Archives mensuelles : juillet 2013

Benjamin Monti, Repeat, repeat (1)

Benjamin Monti

Benjamin Monti
Sans titre 2013
Technique mixte sur papier, 21 x 29,7 cm

Benjamin Monti

Benjamin Monti
Sans titre (Quicking) 2013
Technique mixte sur papier, 21 x 29,7 cm

Benjamin Monti

Benjamin Monti
Sans titre (In which hand ? Guess !) 2013
Technique mixte sur papier, 21 x 29,7 cm

Benjamin Monti

Benjamin Monti
Sans titre (Where is the cat), 2013
Technique mixte sur papier, 21 x 29,7 cm

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Repeat, repeat, Aglaia Konrad, Undecided frames

Aglaia Konrad inaugurait, il y a quelques années, une série de travaux consacrés à des architectures sculpturales. En filmant ou en photographiant la Maison Gilet à Angleur, la puissance brutaliste de l’église bâtie par Fritz Wotruba à Vienne ou celle de Nevers, dessinée par Claude Parent et Paul Virilio, Aglaia Konrad met l’accent sur la plastique du béton, sa tectonique, cette force intemporelle et spirituelle d’un chaos fusionné, maîtrisé. Cela l’a tout naturellement mené à Carrare, ce lieu qui condense par excellence cette relation même entre paysage, sculpture et architecture, chaos et ordonnancement. Tous ces travaux récents s’inscrivent dans une perspective plus large. Depuis vingt ans, inlassablement, Aglaia Konrad observe, investit, traduit la ville et son urbanité, cette métropole globale, qu’il s’agisse de Pékin ou de Sao Paulo, du Caire, de Dakar ou de Chicago. Elle en analyse le champ sociologique, les paramètres sociopolitiques, focalise son attention sur l’architecture, sa modernité générique et sa généalogie. Son travail s’inscrit au cœur même de la métropole, dont elle perçoit les pulsions, s’en échappant parfois afin d’en mieux comprendre les nœuds de circulation, l’expansion, les accès, la relation au paysage. Cette image urbaine, dans l’œuvre d’Aglaia Konrad, est délibérément pauvre. Elle n’a pas de support précis, pas de surface fixe, ne se revendique d’aucun des canons de l’acte photographique tel qu’habituellement codifié. Son œuvre est un vaste corpus interrogeant la ville, ses signes, sa modernité. L’image peut être argentique ou simple scan à jet d’encre, photocopie numérique, projection de diapositive, épreuve négative, impressions marouflées à échelle de l’espace mis en œuvre. La valorisation critique de l’image intervient en son utilisation ponctuelle et contextuelle. Et l’image peut être exposée ou publiée car l’édition prend ici un sens tout à fait singulier, là où la mise en page de l’image est aussi et surtout une mise en perspective.

