À partir de 1970, Guy Jungblut, le galeriste de Yellow Now, sa femme Andrée Blavier et l’artiste Jacques Lizène remarquent également le potentiel du nouveau médium. Cette année-là, l’artiste américano-japonais Shinkichi Tajiri enregistre plusieurs performances avec une caméra Portapak lors d’une soirée vidéo et performances organisée à Liège, dont celles d’Otto Muehl. En 1971, le tout premier événement vidéo en Belgique, Propositions d’artistes pour un circuit fermé de télévision, se tient à la galerie Yellow Now. Dans les fiches d’artiste, les « propositions » soumises révèlent immédiatement le potentiel utopique du médium. Certaines oeuvres sont brillantes par leur simplicité. L’exposition THE 1970s : présente notamment la reconstitution de Sculpture Interne de Jacques Lizène. Une caméra filme le dos dévissé d’un écran, révélant ainsi les « organes » de la télévision.
Un seul long plan fixe long de plus de trois minutes : la caméra fixe une prise électrique au bas d’un mur. Une main apparaît dans le champ et retire la prise. Noir. Interruption de lumière. Coupure. Le générique, tapé sur la Remington portative de l’artiste précise : « L’auteur n’apprécie pas vraiment son film. S’il l’a réalisé, c’est parce qu’il se méprise un peu de temps en temps… (peut-être) ».
Ce film s’inscrit dans un cycle d’œuvres où l’on retrouve Volet Clos, Noir Funèbre, Extinction de l’œuf et bien sûr la Vasectomie, sculpture interne : D’une manière générale, les choses étant ce qu’elles sont, Jacques Lizène ne procréera pas…Hopla ! Il subira volontairement la vasectomie (stérilisation par coupure des canaux déférents). Dès ce moment, il portera en lui une sculpture interne. Coupure
Si la réputation du festival expérimental de Knokke (1949 à 1975) n’est plus à faire, une autre initiative mérite tout autant d’être mise en lumière… En 1976, le paysage télévisuel belge se limite à la BRT et la RTB. Cette dernière lance Videographie, émission dédiée à l’art vidéo et aux nouvelles technologies, produite et réalisée avec l’ambition de se différencier, formellement et artistiquement, de la télévision institutionnelle. Véritable OVNI anticonformiste, ce programme pionnier de la télé européenne va durer jusqu’en 1986, d’abord à un rythme bimensuel puis mensuel, permettant la diffusion d’un large éventail de vidéos et de films issus de l’avant-garde belge et internationale.
Vidéographie se profile comme de l’anti-télévision : les spectateurs sont mis en condition de voir et comprendre les dessous de la fabrication de l’émission, et invités par la même occasion à une réflexion autour de l’image télévisuelle. L’émission peut être elle-même prétexte pour expérimenter différents dispositifs sur le plateau : celui-ci peut se muer en atelier pédagogique ou en salon de discussion… Tout est source de réappropriation et d’invention, même les génériques. Rétrospectivement, avec un recul de plusieurs décennies, l’esthétique singulière qui se dégage de « Vidéographie » est d’autant plus jouissive et épatante qu’elle est advenue sur une télévision publique. Cap alors sur les années ’70, décennie qui a vu l’émergence de la vidéo-art en Belgique, où des artistes et cinéastes ont commencé à s’approprier et expérimenter avec la vidéo, medium historiquement lié à l’évolution de la télévision.
