Archives par étiquette : Capitaine Lonchamps

Art Brussels 2012, les images

Jacques Lizène

– Sculpture nulle, guitare pioche 1979, en remake 2005.

– Sculpture nulle 1980, instruments de musique modifiés en guise d’interrogation génétique, art syncrétique, croisement cor – clarinette, en remake 2011. Technique mixte, cor, clarinette, 120 x 50 x 22 cm.

– Sculpture nulle 1980, instruments de musique modifiés en guise d’interrogation génétique, art syncrétique, croiser un violon et une raquette de tennis, en remake 2011. Technique mixte, violon, raquette, 100  20 x 10 cm

– Art syncrétique 1964, instrument de musique modifié, remake 2011, didgeridoo croisé tuba. Didgeridoo, tuba, 161 x 43 x 30 cm

– Art syncrétique 1964, instrument de musique modifié, remake 2011, trompette de cavalerie croisée clarinette croisée saxophone, mettre n’importe quel objet sur roulette. Trompette, clarinette, saxophone, planche, roulettes, 154 x 30 x 34 cm.

– Art syncrétique 1964, instrument de musique modifié, art syncrétique 1964, trombone croisé flute à bec, en remake 2011. Technique mixte, trombone, flute à bec, 112 x 25 x 25 cm.

– La danse de derrière le décor, 1974, art syncrétique 1964, balai modifié, mettre n’importe quoi sur un balai, un reliquaire africain, remake 2011. Technique mixte, 185 x 35 x 13 cm.

– Position pour une exposition virtuelle 193-1993, en remake 2012, Jacques Lizène expose dans le chantier du palais de Tokyo, avant sa réouverture. Vidéo. Son. Couleurs, 9 min. 2012 (production AVCAN).

Walter Swennen

Une très riche heure avec Jan Vercruysse, 2003, Huile sur toiles (quatre parties), 120 x 140 cm

 

Walter Swennen
Spook, 2003, Huile sur toile, 140 x 120 cm.

Emilio Lopez Menchero
Le grand capital, Huile sur toile, 2012, 68 x 53 cm

Jacqueline Mesmaeker
Les péripéties, 2010, 2 cartes postales, (J. A. Ingres, La Baigneuse., Kalabaka, Météores, le couvent Roussano), 60 x 43 cm.

Capitaine Lonchamps

Neige, 2012, acrylique sur photographies trouvées, 90 x 60 cm
Neige 2011, acrylique sur objet trouvé, 210 x 50 x 35 cm

Jacqueline Mesmaeker

Les Charlottes, 1977, Photocopies de superpositions d’images et de morceaux de verre,, (17) x 42 x 29,4 cm, édition 2/2.

Capitaine Lonchamps, Neiges, Art Brussels preview

Capitaine Lonchamps, Neiges des origines

Capitaine Lonchamps ne s’est jamais départi de  son intérêt pour les menhirs et autres mégalithes. On se souvient des trois grandes pierres dressées dans l’exposition « Je ne suis pas, je me précède », toutes noires et enneigées, derrières lesquels se cachaient deux marins sous leur costume de snowman, l’un à la barre dans la tempête, l’autre fumant la pipe. J’aime à imaginer que ces deux là sont des marins bretons, de Quiberon ou de la Trinité sur Mer, bref du golfe du Morbihan. Les menhirs, les dolmens, les allées couvertes, les cromlechs y sont nombreux, et Carnac est à un jet de pierre. Capitaine Lonchamps vient d’ailleurs tout juste d’en enneiger les alignements. Tout Carnac ou presque, menhir par menhir.

Lonchamps partage cet intérêt avec un amateur anonyme qui, visitant les sites néolithiques de Carnac et alentours, a choisi de photographier les menhirs un par un. Pas d’alignement, pas de vue d’ensemble, pas de paysages, mais une vraie typologie, pierre par pierre, rigoureuse dans les cadrages, juste accompagnée de l’un ou l’autre cliché familial qui donnent l’échelle de ces mégalithes. En noir et blanc, ce sont de petits clichés de treize sur neuf centimètres que Capitaine Lonchamps a découvert dans un album photo, rassemblés et collés quatre par quatre, comme dans un atlas ou dans la publication d’une société savante. Il en a conservé une sélection et les a enneigé avec précaution. Non pas toute la surface de chaque cliché, ni même les ciels; seuls les menhirs eux-mêmes sont tatoués par ces flocons de neige.