C’est justement au moment de décider d’une utilisation ponctuelle qu’est, paradoxalement, née la série des « undecided frames ». Immergée dans son sujet, Aglaia Konrad multiplie les prises de vue d’un même sujet. Certains clichés sont parfois fort proches, tellement proches et chacun si singulier, que l’artiste reste dans l’indécision quant à celui qu’il faut prélever dans l’archive. D’où l’idée d’assumer le fait de ne pas choisir, ce qui entrainera un décision : celle, dès lors, de confronter les deux clichés, juxtaposés et de les nommer « Undecided frames ». D’Osaka à Créteil, de New York à Madrid, on se prend bien naturellement à jouer au jeu de la différence, constatant un mouvement latéral de l’objectif, une profondeur de champ distincte entre les clichés, placés côte à côte. Le regard passe, en effet, sans cesse d’une image à l’autre. Je repense bien sûr à ces quelques mots écrits par Marcel Duchamp en 1937, consignés dans ses Notes : « il existe une conception grossière du déjà vu qui mène du groupement générique, deux arbres, deux bateaux, aux plus identiques « emboutis ». Il vaudrait mieux chercher à passer dans l’intervalle infra mince qui sépare deux identiques qu’accepter commodément la généralisation verbale qui fait ressembler deux jumelles à deux gouttes d’eau ». Duchamp parlera de « semblablité » à propos de la similarité : le même, cette « approximation pratique de la similarité ». « Dans le temps, précise-t-il, un même objet n’est pas le même à une seconde d’intervalle ». Oui, avec les « undecided frames » d’Aglaia Konrad, nous nous situons dans le domaine de l’infra mince. « J’ai choisi exprès le mot mince, explique Marcel Duchamp, qui est un mot humain et affectif et non une mesure de laboratoire. Le bruit ou la musique faits par un pantalon de côtelé comme celui-ci quand on le fait bouger est lié au concept d’infra mince. Le creux dans le papier entre le recto et le verso d’une fine feuille… A étudier !… C’est une catégorie dont je me suis beaucoup occupé pendant ces dix dernières années. Je pense qu’au travers de l’infra mince, il est possible d’aller de la seconde à la troisième dimension ». De fait d’un cliché à l’autre, dans le cas des photographies d’Aglaia Konrad, nous sommes face au même objet ou sujet, nous en avons une perception différente, et nous sommes aussi face à des objets ou sujets différents, ne fut-ce qu’en raison de l’intervalle de temps qui existe entre deux prises de vue. Cette dimension temporelle est particulièrement perceptible dans les vues aériennes, New York, Paris, où les images, différentes en raison en raison de la perception que nous avons du vol de l’avion, pourraient partiellement se superposer. « A chaque fraction de la durée, note Thierry Davila, à propos de l’infra mince duchampien, se reproduisent toutes les fractions futures et antérieures. Toutes ces fractions passées et futures coexistent dans un présent qui n’est déjà plus ce que l’on appelle ordinairement l’instant présent, mais une sorte de présent à étendue multiple. C’est dans ces multiples étendues du temps que le sujet ici abordé circule, c’est dans leur incessante activation qu’il trouve les moyens d’une plasticité renouvelée ». Par rapport aux clichés isolés d’Aglaia Konrad, cette plasticité renouvelée, augmentée même, réside dans l’infra mince qui sépare deux prises de vue mise côte à côte. Nous ne sommes même plus devant deux photographies juxtaposées mais bien devant une image composée de deux clichés. Dans les choix qu’elle a opéré, Aglaia Konrad décline ces points de vue de toutes les façons, jusqu’à nous proposer des objets effectivement différents mais similaires. Ainsi ces deux « épis de Créteil », qui semblent à première vue être la même tour, bien que photographiées sous des angles distincts, mais qui sont deux tours rondes différentes, même pas jumelles, puisqu’elles appartiennent toutes deux à un ensemble de dix tours bâties par Gérard Grandval. Troublantes sont ces deux prises de vue dans la banlieue parisienne, devant des bâches de chantier représentant elles-mêmes la ville à venir, clichés si graphiques que la présence et le passage d’une passante sur le seconde semble presque virtuelle. D’autres nous rendent le mouvement particulièrement perceptible. Qu’il s’agisse de celui de l’objectif, – cette voiture dans un garage à Tokyo et sur le second cliché, la statue du bouddha qui disparaît à gauche, l’arbre qui apparaît à droite -, ou qu’il s’agisse du mouvement conjugué de l’objectif et de la circulation urbaine, comme dans cette double vue d’un coin de rue à Osaka où tout s’anime. Assurément, le choix de ne pas décider entre deux clichés nous donne à voir une réalité augmentée, une dimension supplémentaire dans la fusion des images ; cette dialectique du semblable et de la différence aiguise notre perception du réel.

Undecided frames

Aglaia Konrad
Undecided Frames, 2012 (Tokyo)
54 x 41 cm
Edition 5/5

Undecided frames

Aglaia Konrad
Undecided Frames, 2012 (Karlsruhe)
54 x 41 cm
Edition 5/5

Undecided frames

Aglaia Konrad
Undecided Frames, 2012 (Créteil)
54 x 41 cm
Edition 5/5

Undecided frames

Aglaia Konrad
Undecided Frames, 2012 (Fleurus)
54 x 41 cm
Edition 5/5

Undecided frames

Aglaia Konrad
Undecided Frames, 2012 (Tokyo)
54 x 41 cm

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Repeat / Repeat, les images (1)

Repeat

Sophie Langohr
Mise en beauté Pébéo avec les gouaches extra-fines T7 teintes carnation, blanc permanent, rose figurine, terre d’ombre naturelle, rose permanent, noir d’ivoire. De la série Art Make-Up 2, photographies marouflées sur aluminium et encadrées, 3 x (120 x 85 cm) / Affiches, 3 x (175 x 118 cm), 2011

Mise en beauté Lefranc § Bourgeois avec l’huile de lin raffinée et les huiles extra-fines teintes chair, blanc iridescent, laque de garance cramoisie, rouge chine, noir de pêche. De la série Art Make-Up 2, photographies marouflées sur aluminium et encadrées, 3 x (120 x 85 cm) / Affiches, 3 x (175 x 118 cm), 2011.

