Archives mensuelles : décembre 2016

Charlotte Lagro, Parkstad Limburg Prijs, SCHUNCK* Heerlen (Nl)

Charlotte Lagro est nominée au Parkstad Limbourg Prijs, prix pour la jeune création de la Province de Limbourg aux Pays-Bas.
Exposition de groupe à SCHUNK* – Heerlen. 11 décembre – 19 mars 2017. Vernissage le samedi 10 décembre à 18h

Charlotte Lagro

Op zaterdag 10 december 2016 wordt voor de zesde keer de Parkstad Limburg Prijs uitgereikt. De prijs is bedoeld voor beeldend kunstenaars die een professionele kunstopleiding succesvol hebben afgesloten, maximaal 35 jaar oud zijn en een kunstzinnige relatie hebben met Nederlands of Belgisch Limburg. Stichting Promotie Limburgse Kunstenaars is in 1996 gestart met de prijs om een brug slaan tussen jonge kunstenaars, het bedrijfsleven, de overheid en het publiek. Aan de prijs is een geldbedrag van € 10.000 verbonden. Dit jaar zijn er maar liefst 12 genomineerden! De hoge kwaliteit van de 74 inschrijvingen vanuit de beide Limburgen is hier debet aan. Van zo 11 december 2016 t/m 19 maart 2017 is het werk van de genomineerden te zien tijdens een expositie bij SCHUNCK* in Heerlen.

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Jacques Charlier, Photos – Sketches & Hard’Music, les images (1)

Jacques Charlier

Vue d’exposition

Jacques Charlier

Jacques Charlier
Compter l’art, 1975
Photos Sketch, 6 photographies couleurs rehaussées à l’encre,
(6) x 30 x 40 cm

Jacques Charlier

Jacques Charlier
Sûr de l’Art, 1974
Photos Sketch, 6 photographies NB rehaussées à l’encre,
(6) x 30 x 40 cm

Jacques Charlier

Vue d’exposition

Jacques Charlier

Jacques Charlier
Le Galeriste, 1974
Photos Sketch, 24 photographies NB rehaussées à l’encre,
(24) x 30 x 40 cm

Jacques Charlier

Jacques Charlier
Problème de mur, 1974
Photos Sketch, 6 photographies NB rehaussées à l’encre, (6) x 30 x 40 cm

Jacques Charlier

Vue d’exposition

Jacques Charlier

Jacques Charlier
La piscine, 1976
Photos Sketch, 12 photographies couleurs rehaussées à l’encre
(12) x 30 x 40 cm

Jacques Charlier

Jacques Charlier
L’insomnie, 1974-77
Photos Sketch, 6 photographies couleurs rehaussées à l’encre,
(6) x 30 x 40 cm

Jacques Charlier

Vue d’exposition

Jacques Charlier

Jacques Charlier
Pensant à l’art, 1974
Photos Sketch, 4 photographies NB rehaussée à l’encre,
(1) x 52 x 52 cm

Jacques Charlier

Jacques Charlier
Le connoisseur, 1974
Photos Sketch, 12 photographies NB rehaussées à l’encre,
(1) x 52 x 52 cm

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Walter Swennen, La langue rouge, un film de Violaine de Villers, ce 7 décembre à Flagey, Bruxelles

Walter Swennen

Dans son atelier, le peintre Walter Swennen nous invite à un va-et-vient savant et ludique, entre ses associations de pensée et ses matériaux de création, entre une manière d’être et une manière de peindre. Né dans l’immédiat après-guerre, Walter Swennen produit depuis les années 80 une œuvre indépendante et radicale. Il tire la langue au langage. Quand les paroles tournent autour du pot et s’emmêlent les pinceaux, la peinture reste seule maîtresse du jeu, se jouant de l’arbitraire des images et des mots. De Bruxelles à New York, avec la complicité de la réalisatrice et de commissaires d’art contemporain, Swennen dialogue avec ses tableaux. Et nous voilà pris par le gai savoir du peintre philosophe, où Buster Keaton tombe sur Le Titien, Krazy Cat monte à Dada, Mickey met des oreilles à Mallarmé et Boris Vian improvise avec Thelonious Monk. Walter Swennen a l’art de ne pas se prendre au sérieux mais de parler sérieusement de la peinture. C’est un drôle de grand peintre belge que le film nous révèle avec une espiègle pertinence.