→ Cette séance dédiée à la vidéographie et à quelques artistes qui en ont marqué les débuts, sont organisées en collaboration avec Cinéma Nova et la SONUMA (archives de la RTBF) et font parties de l’exposition THE 1970S:_. organisée chez ARGOS
VIDEOGRAPHIE : TAKE #1
Quelques extraits et moments emblématiques des débuts de l’émission TV Vidéographie : une présentation de ce qu’est la vidéo légère, une introduction au fonctionnement d’une caméra « paluche » et d’un synthétiseur image, et quelques considérations de l’époque autour de l’art vidéo. Pour compléter le programme, quatre courts métrages réalisés par des artistes/cinéastes devenus incontournables dans l’histoire du cinéma et de la vidéo-art belges.Jacques Louis Nyst, Aile 4 neige (1978), video, 19′
Jacques Louis Nyst, Le tombeau des nains (1975), video, 2′
Jacques Lizène, Quelques séquences d’art sans talent (1979), video, 11′
Michel Blondeel & Boris Lehman, Marcher ou la fin des temps modernes (1979), video, 27′
→ En présence de Jacques Delcuvellerie, Dick Tomasovic, Boris Lehman
Elle est docile la caméra ? Allez, fait le beau, la caméra ! Claquant du doigts, Jacques Lizène tente de dresser une caméra. Couchée, la caméra ! Ensuite, d’un bout à l’autre de l’écran, le Petit Maître, tente d’échapper à la surveillance de cette même caméra. Œuvre à la fois filmique et performative, cette séquence réalisée en 1971 est le troisième film de Jacques Lizène, après Travelling sur un mur (je ne procréerai pas) et Absence de sujet filmé, et témoigne des débuts de l’art vidéo en Belgique. Cette œuvre apprivoise, entre lucidité et maladresse, ce nouveau médium entré dans le champ des arts plastique, elle est aussi d’une grande conscience politique, mettant en jeu la domination des médias, la soumission à l’ordre dominant, le discours sur la servitude volontaire.
Un seul long plan fixe long de plus de trois minutes : la caméra fixe une prise électrique au bas d’un mur. Une main apparaît dans le champ et retire la prise. Noir. Interruption de lumière. Coupure. Le générique, tapé sur la Remington portative de l’artiste précise : « L’auteur n’apprécie pas vraiment son film. S’il l’a réalisé, c’est parce qu’il se méprise un peu de temps en temps… (peut-être) ».
Ce film s’inscrit dans un cycle d’œuvres où l’on retrouve Volet Clos, Noir Funèbre, Extinction de l’œuf et bien sûr la Vasectomie, sculpture interne : D’une manière générale, les choses étant ce qu’elles sont, Jacques Lizène ne procréera pas…Hopla ! Il subira volontairement la vasectomie (stérilisation par coupure des canaux déférents). Dès ce moment, il portera en lui une sculpture interne. Coupure
La galerie participe à la deuxième édition de Around Art Vidéo à Lille et projettera quelques films des années 70 de Jacques Lizène, également présent à Bruxelles dans l’exposition The 1970s, organisée par ARGOS.
Vernissage le vendredi 30 septembre de 18 à 22h . Samedi 1 et dimanche 2 octobre : de 14 à 19h. Hotel Moxy-Mariott. Rue Jean Bart, 59000 Lille, France
THE 1970s: _ met en évidence une époque particulièrement prolifique pour la production artistique en Belgique, durant laquelle l’expérimentation audiovisuelle s’est accélérée. A partir de 1970, de nombreux artistes explorent pleinement les possibilités créatives et technologiques du cinéma et de la vidéo. L’exposition se positionne sur l’axe géoculturel Liège-Anvers en faisant quelques détours importants par Bruxelles, Namur, Alost et Knokke; marquant ainsi une période au cours de laquelle de nombreux artistes développent de nouvelles méthodes de production souvent collaboratives, immatérielles et interdisciplinaires.