Mise en beauté Sennelier avec les pastels à l’écu tendres et surfins teintes blanc intense, ocre de chair, mine orange, corail, capucine, vert mousse, laque rose, gris roux et, pour les lèvres, le pastel à l’huile iridescent rose pâle et l’huile de carthame raffinée. De la série Art Make-Up 2, photographies marouflées sur aluminium et encadrées, 3 x (120 x 85 cm) / Affiches, 3 x (175 x 118 cm), 2011.
© Sophie Langohr (Concept : Sophie Langohr, prise de vue : Michel Dubois, postproduction image : Sophie Langohr, coiffure : Zineb Benchemsi, modèles : Jessica Righi, Emilie Garroy, Zineb Benchemsi).

Jacques Charlier
Oh Roy, I’m so sorry !, 2013
Acrylique sur toile, 120 x 80 cm

Capitaine Lonchamps
Neige, 2010 (Pneu neige)
Acrylique sur objet trouvé, diam : 110 cm

Valérie Sonnier
Sans titre, 2012
Crayon et cire sur papier, 125 x 200 cm

Repeat

Capitaine Lonchamps
Neige, 2010 (Pneu neige)
Acrylique sur objet trouvé, diam : 110 cm

Valérie Sonnier
Sans titre, 2012
Crayon et cire sur papier, 125 x 200 cm

Walter Swennen
Mabel, 2013
Huile sur toile, 100 x 80 cm.

Jacques Lizène
Contraindre toute sorte de corps nus ou habillés, y compris des corps de policiers à s’inscrire dans les limites du cadre de la photo, 1971.(Corps contraint par les limites du cadre d’une photo). Accompagné d’un personnage refusant de subir la contrainte des limites du cadre de la photo (personnage photographié refusant de subir la contrainte des limites du cadre d’une photo), 1971-73. Photographies NB, impressions numériques, 9 x 40 x 50 cm. 1971-2011. Ed. 3/3

Capitaine Lonchamps
Neige, 2013
Acrylique sur écran de verdure artificiel, dimensions variables.

Repeat

Capitaine Lonchamps
Neige, 2013
Acrylique sur écran de verdure artificiel, dimensions variables.

Capitaine Lonchamps
Neige, 2012
Technique mixte sur photographie imprimée sur toile trouvée, 70 x 50 cm

Repeat

Capitaine Lonchamps
Neige, 2012
Technique mixte sur photographie imprimée sur toile trouvée, 70 x 50 cm

Emilio Lopez-Menchero
Pater, 2012
Huile sur toile, 150 x 133 cm

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Repeat, repeat, Jacques Lizène, contraindre le corps

Jacques Lizène

Jacques Lizène

Contraindre toute sorte de corps nus ou habillés, y compris des corps de policiers à s’inscrire dans les limites du cadre de la photo, 1971.(Corps contraint par les limites du cadre d’une photo). Accompagné d’un  personnage refusant de subir la contrainte des limites du cadre de la photo (personnage photographié refusant de subir la contrainte des limites du cadre d’une photo), 1971-73. Photographies NB, impressions numériques, 9 x 40 x 50 cm. 1971-2011. Ed. 3/3

Une variation sur le célèbre thème des « contraindre le corps » que  Jacques Lizène inaugure en 1971. Il en fera de nombreux remakes, utilisant divers médias: photographie, circuit fermé de télévision (avec portapack sony), film et diapositive. Jacques Lizène est à la recherche d’idées qu’il pourrait inlassablement répéter, « comme Buren ou Opalka », dit-il. D’où l’idée d’étendre le domaine des contraindre à d’autres corps que le sien, des corps nus, des corps habillés et même des corps de policiers. En complément, il se propose de tirer le portrait des personnes refusant de contraindre leur corps dans les limites du cadre de la photographie.

Jacques Lizène abandonnera très vite ce projet, comme bien d’autres.