Belgian artist Walter Swennen invites us into his workshop for a thoughtful but playful dialogue between the movements of his mind and the matter of his works, between a way of being and a way of painting. Born just post-war, Swennen has been producing a polymorphous and inventive body of work since the 80s, characterised by its independence and its radical experimentation. When words fail and meanings get muddled, painting steps up, making light of the arbitrariness of images and words. Swennen moves from Brussels to New York, and helped by the film’s director and a team of curators of contemporary art, he speaks to his paintings, and they speak back. We are drawn into this painter-philosopher’s wacky world, in which Buster Keaton bumps into Titian, Krazy Cat rides a Dadaesque hobbyhorse, Mickey Mouse puts ears on Mallarmé, and Boris Vian jams with Thelonious Monk. Swennen is a master of not taking himself too seriously, while talking seriously about his art. With impish precision, this film prods and probes a great Belgian oddball artist.

Née à Bruxelles en 1947, Violaine de Villers suit les cours de Philosophie à l’Université de Louvain. Elle interrompt ses études universitaires dans l’effervescence des événements de mai 1968 et enseigne dans les humanités supérieures. Elle reprend quinze ans plus tard des études. (Master en Politiques économiques et sociales). Depuis 1981, elle écrit et réalise des documentaires à portée politique et des films d’art. Et depuis 2001, elle réalise aussi des œuvres radiophoniques.

Born in Brussels in 1947, Violaine de Villers studied philosophy at the University of Louvain in Belgium. She interrupted her university studies in the maelstrom of the events of May 1968 and taught in higher secondary education. She took up her studies again fifteen years later (Master in Social and Economic Policies). Since 1981, she has written and directed politically oriented documentaries and films on art. Since 2001, she has directed works for radio.

LA LANGUE ROUGE – WALTER SWENNEN – Documentaire – 69 min. – HD – 2016
Production YC Aligator Film. Avec l’aide du Centre du Cinéma et de l’Audiovisuel de la Fédération Wallonie-Bruxelles, en coproduction avec la RTBF, le CBA, avec la participation du Tax Shelter du Gouvernement fédéral de Belgique, de la Région de Bruxelles-Capitale

LA LANGUE ROUGE
7 décembre 2016 –
Pour la programmation complète du film : www.lalanguerouge.com Première le 7 décembre 2016 à 19h30
Flagey Studio 5
Place Sainte-Croix 1050 Bruxelles
infos et réservations : +32 (0)2 641 10 10 / info@flagey.be www.flagey.be

Walter Swennen

Walter Swennen

Walter Swennen

Additional viewings @Flagey

Friday, 9 December 2016, 5.30 pm
Wednesday, 14 December 2016, 5.30 pm
Thursday, 15 December 2016, 10 pm
Sunday, 18 December 2016, 8 pm
Tuesday, 27 December 2016, 9.30 pm
Friday, 30 December 2016, 9.30 pm

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Jacques Charlier, Hard Music, Art in another way, etc… 1975-1987

Jacques Charlier

Jacques Charlier

De gauche à droite, de haut en bas :

1. Art in another way, T’ Venster, Rotterdam 1978, avec Henri Dalem
2. Art in another way, T’ Venster, Rotterdam 1978, avec Henri Dalem
3. Desperados Music, Videographie, Liège, 1979
4. Projet de pochette Hart’Music 1975
5. Desperados Music, Vidéographie, Liège, 1979
6. Hart’Music I, galerie Vega Liège, 1975
7. Desperados Music, Vidéographie, Liège, 1979

Jacques Charlier

De gauche à droite, de haut en bas :