Capitaine Lonchamps s’est engagé dans l’aventure neigiste alors qu’il voulait, et je le cite,  détruire la peinture, repartir de rien, peindre en noir et blanc, qui, rappelle-t-il, ne sont pas des couleurs. Son geste de peindre des touches, des ponctuations blanches, de la peinture « toronienne hystérique et désordonnée » diront certains, est un retour aux origines. Il est à l’origine de ses « Neiges » et à l’origine de la peinture : souvenons-nous des ponctuations de la peinture pariétale préhistorique, ces points et bâtonnets, isolés, par paires, trios, alignés ou groupés et qui parfois couvrent des figures animalières, associés à des empreintes de mains. Magie, rituel, représentations symboliques, abstraction ou même signalétique, bien des choses ont été écrites à propos de ces ponctuations qui participent des premières manifestations de l’art. Capitaine Lonchamps, lui, a décidé de couvrir de ponctuations, de flocons de neige, les menhirs du Morbihan, ces pierres longues qui participent elles aussi des manifestations les plus anciennes de la pensée. Ainsi, il se les approprie, ainsi il les révèle. Il me revient qu’à Wéris, une tradition veut que la Pierre Haina, que l’on appelle aussi la Pierre des Ancêtre, soit blanchie à l’équinoxe d’automne par les habitants du village. En la couvrant de couleur blanche, ils la protège du diable, qui paraît-il, est susceptible de sortir de terre en la soulevant afin de se livrer à quelques œuvres maléfiques. C’est là un rituel saisonnier, comme les Neiges du Capitaines sont également rituelles.

Capitaine Lonchamps enneige aussi les serpents. Celui-ci, dernier enneigé, a singulièrement été mis en scène par le taxidermiste qui l’éviscéra, nous renvoyant, avec naturalisme, à l’image biblique, tant de fois reproduite, du serpent s’enroulant en hélice autour du tronc d’un arbre ou d’un bâton dressé.  Nous restons dans le domaine des origines : le serpent y occupe une place majeure et y revêt une dimension spirituelle forte. La neige qui, désormais, le couvre conforte son rôle de lien entre le ciel et la terre, alors qu’il s’enroule spire après spire sur l’axe du monde. Certes, ce serpent enneigé est parent de Nahash, le serpent de l’Eden, doué de parole, qui incita Eve à manger le fruit défendu de l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal. Je repense à la façon dont Raymond Roussel s’empare du « Roméo et Juliette » de Shakespeare dans ses « Impressions d’Afrique », un livre culte pour le Capitaine Lonchamps, sans doute l’un des vingt-sept qui figurerait dans sa bibliothèque. On y découvre comment par l’entremise de la tragédienne Adinolfa, Roussel réinvente les amants de Vérone, dans un étrange mouvement de la trace et de l’appropriation, tout comme Capitaine Lonchamps réinvente le Serpent par ses traces de pinceau sous forme de flocons neigeux.  Le Roméo pseudo shakespearien du Raymond Roussel des Impressions d’Afrique a des visions, une cohorte de scènes hallucinantes. Parmi celle-ci, justement, celle de la tentation d’Eve apparaissant dans un nuage, une vapeur intense.

« La première apparition, écrit Roussel, surgit soudain hors des flammes, sous l’aspect d’une vapeur intense qui, moulée avec précision, représentait la Tentation d’Ève. Au milieu, le serpent, enlacé à un tronc d’arbre, tendait sa tête plate vers Ève gracieuse et nonchalante, dont la main, dressée ostensiblement, semblait repousser le mauvais esprit. Les contours, d’abord très nets, s’épaississaient à mesure que le nuage montait dans les airs ; bientôt tous les détails se confondirent en un bloc mouvant et chaotique, promptement disparu dans les combles. Une seconde émanation de fumée reproduisit le même tableau ; mais cette fois Ève, sans lutter davantage, allongeait les doigts vers la pomme qu’elle s’apprêtait à cueillir.