THE 1970s: _ est la première manifestation publique d’un projet de recherche initié par argos en 2018. L’exposition présente les résultats de ce projet en quatre grands thèmes : les moyens de production, les événements, les collectifs d’artistes et l’interdisciplinarité. Ces quatre chapitres sont explorés au rez-de-chaussée, tandis que l’étage supérieur est dédié au potentiel utopique qu’offre le médium vidéo. THE 1970s: _ reconstitue plusieurs installations phares de l’époque et inclut une série d’oeuvres numérisées, produites à l’origine en U-matic, Sony Open Reel, 16 mm et Super 8.
commissaires:
Dagmar Dirkx avec Niels Van Tomme
artistes:
Lili Dujourie, Marc Verstockt, Jacques Charlier, Daniël Dewaele, Frank Van Herck, Filip Francis, Raoul Van Den Boom, Daniël Weinberger, Barbara & Michael Leisgen, Jacques Lennep, Groupe CAP, Edith Dewitt, Gary Bigot, Hubert Van Es/Flor Bex, Chris Goyvaerts, Robert Stéphane, Guy Jungblut, Jan Debbaut, Luc Deleu, Leo Copers, Roger D’hondt, Joëlle De La Casinière, Philippe Van Snick, Philippe Incolle, Yves De Smet, De Nieuwe Coloristen, Guy Schraenen, Maurice Roquet, Bernard Queeckers
THE 1970s: _ highlights a remarkably prolific era of artistic production in Belgium that saw the acceleration of audiovisual experimentation. From 1970 onward, artists started fully exploring the creative and technological possibilities of video and film. Played out predominantly across the geo-cultural axis of Liège – Antwerp, with important digressions in Brussels, Aalst, Namur, and Knokke, it marks a period during which artists developed new forms of production that were often collaborative, immaterial, and interdisciplinary in nature.
THE 1970s: _ is the first public manifestation of a long-term research project argos launched in 2018. The exhibition divides the findings of this research into four main themes: means of production, events, artist collectives, and the interdisciplinary. These four chapters are explored on the ground floor, while the upper floor is dedicated to foregrounding the utopian potential of video and film. THE 1970s: _ recreates a selection of key installations from the era, while also presenting a series of digitised art works originally shot on U-matic, Sony Open Reel, 16mm, and Super 8.
curated by:
Dagmar Dirkx with Niels Van Tomme
featuring artists:
Lili Dujourie, Marc Verstockt, Jacques Charlier, Daniël Dewaele, Frank Van Herck, Filip Francis, Raoul Van Den Boom, Daniël Weinberger, Barbara & Michael Leisgen, Jacques Lennep, Groupe CAP, Edith Dewitt, Gary Bigot, Hubert Van Es/Flor Bex, Chris Goyvaerts, Robert Stéphane, Guy Jungblut, Jan Debbaut, Luc Deleu, Leo Copers, Roger D’hondt, Joëlle De La Casinière, Philippe Van Snick, Philippe Incolle, Yves De Smet, De Nieuwe Coloristen, Guy Schraenen, Maurice Roquet, Bernard Queeckers
L’artiste Vaast Colson a sélectionné un placards à tableaux de Jacques Lizène pour l’exposition Scribble, dabble, splatter, smear dont il est commissaire dans le cadre de la Biennale de Peinture 8 au musée Raveel. A voir jusqu’au 2 octobre 2022.
L’exposition Scribble, dabble, splatter, smear interroge les propriétés intrinsèques de la peinture comme médium visuel, ses qualités techniques et son univers bidimensionnel plein de signes et de motifs. L’accent est mis sur les stratégies visuelles inhérentes utilisées par les artistes sur la base de considérations personnelles et en réponse aux contemporains et prédécesseurs. Après tout, la paternité est un concept relatif. L’œuvre d’art est créée dans un lieu où l’artiste travaille, dans un contexte local, mais s’inscrit dans une histoire beaucoup plus large qui transcende les frontières nationales et le temps.
La sélection ne comprend que des artistes qui ont été ou sont actifs en Belgique et s’étendent sur plus de cent ans. Chaque œuvre et chaque artiste est montré de manière proportionnelle – à partir de « l’ici et maintenant ». Avec cette exposition, les commissaires souhaitent aiguiser le regard du visiteur et adopter une attitude critique, alerte et investigatrice vis-à-vis du médium le plus énigmatique mais aussi le plus populaire et donc le plus assiégé de l’histoire : la peinture.