Cette version des « contraindre »  fut produite pour l’exposition CAP4 ; cette quatrième rencontre du groupe CAP se déroule au château Malou à Bruxelles. Elle regroupe cette fois Altamira, Courtois, Gehain, Herreyns, Horvath, Lennep, Lizène et Nyst. C’est la deuxième à laquelle Lizène participe. Dans le catalogue, Michel Baudson écrit : « (…) recherche du réel sans doute, mais surtout de sa multiplicité et informative et interprétative. Recherche aussi d’un certain réel : celui de l’environnement immédiat de ces artistes qui donnent à leurs œuvres toute leur spécificité, fort éloigné d’un certain universalisme conceptuel ou de la fixité temporelle de l’hyperréalisme. Profonde originalité, nette spécificité, qualité technique indéniable, ne sont que quelques éléments parmi d’autres qui ne nous permettent plus de nier la présence et l’apport de l’art relationnel ».  Cette nette spécificité est singulière chez Lizène. Les contorsions du contraindre le corps ne sont pas que burlesques, ni même images d’une régression, position à rebours propre à la démarche de l’artiste. Elles sont aussi la suite logique de l’Art spécifique de 1967-1970, cette exploration des spécificités du médium mis en œuvre. Ici, les contraintes posées par les limites du cadre tandis qu’au fil des prises de vue, le champ se rétrécit.

Pour l’exposition au château Malou, Jacques Lizène eut l’idée de présenter ces photographies en échelle, comme un film ou une suite de photogrammes, et d’y associer ce portrait de ménagère au balai, photographie prise en Roture à Liège, personnage refusant de subir la contrainte des limites du cadre de la photo. On notera, que que malgré son refus, cette ménagère est également contrainte dans le cadre, à la mesure de son balai. L’œuvre, comme bien d’autres, disparut après l’exposition, ce qui nécessita de rééditer ces photographies. (1971-1973-2011)

Jacques Lizène

Jacques Lizène
Art génétique 1971 en remake 2012
Technique mixte, Agrandissements en tirage numérique d’un collage, plastifié mat, rehaussé à l’acrylique et à l’encre. Dimensions : 141 x 101 cm.

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Repeat, repeat, Capitaine Lonchamps, neiges

Capitaine Lonchamps

Capitaine Lonchamps
Neige, 2010 (Pneu neige)
Acrylique sur objet trouvé, diam : 110 cm

Le mélange des registres, l’adéquation du haut et du bas, du grand et du mineur, des oeuvres anonymes et des références savantes, car il existe en ‘pataphysique un principe d’équivalence, tout ici, sous la neige, s’enrichit de sens, tel ce pneu éclaté, aux empreintes nivales, un pneu neige dira-t-on, transfiguré en soleil noir, en parure primitive.

Capitaine Lonchamps

Capitaine Lonchamps
Neige, 2013
Acrylique sur écran de verdure artificiel, dimensions variables.

Capitaine Lonchamp

Capitaine Lonchamps
Neige, 2012
Technique mixte sur photographie imprimée sur toile trouvée, 70 x 50 cm

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Repeat, repeat, Valérie Sonnier, sans titre

Valérie Sonnier

Valérie Sonnier
Sans titre, 2012
Crayon et cire sur papier, 125 x 200 cm

(…) Il y a quelques mois, invitée à exposer à Vancouver, Valérie Sonnier conçoit un livre d’artiste à partir de son film, Des pas sous la neige. Très naturellement, celui-ci s’appelle tout simplement « Footsteps in the snow ». Sa conceptrice décide de camper délibérément à mi chemin entre film et livre. Celui-ci est une suite de photogrammes ; hors le titre, il n’y a pas de texte. Le livre agira comme un flipbook, un folioscope, un peu singulier il est vrai : le format de la publication, la dimension et le positionnement des photogrammes sur la page blanche nous invite bien plus à nous arrêter sur chaque image qu’à tenter de reconduire le mouvement filmique entre pouce et index. Fascinante est cette propension à passer d’un médium à l’autre, tout en jetant des passerelles entre eux. Sans encombre, ceci conduit Valérie Sonnier à filmer ce qu’elle a dessiné, à peindre ce qu’elle a filmé. Chaque médium possède ses qualités intrinsèques qui enrichissent le sens du propos, ce ressassement d’un univers clos, ouvert sur toutes ressouvenances, toutes réminiscences. Pour ses films réalisés dans la maison ou le jardin, Valérie Sonnier choisit le format super 8 mm ; c’est celui des films de familles. Lorsqu’elle dessine cette maison de la rue Boileau, choisissant un point de vue qui confère des allures de petit Trianon à l’austérité des arrêtes de la façade flanquée de grands arbres, aux balustrades classiques de la toiture en terrasse, elle opte pour un format panoramique proche du cinémascope. C’est par ailleurs ce point de vue qu’elle adopte pour première image de son film sous l’orage et la neige. Dès le moment où elle entreprend de dessiner la maison et le jardin sous tous leurs angles, ce n’est pas l’idée d’un story-board qui la conduit, mais les dessins, les uns tracés à la suite des autres, le donnent à l’imaginer. Valérie Sonnier travaille sur d’anciens cahiers de comptes, se fixant des cadrages parcimonieux ; son dessin est minutieux, précis, comme s ‘il s’agissait de consigner –et les marges comptables restent apparentes – le moindre mouvement du vent dans les broussailles. Ce que nous voyons nous est proche, comme instantané, alors que ces œuvres nous semblent lointaines et hors du temps.(…)