Roméo tournait ses yeux hagards vers le foyer, dont les flammes vertes éclairaient les tréteaux de lueurs tragiques. Une épaisse fumée minutieusement sculptée, s’échappant à nouveau du brasier, créa devant l’agonisant un joyeux bacchanal ; des femmes exécutaient une danse fiévreuse pour un groupe de débauchés aux sourires blasés ; dans le rond traînaient les restes d’un festin, tandis qu’au premier plan celui qui semblait jouer le rôle d’amphitryon désignait à l’admiration de ses hôtes les danseuses souples et lascives. Roméo, comme s’il reconnaissait la vision, murmura ces quelques mots :

— Thisias… l’orgie à Sion!…

Déjà la scène vaporeuse s’élevait en s’effiloquant par endroits. Après son envolée, une fumée neuve, issue de la source habituelle, réédita les mêmes personnages dans une posture différente ; la joie ayant fait place à la terreur, ballerines et libertins, pêle-mêle et à genoux, courbaient le front devant l’apparition de Dieu le Père, dont la face courroucée, immobile et menaçante au milieu des airs, dominait tous les groupes ».

 

– Neige, 2012, acrylique sur photographies trouvées, 90 x 60 cm
– Neige, 2012, acrylique sur photographies trouvées, 90 x 60 cm
– Neige 2011, acrylique sur objet trouvé, 210 x 50 x 35 cm

 

Capitaine Lonchamps, Régent de Climatologie Appliquée à l’Ether et toutes les substances gazeuses

Capitaine Lonchamps, 1982, Ubu sous la neige, acrylique sur papier, 40 x 30 cm

San Benedetto del Tronto. Capitaine Lonchamps participe à l’exposition « Ubu sotto tutti gli aspetti », autour de la figure d’Enrico Baj.
Avec : Enrico Baj, Carlo Battisti, Mario De Carolis, Fabienne Guerens, Capitaine Lonchamps, Tania Lorandi, Gian Ruggero Manzoni, Ezia Mitolo, Mario Persico, Mauro Rea, André Stas.

A cette occasion, Capitaine Lonchamps devrait être coopté Régent de Climatologie Appliquée à l’Ether et toutes les Substances Gazeuses du « Collage de Pataphysique », centre de recherche et de diffusion italien fonctionnant selon les  mêmes statuts que le Collège de Pataphysique.

Capitaine Lonchamps précise dans la courte biographie éditée dans la publication qui accompagne l’exposition qu’il est né à Seraing (Liége) en 1953, qu’il vit et travaille à Spa (Wallonie) depuis 1976 où il erre fréquemment seul la nuit dans les forêts et ne boit son pastis que coupé d’eau ferrugineuse. Que Visité par le Père Ubu dés ses 16 ans, il entre au Collège de ’Pataphysique en 1983. Et que peindre des boudins au sang restera toute sa vie une de ses principales préoccupation.

Dans cette même publication, on lira ces quelques lignes du Capitaine :

«  La Mère Ubu enjambe les corps. C’est pour s’installer sur les genoux du Père Ubu. Nous sommes six; quelques-uns se sont calés contre des caisses, d’autres sont accroupis le long de la cloison. Les pipes sont allumées; la pièce est chaude. Un heureux laisser-aller nous gagne. Le Père Ubu se met debout en position de défécation, sujet à des flatulences_ . Quel nuage ! On peut suivre la chute de l’étron. Telle est la règle du jeu ».

L’exposition, organisée par Tania Lorandi, est accueillie par le Pallazina Azzura, du 7 au 18 avril.

Capitaine Lonchamps, 1986. L’enfance d’Ubu, acrylique sur toile trouvée, 60 x 50 cm

 

Capitaine Lonchamps, Only you, only me, BIP 2012

Capitaine Lonchamps participe à l’édition 2012 de la Biennale Internationale de la Photographie et des Arts Visuels de Liège qui se tient dans divers lieux de la ville du 10 mars au 8 mai, biennale dont la thématique touche cette année aux images de l’amour et à l’amour de l’image.