Commissaire invité Vaast Colson (1977, Kapellen) est un artiste visuel. Après une formation en peinture à l’Académie Royale des Beaux-Arts d’Anvers, il développe une pratique axée principalement sur le questionnement critique de l’art, du monde de l’art aujourd’hui et du statut de l’objet d’art sous forme de performances et d’installations.
Artistes sélectionnés :
Fred Bervoets, Jean Brusselmans, Jacques Charlier, Anton Cotteleer, Jan Cox, Franky D.C, Thierry De Cordier, Raoul De Keyser, Valerius De Saedeleer, Gust. De Smet, Stefaan Dheedene, Marthe Donas, James Ensor, Alice Frey, Vincent Geyskens, Jacques Lizène, René Magritte, Roger Raveel, Pjeroo Roobjee, Léon Spilliaert, Walter Swennen, Narcisse Tordoir, Luc Tuymans, Edgard Tytgat, Thé van Bergen, Guy Van Bossche, Patrick Van Caeckenbergh, Frits Van den Berghe, Jan Van Imschoot, Herman Van Ingelgem, Anne-Mie Van Kerckhoven, Philippe Vandenberg, Jan Vercruysse, Marthe Wéry, Henri-Victor Wolvens, Maurice Wyckaert
Lu dans l’entretien que Marcel Duchamp accorde à Pierre Cabanne en 1966 :
– Vous avez fait beaucoup d’illustrations d’après Laforgue ? – Une dizaine. Je ne sais même pas où elles sont. Je crois que Breton en a une qui s’appelait « Médiocrité ». Il y avait aussi un « Nu remontant un escalier » d’où est sortie l’idée du tableau que j’ai exécuté quelques mois après… – C’est « Encore cet astre »? – Oui c’est cela. Dans le tableau, j’ai représenté le nu en train de descendre. C’était plus pictural, plus majestueux.
La galerie participe à la neuvième édition de PAREIDOLIE, salon international du dessin contemporain à Marseille et vous donne rendez-vous samedi 27 et dimanche 28 août 2022 au Château de Servières. Nous montrerons des oeuvres de :
Alevtina KAKHIDZE
Jacques LIZENE
Jacqueline MESMAEKER
Benjamin MONTI
Gaetane VERBRUGGEN
Samedi 27 août : Preview (sur invitation) 9h-11. Vernissage 11h-13h . Ouverture au public jusqu’à 20h
Cette exposition, imaginée par OPENART.TODAY pour le CAL Charleroi, aborde les notions de travail, de labeur et la distinction entre oeuvriers et ouvriers… Une problématique systémique qui touche doublement les artistes ; dans leur statut, mais également dans leurs œuvres. Les œuvres exposées mêlent artistes émergents et artistes de renommée internationale : Ruben Bellinkx, Walead Beshty, Willem Boel, Patrick Carpentier, Tyler Coburn, Elisa Giardina Papa, Andreas Gursky, Jacques Lizène, Jean-Luc Moulène, Agnès Scherer, Axelle Stiefel, Lucien Stoppele et Romain Zacchi. Confrontant différents points de vue, les œuvres mettent en lumière plusieurs thématiques liées au labeur paysan et industriel : l’automatisation de la production, la globalisation, la spéculation sur les marchés, la lutte ouvrière, la servitude engendrée par certaines technologies, la précarisation, …
Pour l’occasion, Openart.Today a emprunté une Sculpture Nulle de Jacques Lizène appartenant à la collection de la Province de Hainaut.
Expo visible du 10 juin au 2 juillet. Du lundi au vendredi, de 10h à 16h. Le samedi, de 11h à 18h. CAL Charleroi Centre d’Action Laïque,, rue de France 31, 6000 Charleroi.