1. Desperados Music, Vidéographie, Liège, 1979
2. Art in another way, ICC Antwerpen, 1980
3. Regressive Music, Le Lion sans voiles, Liège, 1984
4. Desperados Music, Vidéographie, Liège, 1979
5. Desperados Music, Cirque Divers, Liège, 1977
6. Desperados Music, Cirque Divers, Liège, 1977
7. Desperados Music, Cirque Divers, Liège, 1977
8. Chansons tristes, Cirque Divers, Liège, 1987
9. Regressive Music 1984, avec Martine Doutreleau
10.Hard Music, galerie Vega, 1975
11.Salto/arte, Place Flagey Bruxelles, 1975
12.Hard Music, galerie Vega, 1975

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Jacques Charlier, Hard’Music, 1975

Jacques Charlier

Jacques Charlier
Hard’Music, 1975
Technique mixte, 15 cassettes audio, 15 photographies argentiques NB, 15 pochettes de vinyles 33T, certificat tapuscrit.
(15) x 32 x 32 cm

Jacques Charlier

LE VIOLON D’INGRES ET LA GUITARE DE CHARLIER

Il y aura sans doute encore bien des choses à écrire à propos des activités musicales de Jacques Charlier. Son intérêt pour la musique est indéniable ; il l’écoute, il la pratique et joue de la guitare électrique – c’est son violon d’Ingres dit-il. Et comme tout autre medium qu’il met en œuvre, Charlier aura d’ailleurs tôt fait de l’intégrer à sa pratique artistique. Cela participe aussi du mythe : on le sait, il n’y a qu’un pas du Velvet Underground à la Factory.

En fait, il ne reste que peu de traces de activités musicales seventies de Charlier, quelques unes toutefois. Lorsque il réalise le film « Canalisations souterraines » en 1969, Jacques Charlier en crée lui-même la bande sonore, une musique que l’on qualifiera de minimale, répétitive et de postindustrielle teintée d’inquiétude. Elle répond parfaitement aux images tournées sur la « terre démobilisée » 1 du terril de Saint Gilles, et aux travellings qu’opère la caméra sur le bassin industriel liégeois. Il y a également le vidéo musical produit par Michel Baudson au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles en 1975 : « Art & Music, a) écoute de la musique, b) fait de la musique ». Sur les deux photogrammes reproduits dans « Les Règles de l’Art », Jacques Charlier porte, lorsqu’il « écoute la musique », le faux nez et la fausse moustache qu’il utilise pour ses Photos – Sketches réalisés ces mêmes années 2. Il y a enfin « Desperados Music » 3 produit par Vidéographie au Centre de Production de la RTB à Liège en 1979. Jacques Charlier réalise avec la complicité de Paul Paquay une vidéo musicale assez spectaculaire de par le matériel déployé, y compris une caméra – grue. L’enregistrement a été réalisé avec un clavier assez obsolète, mais qui produit des sonorités rétro que l’artiste affectionne, un clip musical qui, écrit Denis Gielen (tirant des parallèles entre la démarche de Jacques Charlier et la pensée de Jean Baudrillard), illustre « cette régression de la modernité par-delà son point de fuite ». « Tournée sur un plateau télé, poursuit Denis Gielen, la vidéo est l’enregistrement d’un solo lancinant de guitare électrique, disons noise (façon Glenn Branca), joué par l’artiste lui-même. Les coups de pédale de réverbération ainsi que les mouvements planants de la caméra autour du musicien produisent une impression d’élasticité voire d’évanouissement temporel composée de moments de dilatation et de contraction, de stagnation aussi. Comme son titre l’indique, cette musique – qualifiée par Charlier de « régressive » – est imprégnée d’une « mélancolie rétrospective ».4