Combien d’histoires d’amour sont-elles nées au Fresnoy à Tourcoing du temps où celui-ci n’était pas encore Studio national des arts contemporains mais bien un vaste complexe de divertissement, créé en 1905, abritant brasseries et salle de cinéma, dancing et salle de patinage à roulettes, piscine et manège ? Combien de romances, de comédies sentimentales, de films aux amours tragiques ont-ils été projetés dans la grande salle de cinéma du Fresnoy, là où mille personnes pouvaient se presser dans l’obscurité ? Capitaine Lonchamps a enneigé les lettres de l’ancienne enseigne du cinéma du Fresnoy. Oui, le cinéma participe de cette « science des solutions imaginaires » qui habite Capitaine Lonchamps, et même, il véhicule celles-ci ; il articule le réel, le symbolique et l’imaginaire. Le cinéma est territoire d’imaginaire. L’invention du cinéma est déjà en elle-même le résultat d’un imaginaire, l’aboutissement d’une réflexion issue du cerveau de nombreux rêveurs, la concrétisation, à des siècles d’intervalle, de la caverne de Platon. Image d’Epinal, certes, mais jusqu’à preuve du contraire, personne n’a jamais rien trouvé de mieux pour montrer le côté à la fois réel et imaginaire de l’image projetée et la conscience d’être dans un univers qui, dès 1909, faisait dire à Apollinaire « Le cinéma est créateur d’une vie surréelle », une notion que reprendra André Breton dans son Manifeste du surréalisme en 1921.
Sous cette enseigne enneigée, Capitaine Lonchamps accroche six photographies, des images d’un film, six clichés  promotionnels, ceux que la production distribue à la presse, aux distributeurs et exploitants de salles de cinéma. Celles-ci proviennent d’un ancien cinéma liégeois où l’on projeta « Un peu d’amour », un film de Hans Steinhoff avec Madeleine  Ozeray et Marcel André, tourné en 1932. Le pitch ? Miette, petite fille des rues, s’est amourachée d’un banquier ruiné. Pour lui, elle devient audacieuse et lui donne le moyen de reconquérir sa fortune. En ne demandant qu’un peu d’amour, elle trouve l’amour véritable. Pardon, non, je reprends : Miette, petite fille des rues, s’est amourachée de Snowman ruiné. Pour lui, elle devient audacieuse et lui donne le moyen de reconquérir sa fortune. En ne demandant qu’un peu d’amour, elle trouve l’amour véritable.

Capitaine Lonchamps
Neige 2010
Photographies NB rehaussées à l’encre et l’acrylique. Sur des photos de : « Un Peu d’amour, film de Hans Steinhoff avec Madeleine  Ozeray et Marcel André (1932) »
6 x 28,5 x 25 cm

Le Communiqué de BIP 2012 :

La Biennale internationale de la Photographie et des Arts visuels de Liège (BIP) met à l’honneur les multiples facettes de la photographie contemporaine en les confrontant à d’autres aspects de l’image d’aujourd’hui, en particulier la vidéo.
Organisée par le Centre culturel de Liège – « Les Chiroux », la Biennale combine les exigences d’une programmation artistique ambitieuse avec une accessibilité la plus large possible. De même, l’événement met à l’honneur de jeunes artistes émergents tout en invitant à Liège des créateurs de renommée internationale. Chaque édition est l’occasion unique de découvrir la création visuelle d’un pays hôte d’honneur, invité à présenter une sélection de ses artistes à Liège. BIP2012 se tiendra du 10 mars, jour de l’ouverture, au 6 mai 2012. Elle explorera à travers sept expositions, dont deux dans l’espace public, les facettes de la thématique ONLY YOU ONLY ME // images de l’amour, amour de l’image
L’exposition phare de BIP2012 « ONLY YOU ONLY ME » investira l’entièreté du Mamac jusque dans les sous-sols, anciennement destinés à la conservation des toiles et des sculptures et entièrement investis pour l’occasion par des installations et des vidéos.

Nan Goldin sera à l’honneur au Mamac avec une projection monumentale de son oeuvre majeure, The Ballad of SexualDependency, entourée d’Erwin Olaf, de Sylvie Blocher, de Jason Lazarus, de JH Engström, d’Eric Rondepierre, d’Elina Brotherus, de Thomas Chable et de très nombreux autres artistes.

Plusieurs autres expositions sont proposées, parmi lesquelles «FROM HOLLAND WITH LOVE», au Hangar B9 (Institut Saint-Luc), qui présentera un panorama de la création contemporaine photographique aux Pays-Bas (avec entre autres Useful Photography et Koos Breukel), autour de la figure tutélaire d’Ed van der Elsken, pour la première fois montré en Belgique. Cette exposition, organisée sous le commissariat de Frits Gierstberg, curateur principal au Nederlands Fotomuseum à Rotterdam, est le résultat de l’invitation lancée par BIP2012 aux Pays-Bas, pays hôte d’honneur de cette 8ème édition de la Biennale.