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Repeat, repeat, Sophie Langohr, Art Make Up

Repeat

La série des Art Make-Up de Sophie Langohr amènent une réflexion sur le culte du corps passé au prisme de l’art, images de modèles anonymes adoptant les codes de la mode, mais maquillés avec des fournitures propres aux Beaux Arts. Trois affiches contaminent l’espace public. A première vue, trois mannequins incarnent l’idéal consumériste du luxe et de la beauté. Le regard distrait les assimilera au flot des images publicitaires qui nous submergent. L’observateur plus attentif constatera que l’artifice du maquillage des modèles touche au travestissement et que ces mannequins anonymes ne vantent aucun produit cosmétique. Les effets glossy, le blush des incarnats sophistiqués, l’ombre des fards, tout appartient au domaine des Beaux Arts. Ces jeunes femmes ont été maquillées, l’une à l’huile, la deuxième au pastel, la troisième à la gouache, avant de faire face à l’objectif. Grimage et mascarade, vérité non falsifiée et faux semblants, rituels de la peinture corporelle pratiqués depuis la nuit des temps : Sophie Langohr disqualifie le langage publicitaire et ce qu’il véhicule, tout en interrogeant celui de l’art. Perturbant les codes, car l’industrie de la couleur a aussi ses produits de luxe, elle nous donne à voir des images d’une adroite et singulière ambigüité tant ces portraits restent hyper apprêtés. Art Make-Up, le titre de cette série joue lui-même sur la confusion des genres, un dévoiement illustrant l’emprise croissante exercée sur la sphère culturelle par la mode et la publicité qui la vident de tout contenu pour lui imposer leurs impératifs, en même temps qu’elles font valoir leur prétention à accéder elles-mêmes au rang de création artistique.

Art Make Up

Mise en beauté Pébéo avec les gouaches extra-fines T7 teintes carnation, blanc permanent, rose figurine, terre d’ombre naturelle, rose permanent, noir d’ivoire. De la série Art Make-Up 2, photographies marouflées sur aluminium et encadrées, 3 x (120 x 85 cm) / Affiches, 3 x (175 x 118 cm), 2011

Art Make Up

Mise en beauté Lefranc § Bourgeois avec l’huile de lin raffinée et les huiles extra-fines teintes chair, blanc iridescent, laque de garance cramoisie, rouge chine, noir de pêche. De la série Art Make-Up 2, photographies marouflées sur aluminium et encadrées, 3 x (120 x 85 cm) / Affiches, 3 x (175 x 118 cm), 2011.

Art Make Up

Mise en beauté Sennelier avec les pastels à l’écu tendres et surfins teintes blanc intense, ocre de chair, mine orange, corail, capucine, vert mousse, laque rose, gris roux et, pour les lèvres, le pastel à l’huile iridescent rose pâle et l’huile de carthame raffinée. De la série Art Make-Up 2, photographies marouflées sur aluminium et encadrées, 3 x (120 x 85 cm) / Affiches, 3 x (175 x 118 cm), 2011.
© Sophie Langohr (Concept : Sophie Langohr, prise de vue : Michel Dubois, postproduction image : Sophie Langohr, coiffure : Zineb Benchemsi, modèles : Jessica Righi, Emilie Garroy, Zineb Benchemsi).

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