Seule Tracy Burroughs, durant les seventies, commentera les activités musicales de Jacques Charlier, évoquant –ce qui est logique pour un hétéronyme de l’artiste (l’humour, avec Charlier, n’est jamais loin) – les rapports que celui-ci tisse entre l’époque et ses diverses activités artistiques. « Le discobilly, afterdisco de salon à la sonorité country doublé d’une forte influence de blues, écrit Tracy Burroughs5, devient la coqueluche des fans de l’art, dont beaucoup étaient jusque-là bornés aux pionniers de la musique répétitive (certains critiques à qui je tire la langue, disent : bornés tout court). Et tout doucement, en Europe comme en Amérique, de vieux routards idéalistes essayent de recréer une musique sur des rythmes démodés. Les plus connus parmi ceux qui ont lancé la vague : Bulle Dogs, Reformance, Articides Brothers, etc. Charlier entend jouer une musique dépersonnalisée, le «Flat rhythm». En fait, ce «style» est devenu un martèlement continu obsédant. Dans les enregistrements comme sur scène, pendant que le guitariste essaye de jouer juste, la boîte à rythme tape comme une sourde à du 50 à l’heure (…) Il faudrait plutôt appeler cette musique «Hard-discobilly» : exactement le contraire de la syncope swingante et de la sublime légèreté du véritable rockabily ». Le jugement critique de Borroughs est dès lors aussi nuancé que sans appel : « Ce n’est ni mou, ni dur, ni enthousiasmant, ni pelant, ni révolutionnaire, ni dépassé, ni original, ni banal. Après une bonne centaine d’écoutes, il y a même des trucs qui deviennent vachement accrocheurs et d’autres dont on s’est déjà lassé depuis un bout de temps. Ce n’est ni bon, ni mauvais, mais une chose est certaine : c’est totalement dénué de personnalité ». Borroughs y va fort, mais faisons lui confiance, elle a évidemment assisté aux nombreux concerts qu’a donné Jacques Charlier. « Hard’Music I et II » à Liège (galerie Vega) et Aachen (Neue Galerie) en 1975, « Hard’Music III et IV » à Düsseldorf (galerie Maier-Hahn) et à Milan (La Cooperativa)6 en 1976, « Musica Boumba » à Anvers en 1977, « Desperados Music » au Musée de Bologne et au Cirque Divers à Liège, toujours en 1977, « Art in another way I et II » au T’Venster à Rotterdam en 1978 et à l’ICC à Anvers en 1980. Arrêtons la liste là, elle ne reprend que les performances principales de ces années ’70. 7

On remarquera que cette liste de lieux dans lesquels Jacques Charlier se produit sont tous des lieux dédiés aux arts visuels. Quoi de plus normal, tant sur le plan de l’histoire de l’art du 20e siècle qu’en fonction de cette démarche singulière qui consiste pour Charlier à déplacer ses propres réalités, quotidiennes et autres, et à expérimenter tous les média. N’a-t-il pas « déplacé » son collègue du STP, Claudy Delfosse, alias Rocky Tiger, rocker amateur, afin de le « présenter », lorsqu’il propose à ce dernier de lui consacrer une séquence filmique ? Cette séquence constituera la participation personnelle de Charlier au film collectif d’artistes qu’il produit pour la biennale de Paris en 1971. Et puis, pour Charlier, la musique est une réalité vécue de bien des façons. Charlier fut le DJ précoce de bien des soirées dansantes, un acharné du juke-box, un chineur de 78, 45 et 33 tours. L’installation « This is the right time » qu’il produit au Casino de Luxembourg en 2006 pour l’exposition « On/Off » rappelle son passé de « night-clubber », non pardon, parlons plutôt de dancings, c’est plus juste, que Charlier a apprécié fréquenter, y fêtant, le plus souvent en solo, la fin de ses accrochages (afin de décompresser avant les vernissages), y fêtant aussi ses « after » vernissages (quelle santé !), à l’heure où les DJ se font plaisir et où la piste de danse lui appartient. En 2006, au Casino à Luxembourg, « This is the right time » opérera ainsi par ce principe de déplacement, l’installation d’un décor de dancing, parquet, podium, miroirs, rideaux à plis et peinture pointilliste, voire tachiste, couvrant murs et piste de danse rappelant les effets des boules à miroirs et les strobe lights, tout cela « dans un lieu destiné habituellement à recevoir des expositions »8. Pour l’heure, Charlier retrouve son discours singulier des années 70. Et l’on dansa sur la piste du vernissage, avant que le décor dépeuplé ne se charge, tout au long de l’exposition, d’une indicible nostalgie. C’est ce métissage d’un réel populaire et du décor de l’art contemporain, d’un réel quotidien et des réalités de l’art qui mobilise Charlier.