Après de nombreuses éditions centrées autour d’un thème d’actualité ou de société, BIP2012 se construira autour d’une thématique à la tonalité très différente. En effet, c’est L’Amour qui, pour cette 8ème édition, va guider la programmation. Sous le titre « ONLY YOU ONLY ME. Images de l’amour, amour de l’Image », BIP2012 ira à la rencontre de ce sentiment éminemment paradoxal et complexe, source de joie profonde et de chagrin infini, de passion et de solitude, fondement de la vie et d’incompréhensions. Derrière ce mot pluriel, on voit surtout se dessiner un transport, un élan qui nous entraîne vers l’autre et qui, souvent, espère et attend un retour en écho. Narcisse cherchait à rejoindre son reflet comme on cherche à toucher l’horizon. L’autre est radicalement différent du même que l’on espérait. L’amour n’atteint jamais son but. Frustration, manque, absence, rupture, finitude, solitude : on n’arrive jamais à la destination de l’amour. Seul le mouvement compte. A la recherche de ce qui devrait le combler, l’amoureux, sous toutes ses formes, est un insatisfait chronique, un manquant. L’amour étreint les coeurs et les corps aussi. Dans le grand jeu de la séduction, le regard joue un personnage central. Le plaisir sensuel et la pulsion scopique, la pulsion du voir, n’ont jamais été très éloignés. L’oeil mobilise l’imagination érotique. Voici peut-être pourquoi image et amour ont quelque chose à voir ensemble. Le mythe de la naissance de la peinture (qui pourrait tout autant être celui de la naissance de la photographie) en témoigne : pour garder une trace de son amant la veille de son départ pour un long voyage, une jeune fille de Corinthe recopie le trait du contour de son visage sur le mur, à la faveur de la lueur d’une bougie qui y projette son ombre. On aime l’image comme on aimait l’amant, tendrement, sensuellement, amicalement. Si l’amour rend aveugle, ne resterait-il que l’image pour retrouver son chemin ?

Au Mamac

Au MAMAC/CDE se tiendra l’exposition-titre de BIP2012 qui rassemblera près de quarante artistes sur le plateau du rez-de-chaussée mais aussi au sous-sol, vidé des tableaux de la collection et entièrement dédié aux installations vidéos.
Pour la première fois, les spectateurs pourront ainsi découvrir les caves du MAMAC, transformées pour BIP2012 en espace d’exposition : une occasion unique de découvrir cet espace habituellement inaccessible, avant la fermeture du musée en vue de sa rénovation prochaine.
Ce double espace, qui représente plus de 2500 m2, accueillera entre autres Nan Goldin (US) qui présentera, pour la première fois en Belgique, son oeuvre majeure, The Ballad of Sexual Dependency, un slide show de plus de 800 images, mis en musique par l’artiste. On pourra également découvrir les photos de Rhona Bitner (USA), Elina Brotherus (FIN), Antonio Caballero (MEX), Patrick Carpentier (B), Thomas Chable (B), Chris Verene (US), JH Engström (SWE), Sibylle Fendt (D), Miyoko Ihara (JPN), Jason Lazarus (USA), Eric Rondepierre (F), Michelle Sank (ZA), Douglas Gordon (UK), Jean-Claude Delalande (F), Daniele Buetti (CH), Willy Del Zoppo (B), Chrystel Mukeba (B), Moïra Ricci (IT), Capitaine Lonchamps (B), Roland Fischer (D), Pierre & Gilles (F), Arnis Balcus (LVA), Sarah Mei Herman (NL), Erwin Olaf (NL) ainsi que des vidéos et installations de Angel Vergara (B), Ian Burns (AUS/US), Sylvie Blocher (F), Marina Abramovicz (YUG) et Ulay (D), Nicolas Provost (B), François-Xavier Courrèges (F), Michelle Naismith (SCT/B) et Hubert Marécaille (F/B), Kelly Mark (CAN – à confirmer), Patty Chang (US), Sam Taylor-Wood (UK).

