plume glissée entre les fesses, finit par brandir un drapeau blanc. Sur fond de projection d’une petite femme agitant ses seins nus, il prend ensuite la posture d’un minable cuisinier burlesque au visage enfariné débitant à grands coups de couteau son concombre, son aubergine, sa carotte, non pas son sexe, enfin c’est tout comme. Réalise finalement une peinture minable façon action-painting en crachant sur l’objectif de la caméra. Jacques Lizène a pris position pour l’art sans talent dès 1966, disqualifiant ainsi ses propres œuvres afin de couper toute tentative de critique fondée sur l’idée de jugement, ce qu’il fait au fil de ces séquences les déclarant mauvaises, à refaire, pas assez ratées, sans intérêt, insignifiantes, d’un infantilisme navrant, ineptes, injustifiables, inexpressives. Revendiquant la place du clown, Lizène joue à l’égo, affirmant la présence de l’artiste, et se dilue sans cesse. Avec un sens consommé de la provoc et du loufoque, il use des nombreuses manipulations qui émaillèrent les temps héroïques de l’art vidéo, split-screens, incrustations, virage des couleurs et prend ainsi à rebours la grande machine à hypnose que sera la télévision. Celle-ci ne s’y trompera pas. Le film est réalisé par le centre de production de la RTBF Liège en 1979. Il est prévu qu’il soit diffusé par l’émission Vidéographie en mars 1980, il est censuré par la hiérarchie ertébéenne quelques heures avant sa diffusion et ne sera mis au programme de l’émission qu’un an après, en avril 1981. Notons enfin que certaines de ces séquences renvoient à d’autres œuvres du Petit Maître, Contraindre le Corps, Être son propre tube de couleurs – peinture à la matière fécale, Minable Music-Hall et, bien sûr, Vasectomie, youppie.
Séquences d’art sans talent consists of a series of clips highlighting the antics and utterly outrageous behaviour of Jacques Lizèe. In the role of the Petit Maître liégeois, artiste de la médiocrité et de la sans importance [Little Master from Liège, artist of mediocrity and unimportance], Lizène follows a spot on the screen with his finger, pushes the test card away with a snap of his fingers, sings inaudibly, forces his body within the frame, makes a turd by squeezing a paint tube, waddles and disintegrates between two small naked female figures dancing at the edge of the screen with a feather between their buttocks, and ends up waving a white flag. Against the backdrop of a woman shaking her naked breasts, he then assumes the posture of a pitiful burlesque cook with a floured face, slicing up his cucumber, aubergine, carrot… not exactly his sex – well, it might as well be. Finally, he makes a shabby action painting by spitting on the camera lens. Since 1966, Jacques Lizène has taken a stand for talentless art, belittling his own works to head off any judicious criticism. Throughout these sequences, he declares them bad, to be redone, not failed enough, uninteresting, insignificant, glaringly infantile, inept, indefensible, and inexpressive. Claiming the clown’s place, Lizène plays with the ego, emphasises the artist’s presence, and constantly undercuts himself. With a consummate sense of provocation and zaniness, he uses the numerous manipulations that marked the heroic days of video art: split screens, chroma-keying, and colour shifts, thereby turning the great hypnosis machine of television on its head. The latter would not be fooled, though. The film was produced by RTBF Liège in 1979. It was to be shown on the Vidéographie programme in March 1980 but was censored by the RTBF hierarchy just a few hours beforehand and was not broadcast until a year later, in April 1981. It should be noted that some of these sequences refer to other works by the Petit Maître: Contraindre le Corps, Être son propre tube de couleurs – peinture à la matière fécale, Minable Music-Hall and, of course, Vasectomie, youppie.