En témoigne cette œuvre produite en 1975 (au moment où la musique répétitive est devenue guimauve et le rock insupportable, écrit Charlier)9 : « Hard’Music, 1975 », une quinzaine de fausses pochettes de vinyles 33 tours, au format 30 x 30, sous pochette de protection plastique. Pas de banane de Warhol pour motif sur chacun de ces faux vinyles, mais bien une photographie du poêle à mazout du domicile familial, un même décor pour chaque image, le poêle, deux lits de part et d’autre. Charlier compose littéralement chacune de ces pochettes et dispose dans l’espace son matériel, ses pédales à effets, ses amplis, un magnétocassette, des projets de pochette de disque et bien sûr sa guitare électrique, une guitare « de légende »10 écrira Tracy Burroughs, bien plus originale que les Explorer et Flying V : elle est réduite au manche traversant et aux éclisses, sans corps ; juste un tubulure de métal en esquisse ses contours. Cette guitare impressionnera même Joseph Beuys, me dira Charlier face à une photo prise lors de la soirée Salto/Arte place Flagey à Bruxelles, cette même année ; Beuys, Bernard Marcelis et Jacques Charlier discutant à l ‘écart sous le chapiteau, penchés sur la guitare. Pour Charlier, il est aussi important de « produire du son que d’être produit par le son »11. En atteste l’abondant archivage photographique de ses performances.

Ces compositions photographiques pour pochettes de vinyles me rappellent « Nature morte », cette séquence filmique attribuée à l’artiste Leo Josefstein, alias Fernand Spillemaekers, un subtil canular collectif, qui fut intégré au film présenté à la biennale de Paris de 1971. « Nature morte » fonctionne comme un relais entre divers protagonistes tentant de composer, en vain, une nature morte à l’aide d’une série d’objets quotidiens placés et déplacés successivement par les uns et les autres sur une table blanche. Pour « Hard’Music, 1975 », Charlier compose en effet quinze « natures mortes » autour de sa guitare de légende et du poêle familial, devant le poêle, sur le poêle, à côté du poêle, celui-ci toujours central dans l’image. Si les Photos – Sketches photographiés en décor extérieur nous renvoyaient au décor de « Paysage artistique » (lorsque Jacques Charlier peint vraiment un arbre, au latex, dans le paysage, en 1970), ces « natures mortes » composées pour ces vinyles rappellent cette autre « peinture », en fait cette autre photographie, « le paysage urbain familial et utilitaire » (lorsque Charlier repeint au Stelatex et au Levis Lux l’ensemble de la maison familiale durant le mois de juillet 1969), « parfaite coïncidence et superposition de l’art et de la vie »12, écrira-t-il dans le certificat qui accompagne cette œuvre. Il n’en va pas autrement ici dans cette suite de photographies, déclinaison répétitive, où l’on trouve même une tentation de mise en abyme par la présence dans les images de projets de pochettes de vinyles, des dessins, des collages, des textes, qui renvoient eux aussi à d’autres travaux. Ces photos pour vinyles sont ainsi des natures mortes domestiques. Et domestique, en quelque sorte, la musique, l’ « Hard Music » en l’occurrence, l’est aussi, car c’est, au chaud, dans cette pièce au poêle à mazout, que Charlier joue de la musique et même s’enregistre. En témoigne le magnétocassette qui apparaît dans les photographies. Spécifiquement pour cette œuvre, tout en composant ses natures mortes, il compose de la musique et enregistre quinze cassettes qu’il fixe, dans leur boîtier, sur chacun des faux vinyles.