« L’éprouvé de l’amour, comment le dire, comment le peindre, comment le représenter ? Entre le cliché de l’amour, l’image d’Epinal rose bonbon ou rouge vif, et les clichés amoureux, hétéroclites comme nos vies et nos histoires, étrangers à tous sauf à nous-même, que partage-t-on de l’amour ? L’hypothèse de BIP2012 est que l’on partage des formes et des figures. A défaut de partager l’amour lui-même, c’est son image qui nous émeut, qui réveille notre mémoire, notre flamme comme nos chagrins. Ici, les images de l’amour, émouvantes, déroutantes ou simplement captées dans le flux des regards et des corps, sont le fait d’artistes qui ont décidé, un jour, de porter leur regard, directement ou de biais, sur cette étrange inclination. Prises au quotidien, trouvées, retravaillées, inventées, mises en scène, elles donnent formes à cette agitation, cet élan, cette ivresse, ce ravissement, cette mélancolie, cet abandon, cette quête… Elles luttent contre la disparition. Amour de l’image pour garder une image de l’amour, avant que… » (Anne-Françoise Lesuisse)

 

 

 

Lizène, Lonchamps, Monti, Zolamian, les irrévérencieux à Strasbourg

Après Paris (Centre Wallonie Bruxelles) et Liège (Espace Saint Antoine), c’est Strasbourg qui accueille l’exposition « Art de l’Irrévérence » conçue par Marie Hélène Joiret et Alain Delaunois, exposition produite par La Chataigneraie.
L’exposition est accueillie par le Centre d’Art Apollonia, centre d’échanges européens.  Du 6 février au 13 mars 2012. Vernissage vendredi 3 février.

Irrévérence, insolence, impertinence, dérision… Des nuances entre les mots et les attitudes, certes, mais un même état d’esprit, qui s’illustre – sans exclusive, mais sans souci d’exhaustivité non plus – dans cette exposition, proposant un regard décalé sur le monde et ceux qui le gouvernent, sur les humains nos semblables, sur les grandes et petites représentations de la vie. Il serait faux de considérer cet état d’esprit comme une forme d’expression univoque, aux contours bien définis, au cadre délimité par le bon ou le mauvais goût, la fine ironie ou la grossièreté, le propos farfelu ou le délire agressif. Ce serait ne percevoir qu’une partie du propos, si on ne devait le tenir que pour la nécessaire soupape de secours ou une échappatoire commode aux situations trop tendues traversant une société. Diderot le disait déjà, l’éclat de rire n’est pas qu’un simple soulagement sonore. Il est l’instrument d’un bousculement de l’ordre établi, réveille les désirs de rupture à l’égard des puissants, et il convient de rappeler que sa pratique relève du désordre social, larvé ou assumé. Mais une pratique qui elle-même se trouve dévaluée, privée de ce sens premier, lorsqu’elle est aux mains du divertissement télévisuel ou du discours publicitaire.
Dominique Païni, commissaire de l’exposition A.B.C. présentée récemment au Fresnoy, et fin connaisseur de la création artistique contemporaine en terre liégeoise, rappelait à juste titre que cette Belgique toujours au bord de l’implosion, bénéficiait d’une incroyable vitalité artistique, « s’adossant à une tradition d’impertinence et de provocations ». (Alain Delaunois)

Jacques Lizène, Peinture pour cirage de pompes, 2010. Technique mixte (remake de peinture minable, 1979).  Vidéo : Peinture minable. Le petit maître crache sur une vitre, réalisant ainsi une peinture minable façon action-painting. Quelques séquences d’art sans talent 1979. Couleurs, son, U-matic transféré sur DVD.

Capitaine Lonchamps, Neige, 2010, Technique mixte sur toile trouvée, 102 x 123 cm

Benjamin Monti, « Une très brève histoire de la religion catholique », 2010, encres de chine, sur papier « Perspecta », papier millimétré bicolore pour dessin en perspective. Déposé. Formulaire pour la vue isométrique, 29, 7 x 21 cm, 2010

Marie Zolamian, Irrévérence Paris 2011. Irrévérence Liège, 2011.
L’artiste proposera une nouvelle déclinaison de cette oeuvre, sous le titre de… Irrévérence Strasbourg, 2012.

 

Lizène, Lonchamps, Monti, des escargots

En ouverture de La Louvière Métropole culturelle  2012, le Centre Daily-Bul & Co met sur pied une exposition intitulée Escargots à gogo

« Un escargot replié sur lui-même de façon à imposer à première vue l’image d’un éclair. » (Marcel Havrenne)

« L’indifférence engagée ? Une manière pour l’escargot de se mordre la queue. » (réponse d’André Balthazar à Jean-Pierre Verheggen)

« A force d’inhaler de la mine de plomb je vis d’étranges vagabondages. Ces derniers temps, alors que mes semblables s’adonnent au bruit, je descends du plafond (où j’ai mes habitudes) pour traînasser sur la feuille en secrétant des baves de crayonnage. Suis-je encore analogue, ou déjà mon prochain ? Ce sont d’innocentes interrogations, somme toute assez confortables » (Roland Breucker, « Petits-Gris », Le Daily-Bul).

L’exposition mettra l’accent sur la présence de l’escargot dans l’histoire du Daily-Bul, depuis l’adoption de l’emblème des éditions (redessiné par Pierre Alechinsky pour la création du Centre Daily-Bul & Co en 2009) jusqu’aux « traces » les plus diverses du gastéropode dans les écrits et les oeuvres plastiques provenant de collaborateurs ou d’artistes proches du Daily-Bul. Aux côtés d’un Roland Topor ou d’un Roland Breucker, grands pourvoyeurs en escargots, des contemporains exposeront une création réalisée spécifiquement pour cette exposition.Parmi les très nombreuses contributions, celles du Capitaine Lonchamps, de Jacques Lizène et de Benjamin Monti.  Des textes d’écrivains (André Balthazar, Jean Dypréau, Jean-Baptiste Baronian, etc.), de nombreux documents issus des archives du Daily-Bul mais aussi des objets prêtés ou issus de la collection personnelle de Jacqueline Balthazar accompagneront ces gasteropodes en tous genres. Un livre, hommage dispersé à Ronald Searle, accompagnera l’exposition.

Vernissage au Daily-Bul ce vendredi 27 janvier. Exposition jusqu’au 29 avril.

Capitaine Lonchamps, Joseph et Moi, Beaufort-en-vallée

Dernier cabinet de curiosités du XIXe siècle, le musée Joseph-Denais a ré ouvert au public le 9 juillet 2011. Il a conservé sa présentation d’origine selon le principe d’accumulation et sa muséographie conçue par son fondateur qui lui donnent cette « âme » si particulière. Sciences naturelles, beaux-arts, arts décoratifs, archéologie égyptienne et méditerranéenne, ethnographie française et étrangère, histoire locale… le musée de Beaufort présente au public un concentré de l’idée du musée au XIXe siècle.

Pour sa réouverture, après campagne de rénovation, le musée s’interroge et explore la notion de collection en proposant une exposition qui confronte (et rapproche) deux collections, celle de Joseph-Denais et celle d’un collectionneur d’aujourd’hui. Le choix du collectionneur s’est porté sur Antoine de Galbert qui crée en 2004 La Maison Rouge, une fondation pour l’art contemporain, reconnue d’utilité publique. Collectionneur atypique, Antoine de Galbert partage indéniablement avec Joseph Denais ce goût pour la « curiosité ». Grand amateur d’art contemporain, il collectionne également des objets d’ethnographie, de l’art brut, de l’art religieux et des curiosités.

Et Patrick Mauriès qui signe le catalogue de cette exposition intitulée « Joseph et moi » écrit :

« Qu’est ce qui réunit ces objets -liturgiques, désacralisés, pathologiques (dont on retrouve incidemment le goût chez nombre d’artistes et galeristes d’aujourd’hui, en une convergence sur laquelle il faudra que les historiens s’interrogent un jour) ? Le mélange des registres d’abord, l’équation du haut et du bas, du « grand » art et de l’art « mineur », des oeuvres signées et anonymes, du sophistiqué et du naïf : assomption qui définit tout un  pan de la création actuelle et que cultive, dans sa quête éperdue d’échos, d’analogies et de ressemblance, l’amateur de curiosités. Exemplaires seraient, de ce point de vue la démarche et les choix du Capitaine Lonchamps, que privilégie dans son panthéon Antoine de Galbert ».

Capitaine Lonchamps, oeuvres de la collection Antoine de Galbert

 

Joseph et Moi
portrait croisé de collectionneurs : Joeph Desnais – Antoine de Galbert.
Beaufort en Vallée (Pays de la Loire)
jusqu’au 2 novembre.