L’ensemble est bien sûr accompagné d’un certificat (il faut lire les certificats de Jacques Charlier, car ceux-ci sont toujours très pédagogiques, recelant bien des indices). Charlier y précise que les photos ont été réalisées dans la pièce d’habitation aménagée en studio léger au numéro 101 de la rue Albert Mockel à Liège, qu’il y a bien 15 enregistrements sur cassettes, que chaque morceau est différent et dure environ une demie heure, que ces performances psycho acoustiques ont été réalisées sur une durée de trois mois, l’effort de concentration devant être maximum et que, dès lors, ils ont été exécutés sans interruptions, ni reprises, ni retouches. Charlier précise enfin que le tout est destiné à être montré à la galerie Vega à Liège. Le soir du vernissage, en octobre 1975, alors que ces pochettes sont accrochées aux cimaises (aux côtés d’une série de dessins), Charlier donnera un concert devant un public attentif et typique aux vernissages d’expositions. Même Elisabeth Rona, fondatrice de +/- 0, s’est déplacée.

A l’heure où nous écrivons ces lignes, nous ne savons pas encore ce qu’il y a sur ces cassettes audio (minicassettes, musicassettes pour reprendre la terminologie propre à l’époque). Le son a-t-il été conservé sur ces bandes magnétiques ? Je suis curieux de découvrir ce que peut être une « expérience psycho acoustique » façon Charlier (ce qui relie les sensations auditives de l’être humain aux sons qui parviennent à ses oreilles, une branche de la psychophysique qui fait appel à l’acoustique, qui étudie la nature et les propriétés des ondes sonores, à la physiologie de l’audition, à la psychologie et aux sciences cognitives). Il s’en expliquera lui-même, dans le catalogue qui accompagne l’exposition « Aktuelle Kunst in Belgie. Inzicht/Overzicht. Overzicht/Inzicht » qu’organise le Museum Van Hedendaagse Kunst de Gand, en 1979. « Axés sur un rythme de base, écrit Charlier, les sens se tordent, se répercutent, deviennent voix, chorale, bruissante, obsessionnelle. La relation psychologique que j’entretiens avec le public me conditionne dans les trajets que j’effectue en jouant.Lorsqu’un équilibre momentané est atteint (température psychologie, qualité du son, du rythme), je fixe provisoirement dans l’espace, en corrigeant la position de mon corps par rapport à l’influx général. Le point fort se trouve toujours a des endroits différents : parfois aux alentours de l’ampli, parfois dans le public, intériorisé, extériorisé, etc. Lorsque l’entièreté du mouvement est exploitée, je change d’endroits pour découvrir d’autres possibilités de résonance, de ruptures, d’amplitude. Les changements d’accords n’interviennent que pour compenser l’émotion, la perte d’énergie, un relancer dans une suite de mouvements, m’aider à récupérer dans l’effort qui se prolonge »13. Décidément, « art is another way, art in another way ».

1 Jean-Michel Botquin, Zone absolue, une exposition de Jacques Charlier en 1970, L’Usine à Stars, Liège, 2006

2 Jacques Charlier dans les Règles de l’Art, Lebeer Hossmann, Bruxelles, 1983. Ce vidéo musical est créé à l’occasion de l’exposition Vidéo d’Artistes organisée par Michel Baudson durant le printemps 1975 au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles.

3 Un extrait de « Desperados Music », 1979, a été édité (édition 1/20) par la galerie Fortlaan 17, sous forme de CD audio et de DVD, en 2007.

4 Denis Gielen, Vanishing Point, Dans Jacques Charlier, Peinture pour tous, MAC’s Grand Hornu, 2015

5 Dans les Règles de l’Art, opus cit.

6 Au moment de ce concert milanais, Charlier expose à la Françoise Lambert également à Milan. Il y montre une série de ses caricatures (il croquera bien sûr Françoise Lambert au passage).

7 Notons à la fin des années 70 la participation de Jacques Charlier au groupe Terril qu’il fonde avec André Stas. Durant les années 80, Charlier produira une série de « chansons idiotes et chansons tristes » qui donneront également lieu à des performances publiques.

8 « On/Off, catalogue d’exposition, sous la direction de Sandra Kolten, commissariat Enrico Lunghi, Le Casino, Forum d’art contemporain, 2006

9 Dans « Love me for ever », texte inédit, archives Charlier

10 Dans le texte qui accompagne la réédition de « Desperados Music », 1979

11 Dans Les Règles de l’Art, op.cit.

12 Dans Les Règles de l’Art, op.cit.

13 Aktuelle Kunst in Belgie. Inzicht/Overzicht. Overzicht/Inzicht », catalogue, Gent, 1979.

Jacques Charlier

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Agenda Décembre 2016

Jacques Charlier
– Liège (B), Photos Sketches et Hard’Music, galerie Nadja Vilenne, du 10 novembre au 11 décembre 2016 (prolongation jusqu’à la fin de l’année)
– Charleroi (B), Panorama, BPS22, du 24 septembre au 22 janvier 2016
– Antwerpen (B), De Broodthaers à Braeckman – La photographie dans les arts plastiques en Belgique, Muhka, du 6 octobre 2016 au 5 février 2017
– Paris (F), Images et mots depuis Magritte, Centre wallonie Bruxelles, Paris, 12 octobre – 29 janvier 2017

Olivier Foulon
– Rotterdam (Nl), Cafard, Olivier Foulon & Alexander Lieck, RIB, 18 septembre – 30 décembre 2016

Suchan Kinoshita
– Düsseldorf (D), Behind the curtain. Concealment and Revelation since the Renaissance. From Titian to Christo, Museum Kunstpalats, du 29 septembre au 22 janvier 2017.

Charlotte Lagro
– Heerlen, n o m i n a t i o n Parkstad Limburg Prijs. SCHUNCK* Heerlen, du 11 décembre au 19 mars 2016

Jacques Lizène
– Liège (B), Homomigratus, comprendre les migrations humaines, Musée de la vie wallonne, du 30 avril au 11 décembre 2016
– Charleroi (B), Panorama, BPS22, du 24 septembre au 22 janvier 2016
– Ivry/Seine (F), Le territoire à l’oeuvre, galerie Fernand Léger, 23 septembre – 18 décembre 2016
– Antwerpen (B), De Broodthaers à Braeckman – La photographie dans les arts plastiques en Belgique, Muhka, du 6 octobre 2016 au 5 février 2017
– Hornu (B), Rebel Rebel, art contemporain et rock, MAC’S, musée des arts contemporains, du 23 octobre au 27 janvier 2017
– Hasselt (B), Identity as a TM, Stadstriënnale Hasselt-Genk, du 1er octobre au 8 janvier 2017
– Paris (F), Images et mots depuis Magritte, Centre wallonie Bruxelles, Paris, 12 octobre – 29 janvier 2017
– Athens (Gr), Urgent Conversations, Athens – Antwerp, EMST, 31 octobre – 29 janvier 2017
– Flémalle (B), Cela a existé, peut-être, Centre d’art contemporain La Châtaigneraie, 28 octobre – 9 décembre 2016

Emilio Lopez-Menchero
– Charleroi (B), Panorama, BPS22, du 24 septembre au 22 janvier 2016
– Hasselt (B), Identity as a TM, Stadstriënnale Hasselt-Genk, du 1er octobre au 8 janvier 2017
– Borgerhout (B), Bosphorus, L’Edition populaire, jusqu’au 18 décembre 2016

Jacqueline Mesmaeker
– Paris (F), Images et mots depuis Magritte, Centre wallonie Bruxelles, Paris, 12 octobre – 29 janvier 2017

Pol Pierart
– Charleroi (B), Panorama, BPS22, du 24 septembre au 22 janvier 2016
– Paris (F), Images et mots depuis Magritte, Centre wallonie Bruxelles, Paris, 12 octobre – 29 janvier 2017
– Paris (F), galerie Bernard Bouche, 3 décembre – 26 janvier 2017

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